Après avoir atteint 2.3 % en 2024, la croissance du PIB réel devrait se stabiliser à 2.1 % en 2025 et 2026. La vigueur de la demande mondiale continuera de soutenir les exportations. La consommation privée devrait se redresser à partir de la fin de 2024 grâce au repli des taux d’intérêt et à l’augmentation des salaires réels. L’inflation restera inférieure à l’objectif de la banque centrale à court terme. La hausse du taux d’activité des femmes et de celui des seniors renforcera encore l’emploi, tandis que le chômage restera faible.

La Banque de Corée a abaissé son taux directeur de 3.25 % à 3.0 % en novembre. De nouvelles baisses devraient le ramener à 2.5 % en 2025, si bien que l’inflation devrait revenir au niveau de l’objectif de 2 %. Un assainissement budgétaire débutera probablement en 2025, favorisé par une compensation partielle des amples moins-values de recettes enregistrées en 2023 et 2024. La règle budgétaire proposée, de même que la réforme des retraites, contribuerait à la reconstitution de marges de manœuvre budgétaires permettant de faire face aux tensions sur les dépenses liées au vieillissement rapide de la population. L’immigration pourrait atténuer les pénuries de main-d’œuvre, tandis que des réformes du marché du travail pourraient améliorer l’appariement entre les offres et les demandes d’emploi, faire reculer la pauvreté parmi les personnes âgées et réduire le coût d’opportunité élevé de la maternité.

Le PIB réel n’a que marginalement augmenté au troisième trimestre de 2024, après avoir enregistré une croissance très forte au premier trimestre et une légère contraction au deuxième trimestre. La demande intérieure s’est redressée, grâce à la consommation privée, à l’investissement privé non résidentiel ainsi qu’à la consommation et l’investissement publics. L’inflation globale a reflué à 1.3 % en octobre 2024, nettement en deçà de l’objectif d’inflation de 2 %, tandis que l’inflation hors produits alimentaires et énergie s’est établie à 1.8 %. À 2.7 %, le taux de chômage est resté proche de son point bas historique, tandis que le taux d’emploi s’établissait toujours à un niveau historiquement élevé de 62.7 % en octobre 2024. Le nombre d’emplois vacants diminue et la croissance des salaires nominaux demeure modérée, tandis que des pénuries de main-d’œuvre perdurent dans des secteurs comme la construction navale et le secteur sanitaire et social.

La vigueur de la demande mondiale de produits manufacturés coréens, en particulier de semi-conducteurs, a été l’un des moteurs de l’expansion économique au cours des derniers trimestres, mais la contribution des exportations manufacturières à la croissance fléchit. Les exportations se sont contractées au troisième trimestre, tandis que les importations ont vigoureusement augmenté, en partie en raison d’investissements réalisés dans des usines. Après un récent accès de faiblesse, les exportations enregistrées par les douanes se redressent et ont augmenté de 5.8 % en glissement annuel au cours des 20 premiers jours de novembre.

La Banque de Corée a amorcé un cycle d’assouplissement monétaire en abaissant son taux directeur de 3.5 % à 3.25 % en octobre, puis l’a réduit de nouveau à la fin de novembre, en le ramenant à 3.0 %. L’inflation étant inférieure à l’objectif de la banque centrale, on pose l’hypothèse que le taux directeur se stabilisera à 2.5 % en 2025. La persistance de moins-values de recettes d’impôts prélevés sur les entreprises creusera le déficit de 2023 à 2024. Le solde budgétaire devrait s’améliorer à partir de 2025, sachant que la croissance des dépenses prévue dans le projet de loi de finances du gouvernement devrait être faible et que les volumineux bénéfices réalisés par les entreprises en 2024 feront augmenter les futures recettes fiscales. L’allègement temporaire des taxes sur les carburants adopté pendant la crise énergétique a été prolongé à plusieurs reprises, mais on pose l’hypothèse qu’il prendra fin à la mi-2025. Il est également supposé que la Corée poursuivra l’assainissement de ses finances publiques en 2026, de sorte que le resserrement budgétaire cumulé au cours de la période 2025-26 représentera environ 1 point de PIB.

Après avoir atteint 2.3 % en 2024, la croissance de la production devrait s’établir à 2.1 % en 2025 et 2026. La consommation et l’investissement privés devraient jouer un rôle moteur de plus en plus important dans la croissance, la baisse des taux d’intérêt et la progression des revenus réels renforçant le pouvoir d’achat. À court terme, l’inflation devrait rester inférieure à l’objectif de 2 %, ce qui tient dans une large mesure au recul des prix de l’énergie et des matières premières à l’échelle internationale. L’inflation devrait toutefois converger vers l’objectif d’ici à la fin de 2025 grâce à des mesures énergiques d’assouplissement de la politique monétaire. Le taux d’activité devrait continuer d’augmenter, notamment parmi les femmes et les seniors, tandis que le taux de chômage se stabilisera à un bas niveau. La croissance pourrait s’avérer plus faible que prévu si la période de taux d’intérêt élevés conjugués à une faible progression du revenu disponible débouchait sur une hausse durable de l’épargne de précaution. À l’inverse, une amélioration plus rapide qu’on ne s’y attend de la confiance des consommateurs pourrait se traduire par une croissance plus vigoureuse que prévu.

À moins que les autorités monétaires ne donnent clairement la priorité à l’objectif de stabilité des prix par rapport à l’objectif secondaire que constitue la stabilité financière, les anticipations d’inflation risquent de se désancrer, ce qui entraînerait des pertes de production et d’emplois évitables. Un durcissement des règles macroprudentielles, une réduction des aides budgétaires à l’accession à la propriété et une réforme structurelle visant à améliorer l’offre de logements sont des instruments nettement préférables à utiliser pour limiter les déséquilibres financiers. Il faudrait poursuivre l’assainissement budgétaire comme prévu, compte tenu du vieillissement rapide de la population, et appliquer la règle budgétaire proposée. Les taxes environnementales, le recours accru aux enchères dans le cadre du système d’échange de quotas d’émission et la rationalisation des aides publiques aux entreprises pourraient permettre de dégager des marges de manœuvre budgétaires pour combler les lacunes de la protection sociale et des politiques familiales. Les pénuries de main-d’œuvre observées en Corée dans des domaines comme la construction navale et le secteur sanitaire et social devraient s’accentuer sous l’effet du vieillissement démographique, ce qui exige d’allonger la vie active et la durée de cotisation au titre des retraites, de faire davantage appel à l’immigration et de mieux intégrer les immigrés, ainsi que de rehausser le taux d’emploi des jeunes. Pour y parvenir et permettre au taux d’emploi des femmes et au taux de fécondité d’augmenter en parallèle, il est essentiel d’assouplir la législation sur protection de l’emploi applicable aux travailleurs réguliers tout en améliorant les conditions de travail et la protection sociale des travailleurs non réguliers, ainsi que de rompre progressivement avec le système de rémunération à l’ancienneté et une culture du travail dans laquelle l’activité professionnelle prime la vie de famille.