Le temps de travail est une variable essentielle qui influe sur le marché du travail et sa capacité à s’adapter aux chocs. Il peut avoir des répercussions sur des indicateurs clés de la situation des travailleurs, comme le bien-être, la productivité, les salaires et l’emploi. Il est donc crucial, pour les responsables de l’action publique qui cherchent à concilier équité, efficience et bien-être, de savoir comment les pays de l’OCDE réglementent le temps de travail, et de comprendre dans quelle mesure ce dernier est influencé par le cadre réglementaire en vigueur. Le présent chapitre propose un tour d’horizon détaillé des réglementations qui encadrent la durée du travail, les congés payés et le télétravail dans les pays de l’OCDE. Il examine le rôle joué par la négociation collective dans la détermination du temps de travail ou de son organisation, et la manière dont les pays de l’OCDE ont adapté la réglementation du temps de travail dans le contexte de la crise du COVID‑19. Ce chapitre fait également le point sur les tendances en matière de temps de travail et d’emploi du temps dans les différents pays de l’OCDE et groupes sociodémographiques. Enfin, il analyse l’évolution au fil des ans des écarts de temps de travail entre les travailleurs, ainsi que leur influence sur les inégalités constatées en termes d’équilibre vie professionnelle-vie privée.
Perspectives de l'emploi de l'OCDE 2021

5. Le temps de travail et sa réglementation dans les pays de l’OCDE : combien de temps travaillons-nous et comment ?
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En Bref
Copier le lien de En BrefPrincipaux résultats
En moyenne dans les pays de l’OCDE, la durée hebdomadaire normale de travail des salariés à temps plein est restée globalement stable entre 1995 et 2019, même si l’on observe de légères variations d’un pays à l’autre. Le temps de travail d’un salarié médian à temps plein s’établissait à 40.5 heures par semaine en 2019, s’échelonnant de 37 heures au Danemark à 48 heures au Mexique et en Colombie. Depuis le milieu des années 2000, l’incidence des heures supplémentaires rémunérées est restée stable, s’établissant à un peu plus de 7.5 % des salariés à temps plein. En revanche, l’incidence des heures supplémentaires non rémunérées a légèrement diminué, passant de 6.2 à 5.1 %. Le nombre moyen d’heures supplémentaires effectuées par les salariés concernés est très élevé. Il s’élève à 8.3 pour les heures supplémentaires rémunérées (7.7 pour les heures supplémentaires non rémunérées), soit un jour supplémentaire par semaine en 2019.
Les loisirs sont la troisième activité à laquelle les individus consacrent le plus de temps, après le temps alloué aux activités régénératives (dont le sommeil) et au travail rémunéré. Le temps consacré chaque semaine aux loisirs par les travailleurs à temps plein a diminué en moyenne de 1.5 heure entre les années 1970 et 2010 dans les 14 pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles. Ce déclin s’est amorcé dans les années 1990 et s’est accéléré au fil du temps. On observe également d’importants écarts entre les pays en termes de rapport entre le temps de travail et le temps consacré aux loisirs : dans les années 2010, les travailleurs mexicains consacraient plus de trois fois plus de temps au travail rémunéré qu’aux loisirs, contre deux fois plus de temps pour les Coréens, et les travailleurs allemands, finlandais et norvégiens consacraient autant de temps à ces deux activités.
En moyenne dans les 11 pays de l’OCDE analysés, le nombre hebdomadaire d’heures effectivement travaillées par salarié a reculé de 8 heures depuis 1970, mais à un rythme de plus en plus lent (de 0.9 % par an dans les années 1970 à 0.2 % dans les années 2010). Au cours de cette même période, la productivité horaire a augmenté, également à un rythme de plus en plus lent. Elle progressait de 3.7 % par an dans les années 1970, contre 0.7 % dans les années 2010. La comparaison de l’évolution moyenne du temps de travail, du temps consacré aux loisirs et de la productivité donne à penser que la croissance de la productivité n’a pas donné lieu à du temps de loisirs supplémentaire pour les salariés à temps plein.
L’examen approfondi de la réglementation légale et conventionnelle du temps de travail, des congés payés et du télétravail en 2020 dans les pays de l’OCDE apporte plusieurs éclairages importants :
On peut regrouper les pays de l’OCDE en six modèles différents de gouvernance du temps de travail, en fonction du degré de latitude autorisé en termes de plafonnement de la durée hebdomadaire normale ou maximale du travail : par exemple, au Chili, en Israël et au Mexique, les règles sont uniformes – aucune variation n’est autorisée, tandis qu’en France ou en Lituanie, une certaine variation est possible par le biais de mécanismes de dérogation ou de modulation du temps de travail ; l’Autriche, la Nouvelle-Zélande ou la Suède admettent une plus grande variabilité des règles. Toutefois, ces modèles n’ont qu’un impact limité sur la durée hebdomadaire habituelle du travail : dans de nombreux pays où il est possible de dépasser la durée normale du travail, on ne constate pas d’effet significatif sur la durée hebdomadaire habituelle médiane – qui est largement plafonnée par les limites légales. De la même manière, il n’existe pas de lien étroit entre un modèle de gouvernance particulier et la fréquence des heures supplémentaires rémunérées, ou leur nombre.
