Les systèmes de santé tiennent-ils leurs promesses ? Résultats de l’enquête PaRIS fondés sur les déclarations des patients : Belgique

L’enquête de l’OCDE fondée sur les déclarations des patients (PaRIS) est une initiative pionnière qui comble une lacune majeure dans les données de santé en mesurant les résultats des patients sur le plan de la santé ainsi que leur perception des soins qu’ils reçoivent. Ces informations essentielles manquaient encore : l’avis des personnes directement concernées par les services de santé – les patients – quant à leur parcours au sein du système de santé, et les résultats déclarés par ces patients. En analysant le point de vue de plus de 107 000 personnes dans 1 800 structures de soins primaires de 19 pays, l’enquête PaRIS fournit une évaluation comparable à l’échelle internationale de la façon dont les résultats et le vécu des usagers de soins primaires âgés de 45 ans et plus varient d’un pays à l’autre et dont les systèmes de santé parviennent à prodiguer les soins dont les patients atteints de maladies chroniques ont besoin.

Alors que le nombre de personnes atteintes de maladies chroniques ne cesse de croître dans le monde, il apparaît plus urgent que jamais de faire en sorte que les systèmes de santé s’adaptent à leurs besoins. L’enquête PaRIS joue un rôle déterminant pour éclairer cette évolution, en présentant des données à l’appui d’une réorganisation des services de santé autour du vécu des patients et des résultats qui comptent le plus pour eux. Contrairement aux évaluations ciblées sur certaines pathologies, l’enquête PaRIS s’inscrit dans une démarche plus vaste en évaluant l’influence des soins sur différents aspects de la vie des patients. Cette perspective globale pourrait transformer radicalement notre manière d’évaluer les performances des systèmes de santé à l’échelle mondiale.

Les résultats de l’enquête PaRIS mettent en évidence la nécessité d’axer davantage les soins sur la personne et de mieux les coordonner, en particulier pour les 80 % d’usagers de soins primaires âgés de 45 ans et plus qui sont atteints d’au moins une maladie chronique et pour les 50 % qui en ont plusieurs (deux ou plus). Des politiques ciblées sont essentielles pour lutter contre les inégalités, améliorer la coordination des soins et renforcer la confiance dans les systèmes de santé. Encourager les patients à intervenir dans les décisions qui les concernent et à établir des liens étroits avec les professionnels de santé peut permettre d’améliorer leurs résultats sur le plan de la santé, de renforcer la confiance qu’ils accordent au système et de les rendre plus confiants dans la gestion de leur propre santé. Parallèlement, des personnels de santé suffisamment nombreux et des structures de soins primaires organisées autour des besoins des personnes sont essentiels pour améliorer les résultats et le vécu des patients.

La présente note, qui s’appuie sur les principales conclusions du rapport Les systèmes de santé tiennent-ils leurs promesses ? Résultats de l’enquête PaRIS fondés sur les déclarations des patients, propose une évaluation ciblée sur la Belgique. En s’appuyant sur l’analyse des dix principaux indicateurs des résultats et du vécu des patients utilisés dans l’enquête (Tableau 1), elle examine les résultats dans le contexte belge et les compare à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS. Cette moyenne correspond à la moyenne pondérée des 17 pays membres de l’OCDE ayant participé à l’enquête PaRIS.

En Belgique, le vécu des patients atteints de maladies chroniques et leurs résultats en matière de santé sont comparables à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS, mais ils sont plus nombreux que la moyenne à déclarer bénéficier de soins de qualité et axés sur leurs besoins (chapitre 2). Cette évaluation se fonde sur les 10 indicateurs clés des résultats déclarés par les patients (PROM) – santé physique, santé mentale, vie sociale, bien-être et santé générale - et de l’expérience déclarée par les patients (PREM) – confiance dans sa capacité d’autogestion, coordination perçue des soins, démarche de soins centrée sur la personne, qualité perçue des soins et confiance dans le système de santé (graphique 1).

En Belgique, les personnes atteintes de maladies chroniques ont des résultats en matière de santé qui sont comparables à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (graphique 1).

• Plus des deux tiers (68 %) des patients atteints de maladies chroniques en Belgique déclarent être en bonne santé physique, mesurée par les activités physiques, la douleur et la fatigue, un pourcentage légèrement en deçà de la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (70 %) et inférieur de 14 points à celui du pays le plus performant (82 %).

• En Belgique, plus de quatre patients sur cinq (83 %) atteints de maladies chroniques font état d’une bonne santé mentale, mesurée en termes de qualité de vie, de détresse émotionnelle et de vie sociale. S’il correspond à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS, ce chiffre est inférieur de 10 points à celui du pays le plus performant (93 %).

