Le Luxembourg s’est engagé à atteindre plusieurs objectifs internationaux et à se conformer aux normes et recommandations du CAD. Consacrant systématiquement environ 1 % de son RNB à l’APD, le Luxembourg dépasse depuis 2000 l’objectif de 0.7 % fixé par les Nations Unies. Il respecte donc ses engagements nationaux (1 %) et européens qui sont d’atteindre collectivement un ratio APD/RNB de 0.7 % d’ici 2030. Il a dispensé l’intégralité de son APD sous forme de dons en 2022.
Examens de l'OCDE sur la coopération pour le développement : Luxembourg 2025

Annexe B. Progrès accomplis au regard des instruments juridiques de l’OCDE sous la responsabilité du CAD
Copier le lien de Annexe B. Progrès accomplis au regard des instruments juridiques de l’OCDE sous la responsabilité du CADRecommandations adoptées par le Comité d’aide au développement (CAD)
Copier le lien de Recommandations adoptées par le Comité d’aide au développement (CAD)Recommandation sur les conditions financières et modalités de l’aide [OECD/LEGAL/5006]
Tableau A B.1. Résultats obtenus au regard des engagements pris et des recommandations du CAD
Copier le lien de Tableau A B.1. Résultats obtenus au regard des engagements pris et des recommandations du CAD
Description |
Objectif |
2021 |
2022 |
2023, données préliminaires |
---|---|---|---|---|
APD en proportion du RNB (%) |
0.7 |
0.99 |
1.00 |
0.99 |
APD totale aux pays les moins avancés, par rapport au RNB (%) |
0.15-0.20 |
0.45 |
0.46 |
|
Part de l’APD non liée visée par la Recommandation du CAD (%) |
100 |
100 |
100 |
|
Part de l’APD non liée (tous secteurs et pays confondus, au-delà du champ d’application de la Recommandation sur le déliement) (%) |
94.2 |
90.8 |
||
Élément don de l’APD totale (%) |
>86 |
100 |
100 |
Note: APD : aide publique au développement ; CAD : Comité d’aide au développement ; RNB : revenu national brut. Les informations présentées dans ce tableau concernent uniquement les recommandations du CAD ayant trait aux données sur l’APD.
Source : OCDE (2024[1]), Les profils de coopération au développement, https://doi.org/10.1787/5cd4ba84-fr.
Recommandation du CAD sur le déliement de l’aide publique au développement [OECD/LEGAL/5015]
La part de l’APD notifiée comme non liée apportée aux pays et territoires couverts par la Recommandation du CAD sur le déliement de l’aide publique au développement s’élevait à 100 % en 2022 (OCDE, 2022[2]).
Recommandation du CAD sur l’articulation entre action humanitaire, développement et recherche de la paix [OECD/LEGAL/5019]
Le Luxembourg a mis en place des mécanismes qui montrent un progrès dans la mise en œuvre de la Recommandation du CAD sur l’articulation entre action humanitaire, développement et recherche de la Paix (HDP). La prise en compte des éléments humanitaires dans le Programme indicatif de coopération 2021 (PIC) du Niger est une manifestation concrète de ces progrès. Lorsque les vulnérabilités aiguës sont constantes dans un contexte sécuritaire dégradé, l’aide humanitaire devient une partie intégrante de l’engagement luxembourgeois dans un pays. D’autre part, la grande souplesse des budgets humanitaires ou financiers favorise une meilleure cohérence et une grande complémentarité dans une administration dynamique et pragmatique, et ce, dans l’esprit de la Recommandation. Ces efforts se manifestent dans les pays d’intervention, comme au Niger, avant la suspension de la coopération bilatérale : l'ambassade du Luxembourg jouait un rôle clé dans la coordination des actions entre LuxDev, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Croix-Rouge luxembourgeoise (CRL), notamment dans le secteur de l’eau. Le rôle du Luxembourg pour soutenir la sécurité alimentaire des plus vulnérables en comptant sur un large éventail de partenaires est également en accord avec les trois volets de la Recommandation.
Les efforts de coordination interne, ainsi qu’avec les autres acteurs de l’assistance humanitaire, sont conformes à la Recommandation. Le Luxembourg demeure un bailleur humanitaire notablement souple et apprécié de tous ses partenaires stratégiques et partenaires opérationnels.
Alors que le Luxembourg est un acteur reconnu dans le domaine essentiel de la médiation locale ou du soutien aux droits de la personne, sa politique de programmation ne reflète pas l’intégration de cette dimension « paix ». Bien que la coordination entre assistance humanitaire et coopération au développement soit importante, c’est l’introduction de la dimension « recherche de la paix » qui représente l’innovation majeure de l’approche axée sur le nexus HDP dans la Recommandation. La coopération au développement est une partie intégrante de la politique étrangère luxembourgeoise, et l’apport d’une coopération au développement et d’une aide humanitaire basée sur les principes humanitaires participe de cette politique étrangère. L’engagement du Luxembourg peut donc contribuer à la stabilité, à la prévention de crise et à la paix grâce à une approche axée sur le nexus HDP qui englobe toutes ses dimensions.
Comme le Luxembourg s'engage dans d'autres contextes parmi les plus fragiles, notamment dans ses pays partenaires que sont la RDP lao et le Nicaragua, l'examen à mi-parcours a encouragé l'adoption d'une approche globale à l'égard de la fragilité. La gestion globale des risques au-delà de l'agence LuxDev reste également un défi. Le Luxembourg pourrait donc s’attacher à systématiquement intégrer le nexus HDP dans tous ses programmes de coopération.
Recommandation du CAD sur l’élimination de l’exploitation sexuelle, des atteintes sexuelles et du harcèlement sexuel dans le contexte de la coopération pour le développement et de l’aide humanitaire : principaux piliers de la prévention et de la réponse [OECD/LEGAL/5020]
La stratégie en matière de genre de la coopération luxembourgeoise insiste sur une tolérance zéro à l’égard de la violence sexuelle et basée sur le genre (MAE, 2021[3]). Le pays a adopté une politique spécifique en matière d’exploitation sexuelle, d’atteintes sexuelles et de harcèlement sexuel (SEAH) en 2022, démontrant ainsi un engagement formel à lutter contre ces abus. Cette politique se concrétise par une charte contre les violences sexistes et sexuelles, l'exploitation et les abus sexuels, à laquelle toute organisation non gouvernementale de développement souhaitant obtenir ou renouveler un agrément ministériel doit adhérer, indépendamment du pays d’intervention. L'adhésion à cette charte est une condition préalable pour pouvoir bénéficier de subventions de la part de la coopération luxembourgeoise, renforçant ainsi les standards éthiques et de protection au sein des partenaires.
Le Luxembourg a également mis en place des mécanismes de diffusion de la Recommandation, notamment des efforts de sensibilisation spécifiques envers le personnel concerné et des initiatives au niveau national ciblant les agences de développement, humanitaires et de consolidation de la paix ainsi que leurs partenaires respectifs. Les partenaires sont obligés de suivre une formation SEAH offerte par l’UNICEF et de réussir un test pour être éligibles à l’octroi de subventions.
La collaboration internationale du Luxembourg, incluant la coopération avec d'autres membres du CAD et des partenaires de mise en œuvre, a également été renforcée. Cette coopération est cruciale pour harmoniser les standards de soutien aux survivants et victimes, ainsi que pour la gestion des enquêtes et la production de rapports. Toutefois, l'amélioration de la collecte et de l'utilisation de données, y compris des données ventilées par sexe et âge, reste une priorité afin de pouvoir mieux détecter les tendances et combler les lacunes persistantes. Le Luxembourg pourrait également tirer parti d'un renforcement de l'évaluation indépendante des progrès et des impacts de ses initiatives, ainsi que d'une meilleure documentation et diffusion des bonnes pratiques et des enseignements tirés.
Les efforts du Luxembourg pour mettre en œuvre une approche centrée sur les victimes/survivants sont également mitigés : bien que des mécanismes de plainte soient en place pour le personnel et les partenaires de mise en œuvre, ainsi que des procédures internes pour traiter les incidents liés aux abus d'alcool et de drogues, des lignes directrices claires et des normes minimales concernant l'assistance, la réparation ou le soutien aux victimes et survivants sont inexistantes. Cette lacune est un frein à une protection et un soutien adéquat des personnes concernées. Par ailleurs, l'absence de directives claires pour le personnel sur les procédures de signalement et sur les réponses aux incidents complique la coordination et l'efficacité des actions. Il n’y a pas notamment de vérifications systématiques des antécédents, des références et du casier judiciaire des candidats pendant le cycle de l'emploi, ce qui ne permet pas de prévenir l'embauche de personnes ayant des antécédents de fautes professionnelles.
Recommandation du CAD sur le renforcement de la société civile en matière de coopération pour le développement et d’aide humanitaire [OECD/LEGAL/5021]
Pour respecter, protéger et promouvoir l'espace civique, le Luxembourg s'appuie sur sa Stratégie En route pour 2030, qui met en avant l'importance d'une société civile inclusive et indépendante. Le Luxembourg a développé des positions politiques claires en faveur de l'espace civique et des libertés fondamentales. Il a pour objectif de canaliser environ 20 % de son aide publique au développement (APD) par le biais des ONG et des acteurs de la société civile, contribuant ainsi au renforcement de leur rôle dans la promotion de la gouvernance inclusive et des droits de la personne. De plus, des cadres contractuels et des modalités de financement, comme les accords-cadres pluriannuels et les appels à projets semestriels, ont été établis pour soutenir les ONG humanitaires et de développement.
De 2021 à 2023, le total des contributions aux OSC (contributions au budget ordinaire et contributions préaffectées) a augmenté en pourcentage de l’APD bilatérale, passant de 28.9 % à 30.2 % avant de revenir à 28.1%. Selon les statistiques les plus récentes du ministère des Affaires étrangères, ce pourcentage avait à nouveau baissé à 27.1 % en 2023, restant néanmoins bien au-dessus de l’objectif de 20 % du gouvernement. En revanche, en 2023, seulement 2.4 % de l’APD bilatérale brute dirigée vers les organisations de la société civile (OSC) étaient destinés aux OSC basées dans des pays en développement, suggérant qu'il est possible d'augmenter le financement direct des OSC basées dans les pays en développement.
En ce qui concerne le soutien et l'engagement avec la société civile, le Luxembourg intègre activement les organisations de la société civile (OSC) dans le développement des politiques et des programmes pour favoriser un développement durable inclusif. Des dialogues inclusifs sont établis, comme lors de l‘élaboration du PIC avec le Cabo Verde. Le Luxembourg soutient également le réseau Global Education Network Europe et finance des projets de sensibilisation à l'éducation au développement durable. Par exemple, en 2021, le Luxembourg a contribué à hauteur de 100 000 EUR supplémentaires au fonds de durabilité de ce réseau et à la Déclaration GE2050.
Pour promouvoir la responsabilité et l'efficacité, le Luxembourg met l'accent sur le soutien institutionnel à long terme, comme avec ENDA Tiers Monde au Sénégal, axé sur le plaidoyer et la recherche en développement. Ce soutien vise à renforcer la durabilité organisationnelle malgré les défis que pose la diversification des sources de financement. En outre, le Luxembourg encourage l’ancrage local dans les projets humanitaires, exigeant que les ONG incluent des composants de renforcement des capacités locales, ce qui permet aux acteurs locaux d'améliorer l'accès et l'efficacité des interventions, surtout dans des contextes de conflits. Cependant, cet effort pourrait être étendu aux projets de développement et de consolidation de la paix dans la logique du nexus HDP. En intégrant davantage l’ancrage local dans ces initiatives, le Luxembourg renforcerait la cohérence de son approche tout en favorisant une plus grande appropriation locale, essentielle à une transition durable vers la résilience et la stabilité dans des contextes fragiles.
