Les gouvernements du monde entier doivent agir pour concevoir de meilleures règles pour l’avenir, en canalisant le pouvoir de transformation de l’innovation au service du bien. Les rapides progrès transformateurs des technologies émergentes présentent un énorme potentiel d’amélioration de la prospérité et du bien-être, qu’il s’agisse de guérir et de prévenir les maladies ou de répondre à la crise climatique. Dans le même temps, l’innovation s’accompagne de nouveaux risques et défis. Il est essentiel que les gouvernements créent de meilleures règles pour l’avenir afin de relever ces défis et d’ouvrir de nouvelles perspectives sans compromettre les droits fondamentaux ni créer d’instabilité économique. En s’appuyant sur la Recommandation du Conseil en faveur d’une gouvernance réglementaire agile permettant de mettre l’innovation à profit, les gouvernements doivent adapter leurs processus en faveur d’une réglementation réactive, exploiter de nouveaux outils pour améliorer les réglementations et concevoir des institutions dotées de capacités et d’une coopération nécessaires pour faire face à l’avenir.
Perspectives de l'OCDE sur la politique de la réglementation 2025

4. La réglementation au service de l’avenir
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Messages clés
Copier le lien de Messages clésLes gouvernements du monde entier doivent agir pour concevoir de meilleures règles pour l’avenir, en canalisant le pouvoir de transformation de l’innovation au service du bien. Les rapides progrès transformateurs des technologies émergentes présentent un énorme potentiel d’amélioration de la prospérité et du bien-être, qu’il s’agisse de guérir et de prévenir les maladies ou de répondre à la crise climatique. Dans le même temps, l’innovation s’accompagne de nouveaux risques et défis. Les technologies numériques présentent un intérêt particulier pour les discussions réglementaires actuelles, dans la mesure où des technologies telles que l’intelligence artificielle (IA), l’internet des objets (IdO) et la technologie quantique évoluent rapidement et transforment nos pratiques quotidiennes et les perspectives de demain, tout en créant ou en exacerbant des préjudices potentiels. Ne pas relever ces défis, c’est s’exposer au risque de passer à côté de possibilités, de compromettre les droits fondamentaux ou de créer une instabilité économique.
Les gouvernements doivent relever le défi consistant à créer de meilleures règles fondées sur les risques pour l’avenir qui, si elles sont bien conçues et mises en œuvre, peuvent soutenir l’innovation. La transformation numérique est l’un des défis complexes les plus pressants pour l’action publique. Si certains éléments des systèmes réglementaires existants sont toujours opérationnels, l’innovation, y compris les technologies numériques, soulève des problèmes en raison de sa progression rapide et de sa nature transfrontière, qui entravent la mise en place d’une gouvernance réglementaire éclairée pour les interventions nécessaires. Dans le cadre de la Recommandation du Conseil pour une gouvernance réglementaire agile permettant de tirer parti de l’innovation, les pays membres de l’OCDE ont reconnu la nécessité de disposer de processus d’élaboration des politiques, d’outils et d’institutions agiles, capables d’anticiper et de s’adapter à de nouvelles données probantes et à de nouvelles idées.
À l’avenir, les gouvernements doivent élargir et intensifier les efforts actuels :
Adapter les processus pour parvenir à une réglementation réactive. Les gouvernements qui ont recours à des processus d’adaptation et d’apprentissage peuvent en tirer des enseignements en permanence et améliorer leurs approches et systèmes réglementaires face à des défis tels que le numérique. Cela suppose l’adoption d’une approche anticipative de la réglementation afin de relever les défis émergents de manière proactive et de s’adapter aux progrès technologiques. Les approches fondées sur le renseignement stratégique, telles que l’analyse prospective, l’anticipation stratégique et l’association des parties prenantes à un stade plus précoce et de manière plus cohérente constituent des éléments clés. En les associant à un cycle d’action publique de plus en plus itératif de manière à mieux intégrer des choix de conception flexibles, des considérations en matière d’innovation et des boucles de rétroaction dans la conception de la réglementation, les gouvernements demeureront avertis, ce qui permettra de combler les lacunes sur le plan de l’information et d’éclairer une gouvernance plus solide à l’avenir.
Exploiter de nouveaux outils pour améliorer les réglementations. De nouveaux outils, souvent alimentés par les technologies numériques elles-mêmes, transforment la manière dont les gouvernements orientent et gèrent les systèmes réglementaires pour l’avenir. Les gouvernements qui ont recours à l’analyse de données avancées et à l’expérimentation réglementaire peuvent prendre des décisions et procéder à des ajustements réglementaires davantage fondés sur des données probantes, en complément des activités nationales et internationales. La technologie elle-même permet également d’améliorer la prestation de l’action réglementaire en réduisant les fardeaux et en augmentant l’efficacité du contrôle et de l’application, en particulier dans le contexte de la complexité croissante des défis réglementaires.
Façonner des instances de réglementation parées pour l’avenir. Investir dans la coopération et la capacité des instances de réglementation permet de créer un environnement réglementaire plus unifié, plus cohérent et plus réactif. Si les pays membres de l’OCDE encouragent déjà une action concertée des pouvoirs publics et des régulateurs (tant au niveau national qu’international), ils pourraient redoubler d’efforts pour créer un système dans lequel les innovations numériques ne passeraient pas entre les mailles du filet. Investir dans les capacités institutionnelles est un facteur essentiel pour garantir une protection et un appui exhaustifs. En se concentrant sur les cadres institutionnels, les ressources, les compétences et l’expertise, les institutions sont mieux préparées à jouer leur rôle de premier plan dans la supervision et la mise en œuvre de la réglementation numérique.
Une bonne réglementation est importante pour l’avenir
Copier le lien de Une bonne réglementation est importante pour l’avenirL’ampleur et le rythme de l’innovation sont en train de bouleverser le fonctionnement des sociétés et des économies. Les technologies émergentes telles que la biologie de synthèse, l’IA, les matériaux avancés, les neurotechnologies et les technologies quantiques peuvent contribuer à des gains sans précédent dans les domaines de la santé, de l’énergie, du climat, des systèmes alimentaires et de la biodiversité (OCDE, 2024[1]). Toutefois, ces innovations peuvent également comporter des risques pour les personnes, l’économie, l’environnement et la démocratie. Les règles et réglementations, qu’elles soient élaborées par les pouvoirs publics ou rédigées en collaboration avec l’industrie ou entièrement par elle, permettent de gérer ces risques tout en appuyant l’innovation. En agissant comme un « contrôleur d’accès au marché » (Evans, 20 janvier 2021[2]), des règles bien conçues permettent d’exploiter l’innovation pour promouvoir des objectifs économiques, sociaux et environnementaux.
Mais la réglementation n’est pas toujours en place, efficace pour assurer les protections nécessaires ou perçues comme adaptées pour susciter un impact positif. En 2024, les données de 30 pays montrent que plus d’un tiers des citoyens jugent improbable que leur gouvernement national réglemente de manière adéquate les nouvelles technologies et aide les entreprises et les citoyens à les utiliser de manière responsable1 (OCDE, 2024[3]). Sans une action réglementaire opportune et éclairée, des lacunes dans les protections et le fonctionnement du marché peuvent apparaître. Cela peut entraîner une augmentation des risques, entraver l’adoption responsable des nouvelles technologies et rendre les marchés et les individus vulnérables face aux mauvaises utilisations, à l’exploitation et à l’inefficacité.
Les technologies numériques présentent un intérêt particulier pour les discussions réglementaires actuelles, dans la mesure où des technologies telles que l’intelligence artificielle (IA), l’internet des objets et la technologie quantique évoluent rapidement et transforment nos pratiques quotidiennes et les perspectives de demain, tout en créant ou en exacerbant des préjudices potentiels. Parmi les exemples bien connus de risques liés à l’utilisation des technologies numériques, il convient de citer la reconnaissance faciale et les logiciels espions en tant qu’outils de surveillance de masse (Ryan-Mosley, 2022[4]), les cyberattaques et la cybercriminalité qui portent atteinte à la vie privée et à la sécurité des citoyens, les plateformes de médias sociaux en tant que vecteurs de désinformation (Matasick, Alfonsi et Bellantoni, 2020[5] ; OCDE, 2024[6]) et les algorithmes biaisés qui conduisent à des pratiques d’embauche discriminatoires, notamment sur la base de l’origine ethnique et du genre (Chen, 2023[7]).
La réglementation joue un rôle important s’agissant de veiller à ce que les systèmes de gouvernance soient suffisants pour aligner la conception et les applications des technologies numériques sur des résultats sociétaux positifs. Le secteur lui-même devrait y aspirer, mais les incitations adéquates n’existent pas toujours. Les approches dirigées ou codirigées par le secteur peuvent donner lieu à des réponses plus agiles aux évolutions technologiques et réduire les asymétries d’information, mais leur mise en œuvre pratique a parfois laissé le public mal protégé, notamment en raison de la priorité accordée à l’innovation par rapport à d’autres objectifs en matière de réglementation. (OCDE, 2024[6]). Par exemple, X (anciennement Twitter) a retiré sa participation volontaire au code de bonnes pratiques contre la désinformation de 2018 en mai 2023 (OCDE, 2024[6]). Les gouvernements jouent donc un rôle essentiel dans l’orientation et la mise en œuvre de transformations numériques responsables grâce à leurs pouvoirs de réglementation qui leur permettent d’élaborer des politiques tenant compte des risques.
Déterminer la réglementation pour l’avenir requiert des gouvernements qu’ils comprennent et élaborent des réponses aux défis actuels, émergents et futurs, le plus notable étant actuellement le double défi que représentent les transitions verte (voir le chapitre 3) et numérique. Le présent chapitre donne un aperçu de la manière dont les gouvernements peuvent adopter une réglementation pour l’avenir de la transformation numérique, et en tirer des enseignements qui pourront être appliqués à d’autres transitions futures. L’objectif est de démontrer les avantages de la réglementation en tant qu’outil précieux pour libérer le potentiel positif de l’innovation de manière responsable, en soutenant et en exploitant des initiatives plus larges de l’OCDE (Encadré 4.1).
La bonne nouvelle, c’est que des décennies de réformes réglementaires ont abouti à un système de processus, d’outils et d’institutions permettant d’optimiser les avantages de la réglementation tout en limitant au maximum les coûts pour les citoyens, les entreprises, la société et l’environnement (OCDE, 2021[8]). La question clé est de savoir comment adapter ces trois éléments de façon à ce que la gouvernance réglementaire soit adaptée à la résolution des problèmes émergents. Le présent chapitre examine les défis complexes auxquels sont confrontés les régulateurs à l’ère du numérique et présente les mesures concrètes que les gouvernements peuvent prendre et commencent à prendre pour élaborer des règles et des cadres adaptés à l’avenir :
adapter les processus pour une réglementation réactive
exploiter de nouveaux outils pour améliorer les réglementations
façonner des instances de réglementation prêtes pour l’avenir.
Encadré 4.1. Orientations et initiatives normatives de l’OCDE pour contribuer à la mise en place d’une meilleure gouvernance et d’une meilleure réglementation technologiques afin de relever les défis de l’avenir
Copier le lien de Encadré 4.1. Orientations et initiatives normatives de l’OCDE pour contribuer à la mise en place d’une meilleure gouvernance et d’une meilleure réglementation technologiques afin de relever les défis de l’avenirLe présent chapitre s’appuie sur les travaux de la Division de la politique de la réglementation de l’OCDE, qui s’inspire des orientations et des normes de haut niveau de l’OCDE et en soutient la mise en œuvre. Ces travaux ont placé l’OCDE à la frontière des examens politiques, de la recherche et de l’appui en matière de gouvernance des technologies. Les Recommandations de l’OCDE sont les suivantes :
Recommandation du Conseil sur l’intelligence artificielle, qui énonce cinq principes guidant les acteurs de l’IA dans leurs efforts pour élaborer une IA digne de confiance et cinq recommandations à l’intention des décideurs pour élaborer des politiques efficaces en matière d’IA. Elles ont été mises à jour en 2024 afin de rester en phase avec les évolutions technologiques rapides.
Recommandation du Conseil sur l’innovation responsable dans le domaine des neurotechnologies, qui guide les gouvernements et les innovateurs pour anticiper et relever les défis éthiques, juridiques et sociaux soulevés par les nouvelles neurotechnologies tout en promouvant l’innovation dans ce domaine.
Recommandation du Conseil en faveur d’une gouvernance réglementaire agile permettant de mettre l’innovation à profit, qui fournit des orientations pour l’utilisation et l’adaptation de la politique et de la gouvernance réglementaires face aux défis et aux opportunités réglementaires découlant de l’innovation.
En outre, quatre grands axes de travail et initiatives horizontales sont à la base du contenu présenté dans ce chapitre :
Le Forum mondial sur les technologies est un lieu de dialogue régulier et approfondi permettant de prévoir et d’anticiper les opportunités et les risques à long terme présentés par la technologie. Il anime des discussions inclusives, multipartites et fondées sur des valeurs portant sur des thèmes spécifiques liés aux politiques en matière de technologies, en promouvant des technologies responsables, fondées sur des valeurs et axées sur les droits, le développement durable et des sociétés résilientes, et en comblant les fossés numérique et technologique.
Le projet « Vers le numérique » vise à fournir aux décideurs les outils dont ils ont besoin pour aider leurs économies et leurs sociétés à prospérer dans un monde de plus en plus numérique et axé sur les données. Actuellement à sa quatrième édition, il a produit : le Cadre d’action intégré du projet « Vers le numérique » pour aider les gouvernements et les parties prenantes à élaborer une approche intégrée de l’élaboration des politiques à l’ère du numérique et à mettre au point des politiques au service d’un avenir numérique inclusif, ainsi que le Cadre relatif à la gouvernance anticipative des technologies émergentes.
La gouvernance réglementaire agile accompagne les pays dans la mise en œuvre de la Recommandation du Conseil en faveur d’une gouvernance réglementaire agile permettant de mettre l’innovation à profit et a produit des études et des orientations pratiques sur divers sujets, notamment sur l’expérimentation réglementaire et les drones, ainsi que sur les solutions biologiques.
L’amélioration de la réglementation à l’ère du numérique s’appuie également sur la recommandation agile et cherche à accompagner les pays pour assurer la gouvernance réglementaire la plus efficace et efficiente possible pour les activités numériques, sur la base d’approches fondées sur les risques et neutres sur le plan technologique. Cette initiative est menée par un groupe d’experts de plus de 30 membres représentant plus de 20 pays membres et partenaires de l’OCDE, et explore la manière dont la réglementation répond efficacement aux transformations numériques et les domaines dans lesquels des lacunes persistent.
Source : OCDE, Recommandation du Conseil sur l’intelligence artificielle (2019[9]) ; OCDE, Recommandation du Conseil surl’innovation responsable dans le domaine des neurotechnologies (2019[10]); OCDE, Recommandation du Conseil pour une gouvernance réglementaire agile permettant de tirer parti de l’innovation (2021[11]) ; Forum mondial de l’OCDE sur la technologie (s.d.[12]) ; OCDE, Cadre pour une gouvernance anticipative des technologies émergentes (OCDE, 2024[1]) ; OCDE, Cadre d’action intégré du projet « Vers le numérique » (2020[13]) OCDE, Regulatory experimentation: Moving ahead on the agile regulatory governance agenda (2024[14]) ; Hernández et Amaral, Case studies on agile regulatory governance to harness innovation: Civilian drones and bio-solutions (2022[15]).
