Selon les projections, la croissance du PIB réel devrait atteindre 0.5 % en 2024, avant de se redresser légèrement à 0.9 % en 2025 puis à 1.2 % en 2026. La rapide désinflation observée ces derniers trimestres, conjuguée à de solides gains salariaux, devrait favoriser les dépenses de consommation, tandis que l’assouplissement des conditions financières et le déploiement d’investissements publics liés aux fonds du plan Next Generation EU (NGEU) devraient stimuler la formation de capital. Les risques de divergence par rapport aux perspectives sont globalement équilibrés. Parmi les risques de divergence à la baisse, on peut citer une contraction de l’investissement résidentiel plus marquée que prévu, sous l’effet de l’expiration progressive des crédits d’impôt au titre de la rénovation des bâtiments ; l’affaiblissement de la demande extérieure, dû au ralentissement de la croissance dans la zone euro, pourrait également dégrader les perspectives. À l’inverse, une envolée plus forte que prévu de l’investissement public lié au Plan national pour la reprise et la résilience (PNRR) pourrait stimuler les performances économiques.

Les coûts d’emprunt des ménages et des entreprises devraient aussi diminuer en raison de l’assouplissement de la politique monétaire dans la zone euro. Cela étant, l’amélioration de la consommation et de l’investissement des ménages sera freinée par l’orientation budgétaire modérément restrictive sur la période 2025‑26. Le processus d’assainissement budgétaire prévu, qui vise à placer les finances publiques sur une trajectoire plus viable à moyen terme, s’efforce à l’équilibre entre prudence budgétaire et maintien d’une dynamique de croissance. D’autres mesures seront néanmoins nécessaires en 2026 pour atteindre ces objectifs. L’application en temps utile du PNRR, en particulier en ce qui concerne la montée en puissance de l’investissement public, devrait soutenir l’activité économique à court et à moyen termes. Des réformes structurelles seront essentielles pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre naissantes sur fond de vieillissement rapide de la population. Les domaines clés dans lesquels des réformes doivent être menées sont l’expansion des services d’accueil des jeunes enfants et le renforcement de l’enseignement technique supérieur, dans le but d’insérer plus de femmes et de jeunes sur le marché du travail.

La croissance du PIB réelle a été modeste au cours des trois premiers trimestres de 2024. Si la résilience de la consommation des ménages et la vigueur de l’investissement des entreprises ont soutenu l’activité, l’investissement résidentiel a continué de se contracter en raison de la suppression progressive en début d’année du généreux crédit d’impôt au titre de la rénovation des bâtiments du dispositif dit « Superbonus ». Les données à haute fréquence laissent à penser que la croissance à court terme ne se redressera que progressivement. Si le secteur des services et la confiance des consommateurs ont été stables, la production manufacturière et le moral des chefs d’entreprises du secteur manufacturier montrent des signes de modération. En dépit d’une croissance atone du PIB au cours de l’année écoulée, le taux de chômage a régulièrement reculé et les pénuries de main-d’œuvre demeurent élevées, en particulier s’agissant des ouvriers qualifiés de la construction. Les salaires négociés collectivement ont progressé d’environ 4 %, renforçant ainsi les revenus des ménages et la consommation privée.

La baisse des prix du pétrole sur les marchés mondiaux ces derniers mois a limité l’inflation mesurée par les prix à la consommation, qui a reflué à 1 % en octobre. Cela étant, avec la stabilisation des prix de l’énergie, ce facteur de désinflation va se dissiper et des facteurs intérieurs influeront de plus en plus sur l’inflation. La détente des conditions financières à l’échelle mondiale, faisant suite à l’assouplissement de la politique monétaire dans plusieurs économies essentielles, se diffuse progressivement et fait baisser les coûts d’emprunt des ménages, des entreprises et de l’État.

L’assouplissement de la politique monétaire dans la zone euro fait baisser les coûts d’emprunt des ménages et des entreprises, mais les taux d’intérêt des prêts aux entreprises non financières s’établissaient toujours à environ 5 % en septembre, et le crédit continue de décroître. Les critères d’octroi des prêts ont été assouplis ces derniers mois, mais demeurent plus stricts qu’avant la crise de l’énergie. Les coûts du service de la dette restent élevés pour les administrations publiques, malgré les récentes diminutions de la prime de risque sur les titres d’État italiens, et les charges d’intérêts des administrations publiques devraient rester aux alentours de 4 % du PIB en 2025‑26.