• Plus de quatre personnes sur cinq (85 %) atteintes de maladies chroniques en Belgique font état d’une vie sociale satisfaisante - laquelle évalue la qualité des activités et fonctions sociales habituelles -, un pourcentage légèrement supérieur à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (83 %), mais inférieur de 8 points à celui du pays le plus performant (93 %). De même, plus de sept personnes sur dix (71 %) en Belgique font état d’un niveau de bien-être satisfaisant, mesuré en termes d’humeur, de vitalité et d’épanouissement. S’il correspond à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS, ce chiffre est inférieur de 9 points à celui du pays le plus performant (80 %).

• En Belgique, près de trois quarts (72 %) des patients atteints de maladies chroniques se déclarent en bonne santé générale, ce qui est nettement supérieur à la moyenne OCDE (66 %), mais inférieur de 21 points au pays le plus performant (93 %).

En Belgique, les personnes atteintes de maladies chroniques sont plus susceptibles de déclarer bénéficier de soins de qualité, centrés sur la personne, axés sur les besoins des patients et coordonnés qu’en moyenne dans les pays de l’OCDE participants (graphique 1).

• Près des deux tiers (63 %) des patients atteints de maladies chroniques en Belgique se sentent aptes à gérer leur propre santé, une proportion supérieure à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (59 %), mais inférieure de 29 points à celle observée dans le pays le plus performant (92 %).

• En Belgique, deux tiers (67 %) des personnes atteintes de maladies chroniques sont satisfaites de la coordination des soins, ce qui est bien au-dessus de la moyenne OCDE (59 %), mais inférieur de 14 points au pays le plus performant (81 %).

• Plus de neuf patients sur dix (93 %) atteints de maladies chroniques en Belgique déclarent bénéficier de soins centrés sur la personne et axés sur leurs besoins, une proportion nettement supérieure à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (85 %) et inférieure de 4 points seulement à celle relevée dans le pays le plus performant (97 %).

• En Belgique, la plupart des personnes atteintes de maladies chroniques (95 %) jugent les soins de bonne qualité, une proportion largement supérieure à la moyenne OCDE (87 %) et inférieure de 2 points seulement à celle relevée dans le pays le plus performant (97 %).

• Sept patients sur dix (70 %) atteints de maladies chroniques en Belgique font confiance à leur système de santé, soit 8 points de plus que la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (62 %).

En Belgique, les personnes atteintes de plusieurs maladies chroniques jugent leur état de santé physique et mentale, leur bien-être et leur vie sociale moins favorablement que celles qui ont une seule maladie chronique (chapitre 3). Les personnes atteintes d’au moins trois maladies chroniques sont moins susceptibles de se déclarer en bonne santé que celles qui en ont deux, en particulier pour ce qui est de la santé physique, ce qui concorde avec les résultats d’autres pays.

En Belgique, les personnes atteintes de plusieurs maladies chroniques sont en moins bonne santé physique que celles qui n’en ont qu’une, ce qui correspond à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (graphique 2). Ainsi, les personnes atteintes d’au moins trois maladies chroniques ont un score moyen inférieur au seuil entre un état de santé physique bon et passable (42), soit 8 points de moins environ par rapport aux personnes atteintes d’une seule maladie chronique, mais un niveau comparable à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS.

De la même manière, les scores en matière de santé mentale des personnes atteintes de maladies chroniques en Belgique sont comparables à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS. Les personnes atteintes de plusieurs maladies chroniques se déclarent en moins bonne santé mentale que celles qui n’en ont qu’une, avec un écart de 4 points. Néanmoins, le score moyen en matière de santé mentale des personnes atteintes d’au moins trois maladies chroniques en Belgique est supérieur au seuil entre un état de santé bon et passable (40), de même que la moyenne OCDE (graphique 3).

Comme dans la plupart des pays, les personnes atteintes de plusieurs maladies chroniques en Belgique sont moins susceptibles d’être satisfaites de leur vie sociale que celles qui n’en ont qu’une (graphique 4). Si, en Belgique, 91 % des personnes atteintes d’une maladie chronique se disent satisfaites de leur vie sociale, ce pourcentage tombe à 76 % chez celles qui en ont trois ou plus, ce qui est toutefois légèrement au-dessus de la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS pour ce groupe (75 %).

Les caractéristiques des consultations de soins primaires associées à des niveaux plus élevés de qualité perçue sont liées au temps, à la fois au temps prévu pour les consultations régulières et de suivi et à la durée de la relation avec le même professionnel de soins primaires (chapitre 3). Le personnel non médical qui aide à la prise en charge des patients joue également un rôle dans l’amélioration des soins chez les personnes atteintes de plusieurs maladies chroniques (chapitre 3). Un bilan de médication systématique chez ces patients peut améliorer la sécurité et l’efficacité des médicaments tout en renforçant le sentiment que les soins sont bien coordonnés.