L’ère du numérique pose des défis complexes à la gouvernance
Copier le lien de L’ère du numérique pose des défis complexes à la gouvernanceLa transformation numérique est l’un des défis complexes les plus pressants pour l’action publique. D’une part, de nombreux gouvernements de l’OCDE examinent leurs systèmes actuels d’amélioration de la réglementation et concluent que plusieurs de leurs composantes continuent de fonctionner efficacement à l’ère du numérique. Ce constat est corroboré par les recherches de l’OCDE sur les approches réglementaires de l’IA, qui montrent comment les systèmes existants permettent d’identifier les risques liés aux systèmes d’IA et d’y réagir (Encadré 4.2). D’autre part, les échanges dans le cadre de forums internationaux ont commencé à mettre en évidence les lacunes des approches en matière de gouvernance et de réglementation face aux risques de la transformation numérique et aux défis à relever pour soutenir les nouvelles perspectives (voir Encadré 4.1).
Le rythme des progrès technologiques et la nature transfrontière des technologies numériques constituent deux défis majeurs auxquels les gouvernements sont confrontés lorsqu’ils réglementent à l’ère du numérique. Ces deux défis ont jeté les bases des ajustements et des améliorations réglementaires présentés dans le reste du présent chapitre afin de réglementer efficacement à l’avenir.
Encadré 4.2. Meilleures pratiques en matière de réglementation de l’intelligence artificielle
Copier le lien de Encadré 4.2. Meilleures pratiques en matière de réglementation de l’intelligence artificielleLes gouvernements du monde entier sont confrontés à la progression rapide de l’intelligence artificielle (IA) dans la mise en œuvre de divers cadres réglementaires pour équilibrer l’innovation et la protection de la société. Le décret présidentiel des États-Unis sur le développement et l’utilisation sûrs, sécurisés et fiables de l’intelligence artificielle et la loi européenne sur l’intelligence artificielle illustrent les efforts déployés à l’échelle de l’ensemble du gouvernement. Ces politiques s’inscrivent dans un mouvement mondial visant à créer des environnements réglementaires qui assurent une protection contre les risques potentiels de l’IA tout en exploitant ses bienfaits transformateurs pour la société.
Pour aider à identifier les bonnes pratiques et les défis communs, l’OCDE cartographie les approches réglementaires de l’IA dans le cadre de l’initiative « Mieux légiférer » à l’ère du numérique. Elle a élaboré un cadre analytique fondé sur les normes, les principes et les pratiques nationales de l’OCDE en matière de politique réglementaire et l’a appliqué à une première série de 14 propositions de réglementation spécifiques à l’IA dans les pays membres de l’OCDE et du G20. Dans l’ensemble, les résultats démontrent ce qui suit :
Les définitions des enjeux se rejoignent sur les objectifs de promotion des avantages économiques parallèlement à la gestion de la sécurité publique et des préoccupations d’ordre éthique. Les risques sont axés sur les droits fondamentaux, la sécurité publique et la sûreté.
Les approches réglementaires convergent vers des cadres flexibles fondés sur les risques, mêlant des règles prescriptives pour l’IA « à haut risque » à des cadres fondés sur des principes, autoréglementés et volontaires pour d’autres types de systèmes d’IA.
L’application de la loi repose sur un écosystème d’entités, y compris un mélange d’acteurs publics et privés, qui suggère une confluence autour du principe d’autorégulation, y compris par l’intermédiaire de la gestion des risques en interne pour les acteurs de l’IA.
La bonne gestion de la réglementation, notamment l’évaluation ex post et l’exploitation de la réglementation internationale, est largement reconnue comme importante dans les textes sélectionnés, souvent en accord avec les orientations normatives de l’OCDE. Ils devront être évalués à l’avenir pour comprendre leur utilisation et leur impact dans la pratique.
Ces travaux complètent la Recommandation du Conseil sur l’intelligence artificielle de l’OCDE et les outils visant à faire avancer sa mise en œuvre, notamment le Cadre de l’OCDE pour la classification des systèmes de l’IA et les travaux de définition et de suivi portant sur les incidents liés à l’intelligence artificielle. Ces travaux s’inscrivent également dans la continuité de la cartographie des stratégies et politiques en matière d’IA dans le monde réalisée par l’Observatoire OCDE des politiques relatives à l’IA, qui recense plus de 1 000 politiques et stratégies en matière d’IA dans 70 juridictions.
Note : pour obtenir des informations complémentaires sur le panorama des politiques en matière d’IA dans le monde et sur leur lien avec les thèmes mentionnés dans cette étude, voir OCDE (2023[16] ; 2023[17] ; s.d.[18]) ; et Plonk, Perset et Fialho Esposito (23 juillet 2024[19]).
Source : OCDE (À paraître[20]).
La rapide progression des technologies menace l’efficacité de la réglementation
Une réglementation efficace nécessite une compréhension commune du problème de politique, non seulement par les formations politiques, mais aussi par toutes les parties prenantes. Plus la technologie évolue rapidement, plus il est difficile de parvenir à une compréhension commune. Les asymétries d’information sur les débouchés et les risques du développement technologique, associées à l’incertitude quant à sa trajectoire, peuvent rapidement s’accumuler, ce qui entrave la prise de décisions de gouvernance éclairées par les décideurs sur la nécessité d’interventions réglementaires, sur ce qu’il convient de réglementer et sur la manière de le faire de manière efficace.
En raison de leur développement rapide, l’impact de nombreuses technologies numériques peut n’être pleinement compris que plusieurs années après leur création. La nature intangible des technologies et leur convergence croissante (par exemple, l’association de technologies numériques à des technologies physiques) aboutissent à des relations complexes dont les effets sont difficiles à prévoir ou à mesurer. À titre d’exemple, l’association des technologies de l’IA et de l’Internet des objets pourrait potentiellement introduire de nouvelles menaces pour la cybersécurité tout en présentant des avantages, ce qui imposerait de mettre à jour les cadres réglementaires afin de mieux garantir la sécurité de ces technologies. Sans une compréhension approfondie des défis et des lacunes créés par l’innovation technologique, les décideurs sont démunis pour concevoir des approches de gouvernance qui ciblent un besoin spécifique.
En outre, l’évolution constante des chaînes de valeur et des modèles d’entreprise complexifie la responsabilité vis-à-vis des technologies numériques et de leurs répercussions ultimes. Les gouvernements peuvent éprouver des difficultés à comprendre comment réglementer au mieux une technologie afin de favoriser la mise en place de structures de responsabilité adéquates. Par exemple, les décideurs doivent-ils axer leurs interventions sur le développement des technologies numériques, sur leurs applications ou sur leur impact final ? Chaque aspect a une nature distincte qui a nécessairement une incidence sur les réponses politiques et réglementaires.
L’évolution rapide des technologies peut également remettre en question l’adéquation des approches réglementaires actuelles. De nombreux gouvernements se demandent si les règles et approches existantes suffisent à elles seules à relever les défis posés par les technologies numériques d’un point de vue sectoriel ou horizontal. La réglementation est traditionnellement conçue point par point, secteur par secteur ou technologie par technologie, et souvent au moyen d’une approche « réglementer et oublier » (OCDE, 2021[8]). Le rythme rapide des progrès technologiques remet en question ce modèle, exigeant des délais plus courts et s’éloignant de la conception ex ante et de la fourniture ex durante conçues comme une série d’étapes ou d’outils discrets, au profit de parties mutuellement complémentaires du cycle de l’action publique destinées à éclairer l’adaptation des approches réglementaires (ou alternatives) (OCDE, 2024[6] ; 2021[8]). Cet état de fait est exacerbé par le dilemme de Collingridge, selon lequel les règles relatives aux technologies sont plus faciles à accepter lorsque la technologie en est à un stade de développement précoce, bien qu’il soit difficile d’en connaître les effets, que lorsqu’elle en est à un stade de développement plus avancé, lorsque les règles relatives aux technologies sont plus difficiles à accepter, mais que leurs impacts sont mieux démontrés. (Tõnurist et Hanson, 2020[21]).
Le caractère transfrontière des technologies numériques affecte la gouvernance des institutions
Les technologies et leurs applications sont transversales et relèvent de divers organes gouvernementaux, de sorte que la gouvernance des innovations numériques s’inscrit souvent dans le cadre des compétences de plusieurs décideurs et régulateurs. Ce phénomène donne lieu à un réseau complexe de réponses et de responsabilités qu’il convient de gérer. Les juridictions qui se recoupent et les écarts réglementaires peuvent conduire à des inefficacités, à des incohérences et à des occasions manquées en matière de gouvernance. Aujourd’hui plus que jamais, la résolution des problèmes politiques exige une approche conjointe et collaborative entre les régulateurs afin d’identifier les mandats existants et les lacunes dans l’approche institutionnelle de la gouvernance des technologies. L’élaboration de normes internationales et le renforcement du partage d’informations entre les pays sont considérés comme bénéfiques pour atténuer efficacement les menaces numériques, tandis que les cadres existants peuvent également être adaptés en permanence aux nouvelles technologies pour rester robustes.
Les technologies remettent également en question les notions traditionnelles de responsabilité juridique (OCDE, 2024[6]). Il s’agit notamment des questions de juridiction, de mandats des régulateurs pour faire appliquer les règles et de l’érosion des frontières entre consommateurs et producteurs (OCDE, 2024[6]). Cette évolution remet non seulement en question l’applicabilité des concepts juridiques traditionnels, mais rend également difficile l’élaboration de politiques efficaces qui tiennent compte de cette nouvelle dynamique. En outre, la nature transfrontière des technologies numériques complexifie davantage l’exercice de l’autorité juridictionnelle, car les actions menées dans un pays peuvent avoir des répercussions importantes dans un autre, ce qui nécessite une approche plus nuancée et plus collaborative de la réglementation, qui transcende les frontières nationales. Dans ce contexte, la coopération internationale en matière de réglementation devient essentielle pour assurer la cohérence, prévenir la fragmentation de la réglementation et créer un cadre plus homogène pour traiter les questions qui relèvent de plusieurs juridictions.
Enfin, le renforcement de la capacité des institutions à réfléchir à long terme sur la manière dont les technologies émergentes peuvent affecter les sociétés, les marchés et les actions des pouvoirs publics constitue un défi (OCDE, 2024[6]). Cela nécessite une utilisation beaucoup plus large des approches anticipatives de la réglementation, notamment le renforcement de la capacité des organes de contrôle et de conseil à anticiper et à mettre en œuvre la prospective stratégique tout au long du cycle de l’action publique. Pour ce faire, il faut également que les gouvernements confient des responsabilités aux fonctionnaires et créent un environnement favorable à la validation des innovations anticipatives (Tõnurist et Hanson, 2020[21]), et qu’ils acquièrent les compétences nécessaires pour promouvoir une action publique fondée sur des données probantes dans le domaine des technologies numériques. (OCDE, 2024[6] ; 2021[8]). Les examens de l’OCDE portant sur la gouvernance en matière d’innovation anticipative ont mis en évidence la manière dont la Finlande, l’Irlande, la Slovénie et d’autres pays s’efforcent de renforcer la capacité institutionnelle ayant trait à l’innovation (OCDE, 2022[22] ; 2021[23] ; 2021[24]).
Adapter les processus au service d’une réglementation réactive
Copier le lien de Adapter les processus au service d’une réglementation réactivePour gérer à la fois le rythme et la nature transfrontière des technologies numériques, les gouvernements doivent faire preuve de souplesse et d’agilité dans leurs processus réglementaires. Les régulateurs ont néanmoins souvent adopté une approche consistant à « réglementer et oublier », en élaborant des solutions politiques à des problèmes de politique, mais en omettant ensuite de les contrôler, de les évaluer ou de les mettre à jour au fil du temps. Les éditions successives du rapport Politique de la réglementation : Perspectives de l’OCDE ont noté que les pays membres de l’OCDE demeuraient à la traîne en ce qui concerne les évaluations ex post, par rapport aux autres outils de gestion de la réglementation (OCDE, 2021[8] ; 2018[25] ; 2016[26]). Dans le contexte de la transformation numérique, une telle approche statique peut avoir pour effet de rendre les dispositions réglementaires obsolètes, inadaptées et trop contraignantes pour permettre de relever les défis du monde moderne.
Il s’agit plutôt d’un processus d’adaptation et d’apprentissage qui permet au gouvernement de tirer continuellement des enseignements de ses approches et systèmes réglementaires et de les améliorer (OCDE, 2021[11] ; 2024[1]). Cette approche permet aux gouvernements de rester réactifs face à l’évolution rapide des technologies numériques, en veillant à ce que les réglementations restent pertinentes et efficaces. Le recours à une gouvernance anticipative et à un cycle d’action publique itératif est un élément essentiel à la mise en place d’un système réglementaire aussi réactif.
Gouvernance anticipative
Pour mieux éclairer la prise de décisions et équiper les institutions pour gouverner les technologies numériques, les gouvernements doivent adopter une approche anticipative. Cette approche vise à aborder la technologie au fur et à mesure de son émergence et de son évolution afin de renforcer la capacité de la gouvernance à stimuler l’innovation tout en améliorant l’alignement des trajectoires de l’innovation et de la réglementation sur les objectifs sociétaux.
Le Cadre (2024[1]) relatif à une gouvernance anticipative des technologies émergentes de l’OCDE explique comment passer de la gestion des risques technologiques à l’anticipation des évolutions technologiques (Guston, 2013[27]). Pour ce faire, les gouvernements doivent tenir compte de cinq éléments interconnectés à appliquer dans des contextes technologiques spécifiques :
1. Les valeurs directrices : Tout au long du cycle d’action publique, les évolutions technologiques et les décisions politiques devraient prendre racine dans des valeurs directrices, aussi bien fondamentales (idéaux éthiques, politiques, économiques et culturels partagés) que spécifiques à la technologie (adaptées aux décisions politiques en matière de technologie).
2. Renseignement stratégique : Reconnaissant la nature imprévisible des technologies émergentes, les politiques devraient favoriser une analyse complète du potentiel de la technologie et tirer parti d’outils robustes tels que l’analyse prospective, l’analyse avancée des données, les prévisions et les évaluations technologiques afin d’éclairer l’élaboration de visions stratégiques, de plans et de feuilles de route pour les technologies émergentes.
3. Association des parties prenantes : Les politiques devraient donner la priorité à l’association proactive des parties prenantes et de la société au sens large dans le cycle d’élaboration des politiques, en associant divers acteurs dès le début des cycles de développement technologique afin de comprendre les problèmes, de créer un climat de confiance et d’aligner l’innovation sur les besoins de la société.
4. Réglementation agile : Compte tenu du rythme rapide et de la nature évolutive des technologies émergentes, les systèmes de gouvernance doivent rester pertinents, efficaces et agiles en adaptant les outils réglementaires, en encourageant la coopération interorganisations, en élaborant des cadres de gouvernance tournés vers l’avenir, en favorisant l’innovation par l’expérimentation réglementaire, en explorant des approches de gouvernance non contraignantes et en garantissant des ajustements pour répondre aux préoccupations des parties prenantes.
5. Coopération internationale : Reconnaissant la nature transfrontière des technologies, les politiques devraient promouvoir des dialogues inclusifs et tournés vers l’avenir qui permettent de partager des données probantes, des analyses et des expériences, ainsi que des normes et des principes techniques multipartites et consensuels afin de garantir l’interopérabilité des technologies émergentes et des marchés de produits et de services technologiques responsables. En tant que telle, cette coopération comprend, sans s’y limiter, l’exploitation de la coopération internationale en matière de réglementation.
