L’économie mexicaine devrait enregistrer une croissance modérée, de 1.4 % en 2024, 1.2 % en 2025 et 1.6 % en 2026. Cette croissance régulière s’explique par l’atténuation des tensions inflationnistes, qui contribuera à soutenir la consommation, et par une baisse progressive des taux d’intérêt, qui stimulera l’investissement en dépit des mesures d’assainissement budgétaire prévues en 2025. La croissance des exportations devrait rester vigoureuse, portée par la conjoncture économique favorable aux États-Unis. L’inflation restera orientée à la baisse pour s’établir à 3.3 % en 2025, puis à 3 % en 2026.

Pour veiller à ce que le reflux de l’inflation vers son objectif se poursuive, la banque centrale devrait prolonger son cycle d’assouplissement prudent et progressif. La mise en œuvre d’un plan budgétaire à moyen terme pourrait soutenir une réduction progressive du déficit, en favorisant la réalisation d’investissements qui stimuleront la productivité, notamment dans l’éducation et les infrastructures. En outre, un système complet d’éducation et d’accueil des jeunes enfants pourrait doper le taux d’activité des femmes, et un déploiement plus important des programmes d’enseignement professionnel en alternance pourrait améliorer l’offre de compétences techniques et l’accès à des emplois formels.

D’après les indicateurs à court terme, la faiblesse de la demande intérieure enregistrée depuis fin 2023 semble persister. Le ralentissement de la consommation privée de biens et de services est lié à la baisse des créations d’emplois dans le secteur industriel. L’investissement s’est également tassé, tant dans le secteur public depuis l’achèvement de grands projets d’infrastructure dans le sud du pays, que dans le secteur privé. Les réformes judiciaires récentes ont été source d’incertitude et la confiance des investisseurs nationaux et internationaux s’est dégradée. Les exportations sont restées résilientes, soutenues par la forte demande de biens durables en provenance des États-Unis. En octobre, l’inflation globale s’est hissée à 4.8 % (en glissement annuel), reflétant la volatilité des prix de l’énergie et des produits agricoles. Ce même mois, l’inflation sous-jacente a reflué à 3.8 %, même si la persistance des tensions inflationnistes dans le secteur des services, à 5 %, donne à penser que la stabilisation des prix reste inégale à l’échelle de l’ensemble de l’économie.

Le marché du travail reste vigoureux, malgré une légère hausse du chômage qui a atteint 2.7 % en septembre, ce qui reste néanmoins proche des niveaux les plus bas observés dans le pays. Dernièrement, la création d’emplois dans le secteur formel a ralenti, en particulier dans le secteur industriel. Le taux d’activité informelle s’établit à 54.2 %, soit 3.4 points de pourcentage en deçà de sa moyenne historique. Bien que l’on ne dispose pas de données sur les emplois vacants au Mexique, des analyses récentes font état de tensions sur le marché du travail, les entreprises ayant du mal à trouver et à retenir des travailleurs, et plus spécifiquement les travailleurs dotés de compétences techniques. Le taux d’activité des femmes a augmenté récemment, même s’il reste nettement plus faible que dans les pays comparables de la région et les autres pays de l’OCDE. Les tâches domestiques et familiales reposent principalement sur les épaules des femmes au Mexique, limitant ainsi la possibilité pour elles de mener à bien des études ou d’être pleinement actives sur le marché du travail.

La banque centrale a poursuivi son cycle d’assouplissement monétaire, abaissant son taux directeur pour le fixer à 10.25 %. Toutefois, dans la mesure où l’inflation globale reste supérieure à la fourchette retenue comme objectif et où les tensions sur les prix des services persistent, les prochaines baisses de taux devraient être progressives et dépendre des données disponibles. Le taux directeur devrait reculer progressivement pour être ramené à 7.50 % d’ici à la fin de 2025, tendance qui est supposée se poursuivre en 2026. Parallèlement, le déficit public s’est creusé pour atteindre 5 % du PIB en 2024, soit son plus haut niveau depuis 35 ans, sous l’effet de l’augmentation des dépenses consacrées à des projets d’infrastructure phares, des pensions universelles non contributives et du soutien supplémentaire apporté à PEMEX, compagnie pétrolière publique. Les plans établis par les autorités tablent sur une diminution du déficit qui devrait être ramené à 3.2 % du PIB en 2025, principalement grâce à une réduction de l’investissement public, puis à 2.7 % en 2026. À la fin de 2026, le ratio dette publique brute/PIB devrait s’établir juste en dessous de 52 %.

L’économie devrait croître au rythme de 1.2 % en 2025 et de 1.6 % en 2026. La consommation privée sera soutenue par la faiblesse du taux de chômage et par le reflux de l’inflation. L’investissement privé bénéficiera progressivement de la baisse des taux d’intérêt, mais l’investissement public restera en demi-teinte pour réduire le déficit budgétaire. L’intégration étroite du pays dans les chaînes de valeur manufacturières continuera de porter les exportations. L’inflation globale et l’inflation sous-jacente poursuivront leur ralentissement progressif et devraient redescendre en deçà de l’objectif de 3 % d’ici au troisième trimestre de 2025. L’incertitude continue toutefois de planer sur les perspectives concernant l’inflation qui risque d’être plus persistante qu’attendu, en particulier dans les services. Une plus grande aversion au risque à l’échelle mondiale et les effets imprévus des récentes réformes institutionnelles menées au Mexique pourraient peser sur l’investissement et la croissance. À l’inverse, les délocalisations de proximité pourraient stimuler l’investissement et les exportations de manière plus prononcée que prévu.

Recourir plus systématiquement à de solides analyses coûts-avantages, élargir l’assiette de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, améliorer le recouvrement de l’impôt sur la propriété immobilière et renforcer l’efficience de l’administration fiscale contribueraient à financer l’augmentation des dépenses dans des domaines essentiels comme l’éducation et les infrastructures. Le déploiement plus important des programmes d’enseignement professionnel en alternance permettrait d’améliorer l’offre de compétences techniques. En encourageant l’investissement privé dans les énergies renouvelables, au moyen de réglementations favorables, le Mexique pourrait faire de ses vastes ressources renouvelables un avantage concurrentiel. En outre, en améliorant la gestion de l’eau, il serait non seulement possible d’atténuer les risques opérationnels, mais aussi de renforcer l’attrait du pays pour les délocalisations de proximité, en favorisant la durabilité environnementale et l’optimisation des ressources.