L’orientation de la politique budgétaire globalement neutre en 2024 va devenir modérément restrictive en 2025‑26, conformément au plan budgétaire à moyen terme annoncé par le gouvernement. En 2024, la suppression progressive prévue des mesures de soutien énergétique — qui représente un resserrement budgétaire d’environ 1 % du PIB — va être plus ou moins compensée par l’allègement des impôts sur le revenu du fait de la fusion des première et deuxième tranches d’imposition, par la réduction ciblée des cotisations de sécurité sociale des ménages à revenus faibles ou moyens et par la progression attendue des dépenses liées au plan Next Generation EU (NGEU). En 2025, l’assainissement budgétaire représentera quelque ½ pour cent du PIB. Il résultera principalement de la baisse des dépenses liées aux crédits d’impôt au titre de la rénovation des bâtiments, de la suppression temporaire des reports de paiement d’impôts accordés aux banques, et des économies découlant des examens de dépenses. Le respect du projet de plan budgétaire et structurel à moyen terme présenté à la Commission européenne devrait nécessiter un assainissement des finances publiques à hauteur de ½ pour cent du PIB en 2026.

Selon les projections, le PIB réel devrait progresser de 0.5 % en 2024, 0.9 % en 2025 et 1.2 % en 2026. À court terme, les conditions financières restrictives et la suppression progressive du crédit d’impôt au titre de la rénovation des bâtiments du dispositif dit « Superbonus » continueront de peser sur la consommation et l’investissement privés, en particulier dans le secteur de la construction. À mesure que les coûts d’emprunt baisseront sur fond d’assouplissement de la politique monétaire dans la zone euro, le marché du travail se raffermira et les salaires réels poursuivront leur redressement, soutenant la consommation privée. Couplée à la montée en puissance de l’investissement public liée au Plan national pour la reprise et la résilience (PNRR) visant à atteindre, d’ici la mi-2026, les objectifs fixés, l’activité devrait s’intensifier, en dépit d’un resserrement budgétaire modéré. L’inflation devrait augmenter peu à peu pour s’établir à 2 % environ dans la mesure où les pressions à la baisse découlant du recul des prix de l’énergie se dissipent et où les solides gains salariaux enregistrés en dépit d’une faible croissance de la productivité empêchent l’inflation sous-jacente de diminuer davantage.

Les risques pesant sur la croissance sont globalement équilibrés. Le principal risque de divergence à la baisse par rapport aux prévisions est que la suppression progressive du crédit d’impôt accordé au titre de la rénovation des bâtiments du dispositif dit « Superbonus » déclenche une contraction plus forte et plus persistante que prévu de l’investissement en logements, source majeure de croissance sur la période 2021-23. Le ralentissement de la croissance dans la zone euro pourrait dégrader les perspectives en modérant la demande extérieure. À l’inverse, l’accélération de l’investissement public liée au Plan national pour la reprise et la résilience (PNRR) pourrait stimuler la croissance en 2025‑26 au‑delà de ce qui est attendu. L’utilisation intégrale des fonds du plan New Generation EU suppose une augmentation des dépenses liées au PNRR, allant de 1 % du PIB environ en 2024 à 2½ pour cent du PIB environ en moyenne sur la période 2025-26.

Le déficit public devrait diminuer conformément au plan budgétaire à moyen terme du gouvernement et passer sous la barre des 3 % d’ici à 2026. Cela étant, le ratio dette publique/PIB continuera d’augmenter après avoir atteint des niveaux déjà élevés et un ample excédent primaire sera nécessaire à moyen terme pour placer le ratio d’endettement sur une trajectoire plus prudente. Dans le même temps, les tensions budgétaires s’accentuent, amplifiées par les demandes d’investissement et la hausse des coûts des retraites liée au vieillissement démographique. L’expansion des investissements publics liés au Plan national pour la reprise et la résilience (PNRR) annoncée par le gouvernement, et les mesures que celui‑ci a prises pour pérenniser des réductions d’impôts et de cotisations de sécurité sociale sont des évolutions positives. Elles nécessitent toutefois que d’autres mesures soient prises pour les contrebalancer, soit en réduisant les dépenses, soit en augmentant les impôts dans d’autres domaines. Si les plans d’assainissement à court terme dépendent principalement de l’expiration de dispositifs ponctuels et temporaires, le gouvernement, s’il veut mener à bien un ajustement budgétaire à moyen terme, devra prendre des mesures audacieuses pour : limiter la croissance des dépenses de retraite ; augmenter les impôts sur la propriété immobilière, notamment en actualisant les données cadastrales aux valeurs du marché ; lutter contre la fraude fiscale ; et réaliser des examens approfondis des dépenses. Même si des progrès notables ont été faits concernant les réformes structurelles, une vigilance accrue sera de mise pour remédier aux pénuries de main‑d’œuvre, exacerbées par la rapidité de l’évolution démographique. Promouvoir une plus forte activité des femmes en continuant de développer les services d’accueil des jeunes enfants serait utile. Renforcer l’apprentissage et l’enseignement technique supérieur pourrait aider à lutter contre l’inactivité de jeunes, nombreux en proportion, qui ne sont ni scolarisés, ni en emploi, ni en formation.