La Belgique obtient globalement de bons résultats sur les caractéristiques des services de soins primaires par comparaison avec la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (graphique 5). Elle est ainsi largement au-dessus de la moyenne OCDE pour ce qui est du temps prévu pour les consultations ; néanmoins, elle est en deçà de la moyenne pour la participation du personnel non médical à la gestion des maladies chroniques :

• Deux personnes atteintes de deux maladies chroniques ou plus sur trois (65 %) en Belgique sont prises en charge dans des structures de soins primaires qui proposent un suivi et des consultations régulières de plus de 15 minutes, soit 18 points de plus que la moyenne OCDE (47 %).

• En Belgique, près de la moitié (46 %) des personnes atteintes de deux maladies chroniques ou plus sont prises en charge dans des structures de soins primaires où le personnel non médical participe à la gestion des maladies chroniques, soit 37 points de moins que la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (83 %).

• Quatre personnes sur cinq (82 %) souffrant d’au moins trois maladies chroniques déclarent avoir bénéficié d’un bilan de médication par un professionnel de santé au cours des 12 derniers mois, soit 7 points de plus que la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (75 %).

• Près de six personnes sur dix atteintes d’au moins deux maladies chroniques (58 %) en Belgique déclarent consulter le même professionnel de soins primaires depuis plus de cinq ans, un pourcentage analogue à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS.

Une démarche de soins centrée sur la personne et qui répond aux besoins des individus constitue un indicateur essentiel de la qualité et des performances des systèmes de santé et des structures de soins primaires (chapitre 4). Les données de l’enquête PaRIS montrent qu’une approche centrée sur la personne, dans laquelle on privilégie une participation étroite des patients et une coordination efficace des soins, est associée à de meilleurs résultats et à un meilleur vécu des patients. Cette approche est particulièrement bénéfique dans la prise en charge des maladies chroniques, car elle permet aux patients de prendre une part active dans les décisions médicales qui les concernent. 

La Belgique affiche des résultats en demi-teinte sur les indicateurs relatifs aux soins centrés sur la personne par rapport à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (graphique 6) :

• 69 % environ des malades chroniques en Belgique sont suffisamment soutenus pour gérer eux-mêmes leur santé, ce qui est supérieur à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (63 %).

• Pour autant, la Belgique affiche un net retard pour ce qui est de la maîtrise des outils numériques de santé : 8 % seulement des patients atteints de maladies chroniques se disent confiants dans leur capacité à utiliser des informations de santé sur internet, contre 19 % en moyenne dans les pays de l’OCDE participant à l’enquête (fourchette comprise entre 5 et 34 %).

• Tous les patients atteints de maladies chroniques en Belgique sont pris en charge dans des structures pouvant échanger des dossiers médicaux par voie électronique, ce qui est largement supérieur à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (57 %).

• À l’inverse, 45 % seulement des patients atteints de maladies chroniques sont pris en charge dans des structures bien préparées à coordonner les soins, ce qui est inférieur à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS de 56 % (graphique 6).

Ces résultats mettent en lumière la robustesse de l’infrastructure de la Belgique concernant les dossiers médicaux numériques, mais ils font aussi ressortir une marge d’amélioration considérable pour ce qui est de la maîtrise des outils numériques de santé et de la coordination des soins dans des structures de soins primaires.

On constate en Belgique des écarts en termes de bien-être et de confiance dans le système de santé entre hommes et femmes, les résultats de ces dernières étant plus faibles sur les deux indicateurs (graphiques 7 et 8).

• En Belgique, l’écart entre hommes et femmes en termes de bien-être est analogue à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (5 points). Cet écart est comparable aux résultats enregistrés dans d’autres pays. La Belgique obtient des résultats comparables à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS en termes de bien-être pour les hommes comme pour les femmes.

• 74 % environ des hommes en Belgique font confiance au système de santé, contre 67 % seulement des femmes. Ces résultats sont supérieurs à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS, pour les hommes (67 %) comme pour les femmes (58 %).

• En Belgique, l’écart entre hommes et femmes en termes de confiance (7 points) est inférieur à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (9 points).

Comme dans d’autres pays de l’OCDE, les personnes atteintes de maladies chroniques ayant des revenus élevés font état d’un meilleur niveau de bien-être et de confiance dans le système de santé (graphiques 9 et 10) :

• Dans l’ensemble des pays de l’OCDE ayant participé à l’enquête PaRIS, les patients atteints de maladies chroniques ayant des revenus élevés font état d’un meilleur niveau de bien-être que les bas revenus (écart de sept points). Les niveaux relevés en Belgique sont proches de la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS.

• Près de huit personnes sur dix (77 %) atteintes de maladies chroniques ayant des revenus élevés ont confiance dans le système de santé en Belgique, contre 64 % des bas revenus. Les niveaux de confiance dans le système de santé selon les différentes catégories de revenu sont supérieurs à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS à la fois pour les revenus élevés (70 %) et les revenus modestes (59 %). L’écart entre hauts et bas revenus en Belgique est comparable à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS.