La croissance du PIB réel devrait rester vigoureuse et s’établir à 6.5 % en 2025 comme en 2026. La progression régulière des salaires réels et de l’emploi tirera la consommation privée. L’investissement sera étayé par les entrées persistantes d’investissement direct étranger et l’augmentation programmée de l’investissement public. La croissance des exportations sera renforcée par l’amélioration de la demande mondiale et des arrivées de touristes, même s’il est possible que les tensions géopolitiques fassent augmenter les coûts de logistique et ceux des intrants intermédiaires, ce qui pourrait peser sur les exportations. L’inflation globale mesurée par les prix à la consommation refluera à 3.5 % en 2026, la croissance fléchissant légèrement en 2025.

Le taux directeur devrait vraisemblablement rester à son niveau actuel, mais il faudrait durcir l’orientation globale de la politique monétaire en ajustant les objectifs individuels de croissance du crédit des banques. La politique budgétaire devrait être légèrement expansionniste, dans la mesure où l’investissement public s’accélère maintenant, après avoir été plus faible que prévu dans le courant de l’année 2024. Il serait possible de renforcer la productivité en améliorant le système d’enseignement et de formation afin de remédier à la pénurie de travailleurs qualifiés, et en favorisant un resserrement des liens entre les entreprises multinationales et l’économie vietnamienne, tout en améliorant l’efficience des marchés financiers par une affectation des capitaux à leurs usages les plus productifs.

Le PIB a augmenté de 6.8 % au cours des neuf premiers mois de 2024 par rapport à la même période de 2023. La consommation finale et surtout la formation brute de capital ont été les moteurs de cette croissance vigoureuse. La production industrielle progresse régulièrement depuis le début de 2024. Le taux de chômage s’est établi à 2.2 % en septembre, soit son plus bas niveau depuis le pic de 4.0 % qu’il avait atteint en septembre 2021. L’inflation globale s’est hissée de 3.4 % en janvier 2024 à 4.4 % chaque mois sur la période d’avril à juillet, mais elle a reflué ensuite pour s’établir à 2.9 % en octobre, tandis que l’inflation sous-jacente diminue depuis mai 2023. Toutefois, l’augmentation des prêts non performants et la défaillance d’une grande banque suscitent des inquiétudes concernant le système financier.

Les exportations de biens et de services ont contribué à la croissance vigoureuse du PIB réel au cours des neuf premiers mois de 2024, celles-ci ayant progressé de 16.9 % en termes réels, tandis que les importations ont augmenté de 17.1 %. Les exportations de biens vers les États-Unis, qui représentent environ 30 % des exportations totales du Viet Nam, ont progressé de 25.5 % en valeur au cours de la même période, alors que celles destinées à la Chine, qui est le deuxième marché d’exportation du Viet Nam, n’ont augmenté que de 2.9 %.

En procédant à des baisses de taux d’intérêt ainsi qu’en fixant directement aux banques des objectifs de croissance du crédit, la banque centrale a continué à mener une politique monétaire accommodante malgré une poussée de l’inflation globale au premier semestre de 2024. Même si la clairvoyance dont elle a fait preuve concernant ces tensions inflationnistes liées à des composantes volatiles a été payante, la banque centrale devrait rester vigilante quant aux risques à la hausse pouvant résulter de l’évolution des prix du pétrole à l’échelle internationale et de perturbations des chaînes d’approvisionnement. Il faudrait que la politique monétaire prenne une orientation plus restrictive, ce qui exigerait de revoir à la baisse les objectifs de croissance du crédit fixés aux banques, tout en adoptant à moyen terme un cadre de politique monétaire davantage fondé sur les prix. La politique budgétaire continuera de soutenir l’activité économique, ce qui est approprié compte tenu de l’ampleur des besoins d’investissement. Dans la mesure où l’investissement public a été inférieur à ce qui était prévu, sa récente accélération devrait se poursuivre en 2025. Les hausses de salaire dans le secteur public alimenteront également la croissance.

La croissance devrait rester soutenue et s’établir à 6.5 % en 2025 et en 2026. La vive progression des salaires réels devrait renforcer la consommation. La politique monétaire accommodante, l’orientation expansionniste de la politique budgétaire et l’amélioration des portefeuilles de prêts des banques contribueront également à une croissance régulière de la consommation et de l’investissement. La vigueur des exportations de marchandises et une augmentation des arrivées de touristes tireront vers le haut les recettes d’exportation et renforceront encore la consommation et l’investissement. Les risques qui entourent ces projections sont néanmoins orientés de manière prédominante à la baisse. Une demande extérieure plus faible que prévu pourrait freiner la progression des exportations. En outre, une dégradation de la qualité des actifs dans le secteur financier pourrait entamer la capacité de prêt des banques, même si les récentes modifications apportées à la législation à la suite de la défaillance d’une grande banque, notamment la mise en place d’un nouveau mécanisme d’intervention, devraient atténuer ces risques.

Compte tenu du vieillissement démographique et de la poursuite de la baisse de la population d’âge actif, la productivité aura un rôle essentiel à jouer pour préserver la vigueur de la croissance. Les réformes pouvant être mises en œuvre à cet égard pourraient notamment consister à améliorer les liens entre les entreprises multinationales et l’économie vietnamienne et à remédier aux problèmes d’inadéquation des compétences, en accroissant les dépenses publiques consacrées à l’enseignement supérieur, à la formation professionnelle et à la recherche-développement (R-D), ce qui pourrait également réduire les pénuries de main-d’œuvre qualifiée dans certains secteurs. Renforcer la concurrence et l’efficacité du secteur financier pourrait permettre une meilleure affectation des ressources à leurs usages les plus productifs. Pour ce faire, on pourrait réduire encore les obstacles à l’entrée sur le marché, notamment dans les secteurs des services, et moderniser les politiques relatives au secteur financier. Des réformes plus vastes du système de surveillance bancaire et des règles relatives à l’insolvabilité pourraient permettre de renforcer encore la solidité du secteur financier. La création prévue d’un marché du carbone, qui pourrait être accélérée, contribuera au respect des engagements pris par le Viet Nam en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, la forte vulnérabilité du pays aux phénomènes climatiques extrêmes exige des mesures d’adaptation au changement climatique judicieusement conçues.