Le Luxembourg pourrait également intensifier ses efforts pour diversifier les sources de financement des OSC afin de garantir leur pérennité. De plus, le développement de lignes directrices et de kits d'outils supplémentaires pour la mise en œuvre de la Recommandation, notamment en matière de coordination et de collaboration entre les paliers de gouvernement, pourrait renforcer l'impact des initiatives. Enfin, le renforcement de la capacité des OSC à mesurer et à démontrer l'impact de leurs interventions pourrait améliorer encore plus l'efficacité et la transparence des projets financés.
Recommandations adoptées par le Conseil de l'OCDE sous la responsabilité du CAD (conjointement avec d'autres comités de l'OCDE)
Copier le lien de Recommandations adoptées par le Conseil de l'OCDE sous la responsabilité du CAD (conjointement avec d'autres comités de l'OCDE)Recommandation du Conseil sur la cohérence des politiques au service du développement durable [OECD/LEGAL/0381]
Le Luxembourg fait preuve d'un haut niveau d'engagement politique en faveur de la mise en œuvre de la Recommandation de l'OCDE sur la cohérence des politiques pour le développement durable. Cet engagement se reflète dans les stratégies ministérielles, perdurant indépendamment des cycles électoraux grâce à la Commission interdépartementale du développement durable et au Comité interministériel pour la coopération au développement (CID), qui jouent aussi un rôle crucial dans la mise en œuvre du Plan national de développement durable (PNDD). Les réunions régulières du CID et de la Commission permettent de discuter des impacts des politiques nationales sur les pays en développement pour assurer ainsi une meilleure cohérence horizontale des politiques. La petite taille du gouvernement et la coalition bipartite favorisent également la coopération interministérielle. Cependant, le manque d'expertise des décideurs et la difficulté de communiquer efficacement sur les avantages de la cohérence des politiques au sein des différents services gouvernementaux posent des défis. De plus, une meilleure interaction entre la Commission et le CID renforcerait l'efficacité des mécanismes de collaboration existants, notamment par le biais de réunions conjointes axées sur l'identification des synergies et des compromis, ainsi que par une meilleure coordination des grandes stratégies de développement durable, qui reste parfois fragmentée.
Le cadre institutionnel du Luxembourg en matière de développement durable est solide, le PNDD s’avérant un outil essentiel pour la promotion de politiques cohérentes dans les domaines économique, social et environnemental. L'introduction récente du contrôle de durabilité (sustainability check) vise à renforcer la cohérence des politiques en évaluant les impacts nationaux et transfrontaliers potentiels des politiques proposées. Toutefois, pour que cet outil soit efficace, il doit être appliqué de manière systématique et obligatoire et assorti d'une formation complète des fonctionnaires pour qu'ils puissent utiliser efficacement les indicateurs de durabilité et appliquer une pensée systémique à l'élaboration des politiques.
La participation des parties prenantes est un élément clé des efforts du Luxembourg en matière de cohérence des politiques. Sur le plan international, le gouvernement collabore étroitement avec les parties prenantes nationales dans les pays partenaires pour s'assurer que les programmes bilatéraux sont en phase avec les priorités locales. Au niveau national, les initiatives telles que « Luxembourg en transition » et « Klima-Biergerrot » témoignent de l'engagement du pays à impliquer les citoyens dans l'élaboration des politiques, renforçant ainsi la confiance et générant diverses idées en faveur du développement durable. La Foire annuelle de l'éducation au développement durable et l'outil « Communes 2030 » permettent aux municipalités d'évaluer et de promouvoir leurs initiatives en matière de développement durable, contribuant ainsi à une meilleure cohérence verticale des politiques. Cependant, l'intégration systématique de ces initiatives reste un défi, nécessitant une application plus coordonnée et continue à tous les niveaux de gouvernement pour garantir que les points de vue des parties prenantes clés soient inclus dans les documents principaux.