Dans la majorité des pays de l’OCDE, les travailleurs ont droit à un minimum légal de congés annuels rémunérés. Dans certains pays, les conventions collectives accordent un nombre de congés annuels bien supérieur au minimum légal. Dans la quasi-totalité des pays, le nombre de congés payés effectivement pris est supérieur au minimum légal.
L’accès au télétravail n’est pas garanti dans tous les pays de l’OCDE. Le droit au télétravail, lorsqu’il existe, peut s’appliquer à tous les salariés (comme en Espagne ou en Nouvelle-Zélande) ou à certaines catégories seulement (Lituanie). Aux Pays-Bas, au Portugal et au Royaume-Uni, les salariés bénéficient d’un droit opposable au télétravail, et dans d’autres pays, les employeurs peuvent facilement refuser les demandes de télétravail. Les modalités de réglementation des conditions de travail des télétravailleurs varient également (le télétravail pouvant être couvert de manière plus ou moins exhaustive par la réglementation, faire l’objet de lois ou de dispositions spécifiques ou être inclus dans les conventions collectives nationales/les accords de branche). Dans la pratique, ces disparités dans la réglementation ont une influence sur l’accès au télétravail : si le recours au télétravail demeurait limité avant la pandémie de COVID‑19, il était plus répandu dans les pays où il existait un droit opposable au télétravail, et était au plus haut dans les pays où ce droit était accordé par la négociation collective.
Pendant la crise du COVID‑19, les pays de l’OCDE ont utilisé le temps de travail comme une variable d’ajustement. Ils ont mis en œuvre des mesures permettant de travailler plus longtemps, de prendre davantage de congés payés, de faciliter les dispositifs de modulation du temps de travail, et de télétravailler plus facilement – ce qui s’est traduit par une envolée de l’incidence du télétravail, qui est passée de 16 % des salariés en 2019 à 37 % en mars/avril 2020.
La durée du travail et l’organisation du temps de travail varient considérablement d’un groupe de travailleurs à l’autre :
Les femmes et les travailleurs peu qualifiés sont davantage concernés par le temps de travail très réduit, et moins par le temps de travail très long, que les hommes et les travailleurs très qualifiés, respectivement. Toutefois, si les écarts de temps de travail entre hommes et femmes diminuent, les écarts en fonction du niveau d’études se creusent depuis 1999.
Les horaires de travail flexibles, qui permettent aux travailleurs d’aménager leur emploi du temps, sont utilisés le plus souvent par les salariés très qualifiés et bien rémunérés. Ces dix dernières années, l’écart d’accès aux horaires de travail flexibles en fonction du niveau d’instruction s’est creusé, tandis que l’écart en fonction des revenus s’est résorbé. En revanche, les salariés peu qualifiés et faiblement rémunérés sont les plus concernés par les horaires variables – qui ne permettent pas aux travailleurs de maîtriser leur emploi du temps.
Avant la crise du COVID‑19, dans la majorité des pays de l’OCDE, les hommes et les salariés très qualifiés et bien rémunérés étaient ceux qui avaient le plus recours aux dispositifs de télétravail. Les disparités se sont creusées pendant les premiers confinements : en moyenne, 55 % des travailleurs très qualifiés ont eu ainsi la possibilité de travailler depuis leur domicile, contre 19 % des travailleurs peu qualifiés.
Les données disponibles pour dix pays de l’OCDE mettent en évidence des disparités marquées entre hommes et femmes s’agissant de l’équilibre entre travail et loisirs. Ces vingt dernières années, les femmes ont systématiquement bénéficié de moins de temps de loisirs par heure de travail (rémunéré et non rémunéré) que les hommes. Les rapports observés ces dix dernières années sont plus équilibrés à l’aune des niveaux d’instruction, puisque tous les travailleurs, qu’ils soient très, moyennement ou peu qualifiés, passent en moyenne 1.5 fois plus de temps à travailler qu’à s’adonner à leurs loisirs. Les travailleurs mieux rémunérés consacraient en moyenne moins de temps au travail rémunéré et plus de temps aux loisirs que les travailleurs moins bien rémunérés.
La proportion de travailleurs pauves en temps disponible (c’est-à-dire la proportion de travailleurs dont la part du temps alloué aux loisirs et aux activités régénératives est inférieure à 60 % de la médiane) a augmenté en moyenne au fil du temps dans les dix pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles, passant de 1.4 % des hommes dans les années 1970 à 1.8 % dans les années 2010, et de 1.3 % à 1.8 % des femmes. Au cours des 20 dernières années, la pauvreté en temps disponible était moins fréquente dans le dernier tercile de revenu.
On observe aussi des écarts importants en termes de nombre d’heures de travail nécessaires pour parvenir à un niveau donné de bien-être matériel. En 2019, dans plusieurs pays de l’OCDE, un travailleur célibataire sans enfant rémunéré au salaire minimum devait travailler plus de 40 heures par semaine (soit plus que la durée hebdomadaire légale de travail dans la plupart des pays) pour échapper à la pauvreté.
