La dernière Évaluation des compétences des adultes brosse un tableau en demi-teinte des compétences en littératie, numératie et résolution adaptative de problèmes. La Finlande, le Japon, la Norvège, les Pays-Bas et la Suède excellent dans tous ces domaines, et une part importante de la population adulte dans ces pays affiche des compétences élevées. Néanmoins, en moyenne dans les pays de l’OCDE, 18 % des adultes ne maîtrisent même pas les compétences les plus élémentaires dans aucun domaine.

Trente et un pays et économies ont participé à l’Évaluation des compétences des adultes de 2023. Cette évaluation, qui s’inscrit dans le cadre du Programme de l’OCDE pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PIAAC), propose un tour d’horizon complet des compétences des adultes en littératie, numératie et résolution adaptative de problèmes, à savoir les compétences essentielles au développement des individus, des économies et des sociétés. 

Il n’y a qu’au Danemark et en Finlande que le niveau moyen de compétences en littératie a progressé ces dix dernières années : il est resté stable ou a reculé dans tous les autres pays et économies participants. Les résultats sont plus positifs s’agissant de la numératie, huit pays ayant amélioré leur score, la Finlande et Singapour en tête. Dans la plupart des pays et économies où le niveau de compétences a baissé, les aptitudes en littératie et en numératie ont diminué dans toutes les tranches d’âge. La progression généralisée des niveaux d’études n’a pas permis de compenser cette tendance, dans la mesure où le niveau de compétences des diplômés de l’enseignement supérieur a diminué ou stagné dans la plupart des pays. Ces observations mettent en lumière l’urgente nécessité pour les responsables de l’action publique de donner la priorité à la formation tout au long de la vie et dans tous les aspects de la vie, en veillant à ce que les systèmes d’enseignement et de formation soient mieux à même de s’adapter à l’évolution des besoins.

Le recul du niveau de compétences en littératie et en numératie a été particulièrement marqué dans les segments les moins instruits de la population, avec à la clé un creusement de l’écart en termes de niveau de compétences entre les adultes selon leur niveau d’études, et ce dans la majorité des pays et économies participants. 

L’enseignement scolaire joue un rôle déterminant dans le développement des compétences. Les adultes diplômés de l’enseignement supérieur obtiennent systématiquement de meilleurs résultats, en moyenne, que ceux qui ont arrêté leurs études plus tôt. Pour autant, un niveau d’études plus élevé ne va pas toujours de pair avec de meilleurs résultats en termes de compétences et de connaissances.

L’Évaluation des compétences des adultes de 2023 montre que, si l’on compare les niveaux de compétences de personnes aux niveaux de formation différents d’un pays à l’autre, le fait d’avoir un niveau d’études supérieur n’est pas nécessairement synonyme de niveau de compétences plus élevé. Par exemple, les diplômés du deuxième cycle du secondaire en Finlande obtiennent systématiquement de meilleurs résultats que les diplômés du supérieur dans plusieurs pays, parmi lesquels le Chili, Israël et la Lituanie. Ces disparités peuvent s’expliquer par les différences de qualité entre les systèmes éducatifs, mais aussi par des différences dans l’offre et l’organisation de l’enseignement et de la formation tout au long de la vie, par exemple concernant le moment de l’apprentissage (pendant l’enfance, la jeunesse ou à l’âge adulte), son cadre (scolaire, extrascolaire ou non formel), sa facilitation (présence ou non d’obstacles à la formation) et son contenu (compétences, comportements et valeurs). 

Un tiers environ des travailleurs dans les pays de l’OCDE sont en situation d’inadéquation par rapport à leur emploi, qu’il s’agisse de leur diplôme, de leurs compétences ou de leur domaine d’études. Ce phénomène a un coût économique et social considérable, surtout dans le cas des travailleurs surqualifiés. Ainsi, les adultes qui occupent des emplois pour lesquels ils sont trop qualifiés perçoivent un salaire inférieur de 12 % à celui des salariés occupant un emploi en adéquation avec leurs compétences. La probabilité qu’ils affichent une forte satisfaction à l’égard de leur existence est en outre inférieure de quatre points de pourcentage. Cela donne à penser que les personnes qui occupent des fonctions pour lesquelles leurs compétences ne sont pas pleinement utilisées peuvent souvent considérer que leur potentiel est gaspillé.

Ce décalage tient en partie au fait que les individus suivent des études pour lesquelles la demande est limitée, mais aussi à la lenteur avec laquelle les programmes de formation s’adaptent à l’évolution des besoins des entreprises. Pour remédier à ces problèmes, les pouvoirs publics doivent investir dans la reconnaissance, la valorisation et la certification des compétences, y compris de celles acquises sur le marché du travail, offrir des possibilités de formation flexibles et modulaires, et améliorer les services d’orientation professionnelle. En alignant l’enseignement sur les besoins du marché du travail, les pays peuvent favoriser une culture qui donne la priorité aux compétences, réduire les décalages entre l’offre et la demande de compétences, et veiller à ce que les investissements dans l’éducation aient des retombées positives concrètes sur le plan économique et social.

L’éducation peut réduire les inégalités dans la société, mais elle peut aussi les perpétuer, car les disparités en termes de niveau d’études persistent souvent d’une génération à l’autre. En Israël, en Suisse et en Hongrie, ces effets sont particulièrement prononcés et contribuent à hauteur de 34 points au moins aux différences dans le score obtenu en littératie, après prise en compte des caractéristiques sociodémographiques des répondants. Toutefois, l’écart de compétences des adultes selon leur statut socio-économique est le plus faible en Espagne, puisque le niveau d’études des parents ne contribue qu’à hauteur de 7 points aux différences de scores entre les adultes aux parents peu instruits et ceux dont les parents sont très instruits.