En intégrant ces éléments de gouvernance anticipative, les gouvernements sont mieux équipés pour relever de manière proactive les défis émergents, s’adapter aux progrès technologiques et créer des politiques plus résilientes et tournées vers l’avenir, capables de faire face aux incertitudes futures. Deux processus particuliers – le renseignement stratégique et l’association des parties prenantes – sont décrits ci-dessous.
Recours au renseignement stratégique pour résoudre les problèmes de politique à venir
Face à la complexité croissante et aux incertitudes, il importe que les gouvernements construisent une base de connaissances sur l’évolution potentielle des technologies numériques et leurs impacts. Un manque de prévoyance peut priver les gouvernements de leurs moyens d’action lorsque des crises, telles que celle de la COVID-19, surviennent ou lorsque les nouvelles technologies perturbent les processus quotidiens. On se souvient ainsi qu’Uber a bouleversé les régimes réglementaires régissant les taxis dans les villes du monde entier – un phénomène que les régulateurs n’avaient ni prévu ni planifié de manière adéquate. Les approches de renseignement stratégique préparent les décideurs comme les régulateurs à adapter les systèmes réglementaires de manière à ce qu’ils soient résistants et prêts à faire face à des changements potentiels.
Les méthodes de renseignement stratégique comprennent l’analyse prospective, la prévision technologique ou stratégique, la prévoyance, l’évaluation des technologies et l’évaluation des risques émergents (OCDE, 2024[1]). L’Encadré 4.3 donne des indications sur l’utilisation générale de ces processus. Dans la perspective d’une politique réglementaire agile, les gouvernements emploient généralement deux approches interdépendantes: l’analyse prospective et la prévoyance stratégique.
L’analyse prospective consiste à détecter et à analyser les signaux faibles des évolutions technologiques. L’analyse prospective est le fondement de tout processus de renseignement stratégique. Elle aide à identifier les domaines d’intérêt et à comprendre les principaux moteurs de l’évolution technologique. Il peut s’agir de recherches documentaires, d’enquêtes auprès d’experts et d’un examen à terme de la littérature existante. Elle peut également impliquer une analyse des mégatendances, qui explore et examine les changements à grande échelle qui se construisent dans le présent à l’intersection de divers domaines politiques, avec des impacts complexes et multidimensionnels dans l’avenir.
La prévoyance stratégique s’appuie sur de multiples sources de données pour concevoir des scénarios futurs potentiels et alternatifs et anticiper leurs effets politiques. Les décideurs l’utilisent pour établir des liens plus étroits entre les progrès technologiques et leurs implications pour la gouvernance. Cette fonction est particulièrement utile pour la planification de scénarios gouvernementaux, c’est-à-dire l’élaboration de plusieurs récits ou images de ce que pourrait être l’avenir et leur utilisation pour appuyer une prise de décisions éclairée dans le présent.
Encadré 4.3. Orientations pratiques en matière de renseignement stratégique
Copier le lien de Encadré 4.3. Orientations pratiques en matière de renseignement stratégiqueLe Cadre relatif à la gouvernance anticipative des technologies émergentes de l’OCDE évoque le recours au « renseignement stratégique » pour encourager une analyse complète du potentiel de la technologie et tirer parti d’outils robustes tels que l’analyse prospective, l’analytique avancée, les prévisions et les évaluations technologiques afin d’éclairer l’élaboration de visions, de plans et de feuilles de route stratégiques pour les technologies émergentes. Pour contribuer à la mise en œuvre de la Recommandation du Conseil en faveur d’une gouvernance réglementaire agile permettant de mettre l’innovation à profit, le cadre donne les orientations pratiques suivantes destinées à l’utilisation de la veille stratégique dans la pratique :
Obtenir un renseignement stratégique dans les situations d’incertitude technologique. Le renseignement stratégique est une connaissance pratique qui accompagne les décideurs dans la compréhension des aspects pertinents et de la portée des impacts de la science, des technologies et de l’innovation, ainsi que de leurs potentielles évolutions futures. Il est particulièrement important pour les technologies émergentes évoluant rapidement.
Identifier, diagnostiquer, évaluer. Tout d’abord, l’analyse prospective permet de détecter les signaux faibles des technologies potentielles présentant un grand intérêt. Deuxièmement, le diagnostic de la technologie concernant les niveaux de préoccupation politique et la maturité des interventions en matière de gouvernance doit être effectué à l’aide de six dimensions. Enfin, il convient d’évaluer les risques, les incertitudes et l’avenir potentiel des technologies à l’aide d’un plus large éventail d’outils et d’une participation accrue des experts et de la société.
Renforcer les capacités grâce à la coopération internationale et à l’échange de bonnes pratiques. Favoriser l’élaboration d’initiatives nationales et internationales de prévoyance et d’évaluation technologique sur les technologies émergentes en soutenant les organisations ou instituts scientifiques nationaux ; offrir des moyens de financement ciblés ; et/ou soutenir les collaborations entre le monde universitaire, le gouvernement et le secteur.
Cultiver les écosystèmes du renseignement. Construire un écosystème d’évaluation des technologies qui intègre largement les parties prenantes et les populations et qui fasse l’objet d’une coordination interorganisations.
Source : OCDE, Recommandation du Conseil en faveur d’une gouvernance réglementaire agile permettant de mettre l’innovation à profit (2021[11]) ; Cadre relatif à la gouvernance anticipative des technologies émergentes de l’OCDE (OCDE, 2024[1]).
De nombreux gouvernements de l’OCDE adoptent l’analyse prospective et la prévoyance stratégique pour améliorer leur politique réglementaire. Au lieu de s’en remettre à des efforts occasionnels de prévoyance, les pays mettent aujourd’hui en place des groupes dédiés ou des organes de conseil qui se consacrent à cette tâche afin d’éclairer leur prise de décisions. À titre d’exemple, le Royaume-Uni a consacré des ressources à l’analyse prospective afin d’appuyer l’élaboration de règles concernant les technologies quantiques (Encadré 4.4).
Encadré 4.4. Analyse prospective des technologies quantiques
Copier le lien de Encadré 4.4. Analyse prospective des technologies quantiquesLe cadre scientifique et technologique du Royaume-Uni reconnaît la technologie quantique comme l’une des cinq technologies essentielles. La technologie quantique permet d’améliorer les performances des appareils, qu’il s’agisse de smartphones ou outils d’imagerie médicale. Domaine en pleine expansion, le marché de la technologie quantique devrait atteindre 106 milliards de dollars d’ici à 2040, tout en ayant des implications politiques transformatrices qui ne sont pas encore totalement comprises.
Le Conseil sur les horizons réglementaires du Royaume-Uni a entrepris un examen du paysage réglementaire pour les technologies quantiques, notant que la plupart d’entre elles étaient trop récentes pour faire l’objet d’une réglementation fondée sur la loi à ce stade. Le Conseil a proposé un cadre favorable à l’innovation qui permettrait aux décideurs d’apporter une certaine clarté réglementaire aux entreprises et de favoriser une innovation responsable.
Le cadre comprendrait l’établissement d’un mécanisme d’analyse prospective – défini comme un processus de recherche documentaire visant à détecter les signes avant-coureurs d’un changement dans l’environnement politique — sur les technologies quantiques. L’analyse doit plus précisément porter sur les perspectives à un ou trois ans des utilisations des technologies quantiques ayant atteint un stade de développement plus élevé (c’est-à-dire ayant atteint ou dépassé le stade de la démonstration technologique). Il est recommandé de procéder à une analyse à plus long terme pour les technologies qui se trouvent à un stade de développement moins avancé.
Les autres recommandations de l’étude comprennent la formation des décideurs, des régulateurs et du public afin de les sensibiliser aux implications de la technologie quantique, la création de bacs à sable réglementaires pour faciliter la transition des innovations quantiques vers le marché et le soutien à l’élaboration de normes internationales concernant les technologies quantiques.
Source : Conseil sur les horizons réglementaires, Regulating Quantum Technology Applications (2024[28]) ; McKinsey & Company, Quantum Technology Monitor (2023[29]).
En outre, d’autres pays membres de l’OCDE ont créé ou désigné un organe chargé de la prévoyance en matière de réglementation :
Le Portugal a mis en place un centre de compétences pour la planification, les politiques et la prévoyance des pouvoirs publics, qui couvre l’ensemble du cycle réglementaire.
Le comité de réforme réglementaire de la Corée, en collaboration avec les ministères, a défini une « feuille de route d’innovation réglementaire préemptive » afin d’identifier et de traiter de manière proactive les questions réglementaires liées aux technologies émergentes2.
La Commission européenne a pris des mesures pour intégrer la prévoyance stratégique à l’action publique de l’Union européenne, notamment dans le cadre du programme « Mieux légiférer ». En outre, le réseau de prévoyance stratégique assure une coordination politique à long terme entre toutes les directions générales, et la Commission européenne coopère en matière de prévoyance avec d’autres institutions de l’Union européenne par l’intermédiaire du système européen d’analyse stratégique et politique.
La Chancellerie fédérale allemande a développé une capacité de prévoyance au cours des dernières années, notamment en ce qui concerne les effets des innovations technologiques, comme les cyberattaques en tant que moyen militaire non conventionnel ou le rôle de la manipulation des médias sociaux dans les campagnes électorales.
La prochaine étape pour les pays membres de l’OCDE est de faire de la prévoyance et de l’analyse une partie intégrante de l’action publique en veillant à ce qu’elle ait un large impact et ne soit pas limitée à de petits groupes d’experts ou à des projets isolés (OCDE, 2020[30]). Il s’agit notamment de faire participer une série de parties prenantes à la validation des conclusions et à l’identification des implications réglementaires des résultats de la prévoyance, et d’intégrer les conclusions dans la conception, la mise en œuvre et la révision des règles nouvelles et existantes (OCDE, 2021[31]).
Tirer parti de l’association des parties prenantes pour mieux éclairer les améliorations de la réglementation
L’association des parties prenantes est un processus essentiel qui aide les gouvernements à se tenir au courant des évolutions et des effets des changements technologiques (2022[22]). Cependant, au moins deux défis empêchent actuellement les gouvernements d’utiliser efficacement l’association des parties prenantes dans la réglementation des technologies numériques. Tout d’abord, l’association des parties prenantes intervient souvent à un stade avancé du processus réglementaire, après que les décisions clés ont déjà été prises, ce qui ne permet pas aux parties prenantes d’apporter leur contribution tout au long du cycle de l’action publique. Deuxièmement, il est de plus en plus difficile de s’assurer que les gouvernements collectent les informations nécessaires pour gouverner efficacement. Les régulateurs sont confrontés à une asymétrie de l’information concernant les capacités actuelles et futures des technologies, ce qui complique l’élaboration d’une réglementation adéquate à long terme. Les entreprises, les organisations de la société civile et les citoyens sont en première ligne de ces changements et peuvent apporter une contribution précieuse à la faisabilité des solutions (OCDE, 2021[8]). L’association des parties prenantes peut enrichir la compréhension des problèmes en apportant les connaissances manquantes, en ouvrant le cadre des problèmes, en mettant en lumière les valeurs clés en jeu et en anticipant les obstacles à une mise en œuvre efficace (OCDE, 2024[1]).
L’association des parties prenantes est donc une étape essentielle pour garantir des réglementations bien conçues qui anticipent les progrès technologiques à partir de diverses perspectives. Pour combler les lacunes en matière d’information, les gouvernements ont besoin d’un modèle de partenariat, en travaillant directement avec les ingénieurs et les développeurs pour comprendre les tendances et les fonctions des technologies, en concevant conjointement des stratégies et des programmes technologiques, en encourageant la communication par le biais de processus interdisciplinaires et transdisciplinaires tels que la recherche et le développement, et en établissant des plateformes de collaboration pour alimenter les technologies émergentes et renforcer le lien entre les processus d’innovation et leur impact sur la société (OCDE, 2024[1]).
Les recherches à venir de l’OCDE sur les approches réglementaires de l’IA identifient les voies par lesquelles les gouvernements envisagent déjà de relever le premier défi3. L’Australie a établi un organe de conseil composé d’experts chargé de consulter le secteur pour élaborer des normes de sécurité en matière d’IA et de nouveaux garde-fous à l’appui d’une IA sûre et responsable. La proposition de loi canadienne sur l’IA et les données4 imposerait un dialogue permanent avec les experts du secteur, les chercheurs universitaires et les organes internationaux dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique au moyen de pratiques d’autoréglementation et de normalisation. La loi sur l’IA de l’Union européenne crée le comité européen de l’intelligence artificielle5, une plateforme de coordination permanente et un organe de conseil de la Commission européenne composé d’experts et de parties prenantes. Pour anticiper l’entrée en vigueur de la loi sur l’IA, l’Union européenne a également établi le pacte sur l’IA qui vise à ce que le secteur s’engage volontairement à respecter la loi sur l’IA et commence à mettre en œuvre ses exigences avant l’échéance légale. Le pacte est mis en œuvre par l’intermédiaire d’un réseau de participants qui partagent des informations et des bonnes pratiques (Commission européenne, 2024[32]). La politique d’Israël en matière d’IA prévoit des forums pour permettre la participation du public et l’examen de la réglementation. L’approche pro-innovation du Royaume-Uni en matière de réglementation de l’IA souligne la nécessité d’un suivi central et de boucles de rétroaction pour garantir que le régime est efficace et adaptatif, et s’engage à mettre en œuvre des mécanismes de rétroaction continue. Le décret présidentiel sur l’IA des États-Unis charge divers organes de solliciter les parties prenantes pour des études, des programmes pilotes et des recommandations en matière de réglementation. Des informations complémentaires sur la mise en œuvre des politiques d’IA dans le monde sont disponibles sur le site Internet de l’OCDE (2024[33]).
Au-delà des gouvernements nationaux, les organisations internationales jouent également un rôle clé pour promouvoir l’association des parties prenantes sur l’IA. Dans le cadre du suivi de la Recommandation du Conseil sur l’intelligence artificielle de l’OCDE (2019[9]), l’OCDE a intégré les contributions d’un large éventail de parties prenantes, en particulier par le biais de son groupe d’experts sur l’IA (OCDE, 2024[33]). De même, l’OCDE associera les parties prenantes dans le suivi des mises en œuvre du code de déontologie international du processus d’Hiroshima pour les organisations développant des systèmes d’IA avancés (OCDE, 2024[34]). La convention-cadre du Conseil de l’Europe (2024[35]) sur l’intelligence artificielle et les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit adoptée en mai 2024, et le Pacte numérique mondial (Nations Unies, s.d.[36]) numérique des Nations Unies, adopté en septembre 2024, déploient tous deux de vastes efforts d’association multipartite.
Cycle d’action publique itératif
Il ne suffit pas que les gouvernements anticipent les besoins en matière de réglementation et de gouvernance. Ils doivent également adapter les processus tout au long du cycle de l’action publique – conception, mise en œuvre et révision de la réglementation – pour que le système réglementaire puisse gérer efficacement des technologies numériques responsables. Dans la pratique, les gouvernements ont eu du mal à adapter les réglementations : le temps que les régulateurs identifient les domaines problématiques, les technologies avaient déjà évolué, compliquant l’imposition d’un contrôle significatif. Au fil des progrès des technologies numériques, les régulateurs ont souvent été surpris à réagir aux problèmes une fois ces derniers apparus, plutôt que d’élaborer de manière proactive des politiques visant à guider le développement technologique. L’IA est un sujet de préoccupation particulier, car elle pose des problèmes complexes, notamment en matière de protection de la vie privée, de sûreté et de sécurité.
