La croissance du PIB s’établira à 3.0 % en 2024, à 2.3 % en 2025 puis à 2.0 % en 2026. La demande intérieure soutiendra la croissance, la consommation privée progressant sous l’effet de la vigueur du marché du travail, du gonflement de l’épargne des ménages et de la hausse des revenus réels. L’investissement se redressera à la faveur de la baisse des coûts de financement et de la mise en œuvre du Plan de relance, de transformation et de résilience (PRTR). L’inflation globale devrait reculer pour atteindre 2.8 % en 2024, 2.1 % en 2025 puis 2 % en 2026 selon les projections. Les principaux risques de divergence à la baisse tiennent à une montée des tensions géopolitiques, qui pourrait provoquer un renchérissement de l’énergie et affaiblir la demande émanant des principaux partenaires commerciaux de l’Espagne, et à une mise en œuvre lente du PRTR.

Une mise en œuvre efficace du plan d’assainissement budgétaire est indispensable pour respecter les règles budgétaires européennes, placer la dette publique sur une trajectoire descendante et libérer des ressources pour les futures dépenses prioritaires. Mieux faire coïncider les offres et les demandes d’emploi et remédier à l’inadéquation des compétences contribueraient à réduire le chômage structurel et à rehausser la croissance de la productivité.

La croissance du PIB s’est établie à 0.8 % (en rythme non annualisé) au troisième trimestre de 2024, soit un taux supérieur aux anticipations, sous l’effet de la vigueur de la consommation publique et privée, cette dernière étant stimulée par la progression de l’emploi et des salaires réels. Malgré une amélioration, la confiance des consommateurs reste en deçà des niveaux antérieurs à la pandémie. Les investissements ont décru au troisième trimestre, sous l’effet principalement de la situation dans le secteur des machines et équipements. Les indicateurs à court terme, par exemple l’indice des directeurs d’achat du secteur manufacturier et le nombre d’inscriptions aux régimes de protection sociale, ont progressé en octobre 2024. Les inondations qui ont frappé l’Espagne en octobre 2024 ont eu un lourd bilan humain et causé des pertes de capital physique, principalement dans la région de Valence. L’emploi a progressé de 1.7 % en glissement annuel au troisième trimestre de 2024, tandis que le taux de chômage est tombé à 11.2 % au cours du même trimestre et que les secteurs de l’administration publique, de la défense, de l’éducation et de la santé ont pâti de pénuries de main-d’œuvre. Parallèlement, les prêts au logement accordés aux ménages et les crédits aux entreprises ont respectivement diminué de 0.7 % et 0.6 % en glissement annuel en septembre 2024. L’évolution de l’inflation a été favorable : l’inflation globale a reflué pour atteindre 1.8 % en octobre principalement en raison de la baisse des prix des produits alimentaires, des carburants et de l’électricité, alors que l’inflation sous-jacente est tombée à 2.5 % en octobre 2024, malgré des tensions persistantes sur les prix dans les services.

Les exportations en volume ont augmenté de 2 % en glissement annuel en septembre 2024, à la faveur de la croissance des exportations touristiques et d’autres services. Le déficit commercial s’est réduit en septembre 2024, essentiellement du fait d’une hausse des recettes d’exportations énergétiques et d’une diminution des importations d’énergie.

Le déficit budgétaire devrait diminuer progressivement pour s’établir à 3 % du PIB en 2024, à 2.5 % en 2025 puis à 2.1 % en 2026. En valeur cumulée, l’assainissement projeté devrait représenter 0.7 % du PIB en 2025 et en 2026, ce qui est conforme au plan budgétaire à moyen terme des pouvoirs publics. Pour venir en aide aux ménages, le gouvernement a en partie élargi l’allégement de la TVA sur certains produits alimentaires essentiels jusqu’à la fin de 2024. Il a aussi amplifié les aides au chômage en étendant leur couverture et en revalorisant le montant des allocations mensuelles. Selon les projections, la croissance des dépenses publiques sera freinée, ce qui aura une incidence sur les dépenses courantes et les transferts en capital, tandis que les mesures de lutte contre l’inflation adoptées en 2022 prendront fin en 2024. Pour les régions sinistrées par les inondations, le gouvernement a annoncé un paquet d’aides d’un montant correspondant à 1.1 % du PIB environ, dont 30 % se présentent sous la forme de garanties. Les répercussions de ces mesures sur le déficit budgétaire sont incertaines car elles dépendent de l’ampleur des aides nécessaires et du calendrier des décaissements.

La croissance du PIB devrait s’établir à 3.0 % en 2024, à 2.3 % en 2025 puis à 2.0 % en 2026 selon les projections. La croissance sera principalement tirée par la consommation, qui est stimulée par la vigueur du marché du travail, par la progression des revenus réels et par l’épargne accumulée par les ménages. L’investissement se raffermira sous l’effet de la baisse des coûts de financement et de la mise en œuvre du PRTR, même si la politique budgétaire dynamisera moins l’économie. Si les exportations bénéficieront de l’évolution positive du tourisme, le redressement des importations limitera la contribution des exportations nettes à la croissance. L’inflation devrait refluer constamment jusqu’en 2026 selon les projections, à la faveur de la baisse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires et de faibles tensions sur les salaires.

Si les ratios déficit budgétaire/PIB et dette publique/PIB ont diminué, un assainissement des finances publiques reste essentiel pour maintenir une trajectoire descendante de la dette, respecter les nouvelles règles budgétaires de l’UE et tenir compte des priorités en matière de dépenses, par exemple celles qui sont liées au vieillissement démographique. L’élargissement progressif de l’assiette de la taxe sur la valeur ajoutée, l’augmentation des taxes environnementales et renforcer l’efficience des dépenses publiques soutiendraient les efforts d’assainissement et créeraient une marge pour financer des dépenses favorisant la croissance. De nombreux employeurs font état de difficultés à trouver des candidats possédant les compétences requises pour les postes disponibles, ce qui alimente le chômage et le sous‑emploi, situation dans laquelle des individus occupent un emploi sans mobiliser pleinement leurs compétences. Pour réduire encore le chômage et rehausser la productivité, il faut mettre les programmes d’enseignement en adéquation avec les besoins du marché du travail, améliorer l’aide à la recherche d’emploi et proposer des services d’orientation professionnelle, ainsi qu’un soutien à l’amélioration et à la requalification des compétences.