La croissance du PIB devrait se raffermir pour atteindre 2.6 % en 2025 comme en 2026, portée par une reprise de la demande intérieure et extérieure. Les tensions sur le marché du travail et la croissance soutenue des salaires réels accompagnant le lent reflux de l’inflation favoriseront la consommation privée. La croissance de l’investissement se consolidera à la faveur de la reprise de la demande extérieure, des efforts de reconstruction déployés à la suite des inondations dévastatrices de 2023 et des apports de fonds de l’Union européenne (UE).

La politique budgétaire sera neutre en 2024, en raison de la poursuite des dépenses de reconstruction et de la revalorisation des salaires de la fonction publique, avant d’être durcie en 2026. Parmi les mesures structurelles, on peut citer une hausse progressive des dépenses de soins de longue durée liées au vieillissement de la population, qui atteindront 1 % du PIB en 2026 et seront financées par une augmentation du taux des cotisations de sécurité sociale. Des réformes supplémentaires s’imposent pour préserver la viabilité des finances publiques et accroître le potentiel de croissance, notamment des mesures permettant d’accroître le taux d’activité des seniors et de remédier aux pénuries de main-d’œuvre.

L’activité économique a été plus faible que prévu, avec une croissance de 0.3 % au troisième trimestre de 2024 en glissement trimestriel, ce qui s’explique par l’atonie de l’investissement privé. La consommation privée et des administrations publiques, ainsi que les exportations, ont favorisé la croissance. Certains indicateurs récents laissent entrevoir une amélioration de la dynamique économique, la production industrielle augmentant de 1.6 % en septembre en glissement mensuel. Le marché du travail reste tendu, le taux de chômage s’établissant à 3.4 % en septembre et le taux d’emplois vacants à 2.4 % au deuxième trimestre, en baisse par rapport à son pic de 2022 mais toujours à un niveau élevé par rapport à ceux d’avant la pandémie. Les pénuries de main-d’œuvre sont particulièrement pressantes dans les secteurs de la construction et de l’hôtellerie. Les tensions sur le marché du travail ont induit une forte progression des salaires, les coûts horaires de la main-d’œuvre ayant augmenté de 6.4 % en glissement annuel au deuxième trimestre. Les tensions salariales ont alimenté la hausse de 3.9 % des prix des services ainsi que l’inflation sous-jacente qui a atteint 2.1 % en octobre en glissement annuel. L’inflation globale s’est établie à 0 % le même mois, sous l’effet du recul des prix de l’énergie.

Les exportations augmentent grâce à la lente reprise de la demande extérieure. Au troisième trimestre de 2024, les exportations de marchandises et de services en valeur ont augmenté de 8.4 % en glissement annuel. L’assouplissement des conditions financières dans la zone euro a conduit à un raffermissement de la croissance du crédit, avec une augmentation de 1.4 % des prêts accordés au sein du secteur non bancaire en août (en glissement annuel), soit une hausse de 1 % par rapport au mois précédent.

La politique budgétaire devrait rester globalement neutre en 2025, avant d’être resserrée à hauteur d’environ 0.4 % du PIB en 2024 en partie du fait de la baisse des dépenses consacrées à la reconstruction consécutive aux inondations. Des mesures visant à augmenter les rentrées fiscales contribueront également au durcissement budgétaire. Elles comprennent un relèvement temporaire de 3 points de pourcentage du taux de l’impôt sur le revenu des sociétés, un prélèvement provisoire sur les établissements bancaires et une hausse du prélèvement sur les émissions de CO₂. Le gouvernement a annoncé que le montant de l’aide versée en réponse aux inondations s’élèvera à 0.7 % du PIB en 2025, contre 0.9 % en 2024. Les mesures structurelles adoptées comprennent en outre une hausse des dépenses consacrées aux salaires dans le secteur public, à hauteur de 0.5 % du PIB en 2025 comme en 2026, ainsi qu’une augmentation des dépenses de soins de longue durée à hauteur de 0.2 % du PIB en 2025 et de 1 % du PIB en 2026, même si ces dépenses pourraient être moins élevées en raison de pénuries de main-d’œuvre et d’autres problèmes de mise en œuvre. Les dépenses supplémentaires seront financées par une hausse de 2 points de pourcentage du taux des cotisations de sécurité sociale.

La croissance devrait se redresser pour s’établir à 2.6 % en 2025 et 2026, sur fond d’affermissement de la demande intérieure et extérieure. Les tensions sur le marché du travail et la croissance soutenue des salaires réels accompagnant le lent reflux de l’inflation favoriseront la consommation privée. L’accroissement de l’investissement se consolidera progressivement sous l’effet de la reprise de la demande extérieure, des efforts de reconstruction consécutifs aux inondations et des apports de fonds de l’UE. Les tensions persisteront sur le marché du travail, le chômage historiquement bas alimentant une augmentation sensible des salaires. Les tensions salariales ralentiront la désinflation, la hausse des prix restant supérieure à 2 % en 2025 comme en 2026. Les risques de divergence à la baisse par rapport aux perspectives tiennent à une demande plus faible que prévu de la part des partenaires commerciaux et à une hausse des salaires plus forte qu’attendu, qui pourrait encore amoindrir la compétitivité. La pénurie de main‑d’œuvre pourrait ralentir les efforts de reconstruction déployés après les inondations, ce qui pèserait sur l’investissement. À l’inverse, une immigration plus soutenue pourrait atténuer les pénuries de main‑d’œuvre.

Il sera nécessaire de mener à bien l’assainissement des finances publiques annoncé dans le plan budgétaire national à moyen terme pour rétablir les marges de manœuvre budgétaires, et pouvoir faire face aux dépenses consacrées à la reconstruction des régions touchées par les inondations, sans pour autant freiner la désinflation. De nouvelles réformes du système de retraite s’imposent pour mettre fin aux tensions budgétaires liées au vieillissement démographique et aux pénuries de main-d’œuvre. Dans ce contexte, il faudra prendre des mesures pour augmenter le taux d’activité des seniors, notamment en allongeant la période de cotisation requise pour bénéficier d’une retraite à taux plein et en renforçant les incitations à rester dans la population active après l’âge légal de départ à la retraite. Pour cela, il serait utile de diriger les aides à la formation vers les demandeurs d’emploi âgés dans le besoin. À ces efforts devrait être associée une réforme fiscale propice à la croissance permettant d’alléger l’imposition du travail, qui serait financée par une majoration des taxes sur la consommation, des taxes environnementales et des impôts périodiques sur la propriété immobilière. En outre, l’assouplissement des procédures d’immigration en faveur des travailleurs provenant de pays non membres de l’UE et la suppression des mesures fiscales dissuadant les seconds apporteurs de revenus et les parents isolés – pour l’essentiel des femmes – de passer d’un temps partiel à un temps plein permettraient d’élargir l’offre de main-d’œuvre.