La maîtrise de ces questions est rendue encore plus difficile par le réseau complexe d’acteurs participant à l’élaboration et à l’utilisation de l’infrastructure, des plateformes et des applications numériques. Des entreprises technologiques et des développeurs de logiciels aux utilisateurs de plateformes et aux créateurs de contenu, l’écosystème des technologies numériques implique un vaste éventail de parties prenantes, chacune ayant des intérêts et des responsabilités différents. Par exemple, les plateformes numériques telles que les médias sociaux amplifient la portée des contenus numériques préjudiciables, tels que les discours de haine, les activités illégales et la désinformation, souvent par l’intermédiaire de leurs propres algorithmes. En raison de cette complexité, il est difficile pour les gouvernements de déterminer la direction à donner à la réglementation et la manière de la faire respecter efficacement. En établissant des processus itératifs au sein du cycle de l’action publique, le gouvernement peut mieux comprendre la complexité des technologies numériques, identifier les lacunes des politiques réglementaires et concevoir des systèmes réglementaires plus efficaces au service d’un développement numérique responsable.
Intégrer des choix flexibles en matière de réglementation
Une conception efficace de la réglementation concernant les technologies numériques reconnaît et prend en compte les différences inhérentes entre ces diverses technologies comme en leur sein. Les technologies numériques évoluent à des rythmes différents et peuvent avoir des impacts radicalement opposés selon la manière dont elles sont mises en œuvre. Par exemple, les technologies quantiques sont plus avancées en ce qui concerne les capacités de détection et de calendrier, mais plus balbutiantes en ce qui concerne les capacités de calcul. Cela présente des risques et des avantages différents selon le contexte. Par conséquent, les cadres réglementaires doivent être suffisamment souples pour s’adapter à cette diversité, aussi convient-il de veiller à ce qu’ils ne soient ni trop restrictifs ni trop indulgents, et à ce qu’ils soient capables d’évoluer en même temps que l’innovation technologique.
Il n’existe ni solution unique en matière de conception réglementaire, ni liste exhaustive d’approches réglementaires, car le choix de la conception optimale dépend de la technologie numérique spécifique et du contexte dans lequel la réglementation est envisagée. Toutefois, certaines stratégies réglementaires se sont révélées prometteuses pour combler les lacunes existantes tout en conservant suffisamment de souplesse pour soutenir l’innovation.
L’approche réglementaire fondée sur les risques constitue une stratégie commune à de nombreux gouvernements. Cette approche se focalise sur la différenciation de l’intensité de la réglementation en fonction du niveau de risque estimé d’une innovation. La loi sur l’IA de l’Union européenne est un excellent exemple de cette approche, car elle classe les mises en œuvre de l’IA en fonction de leur niveau de risque et impose différents degrés de réglementation en conséquence. Les mises en œuvre de l’IA à haut risque peuvent faire l’objet de restrictions, voire d’interdictions pures et simples si elles sont jugées trop dangereuses, ce qui permet de s’assurer que, tout en poursuivant l’innovation, les risques pour la société sont réduits au maximum.
Une autre stratégie réglementaire souvent envisagée est une approche fondée sur les résultats. Ce type d’approche se concentre sur l’obtention ou la prévention de résultats spécifiques plutôt que sur la prescription de processus ou de technologies détaillés. Cette conception privilégie la flexibilité, permettant aux entreprises d’adopter les méthodes les mieux à même d’atteindre l’objectif réglementaire requis. La réglementation fondée sur les résultats s’applique le plus souvent aux innovations pour lesquelles il est facile de fixer des objectifs de performance en matière de coûts, de fiabilité, de sécurité, etc. et d’en assurer le suivi. Toutefois, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour fournir des données probantes concernant leur efficacité vis-à-vis les technologies numériques.
L’une des principales caractéristiques de plusieurs de ces approches est l’accent mis sur la neutralité technologique, qui cherche à faire abstraction des réglementations qui encouragent un type particulier de technologie, en traitant les technologies de la même manière dans la mesure où elles ont le même effet. La neutralité technologique peut rendre les réglementations plus résistantes face aux changements technologiques et plus adaptables à des environnements réglementaires en constante évolution, ce qui en fait un principe important à prendre en compte dans l’élaboration des réglementations. Cependant, comme pour toute approche réglementaire, il peut y avoir des contextes dans lesquels des écarts doivent être envisagés pour répondre aux défis posés par des technologies spécifiques.
Prise en compte des impacts liés à l’innovation dans les analyses d’impact de la réglementation
Les analyses d’impact de la réglementation (AIR) ne doivent pas seulement prendre en compte les effets immédiats de la réglementation, mais aussi les impacts que la réglementation peut avoir sur les évolutions futures. Dans le cas des technologies numériques, la réglementation devrait permettre de gérer les risques tout en évitant d’étouffer les innovations positives à venir. La mise à jour de la méthodologie et des orientations relatives à l’analyse d’impact ex ante offre une occasion unique d’intégrer une réflexion axée sur l’innovation dans l’élaboration des règles. En améliorant ce processus d’évaluation, les décideurs peuvent être encouragés à prendre en compte des facteurs tels que les nouvelles solutions innovantes et les changements technologiques, et à adopter les bonnes pratiques pour une mise en œuvre efficace.
Toutefois, la plupart des pays membres de l’OCDE n’ont pas encore adapté leurs AIR pour y inclure des éléments relatifs aux impacts liés à l’innovation. Comme le montre le Graphique 4.1, environ un tiers des pays membres de l’OCDE ont indiqué que leur système d’AIR s’attaquait aux défis liés à l’innovation. Dans ces cas, les ajustements ont généralement été effectués en mettant à jour le processus d’AIR, par exemple en révisant les modèles ou en fournissant des orientations explicites sur l’évaluation des incidences de la réglementation sur l’innovation par le biais, par exemple, de l’expérimentation et de la réglementation fondée sur les résultats. L’Encadré 4.5 explique comment les pays adaptent l’AIR pour anticiper l’innovation.
Graphique 4.1. Une minorité de pays membres de l’OCDE aborde les défis liés à l’innovation dans le cadre des AIR ou des évaluations ex post
Copier le lien de Graphique 4.1. Une minorité de pays membres de l’OCDE aborde les défis liés à l’innovation dans le cadre des AIR ou des évaluations <em>ex post</em>
Note : Les données sont fondées sur 38 pays membres de l’OCDE et l’Union européenne.
Source : Enquête de 2024 sur les Indicateurs relatifs à la politique et à la gouvernance réglementaires (iREG).
Encadré 4.5. Adapter les analyses d’impact de la réglementation pour anticiper l’innovation
Copier le lien de Encadré 4.5. Adapter les analyses d’impact de la réglementation pour anticiper l’innovationLes gouvernements intègrent de plus en plus des approches axées sur l’innovation dans leurs cadres réglementaires en améliorant les AIR et en adaptant les lois à l’ère du numérique. Cela implique l’intégration de méthodes agiles telles que l’expérimentation réglementaire, les tests numériques et les réglementations neutres sur le plan technologique, entre autres :
En 2022, la Finlande a publié un nouveau document d’orientation destiné aux rédacteurs de lois afin d’évaluer les impacts sur les innovations, complétant les lignes directrices existantes en matière d’AIR. En outre, le pays a fourni aux fonctionnaires des informations sur les conditions préalables aux expériences réglementaires et à leur mise en œuvre, ainsi que des orientations pour évaluer la pertinence des expériences réglementaires et les mettre en œuvre.
Le gouvernement fédéral allemand a décidé de mettre en œuvre un test dans le cadre de l’AIR afin de s’assurer que les propositions de réglementation étaient compatibles avec l’essor du numérique. Ce test, qui fait l’objet d’un examen indépendant, vise à garantir que toutes les lois sont adaptées à la transformation numérique et que la mise en œuvre pratique est envisagée dès le départ, par exemple en éliminant la nécessité de signatures et de rendez-vous en personne, en remplaçant les supports en papier par des documents numériques, ou en augmentant le niveau d’automatisation des processus administratifs. La note explicative de chaque projet de loi doit décrire tous les effets, attendus comme inattendus, ainsi que le potentiel de numérisation. Ce test s’inscrit dans le prolongement d’initiatives antérieures visant à constituer un répertoire des procédures administratives, qui servira de base à leur passage au numérique, imposée par la loi sur l’accès en ligne.
Pour améliorer la flexibilité des lois et des règlements, les lignes directrices de l’AIR de la Corée recommandent d’envisager l’utilisation de listes négatives, qui tendent également à produire des documents juridiques plus restreints puisqu’elles ne mentionnent explicitement que les interdictions, les restrictions, les exclusions réglementaires, etc.
Aux Pays-Bas, une analyse d’impact sur la protection des données doit être réalisée chaque fois que des propositions législatives impliquent le traitement de données à caractère personnel susceptibles de poser des risques pour la vie privée. L’évaluation permet de détecter ces risques potentiels à un stade précoce du processus et de concevoir les mesures d’atténuation nécessaires.
La Roumanie élabore un document d’orientation et un plan d’action visant à promouvoir la gouvernance agile, notamment par l’amélioration des AIR. Les principaux sujets abordés sont l’amélioration de l’accès aux données en ligne pour la réalisation des AIR, les orientations sur l’analyse d’impact de l’innovation, les données massives et l’AIR, l’IA et l’AIR, et l’analyse de l’impact algorithmique.
Le Manuel sur l’analyse d’impact de la réglementation (AIR) de la Suisse prévoit l’évaluation de l’impact des nouvelles réglementations sur l’innovation. Il appelle également les équipes politiques à explorer différentes options, y compris la réglementation axée sur les résultats, les clauses d’expérimentation (bacs à sable réglementaires), les clauses de déclin et la réglementation neutre sur le plan technologique. Les effets sur l’innovation ont notamment été évalués dans le cadre d’une proposition visant la création d’un registre des éléments d’actif mobilier dans le domaine de l’économie circulaire en 2022 et de la refonte de la loi sur l’approvisionnement en électricité en 2023. La loi sur l’approvisionnement en électricité a entraîné l’introduction de bacs à sable réglementaires.
Source : Conseil national de contrôle de la réglementation (2022[37]) ; ministère des Affaires économiques et de l’Emploi de Finlande (2022[38]) ; enquête de 2024 sur les Indicateurs relatifs à la politique et à la gouvernance réglementaires ; ministère fédéral de l’Intérieur et du Territoire de l’Allemagne (2017[39]) ; Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche de la Suisse (2024[40]) ; Bureau de la gestion et du budget des États-Unis (1998[41]).
Créer des boucles de rétroaction grâce à un suivi régulier
La mise en place d’un suivi fréquent, c’est-à-dire la création de boucles de rétroaction permettant d’évaluer et d’affiner en permanence les réglementations, est un élément clé d’un cycle d’élaboration des politiques réglementaires efficace. Cela aide les gouvernements à ajuster les réglementations en réaction à de nouvelles informations et à s’assurer que les politiques restent pertinentes et efficaces au fil du temps, comme le montre la bonne gestion réglementaire de la Nouvelle-Zélande dans l’Encadré 4.6.
Encadré 4.6. La bonne gestion réglementaire de la Nouvelle-Zélande
Copier le lien de Encadré 4.6. La bonne gestion réglementaire de la Nouvelle-ZélandeL’approche de la bonne gestion réglementaire de la Nouvelle-Zélande est un exemple prometteur de l’utilisation des outils de gestion réglementaire pour promouvoir des systèmes réglementaires résilients et agiles. Elle considère les systèmes réglementaires comme des actifs qui nécessitent un entretien et une maintenance réguliers et continus pour atteindre les objectifs de la politique publique. Pour mettre ce concept en pratique, les ministères et les agences sont amenés à assurer une bonne gestion dans trois grands domaines : le suivi, l’examen et l’établissement de rapports sur les systèmes réglementaires existants ; une analyse rigoureuse et un soutien à la mise en œuvre des changements apportés aux systèmes réglementaires ; et les bonnes pratiques en matière de réglementation.
Dans la mesure où la plupart des objectifs politiques requièrent un ensemble d’interventions réglementaires complémentaires, les ministères et les agences sont censés considérer l’ensemble d’un système réglementaire plutôt que de se concentrer sur des lois et des réglementations individuelles. Ils sont appelés à surveiller et à examiner en permanence les performances de ces systèmes et sont encouragés à élaborer des projets de loi généraux de modification du système réglementaire afin d’obtenir plus rapidement l’approbation du Parlement pour les changements souhaités au niveau de la maintenance. À cette fin, le Trésor a mis à disposition une ressource intitulée « Starting out with regulatory stewardship ».
Source : Ministère de la Réglementation (2024[42]).
Veiller à ce que les règlements restent adaptés à l’avenir grâce à une évaluation ex post
Il est essentiel de revoir le stock réglementaire existant pour s’assurer que les cadres actuels restent pertinents et efficaces face à l’évolution rapide des technologies numériques. Alors que les technologies numériques remodèlent les industries et introduisent de nouveaux risques, il est essentiel d’identifier les réglementations qui fonctionnent, celles qui sont devenues obsolètes et celles dont il convient de combler les lacunes. Ce processus permet non seulement de renforcer le système réglementaire actuel en ajustant ou en éliminant les mesures inefficaces, mais aussi d’obtenir des informations précieuses pour concevoir de nouvelles approches en matière de gouvernance.
L’une des composantes de l’évaluation ex post consiste à déterminer si les réglementations ont atteint leurs objectifs en ce qui concerne les technologies numériques, par exemple en renforçant la transparence et la responsabilité des technologies sur les résultats ou en limitant les effets négatifs. L’autre composante consiste à évaluer la capacité des réglementations à soutenir le processus d’innovation. Comme le démontre le Graphique 4.1, les réformes visant à intégrer les défis liés à l’innovation dans l’évaluation ex post suivent également cette tendance, peu de pays ayant adopté de telles réformes. Néanmoins, certains pays membres de l’OCDE se concentrent sur l’évolution de leurs systèmes d’évaluation ex post afin de mieux relever les défis posés par l’innovation. L’Encadré 4.7 présente les efforts déployés au Canada et au Royaume-Uni pour mener des examens visant à promouvoir l’innovation au moyen d’une meilleure réglementation.
Encadré 4.7. Revoir la réglementation au service de l’innovation
Copier le lien de Encadré 4.7. Revoir la réglementation au service de l’innovationExamens réglementaires ciblés au Canada
Le gouvernement du Canada a annoncé les examens réglementaires ciblés en 2018 dans le cadre de plans plus larges visant à moderniser le système de réglementation.
Ces examens thématiques portent sur l’efficacité des réglementations et des pratiques réglementaires existantes et visent plus particulièrement à identifier l’utilisation de nouvelles approches réglementaires pour soutenir la croissance et l’innovation. Les parties prenantes sont également invitées à donner leur avis sur les modalités d’amélioration de l’agilité, de la transparence et de la réactivité des réglementations, de sorte qu’elles soient profitables à tous les Canadiens.
Ces examens aboutissent à la création de feuilles de route réglementaires, lesquelles présentent une série de propositions telles que des modifications de la législation et de la réglementation, la mise à jour des politiques et des pratiques, ou encore des possibilités de soutenir les technologies émergentes. Dans un souci d’ouverture et de transparence, les feuilles de route sont publiées en ligne. Parmi les feuilles de route établies à ce jour, citons la feuille de route sur la numérisation et la neutralité technologique, la feuille de route sur les normes internationales, et la feuille de route sur la santé et les biosciences.