Le Luxembourg a réalisé des progrès significatifs en matière de suivi, de rapport et d'évaluation. La Revue nationale volontaire (RNV) de 2022 a permis de présenter les avancées et les défis du pays en matière de développement durable au niveau international. Les partenariats avec le secteur privé et les instituts de recherche, comme l'Institut luxembourgeois des sciences socio-économiques (LISER), renforcent la capacité d'analyse et d'évaluation des impacts des politiques. La création d'une Cellule d'Analyse d'Impact des Politiques de Développement en partenariat avec LISER témoigne de l'engagement du Luxembourg à évaluer rigoureusement l'impact de ses interventions. Pour maximiser l'efficacité de ces initiatives, il est essentiel que le pays continue d’investir dans le développement d'outils d'évaluation sophistiqués et d'améliorer la coordination entre les différentes agences gouvernementales et les ONG.
Enfin, les efforts du Luxembourg en matière de financement durable, notamment son leadership en finance verte et inclusive, démontrent son engagement à intégrer la durabilité dans les pratiques économiques. Cependant, il pourrait améliorer l'efficacité de ces initiatives grâce à une utilisation plus stratégique des outils de la cohérence des politiques, comme l'alignement du processus budgétaire sur les ODD et l'intégration de critères de durabilité dans les marchés publics. Le contrôle de durabilité offre une occasion d'intégrer ces principes dans toutes les actions gouvernementales, mais son impact dépendra de son application systématique et des efforts de renforcement des capacités.
Recommandation du Conseil à l’intention des acteurs de la coopération pour le développement sur la gestion du risque de corruption [OECD/LEGAL/0431]
Lux-Development S.A. (LuxDev), l'agence luxembourgeoise pour la coopération au développement, a révisé son Code de conduite en 2021 pour y inclure clairement les obligations de signalement de la corruption. Tous les collaborateurs doivent désormais adhérer annuellement à ce code, et des sessions de formation continue sur la prévention des fraudes sont régulièrement dispensées. En termes de mécanismes de contrôle, LuxDev a mis en place un système de signalement des fraudes qui permet à tout membre du personnel ou à un tiers de rapporter anonymement des actes de corruption via une adresse courriel spécifique et un portail web. Les projets de LuxDev sont soumis à des contrôles internes rigoureux et à des audits externes indépendants, assurant la transparence et la conformité des opérations.
LuxDev a également élaboré un mécanisme de contrôle adapté aux contextes à risque des pays d'intervention, qui comprend des mesures préventives, des actions de formation et des contrôles ex ante et ex post. Tous les soumissionnaires participant à un appel d’offres doivent soumettre une déclaration sur l'honneur et les partenaires délégataires font l'objet d'une évaluation préalable de leurs capacités de gestion administrative et financière. Les procédures de gestion des risques et de contrôle interne de LuxDev sont régulièrement évaluées par des audits externes indépendants, favorisant l'apprentissage continu et l'amélioration des processus internes. Le mécanisme de contrôle de LuxDev a été élaboré spécifiquement pour tenir compte du contexte d'intervention (pays à risque). Il est déployé dans tous ses pays d'intervention, et comprend des mesures préventives, de sensibilisation et de formation, ainsi que des contrôles ex ante et ex post, auxquels se greffe le dispositif de signalement interne/externe et de dénonciation de fraude. L’agence participe aussi activement à des réseaux d'échange de bonnes pratiques, tels que celui initié par l'Office européen de lutte antifraude, ce qui permet de renforcer les méthodologies et d’homogénéiser les pratiques au sein des entités de l'UE.
