Après une phase de stagnation en 2023, le PIB devrait croître de 2.4 % en 2024, 3.1 % en 2025 et 2.8 % en 2026. La forte progression des salaires réels, notamment jusqu’à la mi-2025, soutiendra le redressement de la consommation privée, et les exportations continueront d’augmenter parallèlement à la demande des principaux partenaires commerciaux de la Lituanie. Les risques majeurs qui entourent les perspectives sont liés à l’activité économique dans la zone euro, aux prix mondiaux de l’énergie et aux tensions géopolitiques.

La politique budgétaire devrait se durcir lentement sur la période 2025‑26, mais des mesures supplémentaires pourraient être prises pour faire face aux dépenses à venir, en améliorant l’efficacité des dépenses publiques, en augmentant les recettes de l’impôt sur le patrimoine, et en limitant l’activité économique informelle. Les pénuries de main-d’œuvre pourraient être atténuées en encourageant l’immigration, quel que soit le niveau de qualification, et en améliorant l’employabilité des jeunes et des seniors. Développer les marchés financiers nationaux, accroître les dépenses de R-D et améliorer les compétences numériques sont autant d’actions qui contribueraient à soutenir la croissance de la productivité et à préserver le niveau de vie malgré le vieillissement de la population.

La croissance du PIB accélère depuis la mi-2023, sous l’effet du recul de l’inflation et de la hausse des exportations. Alors que l’inflation sous-jacente s’établissait à 2.2 % en octobre 2024, l’inflation globale est restée inférieure ou égale à 1.1 % depuis le début de 2024, sur fond de baisse des prix de l’énergie. Le marché du travail est tendu, avec un nombre d’emplois vacants à un niveau historiquement élevé, notamment dans les domaines des technologies de l’information et des communications, de la finance, du commerce et de l’hébergement, ainsi que dans les services professionnels et administratifs. Cela contribue à la croissance soutenue des salaires nominaux, qui est supérieure à 10 % en glissement annuel au deuxième trimestre de 2024. Dans ce contexte, la confiance des consommateurs est élevée, mais celle des entreprises reste en demi-teinte.

Sur la période 2024‑26, les prix mondiaux du pétrole et des produits alimentaires devraient rester plus bas qu’en 2022‑23, ce qui favorisera la poursuite de la désinflation. La croissance des marchés d’exportation a repris de la vigueur et devrait se maintenir au même rythme qu’à la mi‑2024 sur la période 2025‑26.

Les conditions financières s’améliorent, et les écarts de taux d’intérêt par rapport à l’Allemagne devraient se stabiliser légèrement au-dessus de 1 point de pourcentage (pp) en 2025‑26, contre 2.2 pp à la fin de 2022. Le déficit budgétaire global devrait passer de 0.7 % du PIB en 2023 à 1.8 % du PIB en 2024, puis à 1.6 % en 2025 et 1.3 % en 2026, principalement sous l’effet de la hausse des prestations de retraite et des salaires dans le secteur public. La forte hausse des pensions résulte des mesures prises récemment pour limiter la pauvreté des personnes âgées dans un contexte de forte inflation. Il est prévu que la croissance des salaires dans le secteur public ralentisse à l’avenir, parallèlement à celle des salaires dans le secteur privé. Après prise en compte de l’effet du cycle économique et des charges d’intérêts, l’orientation de la politique budgétaire se durcit lentement et elle sera légèrement restrictive en 2026. Les entrées de fonds au titre du Plan pour la Reprise et la Résilience (PRR) devraient augmenter en 2025, avant de ralentir en 2026.

Le PIB devrait croître de 2.4 % en 2024, 3.1 % en 2025 et 2.8 % en 2026. La persistance de la croissance des salaires réels et le renforcement de la confiance des consommateurs devraient favoriser un redressement de la consommation des ménages. L’investissement recule en 2024, après avoir été exceptionnellement vigoureux en 2023, sur fond de faible utilisation des capacités de production et d’atonie de la confiance des entreprises, mais il retrouvera du dynamisme en 2025‑26. Les exportations continueront d’augmenter, en suivant une trajectoire parallèle à celle de la demande des principaux partenaires commerciaux de la Lituanie. Le pays a pu cesser toutes ses importations de pétrole, de gaz et d’électricité en provenance de Russie au début de 2022, et les sources d’énergie renouvelables se développent rapidement, mais l’économie est vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux de l’énergie. Une croissance plus faible que prévu dans le reste de la zone euro, qui représente plus de 40 % des exportations lituaniennes, nuirait également à la croissance intérieure.

La Lituanie sera confrontée à un choc démographique majeur qui pèsera sur la croissance potentielle et la compétitivité. Pour atténuer les pénuries de main-d’œuvre, il conviendra de consolider la récente inversion de la tendance migratoire en encourageant le retour des Lituaniens vivant à l’étranger et en attirant des travailleurs étrangers, quel que soit leur niveau de qualification. Allonger la durée normale des permis de séjour et assouplir leurs modalités pour les immigrés non originaires de l’UE satisfaisant à certains critères de qualifications, d’expérience et d’intégration, permettrait de rendre la Lituanie plus attractive. Il serait également possible de renforcer l’employabilité des jeunes travailleurs en réformant l’enseignement professionnel, et celle des travailleurs âgés en améliorant leur état de santé. Pour obtenir de meilleurs résultats en matière de santé de manière économiquement efficiente, il faudra rationaliser davantage le réseau hospitalier, remédier aux pénuries de personnel de santé et favoriser l’adoption de modes de vie plus sains. L’évolution démographique attendue entraînera également une hausse des coûts liés aux retraites, en raison d’un taux de pauvreté élevé parmi les personnes âgées et d’une faible espérance de vie pour les hommes, ce qui rend la maîtrise de ces coûts difficile. Dans ce contexte, il sera déterminant de dégager des marges de manœuvre budgétaires supplémentaires pour assurer la soutenabilité des finances publiques. Il faudra pour cela accroître l’efficacité des dépenses publiques et des recettes de l'impôt sur le patrimoine, et favoriser l’activité économique déclarée. Renforcer la croissance de la productivité sera crucial pour préserver le niveau de vie malgré le vieillissement démographique. Parmi les pistes envisageables pour y parvenir, il serait possible de développer les marchés financiers nationaux, d’augmenter les dépenses de R-D et d’améliorer les compétences numériques.