Examen de la réglementation des technologies en faveur de l’innovation au Royaume-Uni
En 2022, un examen de la réglementation des technologies en faveur de l’innovation a été annoncé en vue d’identifier les moyens d’améliorer la réglementation des technologies émergentes dans le pays. L’examen, qui a bénéficié de l’appui d’un ensemble d’experts et de parties prenantes, consiste en une série de rapports qui formulent des recommandations pour une réglementation favorable à l’innovation dans les secteurs de croissance clés, notamment la fabrication de pointe, les secteurs créatifs, les sciences de la vie, les technologies numériques et les industries vertes. Un autre rapport transversal a identifié les changements qu’il convient d’apporter au système réglementaire global afin d’améliorer la manière dont le gouvernement peut anticiper et répondre aux défis réglementaires et de mieux adapter la mise en œuvre de la réglementation afin de soutenir plus efficacement l’innovation. Le gouvernement britannique a publié ses réponses à l’examen, acceptant ses recommandations.
Source : Gouvernement du Canada (2023[43]) ; HM Treasury (2023[44]).
Exploiter de nouveaux outils pour améliorer la réglementation
Copier le lien de Exploiter de nouveaux outils pour améliorer la réglementationDe nouveaux outils, souvent alimentés par les technologies numériques elles-mêmes, transforment la manière dont les gouvernements peuvent orienter et gérer les systèmes réglementaires de demain. L’analytique avancée, la prévoyance et la planification de scénarios, ainsi que l’expérimentation réglementaire génèrent de nouvelles informations sur lesquelles les gouvernements peuvent prendre des décisions réglementaires éclairées. Les décideurs des pays membres de l’OCDE intègrent de plus en plus ces outils pour combler les lacunes en matière de données probantes et concevoir des règles plus adaptées à l’avenir. À terme, cette démarche peut améliorer l’efficacité de la réglementation, réduire les charges liées à la mise en conformité et permettre une prise de décisions plus éclairée et plus réactive.
Technologies et données
Si les nouvelles technologies numériques peuvent remettre en question les processus réglementaires et les régimes réglementaires existants, elles offrent également des possibilités d’améliorer les modalités d’élaboration et de mise en œuvre des règles. La technologie peut être mise à profit pour améliorer considérablement la quantité et la qualité des données dont disposent les gouvernements tout au long du cycle de l’action publique. Les outils numériques peuvent rendre les données disponibles à partir de nouvelles sources, parfois en temps réel.
Par exemple, les applications de l’IA peuvent nettement améliorer la manière dont les données peuvent être analysées et, en quelle quantité. Ces nouvelles connaissances sont de nature à entraîner des bouleversements, en permettant de prendre des décisions plus rapides et de meilleure qualité, sur la base d’une connaissance approfondie de l’environnement réglementé, à condition que l’infrastructure adéquate soit en place (OCDE, 2020[45]). L’IA peut être utilisée pour concevoir des réglementations par l’analyse anticipée de scénarios et de risques futurs, l’évaluation et l’expérimentation d’options politiques, l’amélioration de la rédaction et de la fragmentation des textes législatifs, et l’appui à l’utilisation d’outils politiques fondés sur des données probantes. En ce qui concerne la prestation de l’action réglementaire, elle peut aider les régulateurs à modéliser les risques afin d’améliorer les inspections, de détecter les défauts de conformité, de surveiller l’évolution des risques et d’utiliser des méthodes fondées sur les données qui améliorent la manière dont ils s’acquittent de leur mandat en tant qu’institutions d’envergure mondiale. Ces questions seront examinées plus en détail dans les prochains documents de l’OCDE portant sur l’IA dans la conception et la mise en œuvre des réglementations.
Concevoir une réglementation fondée sur des données probantes
L’utilisation de solutions technologiques à un stade précoce du cycle de l’action publique peut permettre aux décideurs de disposer de meilleures données pour choisir des interventions plus susceptibles d’avoir l’impact souhaité. Les grands ensembles de données – impossibles à compiler ou à analyser sans une assistance technologique – offrent une vue d’ensemble plus complète du paysage politique et fournissent des éléments de preuve des impacts potentiels des différentes options politiques (Encadré 4.8).
Encadré 4.8. Utiliser les informations en vue d’améliorer la conception des politiques
Copier le lien de Encadré 4.8. Utiliser les informations en vue d’améliorer la conception des politiquesL’utilisation des données est essentielle pour éclairer une meilleure conception des politiques, car elle fournit des informations fondées sur des données probantes qui aident les décideurs à comprendre les effets concrets de la réglementation, à identifier les tendances et à relever plus efficacement les défis émergents. Les politiques fondées sur des données sont plus adaptables et plus réactives, et conduisent ainsi à une plus grande efficience ainsi qu’à des solutions fondées sur les besoins et les conditions réels. Les pays adoptent ces approches dans leurs processus réglementaires :
Le Brésil utilise la technologie pour la collecte et l’analyse de données à grande échelle afin d’éclairer la prise de décisions relatives à l’actualisation des réglementations sur le transport interétatique de passagers.
Mis au point par l’Université de Dublin, l’outil irlandais Innovation Policy Simulation for the Smart Economy tool simule les effets des instruments politiques sur la base de profils régionaux et d’informations sectorielles. Les outils numériques peuvent également améliorer la collecte de données publiques en vue de l’élaboration des règles.
La plateforme Futurium de la Commission européenne permet aux utilisateurs de partager leurs opinions sur des politiques potentielles et comprend des fonctionnalités facilitant l’exploitation des données des médias sociaux.
L’Estonie étudie la possibilité de créer un espace de travail en ligne dédié à la rédaction des lois, permettant aux fonctionnaires et aux parties prenantes externes de travailler simultanément sur le même texte.
Source : Amaral and Hernández, Survey on Experiences with Regulatory Impact Assessments Related to Emerging Technologies (2020[46]).
Les robots conversationnels, notamment ceux alimentés par l’IA, peuvent animer les consultations publiques en interagissant avec de nombreuses parties prenantes simultanément, en recueillant efficacement les commentaires et en synthétisant les données. Les robots conversationnels peuvent fournir des réponses instantanées aux demandes des parties prenantes, les guider dans le processus de consultation et compiler leurs commentaires, ce qui les rend plus accessibles et réduit les contraintes liées à l’élaboration participative des politiques. En Estonie, un assistant virtuel alimenté par l’IA, Bürokratt, a été créé pour servir de canal unique vers les informations et les services publics. Cependant, l’efficacité des systèmes d’IA, y compris les robots conversationnels, doit être évaluée au fil du temps afin d’éviter les dysfonctionnements imprévus, de les affiner pour optimiser leurs avantages et de comprendre leurs données de formation afin d’atténuer les biais potentiels. Le chapitre 2 aborde plus en détail l’utilisation de la technologie pour améliorer les pratiques en matière de consultation.
Les technologies numériques peuvent également être utilisées pour compléter les AIR. En Allemagne, le centre de services pour une meilleure réglementation de l’Office fédéral des statistiques a proposé des outils d’IA pour soutenir l’estimation des coûts de mise en conformité. Cette approche utilise l’intelligence artificielle pour analyser les textes juridiques et réaliser des prédictions sur les nouveaux textes juridiques qui modifient les coûts de mise en conformité en utilisant des estimations élevées/faibles. Si les coûts sont faibles, l’IA est utilisée pour calculer les coûts de mise en conformité, mais si les coûts sont élevés, l’opération reste manuelle. Des difficultés se posent toutefois en ce qui concerne l’équipement technique nécessaire, la structure des données récupérées, l’intelligibilité des textes juridiques allemands, la qualité des données, la possibilité d’expliquer les variables utilisées dans le modèle et la concordance entre les sources de données (Walprecht et Lewerenz, 2024[47]).
Les technologies à l’appui de la prestation de l’action réglementaire
Les données qui étaient auparavant inaccessibles ou qui n’étaient exploitables que moyennant des coûts administratifs importants peuvent désormais être mises à profit grâce aux technologies afin de permettre un contrôle plus efficace des règles dans la pratique (OCDE, 2020[45]). Certains outils, tels que le moissonnage, se généralisent pour les fonctions de conformité. Ils permettent de naviguer dans la masse des données disponibles en ligne et d’en tirer des enseignements pertinents. En Italie, par exemple, une agence régionale de protection de l’environnement a utilisé un outil de moissonnage automatisé pour identifier des milliers d’entreprises qui n’avaient pas fait les démarches nécessaires pour obtenir les licences lui permettant de surveiller les activités polluantes. Le programme a utilisé des moteurs de recherche publics tels que Google et Bing pour identifier les pages web des entreprises (par exemple, en recherchant « réparation de voitures dans le Trentin »), puis a comparé les numéros d’identification des entreprises figurant sur les pages web avec la liste des opérateurs agréés.
Environ un tiers des pays membres de l’OCDE ont déclaré appliquer des méthodes fondées sur les données pour suivre les effets des lois et des réglementations. Une proportion similaire de pays membres a déclaré appliquer des méthodes d’application de la loi fondées sur les données. La plupart des pays membres qui déclarent employer des méthodes fondées sur les données indiquent qu’ils ont adopté cette pratique relativement récemment. Des exemples tirés de différents pays illustrent la manière dont les technologies d’analyse des données peuvent être utilisées pour améliorer la surveillance et l’application de la réglementation (Encadré 4.9).
Encadré 4.9. Utilisation de la technologie à des fins de suivi et d’application de la réglementation
Copier le lien de Encadré 4.9. Utilisation de la technologie à des fins de suivi et d’application de la réglementationL’utilisation de la technologie à des fins de suivi et d’application de la réglementation permet la collecte et l’analyse de données en temps réel, ce qui accélère la détection des infractions et accroît l’efficacité de la surveillance réglementaire. Elle réduit la dépendance à l’égard des inspections manuelles, ce qui améliore le rapport coût-efficacité et la précision, tout en permettant aux autorités de se concentrer sur les zones à haut risque. Cette approche renforce également la transparence et la responsabilité, car les systèmes fondés sur des données fournissent des données probantes claires et traçables de la conformité ou de la non-conformité. Ces approches sont progressivement intégrées dans les pratiques habituelles des pays membres de l’OCDE :
En Australie, la Murray-Darling Basin Authority est chargée de surveiller et de recenser les ressources en eau du bassin Murray-Darling et d’approvisionner efficacement les utilisateurs au nom des administrations partenaires. À cet effet, des capteurs installés le long du système fluvial Murray-Darling fournissent au public des données récentes, voire presque en temps réel, sur certaines caractéristiques telles que le niveau d’eau, la température de l’eau et la conductivité électrique. En plus d’aider l’autorité compétente à gérer le système d’approvisionnement en eau, ces informations peuvent aider les producteurs agricoles à planifier leurs activités.
En 2021, le service de renseignement financier de Lettonie a commencé à utiliser goAML, un logiciel de lutte contre le blanchiment d’argent initialement conçu par l’Office des Nations Unies pour la lutte contre la drogue et le crime. Ce logiciel facilite les opérations de détection et de prévention du blanchiment d’argent en aidant les autorités à collecter, analyser et déclarer les transactions financières suspectes.
Statistics Estonia, en collaboration avec les opérateurs de réseaux mobiles, a utilisé les données de géolocalisation des téléphones mobiles pour analyser les effets des restrictions liées à la COVID-19 sur la mobilité. Elle utilise également l’analyse de données pour évaluer les résultats de la réglementation de 2014 sur la résidence électronique. En outre, l’Estonie met en pratique des méthodes fondées sur les données pour améliorer la sécurité routière, par exemple en installant des feux de circulation adaptatifs et en instaurant des limitations de vitesse dynamiques, en produisant des données en temps réel sur les transports en commun, ou encore en mettant en place des transports en commun fondés sur la demande.
L’Agence canadienne d’inspection des aliments a conçu des modèles d’évaluation des risques utilisant des données spécifiques aux établissements et aux importateurs, ainsi que des algorithmes mathématiques pour évaluer les parties réglementées en regard du niveau de sécurité des aliments et/ou des risques pour la santé animale. Les modèles permettent d’identifier les zones à haut risque et de déterminer les domaines sur lesquels les inspecteurs doivent concentrer leurs efforts.
Le régulateur financier suisse a élaboré des solutions initiales utilisant l’IA pour l’évaluation automatisée des données afin d’identifier et d’analyser les irrégularités. Elles permettent au régulateur d’utiliser des méthodes fondées sur des données pour superviser les marchés financiers.
Source : Murray-Darling Basin Authority (2023[48]) ; ministère de l’Économie de Lettonie (2017[49]) ; Statistics Estonia (2020[50]) ; ministère des Transports d’Estonie (2021[51]) ; Agence canadienne d’inspection des aliments (2024[52]) ; Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (2021[53]).
Il existe une grande marge de manœuvre pour l’adoption d’outils et de technologies fondés sur les données afin d’améliorer le suivi et l’application de la législation, mais les gouvernements doivent également faire preuve de prudence dans ce domaine, car l’efficacité de ces outils dépend de la qualité des données utilisées. Ce phénomène est communément appelé « garbage in, garbage out » et constitue un risque pour la prestation d’une action réglementaire fondée sur les données. La Securities Exchange Commission (SEC) des États-Unis, chargée de la protection contre les manipulations de marché, utilise l’apprentissage automatique pour détecter les délits d’initiés. Cependant, deux des outils qu’elle utilise à cette fin sont des algorithmes formés à l’aide de données qui ont été collectées dans le cadre des activités d’application de la loi de la SEC. Ces données reflètent donc les jugements de la SEC sur la probabilité d’un comportement fautif sur le marché dans chaque cas. Par conséquent, « les types de mauvaise conduite et les entités ciblées [par l’algorithme] refléteront les hypothèses, l’heuristique et les préjugés des forces de l’ordre » (Allen, 2023[54]). L’algorithme est donc vulnérable face aux formes nouvelles ou plus créatives de délits d’initiés. La SEC travaille à la mise en place d’un outil qui permettrait de suivre l’ensemble des activités de commerce ; le suivi des algorithmes à l’aide de cet ensemble de données beaucoup plus large pourrait améliorer l’efficacité des algorithmes (Allen, 2023[54]).
Il convient de souligner que les outils numériques peuvent permettre à la population de mieux se conformer aux règles et d’y adhérer. Lors de la pandémie de COVID‑19, par exemple, des applications pour smartphones ont été utilisées pour informer la population des restrictions en vigueur à un moment donné et dans une zone donnée, et pour appuyer les activités de suivi et de traçabilité (UK Health Security Agency, 2022[55]). Certains pays ont élaboré des outils permettant aux utilisateurs de faire part de leurs préoccupations et d’obtenir une assistance directe. En Lituanie, dans le cadre d’un plan de lutte contre l’augmentation de la production de déchets et de l’abandon de détritus dans les campagnes, le régulateur chargé de la protection de l’environnement a lancé en 2023 une application web et mobile appelée « Je m’occupe de la Lituanie » (Tvarkau Lietuva), qui permet aux citoyens de signaler les décharges illégales (Lithuanian Ministry of Environment, 2024[56]). Le régulateur peut ensuite assurer un suivi en communiquant la date de réception et de traitement du signalement, puis en fournissant un retour d’informations sur les mesures prises en conséquence. Cette initiative s’inspire des systèmes utilisés dans de nombreuses villes pour permettre aux habitants de signaler aux autorités municipales les biens publics endommagés ou les zones nécessitant un nettoyage. Ce système présente plusieurs avantages : il est très simple d’utilisation et totalement transparent, puisque chaque message est public, ce qui permet de mettre en valeur la réactivité des autorités.