Cependant, ces mesures ont été jugées insuffisantes dans le contexte du rapport de la Phase 4 sur la mise en œuvre de la Convention de l'OCDE sur la lutte contre la corruption pour plusieurs raisons. Premièrement, LuxDev utilise uniquement le système de détection rapide et d'exclusion (EDES) de la Commission européenne et la carte des sanctions de l'UE pour évaluer les partenaires potentiels et pour minimiser les risques de collaboration avec des entités à risque, mais ne consulte pas les listes d'exclusion de la Banque mondiale ou des Nations Unies, ce qui limite l'efficacité de son dispositif de vérification. Deuxièmement, les « déclarations d’intégrité » exigées des soumissionnaires ne prennent pas en compte les résolutions non judiciaires conclues dans des juridictions étrangères et sont principalement déclaratives, ce qui réduit leur portée et leur impact. Troisièmement, malgré l'amélioration des canaux de signalement, LuxDev n'a pas réussi à détecter des cas de corruption étrangère. Enfin, les mesures contractuelles anticorruption de LuxDev ne s'appliquent pas à ses partenaires et sous-traitants, laissant ainsi des failles potentielles dans son cadre de lutte contre la corruption (OCDE, 2024[4]).
De fait, LuxDev ne dispose pas actuellement de mesures formelles pour prévenir et détecter la corruption avant l'attribution des contrats d’APD, hormis l'utilisation du système EDES. De plus, aucun mécanisme officiel n'est en place pour vérifier si les informations fournies par les candidats sont exactes ou si ces derniers possèdent des systèmes de diligence raisonnable interne adéquats. Enfin, les contrats APD de LuxDev n'incluent pas explicitement de clause interdisant à leurs partenaires de s'engager dans des actes de corruption.
Plusieurs autres défis subsistent. Bien que des formations spécifiques soient en place, il serait utile de développer des modules plus interactifs et contextuels, adaptés aux réalités des pays d'intervention, pour améliorer la sensibilisation aux risques de corruption. Il est nécessaire d’affiner le régime de sanctions pour s’assurer que celles-ci sont proportionnées et qu’elles reposent sur des processus et critères précis et impartiaux. Il serait également judicieux de mettre en œuvre un suivi plus rigoureux et de renforcer l’évaluation des mesures de prévention de la corruption. L’adoption de nouvelles technologies pour le suivi des signalements et des audits pourrait améliorer l’efficacité et la rapidité des réponses aux incidents de corruption. Il est crucial d’accroître l'engagement des parties prenantes locales et des partenaires internationaux, ainsi que leur collaboration, pour partager des informations, des pratiques exemplaires et des ressources, afin de renforcer les capacités locales de gestion des risques de corruption.
Recommandation du Conseil concernant l’évaluation environnementale des projets et programmes d’aide au développement [OECD/LEGAL/0458]
Une collaboration étroite entre la Coopération luxembourgeoise et le ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité se concrétise par des contributions financières, notamment dans les pays partenaires où le financement pour combattre et atténuer les effets néfastes du changement climatique vient renforcer la programmation de la coopération au développement du Luxembourg. Par exemple, LuxDev a soutenu le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement au Cabo Verde pour la rédaction du Plan d’adaptation national de Cabo Verde (Ministério da Agricultura e Ambiente, Cabo Verde, 2021[5]) et le soutient dans les négociations sur le climat et dans le renforcement de sa capacité institutionnelle, y compris en détachant des conseillers spécialisés chargés d’aider les fonctionnaires à évaluer les effets que des projets, programmes ou politiques pourraient avoir sur l’environnement.
L’accord de coalition 2023-2028 du gouvernement du Luxembourg prévoit une intensification de la coopération avec les pays partenaires en matière environnementale et climatique, pour les aider concrètement à développer leur résilience (Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg, 2023[6]). Le contrôle de durabilité, qui évalue les actes législatifs du Luxembourg par rapport à leur impact sur le développement durable, comprend une section importante sur la dégradation de l’environnement et le respect des ressources naturelles (Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg, 2023[7]).
