Après avoir été négative en 2023, la croissance du PIB devrait progressivement accélérer pour s’établir à 0.6 % en 2024, 2.1 % en 2025 et 2.9 % en 2026. La consommation privée, tirée par la hausse des salaires réels grâce au reflux de l’inflation, sera le principal moteur de la croissance. L’investissement privé devrait se redresser progressivement, du fait de l’amélioration des conditions macroéconomiques et financières. Les exportations bénéficieront d’un raffermissement de la demande émanant des principaux partenaires commerciaux de la Hongrie, mais les importations augmenteront également.

Il est prévu que l’assouplissement monétaire en cours se prolonge à un rythme modéré pour que l’inflation revienne vers l’objectif retenu par la banque centrale. Les autorités sont en train de consolider les finances publiques et devraient poursuivre dans cette voie, afin de dégager les marges de manœuvre budgétaires nécessaires pour faire face aux dépenses futures liées au vieillissement démographique et à la transition écologique. Parvenir à un accord sur le versement des fonds de l’Union européenne (UE), dont le déblocage demeure subordonné à la mise en œuvre de réformes concernant l’état de droit, renforcerait la confiance des investisseurs.

Le redressement de l’économie après la récession qu’a connue la Hongrie à la fin de 2022 et au début de 2023 a été poussif, et marqué par une alternance de chiffres trimestriels positifs et négatifs. Le PIB s’est de nouveau contracté au deuxième et au troisième trimestres de 2024, à cause des mauvais résultats de l’agriculture, de l’industrie et de la construction. La confiance des entreprises est en berne dans la plupart des secteurs, mais elle s’améliore lentement dans les services, tout comme la confiance des consommateurs. La faiblesse de la confiance et du taux d’utilisation des capacités, conjuguée à l’incertitude économique, pèse sur l’investissement privé. L’inflation globale a nettement reculé, passant de plus de 25 % au début de 2023 à 3.2 % en octobre 2024, ce qui a soutenu la croissance des salaires réels. Néanmoins, l’inflation sous-jacente (hors énergie et produits alimentaires) s’établissait encore à 4.6 % en octobre. Malgré l’atonie de l’activité économique, le marché du travail demeure dynamique. Le taux de chômage a augmenté de 3.3 % au deuxième trimestre de 2022 à 4.7 % au troisième trimestre de 2024, principalement à cause de l’augmentation du taux d’activité. Le nombre d’emplois vacants reste historiquement élevé, surtout dans le secteur manufacturier, les technologies de l’information et de la communication (TIC), les services financiers, les services administratifs et d’appui, l’administration publique, l’éducation et la santé.

La conjoncture internationale a des effets contrastés sur l’économie hongroise. Au cours de la période 2024-26, les prix mondiaux du pétrole et des produits alimentaires devraient rester plus bas qu’en 2022-23, ce qui favorisera la poursuite de la désinflation. Néanmoins, la lenteur de la croissance en Europe, en particulier en Allemagne, bride les exportations.

Parallèlement au reflux de l’inflation, la banque centrale a nettement réduit son taux directeur effectif, qui est passé de 18 % en avril 2023 à 6.5 % en septembre 2024. Elle devrait vraisemblablement continuer à baisser son taux directeur de manière graduelle, en tenant compte de la persistance de l’inflation des services et de l’évolution des grandes économies. Il est prévu que le taux directeur s’établisse à 5 % en 2026. Le déficit budgétaire global devrait diminuer pour s’établir à 4.9 % en 2024, à 4.3 % en 2025 et à 3.8 % en 2026, soit un niveau toujours supérieur à celui d’avant la pandémie. Abstraction faite des effets du cycle économique et des charges d’intérêts, on estime que l’assainissement budgétaire ayant débuté en 2023 s’est poursuivi en 2024, sous l’effet notamment de la réduction des subventions énergétiques. Il est prévu la politique budgétaire soit globalement neutre en 2025-26.

Essentiellement tirée par la consommation privée, la croissance du PIB devrait peu à peu s’accélérer pour atteindre 0.6 % en 2024, 2.1 % en 2025 et 2.9 % en 2026. Le ralentissement de l’inflation contribue à une hausse des revenus réels des ménages, et les taux d’épargne pourraient fléchir progressivement à mesure que le ratio actifs/revenus des ménages revient vers son niveau tendanciel. Après une contraction attendue de 11 % en 2024, l’investissement devrait repartir peu à peu à la hausse en 2025-26, parallèlement à l’amélioration des conditions financières et économiques. Compte tenu de l’assainissement budgétaire en cours, la consommation et l’investissement publics ne contribueront guère à la croissance. Alors qu’elles ont reculé en 2024, les exportations devraient rebondir en 2025-26, à mesure que la demande extérieure se renforcera, mais les importations augmenteront en parallèle. La progression de l’emploi et une augmentation modérée du taux d’activité en 2025-26 devraient ramener le taux de chômage à 3.8 % d’ici à la fin de 2026. Le plan d’action en 21 points annoncé en octobre 2024 pour favoriser la rénovation des logements et l’acquisition de logements neufs pourrait contribuer à porter l’investissement résidentiel à un niveau plus élevé que prévu. Le volume considérable d’investissements directs étrangers, principalement dans le domaine de la mobilité électrique, a renforcé la capacité d’exportation du pays, et un rebond du marché des véhicules électriques, actuellement morose, stimulerait les exportations. À l’inverse, une absence d’accord sur le versement des fonds de l’UE qui demeurent bloqués en raison de préoccupations relatives à l’état de droit pourrait saper la confiance des investisseurs, peser sur les flux de capitaux, raviver les tensions sur le taux de change et entraver la croissance du PIB.

Une réforme du système public de retraite limiterait la hausse des dépenses liées au vieillissement démographique, qui devrait dépasser 5 points de PIB d’ici à 2070 en l’état actuel de la législation. Pour financer les futures pensions de retraite, il ne suffira pas de durcir les conditions de départ en retraite et d’ajuster le niveau des prestations. Il faudra également dégager des marges de manœuvre budgétaires supplémentaires, ce qui impose de prendre des mesures d’assainissement budgétaire. Par ailleurs, une intensification de la concurrence dans les secteurs de l’énergie, des transports, des services professionnels et des télécommunications pourrait stimuler la croissance de la productivité. Une baisse des prix des télécommunications et une diffusion plus large des compétences numériques accéléreraient également la transformation numérique des entreprises hongroises et aideraient ces dernières, en particulier les PME, à combler leur retard en matière numérique par rapport à leurs homologues dans des pays comparables. Enfin, il est possible d’augmenter encore le taux d’emploi des femmes et celui des travailleurs peu qualifiés pour atténuer les pénuries de main-d’œuvre. Pour ce faire, la Hongrie pourrait élargir l’accès aux structures d’éducation et d’accueil des jeunes enfants et alléger encore les prélèvements sur les bas salaires.