Pour prévenir de manière proactive les défauts de conformité, d’autres pays ont conçu des services web permettant aux utilisateurs de mieux comprendre leurs obligations. Dans le cadre de sa stratégie de sécurité des aliments, la région italienne de Campanie a lancé un outil d’autoévaluation destiné à renforcer la conformité des entreprises, appelé GISA Self-assessment (Autovalutazione (Région de Campanie, s.d.[57])). Cette application web permet aux entreprises d’accéder à la bonne liste de contrôle officielle et de la remplir de manière autonome. Les entreprises peuvent ainsi identifier les forces et les faiblesses de leurs installations du point de vue des autorités sanitaires. Cet outil est également accessible aux « utilisateurs invités » ; les particuliers peuvent le consulter pour s’informer sur les normes alimentaires et vétérinaires avant de créer une entreprise, en tenant compte de ses futures caractéristiques. Le résultat de l’inspection autosimulée est exprimé sous la forme d’un niveau de risque. L’objectif de GISA Autovalutazione est de sensibiliser ; il ne s’agit donc pas d’un outil d’autocontrôle ou d’autodéclaration obligatoire. Les progrès réalisés dans l’utilisation des techniques prédictives pourraient à l’avenir permettre à l’outil d’indiquer également l’apparition de risques potentiels pour les entreprises répertoriées en améliorant leurs données historiques.
Ce dialogue favorise non seulement la conformité, mais aussi la collaboration entre la population et les régulateurs. Bien menée, cette démarche peut renforcer la légitimité perçue des règles et la confiance de la population dans les pouvoirs publics. Pour que ces outils soient adoptés, l’administration publique doit veiller à une mise en œuvre soignée, simple et efficace. Les principaux facteurs de réussite incluent :
l’utilisation d’une plateforme ne faisant pas l’objet d’un droit de propriété
la garantie de sécurité des données et du respect de la vie privée, le plus souvent en autorisant les contributions anonymes
le recours à un traitement automatisé pour les cas les plus simples, en réservant les interventions humaines aux cas les plus complexes (Welby et Hui Yan Tan, 2022[58]).
En devenant des « utilisateurs actifs » des nouvelles technologies, les pouvoirs publics peuvent élaborer des règles mieux fondées et rationaliser la prestation de l’action réglementaire. À terme, cela peut se traduire par une amélioration de la conformité et des résultats, allant de la réduction de la charge réglementaire à l’amélioration des connaissances et des mécanismes de protection (OCDE, 2020[45]). L’Encadré 4.10 donne quelques exemples de régulateurs économiques qui tirent parti des technologies numériques pour devenir des régulateurs d’envergure mondiale.
Encadré 4.10. Utiliser les technologies pour améliorer la mise en œuvre des réglementations
Copier le lien de Encadré 4.10. Utiliser les technologies pour améliorer la mise en œuvre des réglementationsL’utilisation des technologies pour améliorer la mise en œuvre des réglementations permet de rationaliser les processus et, partant, de simplifier les démarches des entreprises tout en accroissant l’efficacité des organes de réglementation. L’automatisation et les plateformes numériques permettent d’accélérer la production de rapports, le partage de données et les mises à jour en temps réel, ce qui réduit la charge administrative et accélère le processus décisionnel. Cela permet non seulement de favoriser le respect de la réglementation, mais aussi d’accroître la transparence et la responsabilité, garantissant ainsi une application plus cohérente et plus efficace de la réglementation. Ces avantages se concrétisent dans l’ensemble des pays membres de l’OCDE et des pays candidats à l’adhésion :
L’autorité autrichienne de régulation de l’énergie (E-control) élabore une solution d’IA pour aider les consommateurs à comprendre leurs factures d’énergie. E-control conçoit également un robot conversationnel piloté par l’IA pour répondre aux questions des consommateurs.
L’autorité de régulation de l’eau du Pérou (Sunass) met l’IA au service de l’élaboration des rapports d’inspection. L’application automatise la génération de rapports fondés sur les variables relevées par les inspecteurs dans des tableaux, ce qui simplifie considérablement le processus et réduit le temps consacré à la rédaction des rapports. Les rapports sont validés par des spécialistes afin d’en garantir l’exactitude. Sunass a élaboré un outil utilisant l’analyse géospatiale et un algorithme de classification par apprentissage automatique pour calculer les besoins et les lacunes en matière d’investissement dans le secteur de l’eau au Pérou.
L’Agence nationale des transports terrestres brésilienne utilise les données massives dans le cadre de sa surveillance des infrastructures de transport. Le système d’information routière combine des données sur des aspects tels que les accidents, l’assistance routière, les contrevenants potentiels, les péages, les radars et les capteurs de trafic de 26 concessionnaires. Le système enregistre 15 000 entrées par seconde avec des données en temps réel et combine des outils d’IA avec une interface humaine dotée d’une équipe disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Le régulateur portugais chargé des communications électroniques commence à utiliser l’IA pour traiter les réclamations, en utilisant des algorithmes d’apprentissage automatique appliqués à de grandes quantités de données sur les réclamations pour générer des réponses automatisées. Il étudie également les résultats des techniques de moissonnage et les techniques avancées permettant d’anticiper les problèmes de manière proactive.
Le régulateur chargé des communications du Royaume-Uni (Ofcom) a commandé une étude de faisabilité afin d’évaluer la gamme d’outils et de méthodologies automatisés en ligne permettant de mesurer à grande échelle les expériences en ligne des utilisateurs et leurs activités/comportements sur les plateformes.
Source : OCDE, AI in regulatory delivery (à paraître[59]).
Expérimentation
L’élaboration des règles se fait généralement dans l’incertitude (voir chapitre 5). Lorsqu’un nouveau produit numérique apparaît, les décideurs peuvent ne pas disposer des informations nécessaires pour évaluer l’impact du produit sur les personnes, le marché ou d’autres règles déjà en place. Dans ces cas, l’expérimentation réglementaire6 offre aux décideurs un moyen de recueillir des informations afin de prendre des décisions éclairées qui soutiennent l’innovation sans pour autant compromettre les mécanismes de protection et les objectifs politiques (OCDE, 2021[11]). L’expérimentation politique peut être encouragée, en permettant l’analyse de données qui s’alignent sur les approches de conception et de mise en œuvre fondées sur les risques, les résultats et les performances pour réglementer les innovations numériques (OCDE, 2018[25] ; Attrey, Lesher et Lomax, 2020[60]).
En substance, une expérience réglementaire consiste à tester de manière limitée une nouvelle approche réglementaire afin de déterminer son fonctionnement réel, par opposition à la mise en œuvre d’une règle reposant sur des hypothèses ou excluant toute innovation du marché. Un bac à sable réglementaire est également une expérience, mais il se caractérise normalement par une déviation contrôlée du cadre réglementaire existant dans un espace et un temps définis, et sous la supervision des régulateurs ; cette déviation peut être, par exemple, une dérogation à une règle existante, des règles personnalisées supplémentaires ou un changement dans la manière dont les règles sont appliquées au sein du bac à sable. Les enseignements tirés peuvent ensuite éclairer la modification des règles et/ou l’ajustement d’une innovation afin de soutenir la croissance économique sans pour autant compromettre la santé, la sécurité ou le bien-être de la population. Les types d’expérimentation sont examinés plus en détail et avec beaucoup de nuance dans le document de l’OCDE (2024[14]) et, concernant plus précisément l’IA, dans le document de l’OCDE (2023[61]).
Les efforts d’expérimentation réglementaire au niveau national
Les pays membres de l’OCDE sont de plus en plus conscients du potentiel et des avantages de l’expérimentation réglementaire. Plusieurs juridictions utilisent des bacs à sable réglementaires de plus ou moins grande envergure pour tester les nouvelles technologies (Attrey, Lesher et Lomax, 2020[60]). L’Encadré 4.11 examine des exemples de bacs à sable réglementaires qui ont donné des résultats tangibles, en mettant l’accent sur la mise sur le marché de nouvelles technologies en toute sécurité.
Encadré 4.11. Traduire les tests en politiques
Copier le lien de Encadré 4.11. Traduire les tests en politiquesLes bacs à sable réglementaires aident les décideurs à adapter et à ajuster les réglementations tout en aidant les innovateurs à se conformer à la réglementation et à perfectionner leurs innovations. En encourageant la collaboration entre les régulateurs et l’industrie, les deux secteurs bénéficient d’une meilleure compréhension des technologies émergentes et, en définitive, d’un environnement réglementaire amélioré, comme le montrent les exemples suivants :
Au Canada, un bac à sable réglementaire a été mis en place pour tester les nouvelles applications des drones. Des licences spéciales ont été accordées aux acteurs du secteur, leur permettant de mener des tests sur les activités des drones qui étaient, à l’époque, interdites ou non réglementées. Ces tests ont été menés sous la supervision des pouvoirs publics, et des mesures ont été mises en place pour garantir la sécurité. Transport Canada a utilisé les données recueillies pour apporter des changements opportuns et itératifs à la réglementation aérienne compte tenu de son utilisation pratique.
En Allemagne, la ville de Hambourg a établi un bac à sable réglementaire pour tester les « espaces en U », qui sont des zones où des systèmes sont mis en place pour intégrer les drones en toute sécurité dans l’espace aérien. Le bac à sable comprenait des systèmes permettant d’informer les pilotes de drones sur le trafic aérien à proximité. Pendant sept mois, le bac à sable a démontré que les espaces en U étaient un concept sûr et réalisable à Hambourg. Les pouvoirs publics utilisent les résultats du bac à sable pour élaborer un concept consistant à installer des espaces en U dans toute l’Allemagne et pour jeter les bases juridiques et pratiques nécessaires à leur aménagement.
De 2018 à 2021, le ministère de la Santé de Singapour a exploité un bac à sable pour la télémédecine et la médecine mobile afin de mieux comprendre les risques et de co-créer des mesures d’atténuation des risques avec le secteur. Les enseignements tirés de ce bac à sable ont appuyé une transition vers un dispositif d’octroi de licences en 2023 pour ces nouvelles technologies.
Source : Gouvernement du Canada (2024[62]) ; Challenge Travaux (2021[63]) ; Droniq (2023[64]) ; ministère de la Santé de Singapour (2023[65]).
Cependant, l’expérimentation est assortie de limites et de coûts, qui requièrent parfois d’investir beaucoup de temps et de ressources. Une expérience réussie nécessite souvent un certain niveau de coordination entre les régulateurs sectoriels, étant donné qu’ils traitent de nombreuses technologies intersectorielles, émergentes comme nouvelles. En Corée, par exemple, le programme du bac à sable réglementaire mobilise plusieurs ministères, tandis qu’en Allemagne, la stratégie globale du bac à sable réglementaire est conçue pour s’étendre à tous les secteurs et à tous les ministères (Attrey, Lesher et Lomax, 2020[60]). Du point de vue des participants, les entreprises impliquées dans une expérience peuvent bénéficier d’un avantage sur le marché en obtenant une dérogation temporaire aux règles existantes ou en acquérant une meilleure compréhension des règles existantes et des nouvelles règles issues de l’expérimentation. Ces risques peuvent, dans une certaine mesure, être partiellement atténués par une planification et des stratégies minutieuses quant aux modalités de collecte, d’analyse et d’exploitation des données (OCDE, 2024[14]).
Afin de tirer le meilleur parti d’une expérience, les décideurs doivent clore la boucle de rétroaction en utilisant les données probantes recueillies pour améliorer les réglementations. Cela nécessite d’interpréter correctement les données collectées, puis de disposer de mécanismes permettant d’intégrer ces éléments de preuve dans le processus décisionnel et ainsi façonner les règles futures de manière adéquate (OCDE, 2024[14]). Le cadre de l’Estonie en matière d’expérimentation dans le secteur public, par exemple, mentionne la possibilité d’intégrer les tests comme instrument d’élaboration d’analyses d’impact. Alors que de plus en plus de décideurs commencent à utiliser l’expérimentation comme outil, le partage des enseignements tirés et des bonnes pratiques – en particulier en ce qui concerne l’intégration des enseignements tirés des expérimentations dans le processus d’élaboration des règles – peut contribuer à promouvoir l’efficacité de l’expérimentation en tant qu’outil réglementaire.
La coopération internationale dans les expérimentations réglementaires
L’innovation et ses effets transcendent les secteurs et les frontières. En conséquence, des initiatives récentes ont également exploré l’élaboration d’expériences ou de bacs à sable réglementaires multijuridictionnels. Ces initiatives rassemblent des décideurs et des innovateurs de différents domaines – à la fois thématiques et géographiques – afin d’examiner comment la réglementation peut aider les innovateurs à s’adapter et à œuvrer en toute sécurité dans plusieurs juridictions. Il pourrait également s’agir d’aider les juridictions à aligner leurs règles et à combler les lacunes susceptibles d’être exploitées par les entreprises.
En 2022, par exemple, le Réseau mondial d’innovation financière a publié un rapport présentant les enseignements tirés de ses premiers tests pratiques transfrontaliers au sein de son bac à sable mondial. Ces tests ont permis d’obtenir des données concrètes sur le fonctionnement des produits et services financiers innovants sur plusieurs marchés. Le bac à sable a également favorisé la collaboration entre les innovateurs et les régulateurs de ces marchés, qui s’est poursuivie au-delà des tests (Global Financial Innovation Network, 2022[66]). La section suivante examine plus en détail l’importance de la coopération internationale pour faire face à l’innovation.
Former des instances de réglementation parées pour l’avenir.
Copier le lien de Former des instances de réglementation parées pour l’avenir.Les instances de réglementation sont souvent mal équipées pour relever les défis réglementaires posés par les technologies numériques ou pour mettre en œuvre les réformes nécessaires pour assurer la réussite des administrations publiques. Alors que les technologies numériques brouillent de plus en plus les frontières sectorielles et juridictionnelles traditionnelles, elles révèlent les limites des ressources, des compétences et des pratiques réglementaires existantes. Les régimes réglementaires, mais aussi les institutions qui les soutiennent, doivent impérativement bénéficier d’un appui suffisant pour faire face efficacement aux impacts protéiformes des technologies numériques, en veillant à ce qu’ils soient administrés de manière à promouvoir l’innovation, à protéger les intérêts de la population et à faire respecter les normes juridiques dans des contextes réglementaires variés. Investir dans la coopération et la capacité des organes de réglementation permet de créer un environnement réglementaire plus unifié, plus cohérent et plus réactif.
Coopération
Favoriser une action conjointe des pouvoirs publics et des régulateurs
Les nouvelles formes de technologies numériques transcendent et transforment les secteurs et les marchés traditionnels, ce qui nécessite une coordination étroite et des efforts concertés de la part de l’ensemble des administrations publiques. Selon le principe de la « convergence technologique », les progrès réalisés dans un domaine peuvent avoir un impact et des applications dans un autre domaine. Par conséquent, les nouveaux produits et services tels que les dispositifs basés sur l’Internet des objets, les applications de réalité augmentée et l’intelligence artificielle peuvent faire l’objet de politiques et d’orientations de la part d’une myriade d’organes de réglementation différents. Par conséquent, les innovateurs peuvent éprouver des difficultés à naviguer dans le système et à comprendre des conseils et des orientations différents, voire contradictoires. Dans d’autres cas, les innovations numériques pourraient « passer entre les mailles du filet » lorsque la responsabilité institutionnelle n’est pas claire, entraînant un manque de contrôle efficace sur les nouvelles technologies numériques.
En réponse à cette situation et pour mieux prendre en compte la nature transversale de l’innovation numérique, les pays membres de l’OCDE prennent des mesures pour favoriser une coordination efficace au sein de l’administration. Environ 40 % des pays membres de l’OCDE ont déclaré que leurs ministères et leurs organes de réglementation se coordonnaient pour identifier et traiter les questions susmentionnées lorsque différentes instances partageaient la responsabilité dans un domaine d’innovation. Cela pourrait, par exemple, impliquer des mécanismes permettant de fournir conjointement des conseils aux innovateurs sur la base d’une position politique convenue et cohérente. Comme le montre le Graphique 4.2, cette coordination implique souvent une réglementation commune afin d’améliorer la cohérence réglementaire, y compris aux échelons national et infranational de l’administration publique.