La durabilité environnementale est une thématique transversale dans la Stratégie générale de coopération du Luxembourg (MAE, 2019[8]) et elle figure dans tous ses programmes indicatifs de coopération. Les stratégies sectorielles et les cadres réglementaires nationaux donnent le mandat au Luxembourg de conduire une évaluation stratégique environnementale et sociale pour les activités d’aide au développement dans quasiment tous ses pays partenaires. Cela se fait de concert avec les autorités nationales et d’autres partenaires techniques et financiers.
En 2021-22, 27.5 % du total des engagements d’aide bilatérale ventilable du Luxembourg (91.3 millions USD) étaient axés sur l’environnement et les conventions de Rio (la moyenne du CAD étant de 35.1 %), ce qui représente une hausse par rapport à la proportion de 15 % enregistrée en 2019‑20. Les données relatives à l’environnement peuvent être détaillées comme suit :
Les questions environnementales formaient l’objectif principal de 4 % de l’aide bilatérale ventilable examinée, contre 11 % en moyenne pour le CAD.
Douze pour cent de l’aide bilatérale ventilable totale (40 millions USD) étaient axés sur le changement climatique en général, en hausse par rapport à la proportion de 4 % enregistrée en 2019-20 (la moyenne des pays du CAD s’établissant à 30.5%). En 2021-22, le Luxembourg a davantage dirigé ses financements vers l’adaptation aux effets du changement climatique (11.7 %) que vers l’atténuation du phénomène (5.8 %).
Quatre pour cent de l’aide bilatérale ventilable examinée (11.5 millions USD) étaient axés sur la biodiversité en général, en baisse par rapport à la proportion de 8.1 % enregistrée en 2019-20 (la moyenne des pays du CAD s’établissant à 7.2 %).
Déclaration du CAD de l’OCDE
Copier le lien de Déclaration du CAD de l’OCDEDéclaration du CAD sur une nouvelle approche visant à aligner la coopération pour le développement sur les objectifs de l’Accord de Paris sur les changements climatiques [OECD/LEGAL/0466]
La Stratégie En route pour 2030 reconnait que les impacts des changements climatiques ne sont pas neutres au regard du genre, et que certains groupes de populations sont plus exposés que d’autres à ces changements environnementaux globaux (MAE, 2019[8]), tandis que l’accord de coalition liste les engagements et les actions à prendre (Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg, 2023[6]). La Stratégie sur l’environnement et le changement climatique de la coopération luxembourgeoise s’engage à adhérer au pacte vert pour l’Europe adopté fin 2019, qui vise à rendre l’économie de l’UE durable et climatiquement neutre à l’horizon 2050, ainsi qu’aux cibles de l’UE concernant le climat et l’énergie dans son Plan de relance (MAE, 2021[9]). Enfin, le Luxembourg adopte une intégration horizontale systématique du nexus genre, environnement et climat dans tous les piliers de son travail de coopération, assortie de lignes directrices et fiches d’information sectorielles pour les projets d’eau et d’assainissement, d’éducation et de formation professionnelle, et de santé (Encadré 1).
Au-delà de sa coopération, le Luxembourg a adopté en 2021 une Stratégie pour le financement climatique international couvrant la période 2021-25. Cette Stratégie de financement climatique comprend aussi la biodiversité et a le double objectif de contribuer à la lutte internationale contre le changement climatique ainsi que de consolider le rôle du Luxembourg en tant que centre international dédié au financement climatique (MECB, 2021[10]). En effet, le Luxembourg alloue des fonds à hauteur de 220 millions EUR aux activités d’adaptation et d’atténuation du changement climatique dans les pays en développement. Ces fonds, gérés par le MECB, s’ajoutent à l’APD du Luxembourg et ne sont pas comptabilisés comme APD.
Le Luxembourg oriente davantage ses financements vers l’adaptation que l’atténuation du changement climatique, et il soutient les Plans nationaux d’adaptation des pays partenaires et des petits États insulaires de développement. Par exemple, le Cabo Verde, pays prioritaire du Luxembourg, qui ne figure pas sur la liste des pays catégorisés « pays les moins avancés » ou « pays à faible revenu », ne peut donc prétendre aux ressources financières et humaines supplémentaires réservées aux pays les plus pauvres. Néanmoins, et en accord avec le paragraphe 17 de la Déclaration, le Luxembourg s’engage à aider le Cabo Verde afin que ce pays accède au financement climatique, en lui apportant un appui institutionnel à long terme. Par exemple, il encourage le gouvernement et les acteurs clés à concrétiser des projets, à mobiliser des ressources extérieures (par exemple auprès du Fonds pour l’environnement mondial), ainsi qu’à communiquer les progrès réalisés et les résultats obtenus.
La place financière du Luxembourg, en particulier avec la Bourse verte (le « Luxembourg Green Exchange »), contribue à mobiliser des capitaux privés pour financer le développement durable et la transition vers la neutralité carbone. Le soutien du Luxembourg à l’économie bleue au Cabo Verde avec la cotation d’une obligation bleue à la Bourse verte du Luxembourg (Luxembourg Green Exchange) témoigne de la manière dont il remplit ses différents engagements.
Références
[6] Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg (2023), Accord de coalition 2023-2028, https://gouvernement.lu/fr/publications/accord-coalition/accord-de-coalition-2023-2028.html.
[7] Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg (2023), Nohaltegkeetscheck, https://nohalteg.public.lu/fr/nohaltegkeetscheck.html.
[9] MAE (2021), Stratégie environnement et changement climatique de la Coopération luxembourgeoise, Direction de la coopération au développement et de l’action humanitaire, https://cooperation.gouvernement.lu/fr/publications/brochure-livre/minist-affaires-etrangeres-europeennes/dir-cooperation-action-humanitaire/strategies-et-orientation/strategie-environnement-climatique.html.
[3] MAE (2021), Stratégie genre de la Coopération luxembourgeoise, https://cooperation.gouvernement.lu/dam-assets/publications/strat%C3%A9gies/strategie-genre/2021-2023-stratgie-genre-fr.pdf.
[8] MAE (2019), Stratégie générale de la coopération luxembourgeoise : En route pour 2030, https://cooperation.gouvernement.lu/content/dam/gouv_cooperation/publications/strat%C3%A9gies/strategie-generale/Strat%C3%A9gie-MAEE-FR.pdf.
[10] MECB (2021), International Climate Finance Strategy 2021-2025 [Stratégie internationale du financement climatique, 2021-2025], https://environnement.public.lu/content/dam/environnement/fr/climat-energie/financement-climatique-international/stratgie-fci-2021-2025-final.pdf.
[5] Ministério da Agricultura e Ambiente, Cabo Verde (2021), Plano Nacional de Adaptação de Cabo Verde (National Adaptation Plan of Cabo Verde), Direção Nacional do Ambiente, https://unfccc.int/sites/default/files/resource/NAP_Cabo%20Verde_EN.pdf.
[11] OCDE (2024), Les profils de coopération au développement, Éditions OCDE, https://doi.org/10.1787/5cd4ba84.
[1] OCDE (2024), Les profils de coopération au développement, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/5cd4ba84-fr.
[4] OCDE (2024), Mise en œuvre de la Convention de l’OCDE sur la lutte contre la corruption par le Luxembourg : Rapport de Phase 4, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/3df3cde6-fr.
[2] OCDE (2022), Rapport 2022 sur la mise en œuvre de la Recommandation du CAD sur le déliement de l’aide publique au développement, https://one.oecd.org/document/DCD/DAC(2022)34/FINAL/fr/pdf.