Graphique 4.2. Il convient de renforcer plus avant la coopération institutionnelle pour relever les défis liés à l’innovation
Copier le lien de Graphique 4.2. Il convient de renforcer plus avant la coopération institutionnelle pour relever les défis liés à l’innovation
Note : Les données sont fondées sur 38 pays membres de l’OCDE et l’Union européenne.
Source : Enquête de 2024 sur les Indicateurs relatifs à la politique et à la gouvernance réglementaires (iREG).
Les mécanismes de coordination sont un outil de plus en plus important pour assurer le bon fonctionnement des approches conjointes dans la pratique. Les gouvernements s’orientent déjà vers plusieurs modèles différents exploitables. Les mécanismes de coordination formels incluent, entre autres, le forum des régulateurs des plateformes numériques d’Australie, le forum des régulateurs numériques du Canada, le groupe des régulateurs numériques d’Irlande et le forum de coopération en matière de régulation numérique du Royaume-Uni. Il convient de souligner que ces efforts de coordination au niveau national sont de nature à jeter les bases d’une coopération internationale plus large en matière de réglementation, en contribuant à construire une compréhension globale et à définir des pratiques réglementaires communes susceptibles d’être étendues à d’autres pays. Ces activités ont donné naissance au Réseau international de coopération en matière de réglementation numérique, dont les membres travaillent de concert à l’établissement de relations internationales, à la collecte d’informations auprès d’autres juridictions et à la mise en place d’une coopération, favorisant ainsi le passage d’une collaboration nationale à des cadres réglementaires internationaux.
Les pays peuvent également utiliser des centres de connaissances moins formels, comme le centre de connaissances sur l’IA d’Israël, qui sert de répertoire pour les orientations et les informations auxquelles toutes les entités gouvernementales peuvent accéder. Il existe également des approches ad hoc, telles que la collaboration des régulateurs sur des études communes ou la création de groupes de travail composés d’experts issus de différents départements. Par exemple, en France, le Pôle d’expertise de la régulation numérique est un bureau interministériel chargé de comprendre le fonctionnement des plateformes en ligne et d’établir ou d’adapter la réglementation. Les expériences nationales et les enseignements tirés de ces mécanismes apportent des contributions précieuses au paysage réglementaire international, dont d’autres acteurs peuvent ensuite s’inspirer. Il existe d’autres exemples dans les récents documents d’orientation de l’OCDE intitulés « Shaping a rights-oriented digital transformation » (OCDE, 2024[67]) et « The intersection between competition and data privacy » (OCDE, 2024[68]).
Toutefois, la coordination ne saurait pallier l’absence de mandat d’une institution pour combler des écarts réglementaires. En pareilles circonstances, les pouvoirs publics peuvent choisir de mettre en place de nouvelles institutions réglementaires ou d’attribuer davantage de pouvoirs aux institutions existantes. Ces décisions doivent assurer un équilibre entre l’autonomie des organismes nouvellement créés et la nécessité d’une coopération dans le cadre institutionnel existant. À titre d’exemple, alors que l’Espagne a créé une agence distincte pour superviser l’IA, la France et les Pays-Bas ont choisi d’établir des unités de supervision au sein de leurs administrations chargées de la protection des données (OCDE, 2024[67]).
L’Encadré 4.12 présente quelques exemples supplémentaires illustrant la manière dont les ministères, les régulateurs et d’autres parties prenantes peuvent collaborer pour adopter une approche agile face à l’innovation transversale, y compris les technologies numériques.
Encadré 4.12. Une collaboration institutionnelle pour une réponse agile à l’innovation
Copier le lien de Encadré 4.12. Une collaboration institutionnelle pour une réponse agile à l’innovationIl est essentiel de mettre en place une collaboration institutionnelle au sein des juridictions nationales afin de pouvoir composer avec la nature transversale des technologies numériques. De plus, il importe de permettre le partage des expertises, la rationalisation des processus et la coordination des efforts entre les instances de réglementation pour s’adapter rapidement aux progrès technologiques. Par exemple :
L’autorité danoise des entreprises exploite un guichet unique pour aider les innovateurs à commercialiser leurs idées, en particulier dans les cas où l’idée novatrice peut relever de la responsabilité de plusieurs régulateurs ou lorsqu’il n’existe pas encore de voie réglementaire clairement définie. L’autorité fait office de point de contact unique pour l’innovateur qui souhaite poser des questions ou identifier des obstacles réglementaires. L’autorité collabore ensuite avec d’autres organes du gouvernement, y compris les régulateurs, pour fournir un soutien à l’innovateur. Les guichets uniques, et leur utilité pour simplifier la lecture des règles, sont examinés plus en détail au chapitre 2.
La France a lancé plusieurs initiatives de coopération pertinentes. « France Expérimentation » est un dispositif interministériel visant à lever les obstacles juridiques aux projets innovants par l’intermédiaire de l’expérimentation réglementaire. En outre, les présidents de plusieurs autorités réglementaires et administratives (l’Autorité des marchés financiers ; l’Autorité de la concurrence ; l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse écrite ; l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique ; l’Autorité de régulation des communications électroniques ; l’Autorité de régulation des jeux en ligne ; l’Autorité de régulation des transports, la Commission nationale de l’informatique et des libertés et la Commission de régulation de l’énergie) se réunissent deux fois par an pour examiner des sujets d’intérêt commun. Ces réunions peuvent déboucher sur des déclarations communes, par exemple sur les enceintes connectées et les assistants vocaux ou sur la réglementation fondée sur les données. En outre, en 2020, un groupe de travail interministériel pour les plateformes en ligne a été mis en place afin de mutualiser les connaissances et les compétences et d’élaborer des approches concertées en matière de réglementation des plateformes en ligne.
Sperimentazione Italia est un bac à sable horizontal, coordonné par le Département de la transition numérique, sis à la Présidence du Conseil des ministres, en collaboration avec le ministère du Développement économique. Il permet aux entreprises, universités, organes de recherche, start-ups universitaires et entreprises essaimées de tout secteur (à l’exception des domaines d’application exclus) de tester des projets pilotes dans le domaine de la révolution numérique et de l’innovation technologique, en dérogeant aux contraintes réglementaires. L’objectif principal est de mener des expériences pratiques dans un environnement contrôlé, sous la supervision du régulateur, et de collecter des données pour promouvoir des réglementations à l’épreuve du temps. À l’issue de l’essai, le ministère passera les résultats en revue et émettra un avis à l’intention du Premier ministre et du ministre compétent sur les éventuelles modifications qu’il conviendra d’apporter aux règles pour permettre à l’innovation d’entrer sur le marché. Le gouvernement s’est engagé à initier les changements de règles nécessaires dans un délai de 90 jours suivant l’avis initial.
Le Conseil des régulateurs financiers de Nouvelle-Zélande assure la co-capacité d’agir de cinq agences différentes pour relever les défis réglementaires qui affectent le secteur financier. Ces agences sont la Banque de réserve de la Nouvelle-Zélande, l’Autorité des marchés financiers, la Commission néo-zélandaise du commerce, le ministère des Affaires, de l’Innovation et de l’Emploi et le Trésor. La Nouvelle-Zélande dispose également d’une équipe d’analyse conjointe pour la gestion des frontières, qui comprend des experts politiques et techniques issus des services douaniers, du ministère des Industries primaires et du ministère des Affaires, de l’Innovation et de l’Emploi. L’objectif principal de l’équipe est de tirer parti de l’analyse des données pour mieux comprendre et maîtriser les risques associés aux frontières.
En 2022, le Bureau du gouvernement de l’Estonie a élaboré un cadre pangouvernemental pour l’expérimentation dans le secteur public qui reconnaît la nécessité du processus législatif pour aider à expérimenter rapidement, légitimement et éthiquement. Des lignes directrices ont été publiées en 2023 pour aider à promouvoir une mise en œuvre cohérente et coordonnée du cadre.
En Corée, 39 ministères ont mis en place leur propre « groupe de travail sur l’innovation réglementaire » chargé de coordonner les travaux d’innovation réglementaire au sein de leur ministère et d’appuyer la coopération interinstitutionnelle sur les questions liées à l’innovation.
Source : Autorité danoise des entreprises (s.d.[69]) ; Conseil sur les horizons réglementaires (2023[70]) ; Riigikantselei (2022[71]) ; Attrey, Lesher et Lomax (2020[60]) ; OCDE (2020[72]) ; Service des douanes de Nouvelle-Zélande (2024[73]) ; Enquête de 2024 sur les Indicateurs relatifs à la politique et à la gouvernance réglementaires.
Faciliter le développement des technologies numériques transfrontières
Pour gérer l’impact essentiellement mondial des technologies numériques, les décideurs doivent porter leur regard au-delà de leurs frontières afin d’éviter la fragmentation et les failles (OCDE, 2022[74]). Lorsque cela est raisonnable et pertinent, la coopération internationale doit s’efforcer d’aligner les approches réglementaires des différentes juridictions (OCDE, 2021[11]). En assurant une certaine cohérence entre les juridictions, il est plus facile de développer les technologies numériques positives en vue de leur déploiement à l’échelle internationale, ce qui contribue, par voie de conséquence, à l’amélioration des résultats économiques. Plus important encore, la cohérence permet de mettre en œuvre et d’appliquer des règles dans un monde interconnecté. Les règles visant à faciliter le partage d’informations par-delà les frontières, par exemple, peuvent empêcher les banques numériques d’exploiter des informations cloisonnées pour aider des individus à échapper aux sanctions en changeant de juridiction (Europol, 2023[75]).
La collaboration entre les experts internationaux et les praticiens de la réglementation est essentielle pour élaborer une base de données commune sur les approches pertinentes et les bonnes pratiques. La Recommandation du Conseil de l’OCDE sur la coopération internationale en matière de réglementation (OCDE, 2022[76]) souligne l’importance d’une telle collaboration, en préconisant une coordination et une coopération accrues entre les pays pour relever les défis communs en matière de réglementation. Dans tous les cas, alors que les décideurs du monde entier sont confrontés à des défis communs liés aux nouvelles technologies, ils doivent apprendre des succès et des échecs des uns et des autres (Encadré 4.13).
Encadré 4.13. Collaboration internationale en matière de réglementation des technologies numériques
Copier le lien de Encadré 4.13. Collaboration internationale en matière de réglementation des technologies numériquesUn nombre croissant d’outils, de principes et de dialogues politiques reconnus au niveau international appuient les gouvernements dans la gestion transfrontalière des technologies numériques. Les décideurs peuvent s’en servir pour partager et valider les expériences de leur juridiction, ainsi que pour concevoir ou administrer leurs propres règles conformément aux bonnes pratiques mondiales.
L’Espagne ouvre la voie à l’établissement d’un cadre commun pour les bacs à sable réglementaires afin de soutenir la conformité avec la nouvelle loi sur l’IA de l’Union européenne. À cette fin, l’Espagne recueillera des expériences pratiques issues de l’exploitation de son propre bac à sable visant à mettre en relation les innovateurs et les régulateurs et à faciliter l’élaboration, l’essai et la validation de systèmes d’IA conformes aux exigences de la loi. Elle mettra également à disposition des lignes directrices, des boîtes à outils et des supports de bonnes pratiques.
Standards Australia, avec le soutien du ministère des Affaires étrangères et du Commerce, a lancé en 2022 un projet visant à accompagner l’élaboration et l’adoption de normes internationales sur la base du volontariat destinées aux technologies essentielles et émergentes en Asie du Sud-Est. En outre, Standards Australia dirige le comité technique de normalisation de l’Organisation internationale de normalisation pour les technologies de chaînes de blocs et de registres distribués.
Le Royaume-Uni a accueilli le sommet sur la sécurité de l’IA à Bletchley en novembre 2023. L’événement a rassemblé des gouvernements, des entreprises leaders dans le domaine de l’IA, des groupes de la société civile et des experts dans le domaine de la recherche. Les dirigeants de 28 pays, dont plusieurs pays membres de l’OCDE et l’Union européenne, ainsi que l’Inde et la République populaire de Chine, sont convenus, dans la Déclaration de Bletchley, de collaborer pour identifier les risques liés à l’IA et élaborer des politiques nationales fondées sur les risques en vue de garantir la sécurité des utilisateurs, de manière concertée s’il y a lieu, et de promouvoir davantage de transparence de la part des acteurs privés qui se dotent de capacités d’IA d’avant-garde, de définir des critères d’évaluation appropriés, de concevoir des outils destinés à éprouver la sécurité de l’IA et de renforcer les capacités du secteur public et la recherche scientifique dans le secteur. Le gouvernement français prépare une suite à ce sommet (le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, qui se tiendra en février 2025).
Plusieurs pays membres de l’OCDE ont apporté leur contribution à la Recommandation de l’UNESCO sur l’éthique de l’intelligence artificielle et à un ensemble de recommandations en faveur d’une IA plus inclusive et équitable dans le secteur public.
Source : Gouvernement de l’Espagne (2022[77]) ; Commission européenne (2022[78]) ; Recommandation de l’UNESCO sur l’éthique de l’intelligence artificielle (2022[79]) ; Merchant (2023[80]) ; Standards Australia (2022[81]).
Capacités institutionnelles
Les institutions sont les entités intermédiaires qui confèrent aux politiques réglementaires leur légitimité. Les gouvernements doivent investir dans la création de capacités institutionnelles suffisamment solides pour gérer les technologies numériques de manière satisfaisante. Néanmoins, il ressort des échanges menés au niveau international avec les organes de réglementation que les institutions ne sont pas prêtes à assumer leurs responsabilités futures, pourtant cruciales, en matière de supervision et de mise en application de la réglementation sur les technologies numériques. Les pays membres de l’OCDE continuent de relever les défis en se concentrant sur leurs cadres institutionnels, leurs ressources, leurs compétences et leur expertise.
Adapter les cadres institutionnels
Afin de renforcer les capacités de réglementation des pouvoirs publics à l’ère du numérique, les administrations devront faire évoluer leur cadre institutionnel et leurs méthodes de travail. Ainsi, la mise en œuvre de trois règlements majeurs dans les États membres de l’Union européenne — le règlement relatif à un marché unique des services numériques, le règlement relatif aux marchés contestables et équitables dans le secteur numérique et le règlement sur l’intelligence artificielle — a entraîné la création de nouveaux mandats, fonctions et pouvoirs de réglementation dans le domaine du numérique, qui doivent être mis en œuvre au niveau national, en coordination avec la Commission européenne. Si ces règlements visent à donner aux régulateurs les moyens de relever un grand nombre des défis évoqués précédemment, le renforcement des capacités des pouvoirs publics permet à ces derniers d’exercer pleinement ce pouvoir.
Les stratégies numériques nationales sont une composante essentielle de la capacité de réglementation des pouvoirs publics à l’ère du numérique. Les pays choisissent différents organismes pour mettre en œuvre ces stratégies, en mettant en balance des notions telles que la légitimité, le pouvoir politique ou la possibilité de coordination. L’Autriche, par exemple, a confié la responsabilité stratégique de l’élaboration et de la coordination d’une stratégie numérique nationale à un ministère chargé du numérique et des entreprises. D’autres États, à l’instar de l’Australie et de la Colombie, ont attribué ces responsabilités à des instances relevant d’un échelon supérieur à celui des ministères, par exemple à la Chancellerie, au cabinet du Premier ministre ou à la Présidence (Gierten et Lesher, 2022[82]).
En outre, il peut être nécessaire de réformer les mandats, les pouvoirs et les systèmes juridiques des régulateurs afin de les adapter aux nouvelles structures réglementaires et à l’évolution des besoins en matière de réformes sectorielles (OCDE, 2020[45]). Cette démarche englobe notamment des structures internes, des processus administratifs obsolètes, des ressources, des compétences et des stratégies de gestion du changement, et ce, de sorte que la culture organisationnelle s’adapte à ces nouvelles responsabilités et les assume. Au Canada, le projet de loi annuel sur la modernisation de la réglementation met l’accent sur la suppression des obstacles juridiques à la numérisation des systèmes réglementaires, tels que les exigences légales qui imposent le dépôt de demandes ou l’établissement de rapports sur un support physique. En Allemagne, une clause d’expérimentation type est en cours d’élaboration, qui autorise la réalisation d’expériences réglementaires dans le cadre de lois nouvelles ou existantes. Ces dispositions ont été mises en œuvre dans les domaines de la conduite autonome, du transport de passagers, des drones et de l’identité numérique.
Par ailleurs, une supervision, une coordination et des orientations centralisées peuvent permettre de surmonter les cloisonnements et la fragmentation tout en offrant une voie de mutualisation des ressources, y compris le personnel. Par exemple, environ la moitié des pays membres de l’OCDE ont déclaré disposer d’un organisme spécialisé dans la réglementation favorable à l’innovation, à même d’émettre des orientations pratiques et d’aider les décideurs de l’ensemble de l’administration publique à prendre en compte les effets de la réglementation sur l’innovation, y compris les technologies numériques. Les recherches sur les approches réglementaires de l’IA font état d’une tendance similaire, toutes les réglementations de l’échantillon comprenant des mécanismes de contrôle qui favorisent la coordination et l’élaboration d’orientations.
Investir dans les ressources
Sans ressources adéquates, les institutions qui conçoivent les politiques et la réglementation et qui supervisent les technologies numériques auront peu de marge de manœuvre pour façonner un paysage numérique positif. L’intégration des processus et des outils présentés plus haut dans ce chapitre requiert des capacités institutionnelles supplémentaires pour faire évoluer les systèmes traditionnels. Toutefois, les régulateurs, dont les activités quotidiennes sont déjà très contraignantes, peuvent ne pas être en mesure de consacrer le temps et les ressources nécessaires pour se lancer dans des expérimentations. C’est pourquoi certains pays membres de l’OCDE proposent des mesures d’incitation, notamment une aide financière, pour encourager l’adoption d’approches innovantes en matière de politique réglementaire et de gouvernance.
Dans de tels cas, les mesures d’incitation et l’appui institutionnel peuvent contribuer à transmettre un signal clair quant à l’impératif d’intégrer des approches réglementaires agiles dans le programme de gouvernance. Ce signal doit être envoyé à l’ensemble de l’administration, y compris aux régulateurs indépendants, et aux différents échelons des administrations publiques. L’Encadré 4.14 présente une sélection d’exemples de mécanismes mis en place par les gouvernements pour apporter les ressources nécessaires à la création d’une réglementation plus agile.
Encadré 4.14. Les ressources au service de l’innovation réglementaire
Copier le lien de Encadré 4.14. Les ressources au service de l’innovation réglementaireSi une réglementation agile peut favoriser un environnement de gouvernance robuste dans le domaine des technologies numériques, la concrétisation de ces approches peut exiger un investissement et un engagement considérables de la part des pouvoirs publics. Cet investissement peut prendre différentes formes :
Le Regulators' Pioneer Fund du Royaume-Uni finance des projets menés par des régulateurs et des autorités locales visant l’élaboration d’approches réglementaires inédites et expérimentales qui permettent de commercialiser plus rapidement des produits et des services et de promouvoir l’innovation et l’investissement. Il convient de mentionner quelques exemples notables, tels que le pilotage d’un service de conseil interinstitutionnel pour les innovateurs numériques ou la mise en place d’un bac à sable réglementaire sur l’intelligence artificielle dans le secteur du nucléaire.
Le Centre d’innovation en matière de réglementation du Canada a été instauré pour promouvoir une approche pangouvernementale de l’expérimentation réglementaire, notamment en apportant un soutien aux régulateurs fédéraux. Grâce au Fonds de dépenses d’expérimentation réglementaire du Centre, les régulateurs peuvent recevoir des fonds et des orientations pour les aider à concevoir et à entreprendre des expérimentations réglementaires. Les expérimentations permettent à leur tour aux régulateurs de mettre en œuvre de nouvelles approches réglementaires ou au secteur d’introduire des demandes de technologies nouvelles et émergentes sur le marché canadien. Le Centre dispose également d’un Fonds de renforcement des capacités des organismes de réglementation pour aider à financer les projets des ministères responsables de la réglementation visant à mettre en œuvre les solutions identifiées ou à améliorer la compréhension du contexte réglementaire et à identifier des solutions potentielles.
Israël a mis en place un fonds d’appui à l’innovation par l’intermédiaire de projets d’expérimentation. En outre, le pays a commencé à financer des défis réglementaires au moyen d’un mécanisme associant plusieurs autorités publiques. Ces défis peuvent contribuer à promouvoir l’innovation et à atteindre les objectifs des politiques publiques.
Source : Gouvernement du Royaume-Uni (2022[83]) ; Forum économique mondial (2020[84]) ; ministère fédéral de l’Économie et de la Protection du climat (2023[85]).
Renforcer les compétences et l’expertise
Du fait du caractère novateur de l’innovation et de l’agilité de la réglementation, de nouvelles techniques et compétences peuvent être nécessaires. Par exemple, les équipes chargées des politiques dans les ministères ou les organismes de réglementation peuvent avoir besoin d’une expertise interne sur les modalités de conception et de mise en œuvre d’une expérimentation réglementaire dans le domaine des nouvelles technologies numériques. Toutefois, une enquête menée auprès de 57 régulateurs sur les dispositions relatives au personnel et aux financements montre que plus de la moitié d’entre eux éprouvent des difficultés à recruter du personnel qualifié, en particulier dans les domaines liés au numérique (OCDE, 2022[86]). Un manque de compréhension des outils disponibles, des risques et des bonnes pratiques peut constituer un obstacle à la mise en place d’une réglementation agile.
Il est donc important que les décideurs qui ouvrent la voie à la réglementation agile documentent et partagent leurs connaissances afin de renforcer les compétences pratiques. La Commission européenne dispose d’une boîte à outils complète pour une meilleure réglementation, qui comprend un examen pratique des outils, y compris et au-delà de l’expérimentation, afin d’exploiter le potentiel de l’innovation et d’en réduire les éventuels effets négatifs (Commission européenne, 2017[87]).
De même, les régulateurs peuvent ne pas disposer de suffisamment de personnel spécialisé, comme les experts en sciences des données, pour réglementer des technologies complexes ou en tirer le meilleur parti pour optimiser leurs activités de réglementation. Contrairement aux entreprises du numérique, qui peuvent attirer et rémunérer les profils les plus brillants, les régulateurs offrent généralement des salaires moins compétitifs et, dans certains cas, peuvent ne pas avoir les fonds nécessaires pour procéder à un recrutement. Il arrive que les organes de réglementation collaborent pour recruter des experts appropriés, par exemple en les intégrant dans une structure commune à partir de laquelle ils peuvent être détachés dans différents services, ce qui permet de mieux maîtriser les coûts et de proposer un environnement de travail attrayant.
Les centres d’expertise spécialisés constituent une solution pour combler le manque d’expertise technique pour la conception et la mise en œuvre de méthodes de réglementation fondées sur les données. En 2020, l’Espagne a créé le Bureau des données, dont les compétences comprennent notamment :
l’exploitation d’un centre d’analyse approfondie des données chargé de définir les méthodologies et les bonnes pratiques en matière d’outils décisionnels fondés sur les données du secteur public
la conception de stratégies de gestion et de partage des données entre les entreprises, les citoyens et les administrations publiques
la définition des politiques de gouvernance des données et des normes pour la gestion des données
la création des outils visant à assurer le transfert des connaissances au sein de l’administration publique.
Le Bureau des données a pour mission de stimuler la gestion, le partage et l’utilisation des données dans les différents secteurs productifs de l’économie et de la société espagnoles.
Grâce à des investissements et à des orientations techniques, des outils et des formations, les organismes publics peuvent disposer des connaissances et des ressources nécessaires pour gérer et réglementer efficacement les technologies numériques émergentes. Le fait de centraliser l’expertise peut permettre à ces centres de renforcer les capacités de plusieurs ministères et de rationaliser les processus de réglementation technique.
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[13] OCDE (2020), « Going Digital integrated policy framework », Documents de travail de l’OCDE sur l’économie numérique, n° 292, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/dc930adc-en.
[30] OCDE (2020), Regulatory Policy in the Slovak Republic : Towards Future-Proof Regulation, Examens de l’OCDE de la réforme de la réglementation, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/ce95a880-en.
[45] OCDE (2020), Shaping the Future of Regulators : The Impact of Emerging Technologies on Economic Regulators, La gouvernance des régulateurs, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/db481aa3-en.
[72] OCDE (2020), Sperimentazione Italia – Observatory of Public Sector Innovation, page web, https://oecd-opsi.org/innovations/sperimentazione-italia.
[9] OCDE (2019), Recommandation du Conseil sur l’intelligence artificielle, OCDE, Paris, https://legalinstruments.oecd.org/fr/instruments/OECD-LEGAL-0449.
[10] OCDE (2019), Recommendation of the Council on Responsible Innovation in Neurotechnology, OCDE, Paris, https://legalinstruments.oecd.org/fr/instruments/OECD-LEGAL-0457.
[25] OCDE (2018), Politique de la réglementation : Perspectives de l’OCDE 2018, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264305458-fr.
[26] OCDE (2016), Perspectives de l’OCDE sur la politique de la réglementation 2015, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264245235-fr.
[18] OCDE (s.d.), AI risk & accountability, page web, https://oecd.ai/fr/site/risk-accountability/publications (consulté le 27 septembre 2024).
[12] OCDE (s.d.), Forum mondial sur la technologie, page web, https://www.oecd.org/fr/networks/global-forum-on-technology.html (consulté le 13 août 2024).
[59] OCDE (à paraître), Paper on AI in regulatory delivery, OCDE, Paris, à paraître.
[20] OCDE (À paraître), Regulatory governance approaches to AI policy.
[19] Plonk, A., K. Perset et S. Fialho Esposito (23 juillet 2024), OECD pilot on monitoring the application of the G7 Code of Conduct for Organisations Developing Advanced AI Development, https://oecd.ai/en/wonk/pilot-g7-monitoring (consulté le 274 septembre 2024).
[57] Région de Campanie (s.d.), GISA Autovalutazione, page web, https://www.regione.campania.it/regione/it/la-tua-campania/servizi-af3a/gisa-autovalutazione (consulté le 26 juin 2024).
[28] Regulatory Horizons Council (2024), Regulating Quantum Technology Applications, https://assets.publishing.service.gov.uk/media/65ddc83bcf7eb10015f57f9f/RHC_regulation_of_quantum_technology_applications.pdf.
[70] Regulatory Horizons Council (2023), Regulatory Horizons Council, https://www.gov.uk/government/groups/regulatory-horizons-council-rhc#reports.
[71] Riigikantselei (2022), Framework for Public Sector Experimentation, https://riigikantselei.ee/media/2007/download.
[4] Ryan-Mosley, T. (2022), « The world is moving closer to a new cold war fought with authoritarian tech », MIT Technology Review, https://www.technologyreview.com/2022/09/22/1059823/cold-war-authoritarian-tech-china-iran-sco/ (consulté le 13 août 2024).
[81] Standards Australia (2022), Critical and Emerging Technologies in South-East Asia, https://www.standards.org.au/engagement-events/international/critical-emerging-technologies.
[50] Statistics Estonia (2020), Mobility analysis, https://www.stat.ee/en/avasta-statistikat/eksperimentaalstatistika/mobility-analysis.
[21] Tõnurist, P. et A. Hanson (2020), Anticipatory innovation governance : Shaping the future through proactive policy making, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/cce14d80-en.
[55] UK Health Security Agency (2022), NHS COVID-19 app, https://www.gov.uk/government/collections/nhs-covid-19-app.
[79] UNESCO (2022), Recommandation sur l’éthique de l’intelligence artificielle, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, Paris, https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000381137_fre.
[41] United States Office of Management and Budget (1998), CIRCULAIRE NO. A-119 Revised, https://www.whitehouse.gov/wp-content/uploads/2017/11/Circular-119-1.pdf.
[47] Walprecht, S. et C. Lewerenz (2024), Facilitating regulatory impact assessments : The benefits of machine learning in legislation, presentation, https://www.destatis.de/EN/About-Us/Events/Machine-Learning/Slides/s2_walprecht.pdf?__blob=publicationFile.
[58] Welby, B. et E. Hui Yan Tan (2022), « Designing and delivering public services in the digital age », OECD Going Digital Toolkit Notes, n° 22, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/e056ef99-en.
Notes
Copier le lien de Notes← 1. Selon l’OCDE (2024[3]), ces données répondent à la question « Si de nouvelles technologies (par exemple, l’intelligence artificielle ou les applications numériques) devenaient disponibles, quelle est, selon vous, la probabilité que le gouvernement fédéral/central/national les réglemente de manière adéquate et aide les entreprises et les citoyens à les utiliser de manière responsable ? ». La proportion « probable » correspond à la somme des réponses de 6 à 10 sur l’échelle ; « neutre » correspond à une réponse de 5 ; « improbable » correspond à la somme des réponses de 0 à 4 ; et « Je ne sais pas » constitue un choix de réponse séparé.
← 2. https://www.better.go.kr/rz/regul/LoadMap.jsp (disponible en coréen uniquement).
← 3. La recherche porte à la fois sur les règlements qui ont été adoptés et sur les projets qui en sont à différents stades de développement. Les efforts visant à réglementer l’IA évoluant rapidement, certains détails sont susceptibles d’être modifiés après la rédaction du présent rapport.
← 4. Au moment de la rédaction du présent document, la loi n’avait pas encore été adoptée.
← 5. Au moment de la rédaction du présent document, le Bureau européen de l’IA avait été établi, contrairement au comité.
← 6. Les expressions « expérience réglementaire » et « bac à sable réglementaire » sont des termes techniques parfois utilisés de manière interchangeable – que ce soit ensemble ou avec d’autres termes, notamment « réglementation expérimentale », « banc d’essai réglementaire », « pilote réglementaire » ou « espace d’innovation » – ce qui peut créer une certaine confusion. Sur la base des travaux de l’OCDE (2024[14]), ce chapitre adopte la terminologie « expérimentation réglementaire », qui est considérée comme un terme générique pour tous les types d’outils qui requièrent de tester de nouveaux produits, services ou approches réglementaires et leur mise en œuvre. Attrey, Lesher et Lomax (2020[60]) définissent les bacs à sable réglementaires comme une forme limitée de dérogation réglementaire ou de flexibilité pour les entreprises, qui leur permet de tester de nouveaux modèles d’action avec des exigences réglementaires réduites. Les bacs à sable réglementaires comprennent souvent des mécanismes visant à garantir la réalisation d’objectifs réglementaires généraux, notamment la protection des consommateurs, et ont été utilisés dans un éventail de secteurs, en particulier dans le secteur de la finance, mais aussi dans les secteurs de la santé, des transports, des services juridiques, de l’aviation et de l’énergie.