Au total, en 2015, 43 % des travailleurs des pays de l’OCDE étaient insatisfaits de leur temps de travail, cette insatisfaction tenant dans la majorité des cas au sentiment de travailler trop. L’apparition de pratiques novatrices en matière de négociation collective, et les expérimentations menées ces dernières années par les entreprises en matière de réduction du temps de travail, pourraient être le signe que cette insatisfaction est désormais prise en compte, mais des recherches plus approfondies sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse.
Introduction
Copier le lien de IntroductionLe temps de travail est un élément déterminant de la vie professionnelle des individus. Sa durée et son organisation doivent être réglementées afin de remédier aux éventuelles défaillances du marché (dues par ex. à l’asymétrie entre le pouvoir de marché des travailleurs et celui des employeurs), qui conduisent à une protection inadéquate de la santé des travailleurs et de l’équilibre vie professionnelle-vie privée, et empêcher les externalités négatives liées à une durée excessive du travail ou à des horaires imprévisibles. Les travailleurs doivent également être protégés contre les risques que poserait une réduction unilatérale de leur temps de travail, et donc de leur revenu, pour leur bien-être matériel. Dans le même temps, le temps de travail étant un facteur de production, sa réglementation peut aussi avoir une incidence sur d’autres indicateurs clés de la situation des travailleurs, comme la productivité et l’emploi. En période de crise, le temps de travail est un instrument d’action essentiel qui peut être ajusté afin d’offrir de la flexibilité aux entreprises. C’est pourquoi il est crucial, pour les responsables de l’action publique qui cherchent à concilier équité, efficience et bien-être, de comprendre comment les différents régimes réglementaires influent sur le temps de travail effectif.
Ce chapitre porte sur trois dimensions essentielles du temps de travail (voir définitions à l’Encadré 5.1), à savoir la durée de travail hebdomadaire, tant normale (hors heures supplémentaires) que maximale (heures supplémentaires incluses) ; les congés payés et les jours fériés ; et le télétravail ; ainsi que sur les résultats obtenus en la matière (par ex. heures effectivement travaillées, congés effectivement pris, ou fréquence réelle du télétravail). Toutes ont permis d’offrir de la flexibilité aux entreprises dans le contexte de la crise du COVID‑19.
La section 5.1 rend compte de la diversité de la réglementation du temps de travail dans les pays de l’OCDE, en examinant à la fois la gouvernance de la réglementation du temps de travail (c’est-à-dire la façon dont elle est déterminée, que ce soit par la voie législative ou par différentes formes de négociation collective ; les conditions de dérogation ; et la hiérarchie entre les différents types de réglementations légales et conventionnelles) et son contenu (comme le plafonnement de la durée hebdomadaire du travail ou le taux de majoration des heures supplémentaires). Il est particulièrement important de tenir compte de la réglementation fixée dans le cadre de la négociation collective, car le temps de travail est généralement l’un des domaines où les partenaires sociaux ont la possibilité d’ajuster les règles en fonction des besoins locaux, ce qui peut induire une forte variation des pratiques (OCDE, 2019[1]). Enfin, cette section passe en revue les modifications récemment apportées à la réglementation en réponse à la crise du COVID‑19.
Ce panorama exhaustif des cadres réglementaires du temps de travail constitue une première étape essentielle pour évaluer la relation entre la réglementation du temps de travail et le temps de travail dans la pratique. Ce dernier peut avoir à son tour des répercussions sur des indicateurs clés de la situation des travailleurs, comme le bien-être, la productivité et l’emploi. Ce chapitre se concentre sur la première relation, à savoir entre la réglementation et le temps de travail dans la pratique (voir Graphique 5.1)1. Alors que cette relation est souvent négligée ou tenue pour acquise dans les travaux publiés, on peut s’attendre à ce qu’elle varie sensiblement en fonction, par exemple, du degré d’hétérogénéité autorisé de la réglementation du temps de travail.
La section 5.2, qui s’inscrit dans une perspective à plus long terme, tente de déterminer si les jeunes générations travaillent moins que leurs parents, en décrivant l’évolution de la durée hebdomadaire habituelle du travail à temps plein2, au fil du temps et d’un pays à l’autre. Le temps étant par nature limité, les fluctuations du temps consacré au travail sont nécessairement corrélées aux fluctuations du temps consacré à des activités autres que le travail rémunéré. Pour mieux saisir le contexte de l’évolution du temps de travail, la section passe ensuite en revue les évolutions de l’emploi du temps, en faisant la distinction entre le temps consacré au travail rémunéré et celui consacré au travail non rémunéré, aux actes de la vie quotidienne et aux loisirs.
Enfin, dans la mesure où les tendances nationales en matière de temps de travail sont susceptibles de masquer l’évolution du temps de travail en fonction des groupes sociodémographiques, la section 5.3 s’appuie sur des données issues d’enquêtes sur la population active et l’emploi du temps pour évaluer les disparités entre les sexes, les niveaux d’instruction et les catégories de revenus, ainsi que leur évolution depuis les années 1970. Elle présente l’évolution du nombre moyen d’heures travaillées, du temps de travail très long et très réduit, ainsi que divers dispositifs d’organisation du temps de travail, détaillés par groupe. Enfin, elle examine l’inadéquation entre le nombre d’heures effectivement travaillées et le nombre d’heures que les travailleurs souhaiteraient idéalement consacrer au travail.
Encadré 5.1. Glossaire
Copier le lien de Encadré 5.1. GlossaireDispositifs de modulation du temps de travail : méthodes de calcul de la durée moyenne du travail, visant par ex. à dépasser les plafonds de la durée normale ou maximale du travail et/ou les plafonds d’heures supplémentaires au cours d’une semaine donnée en lissant le nombre moyen d’heures de travail sur une certaine période de référence.
Semaines de travail comprimées : dispositif permettant de réduire la semaine de travail normale à moins de cinq jours en augmentant la durée de travail quotidienne, ce qui permet de maintenir constant le nombre d’heures de travail hebdomadaires.
Dérogations : les dérogations examinées dans ce chapitre sont des dérogations in pejus, c’est-à-dire des dérogations à la loi et/ou à des règles de niveau supérieur établissant une norme inférieure – c’est-à-dire des dispositions moins favorables aux travailleurs. Par défaut, il est presque toujours possible de s’écarter in melius des règles de niveau supérieur, c’est-à-dire de s’entendre sur une règle plus favorable aux travailleurs. Des dérogations directement accordées par la loi existent également pour certains groupes, mais elles ne sont pas considérées comme une source de variation par rapport à la norme dans ce chapitre : en effet, ces dérogations légales ne font que fixer des règles différentes pour les différents groupes, mais ces règles sont contraignantes et les acteurs locaux ne peuvent pas y déroger.
Horaires de travail flexibles : organisation du temps de travail permettant aux travailleurs de choisir leurs horaires d’embauche et de débauche.
Durée maximale du travail : nombre maximum d’heures, heures supplémentaires incluses, pendant lequel les travailleurs sont légalement autorisés à travailler.
Durée conventionnelle du travail : durée du travail fixée par les conventions collectives.
Durée normale du travail : nombre d’heures de travail à l’issue duquel les conditions relatives aux heures supplémentaires s’appliquent (ou, en d’autres termes, durée du travail à l’exclusion des heures supplémentaires). Dans certains pays, ce nombre est fixé par la loi (durée normale légale), dans d’autres, il est fixé par les conventions collectives (durée normale conventionnelle).
Travail à la demande : types d’emplois dans lesquels la totalité ou la majorité des heures de travail sont imposées par l’employeur. Certains types de contrats à la demande ne garantissent aucune heure de travail (« contrats zéro heure ») et d’autres un faible nombre d’heures. Il ne faut pas confondre la notion de travail à la demande avec les « heures d’astreinte », qui désigne les périodes durant lesquelles le salarié doit se tenir à la disposition de son employeur, dans le cadre d’un contrat classique à temps plein ou à temps partiel.
Heures supplémentaires : heures travaillées en sus des heures normales et soumises à des conditions spécifiques, comme la possibilité pour les travailleurs de les refuser, ou la mise en place d’une compensation, sous la forme d’une majoration du taux de rémunération, ou de congés supplémentaires.
Congés payés : période (généralement exprimée en nombre de jours par an) pendant laquelle les travailleurs peuvent s’absenter de leur travail tout en continuant à percevoir une rémunération et à bénéficier d'une protection sociale, ce qui leur permet de se reposer et de se distraire. Les congés payés sont accordés en sus des jours fériés, des congés de maladie, du repos hebdomadaire, du congé de maternité, des congés au titre de l’ancienneté et du congé parental.
Jours fériés : jours non travaillés pour des raisons culturelles ou religieuses, pouvant être inscrits dans la législation nationale ou fédérale, négociés dans le cadre de conventions collectives, ou exister de facto en vertu de traditions culturelles non écrites.
Durée légale du travail : seuil légal à partir duquel des heures supplémentaires s’appliquent, conformément à la loi. Il ne s’agit ni d’un seuil minimal (car les travailleurs sont susceptibles de travailler à temps partiel) ni d’un plafond (car les travailleurs sont susceptibles d’effectuer des heures supplémentaires).
Télétravail : forme d’organisation et/ou d’exécution du travail, ayant recours aux technologies de l’information, dans le cadre d’un contrat/de relations de travail. Dans ce cadre, le travail habituellement exécuté dans les locaux de l’employeur est effectué en dehors de ces locaux de manière régulière ou occasionnelle.
Compte épargne temps : ce compte permet au travailleur d’épargner des « crédits » en effectuant des heures supplémentaires (rémunérées au taux normal), ou de prendre des congés anticipés, dus ensuite sous forme d’heures de travail (« débits »), dans une certaine limite. Les crédits peuvent être utilisés sous forme de congé à une date ultérieure, ou échangés contre une indemnité financière.
Durée (hebdomadaire) habituelle du travail : nombre d’heures travaillées individuellement par un salarié au cours d’une semaine normale, en l’absence d’événements extraordinaires (congés, jours fériés, grèves ou maladie) et d’heures supplémentaires exceptionnelles effectuées en sus des heures supplémentaires contractuelles, comme le prévoient certains contrats de travail.
Travail à horaires variables : contrats dont les horaires changent régulièrement et de manière imprévisible (par ex. travail posté à horaires variables et contrats à la demande).
5.1. Comment les pays de l’OCDE réglementent-ils le temps de travail ? Gros plan sur la durée du travail, les congés payés et le télétravail
Copier le lien de 5.1. Comment les pays de l’OCDE réglementent-ils le temps de travail ? Gros plan sur la durée du travail, les congés payés et le télétravailIl est essentiel de tenir compte du cadre réglementaire qui s’applique effectivement au temps de travail pour prédire le caractère contraignant des règles, et donc l’ampleur des différences auxquelles on peut s’attendre dans un contexte de gouvernance donné.Prenant appui sur le questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail (Encadré 5.2), cette section présente en détail la réglementation du temps de travail, des congés payés et des jours fériés, ainsi que du télétravail au début de l’année 20203. Elle fournit ensuite des informations synthétiques sur la gouvernance du temps de travail, ainsi que des informations sur le contenu des dispositions réglementaires (légales et conventionnelles)4, en les confrontant aux dernières données disponibles sur le temps de travail réel. Cela permet d’évaluer dans quelle mesure les différences de réglementation influent réellement sur les différences de temps de travail observées dans la pratique.
Encadré 5.2. Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail
Copier le lien de Encadré 5.2. Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travailLes descriptions des cadres réglementaires du temps de travail présentées dans ce chapitre s’appuient principalement sur les réponses aux questionnaires détaillés transmis en 2020 aux ministères du Travail, aux organisations patronales et aux syndicats des pays de l’OCDE. Ces réponses, examinées dans la section 5.1, se rapportent généralement à la situation antérieure à la crise du COVID‑19, à l’exception de la section consacrée spécifiquement aux ajustements récemment apportés à la réglementation en réponse à cette crise.
Les questionnaires ont permis de recueillir des informations sur les dispositions légales et conventionnelles applicables à un certain nombre de domaines de la réglementation du temps de travail. Concernant les informations relatives à la réglementation du temps de travail par la négociation collective, les questions portaient sur la clause la plus fréquente ou la clause moyenne s’appliquant à l’ensemble des travailleurs couverts par la négociation collective dans le pays.
Le questionnaire se compose de six volets principaux. Le premier volet porte sur l’organisation générale et la gouvernance de la réglementation du temps de travail (par ex. la hiérarchie entre les normes légales et les normes conventionnelles, et la mesure dans laquelle il est possible de s’écarter des normes fixées par la loi ou par les conventions collectives négociées à plus haut niveau). Le deuxième est consacré à la réglementation de la durée du travail (durée quotidienne et hebdomadaire du travail, et heures supplémentaires). Le troisième examine la réglementation des congés et des jours fériés. Le quatrième s’intéresse à la réglementation de l’organisation du temps de travail (par ex. les horaires atypiques et flexibles). Le cinquième recueille des informations sur l’existence de dispositifs de chômage partiel, et plus généralement de maintien dans l’emploi, et sur les ajustements qui y ont été apportés en réponse à la crise du COVID‑19 (ces informations sont exploitées dans le chapitre 3 du présent volume). Enfin, le sixième volet se concentre sur les réformes récentes de la réglementation du temps de travail.
Les questionnaires ont été pré‑remplis par le Secrétariat et vérifiés par les correspondants au sein des ministères du Travail et les partenaires sociaux par le biais de la Commission syndicale consultative et des réseaux Business@OECD. Les informations relatives au Canada figurant dans ce chapitre se rapportent à l’échelon fédéral1. Elles ont été complétées et recoupées avec les informations existantes issues de l’OCDE et d’autres sources accessibles au public (sites web gouvernementaux, autres organisations internationales et travaux de recherche pertinents).
1. Bien que le questionnaire ait également permis de recueillir des informations détaillées sur la réglementation à l’échelon provincial, il n’était pas possible d’inclure l’ensemble des règles existantes dans ce chapitre, étant donné l’ampleur des différences entre les réglementations provinciales. Par conséquent, la plupart des données relatives à la réglementation canadienne présentées dans ce chapitre se rapportent au Code canadien du travail ; ce dernier réglemente le secteur privé sous tutelle fédérale, soit environ 6 % de la main-d’œuvre canadienne. Les normes du travail applicables aux autres secteurs – comme l’industrie manufacturière, la construction, les industries de base et le commerce de gros et de détail – relèvent de la compétence exclusive des provinces et des territoires.
Graphique 5.1. Réglementation du temps de travail, résultats sur le marché du travail et bien-être des travailleurs
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5.1.1. Durée hebdomadaire du travail
Cadre réglementaire de la durée hebdomadaire du travail dans les pays de l’OCDE
Dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE, la durée hebdomadaire du travail – à savoir la durée normale (hors heures supplémentaires) et la durée maximale (heures supplémentaires incluses) – et les heures supplémentaires sont plafonnées, afin d’éviter un temps de travail excessivement long, qui peut être préjudiciable à la santé et au bien-être des travailleurs (Pega et al., 2021[2]), ainsi qu’à la productivité. Souvent, il existe des dérogations à ces règles (au sens d’un dépassement des plafonds fixés)5 et/ou des mécanismes de modulation du temps de travail permettant aux employeurs de dépasser les plafonds d’heures dans certaines circonstances particulières.
Il existe trois grands types de règles dans les pays de l’OCDE, qui sont souvent associées : i) des règles plafonnant la durée hebdomadaire du travail (tant normale que maximale)6 ; ii) des règles définissant les conditions de recours aux heures supplémentaires et leur durée ; et iii) des règles définissant les conditions de modulation – qui permettent par ex. de dépasser la durée (normale ou maximale) de travail et/ou le nombre maximal d’heures supplémentaires au cours d’une semaine donnée en lissant le nombre d’heures moyen sur une certaine période de référence. Ces règles peuvent être fixées par la loi, par des conventions collectives, ou relever de la négociation individuelle dans certains contextes.
Durée hebdomadaire normale du travail
Dans la majorité des pays de l’OCDE, le plafond légal de la durée hebdomadaire normale du travail est fixé à 40 heures par semaine, sur la base d’une semaine de travail de cinq jours et de journées de travail de huit heures. Les plafonds légaux sont plus élevés au Chili, en Colombie, en Israël, au Mexique et en Turquie, et plus bas en Belgique, en France7 et en Australie8. Dans d’autres pays, la durée hebdomadaire normale du travail n’est pas limitée : c’est le cas en Allemagne, au Danemark, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Suisse (voir Tableau d’annexe 5.A.1). Comme nous l’avons vu plus haut, des dérogations permettent d’outrepasser les plafonds légaux dans le cadre des négociations collectives aux niveaux des branches ou des entreprises9 : c’est le cas par exemple en Autriche, en Belgique, en Espagne, en Norvège, en Nouvelle-Zélande, en Slovénie et en Suède10. Dans certains cas – en Colombie par exemple – la durée hebdomadaire normale du travail peut être dépassée d’un commun accord entre le salarié et l’employeur.
Dans de nombreux cas, les employeurs peuvent également dépasser le plafond par défaut de la durée hebdomadaire normale du travail en en modulant le temps de travail sur une période de référence supérieure à une semaine, afin de déterminer où se situe la jonction entre les heures de travail normales et les heures supplémentaires (c’est-à-dire le moment auquel le taux de rémunération des heures supplémentaires commence à s’appliquer et, dans certains cas, le régime fiscal change). Plusieurs pays offrent cette possibilité, suivant des procédures et des modalités variables11 : la Belgique, la Grèce, la Japon, le Portugal et la Suède (dans le cadre d’une convention collective), et l’Australie, l’Autriche, la Colombie, la Finlande12, la Norvège et l’Espagne (sous réserve de l’accord des salariés). Enfin, au Canada, en Corée, en France, en Hongrie13, en Italie, en Lituanie, en Pologne et en Turquie, les employeurs peuvent décider unilatéralement d’appliquer ces mécanismes de modulation du temps de travail aux heures hebdomadaires normales. Les paramètres de modulation varient considérablement d’un pays de l’OCDE à l’autre : par exemple, en Australie, en Colombie, en Espagne, en France et en Lituanie, la loi définit une période maximale de modulation ; en Belgique, en Corée, en Finlande, en Grèce, en Italie, au Japon, en Pologne, au Royaume-Uni et en Turquie, les partenaires sociaux sont autorisés à dépasser cette période de référence maximale par défaut, dans la limite d’un plafond contraignant. Quelle que soit la manière dont elles sont fixées, les périodes de référence maximales utilisées pour moduler le temps de travail varient assez sensiblement : lorsqu’elles sont contraignantes et fixées par la loi, elles s’échelonnent de 3 semaines en Colombie à 52 semaines en Espagne, alors qu’elles s’échelonnent de 6 à 12 semaines en Norvège à 52 semaines en Belgique, où elles sont négociées collectivement (voir Tableau d’annexe 5.A.3).
Des facteurs autres que la réglementation du temps de travail sont susceptibles d’avoir un impact sur le temps de travail réel. Néanmoins, il est essentiel de comprendre précisément selon quelles modalités et dans quelle mesure les limites de la durée hebdomadaire normale du travail sont respectées ou sont susceptibles d’être dépassées ou contournées dans la pratique, afin de dépasser le cadre de la limitation légale « de jure » de la durée du travail, et d’évaluer l’ampleur des divergences attendues entre les règles légales et les résultats obtenus. La gouvernance du temps de travail dans chaque pays engendre des règles plus ou moins contraignantes ; plus les règles sont contraignantes, plus les résultats attendus sont uniformes, et plus la réglementation est censée jouer un rôle important dans la détermination du temps de travail. Les pays sont répartis ci-après dans six groupes ayant recours à différents modèles de gouvernance de la durée hebdomadaire normale du travail, en fonction du degré de contrainte des limites appliquées à la durée normale du travail – en tenant compte des dérogations possibles aux normes de niveau inférieur – et de la facilité avec laquelle il est possible d’instaurer des mécanismes de modulation de la durée normale du travail (pour une explication plus détaillée de la méthode de constitution des groupes, voir Tableau d’annexe 5.A.6) :
Au Chili, en Estonie, en Israël, en Lettonie, au Mexique et en République slovaque, les règles régissant la durée normale du travail sont uniformes, le plafond contraignant correspondant le plus souvent au plafond légal par défaut, sans possibilité d’y déroger ni de recourir à des mécanismes de modulation.
En Australie, en Belgique, en Finlande, en Grèce, au Portugal et au Japon, les règles régissant la durée normale du travail sont plutôt uniformes, et ne peuvent varier que dans une certaine mesure. Le plafond par défaut de la durée normale du travail (soit le plafond légal par défaut, soit celui négocié collectivement à l’échelon national) est contraignant, sans possibilité d’y déroger. Pourtant, il est possible de recourir dans une certaine mesure à des mécanismes de modulation par accord collectif (ou avec le consentement du salarié en Australie14 et en Finlande).
Le Canada, la Corée,15 la France, la Hongrie, l’Italie, la Lituanie, la Pologne, la République tchèque et la Turquie tolèrent une variation plus importante des règles relatives à la durée normale du travail. Le plafond (le plus souvent le plafond légal par défaut, sauf au Canada et en Italie, où il est négocié) est contraignant, sans possibilité de dérogation, mais les employeurs peuvent décider unilatéralement de recourir à des mécanismes de modulation du temps de travail. La réglementation de la durée normale du travail est donc susceptible d’être mixte, c’est-à-dire ni uniforme ni totalement hétérogène. La Slovénie et les États-Unis16 font également partie de ce groupe, car ils n’autorisent pas le recours aux mécanismes de modulation, mais permettent de dépasser le plafond par le biais de dérogations à des niveaux inférieurs de négociation (notamment d’accords individuels, par ex. aux États-Unis).
L’Autriche, la Colombie, l’Espagne, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et la Suède autorisent une variation importante des règles relatives à la durée normale du travail : le plafond par défaut (le plus souvent négocié à l’échelon national ou sectoriel) peut être dépassé par le biais de dérogations à des niveaux inférieurs de négociation17, et il existe une possibilité (limitée) de recourir à la modulation du temps de travail avec le consentement du salarié ou par accord collectif. La réglementation de la durée normale du travail est donc susceptible d’être plutôt hétérogène.
En Allemagne, au Danemark, aux Pays-Bas et en Suisse, les règles régissant la durée normale du travail sont totalement hétérogènes : il n’existe pas de plafond légal ou négocié au niveau central, et les limites sont principalement négociées au niveau de l’entreprise (sauf au Danemark et aux Pays-Bas, où elles sont principalement négociées au niveau des branches).
Enfin, au Royaume-Uni, la durée normale du travail n’est pas réglementée, est généralement fixée par contrat individuel, et n’est pas plafonnée. La durée hebdomadaire maximale du travail ou les heures supplémentaires ne font pas non plus l’objet d’un plafond légal ou négocié à l’échelon central (voir ci-dessous).
Durée hebdomadaire maximale du travail et heures supplémentaires
Les pays peuvent également plafonner la durée hebdomadaire maximale du travail (heures supplémentaires comprises) (voir Tableau d’annexe 5.A.2).18 C’est le cas d’une grande majorité de pays de l’OCDE, et notamment de la plupart des États membres de l’UE et de la Norvège, qui limitent la durée hebdomadaire maximale du travail à 48 heures en moyenne sur quatre mois, conformément à la directive européenne sur le temps de travail19. En sus des règles relatives à la durée maximale du travail, certains pays limitent le nombre d’heures supplémentaires pouvant être effectuées au cours d’une période donnée. Par exemple, en Belgique, les heures supplémentaires sont plafonnées à 143 heures au cours de la période de référence utilisée pour moduler le temps de travail20 ; au Chili, les heures supplémentaires sont limitées à 12 heures par semaine ; en Suisse, elles sont limitées à 2 heures par jour et à 170 heures par an21. Ces limites sont fixées à 45 heures supplémentaires par mois et 360 par an au Japon (voir Tableau d’annexe 5.A.2). En Australie22, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni23, les heures supplémentaires et la durée maximale du travail ne sont pas plafonnées.
À l’instar du plafond de la durée normale du travail, le plafond des heures supplémentaires et de la durée maximale du travail peut être contraignant (c’est le cas par exemple en Finlande, au Mexique, aux Pays-Bas et en Turquie), ou être dépassé24 par accord collectif (par ex. au Canada, en Espagne et en Norvège) ou accord individuel (par ex. en Hongrie ou en République tchèque) – voir Tableau d’annexe 5.A.7. Même lorsqu'il n’est pas possible d'y déroger, il est toujours possible de contourner le plafond des heures supplémentaires et/ou de la durée maximale du travail au moyen de mécanismes de modulation du temps de travail (dans certains cas, la modulation est possible si elle est assortie de dérogations). Si la modulation de la durée normale du travail est un moyen de retarder le déclenchement des heures supplémentaires au cours d’une semaine donnée, la modulation de la durée maximale du travail ou du nombre d’heures supplémentaires permet de contourner le plafond légal d’heures supplémentaires au cours d’une semaine donnée, à condition qu’elles soient compensées au cours de la période de référence. Comme pour la durée normale du travail, les procédures et les modalités varient d’un pays de l’OCDE à l’autre. En Autriche et au Danemark, le recours à la modulation du temps de travail nécessite une convention collective. En Allemagne, en Estonie, en Lettonie, en Norvège et au Portugal, il est possible de recourir à la modulation de la durée hebdomadaire maximale du travail (et du nombre maximal d’heures supplémentaires en République slovaque et en République tchèque) avec le consentement des salariés. En Hongrie25, aux Pays-Bas, en Slovénie ou en Suède, la durée hebdomadaire maximale du travail (et le nombre d’heures supplémentaires en Suisse) peuvent être fixés de manière unilatérale par les employeurs. La durée maximale de la période de modulation peut être contraignante ou être prolongée par accord dans la limite d’un certain plafond (par ex. en Hongrie ou aux Pays-Bas). Dans certains cas (comme en Autriche et au Danemark), la durée de la période de modulation est négociable et n’est soumise à aucun plafond contraignant (voir Tableau d’annexe 5.A.3). Dans la pratique, les périodes maximales de modulation de la durée maximale du travail ou du nombre d’heures supplémentaires varient d’un pays à l’autre (et souvent, d’un secteur à l’autre au sein d’un même pays), s’échelonnant par exemple de 6 à 12 semaines en Norvège (dispositions les plus fréquemment négociées), à 52 semaines en Estonie.
Une autre source de variation entre les pays est liée à la compensation des heures supplémentaires. La plupart des pays fixent un taux minimum de rémunération des heures supplémentaires qui peut être contraignant (ce qui signifie que les accords de niveau inférieur peuvent uniquement fixer un taux de rémunération plus élevé) – c’est le cas par ex. en Belgique26, aux États-Unis27, en Israël, en Italie, au Portugal ou en Slovénie (voir Tableau d’annexe 5.A.2). Dans le cas contraire, il peut être possible de convenir d’une rémunération plus faible aux niveaux inférieurs (c’est le cas par ex. en Allemagne, au Japon ou en Lettonie). La compensation des heures supplémentaires peut souvent prendre la forme d’un taux de rémunération majoré ou d’un congé compensatoire (ou combiner les deux). Ce taux de rémunération peut s’échelonner de 110 % en France et en Italie à 200 % en Lettonie et au Mexique, et s’établit à 150 % dans la plupart des pays. En Australie et en Suède, les taux minimums de rémunération sont fixés par des accords de branche et d’entreprise (et par les modern awards sectoriels en Australie), et ne concernent donc que les travailleurs relevant de ces conventions. En Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni, aucune disposition ne garantit un taux minimum de rémunération des heures supplémentaires supérieur au taux de salaire normal.
Si l’on suit la même méthode que celle exposée plus haut pour la durée normale du travail, la gouvernance des heures supplémentaires et de la durée hebdomadaire maximale du travail dans les pays de l’OCDE peut être décrite en fonction du degré de contrainte des plafonds appliqués aux heures supplémentaires et à la durée maximale du travail, et de la facilité avec laquelle il est possible d’instaurer des mécanismes de modulation du nombre d’heures supplémentaires ou de la durée maximale du travail. Sur la base de ces deux critères, les pays de l’OCDE peuvent de nouveau être répartis dans six groupes ayant recours à différents modèles de gouvernance des heures supplémentaires et de la durée hebdomadaire maximale du travail (voir en détail la méthode appliquée dans le Tableau d’annexe 5.A.7) :
Au Chili, en Grèce, en Israël, au Mexique, en Pologne et en Turquie, les règles régissant la durée hebdomadaire maximale du travail/les heures supplémentaires sont uniformes. Le plafond (qui correspond le plus souvent au plafond légal par défaut) est contraignant, sans possibilité d’y déroger, ni de le contourner par des mécanismes de modulation du temps de travail. Tous ces pays appliquent un taux minimal contraignant de rémunération des heures supplémentaires.
En Belgique, au Danemark, en Lettonie, en République slovaque et en République tchèque, les règles régissant la durée hebdomadaire maximale du travail/les heures supplémentaires sont susceptibles d’être plutôt uniformes. Le plafond (le plus souvent le plafond légal par défaut) est contraignant, mais il est possible dans une certaine mesure de recourir à des mécanismes de modulation du temps de travail, uniquement avec le consentement du salarié ou par accord collectif. Dans tous ces pays, à l’exception de la Lettonie et du Danemark, les heures supplémentaires font l’objet d’une rémunération minimale contraignante (il est possible de convenir d’un seuil de rémunération inférieur en Lettonie, alors qu’au Danemark, aucune rémunération minimale globale n’est en vigueur).
En Allemagne, en Colombie, en Corée, en Espagne, aux États-Unis, en Finlande, en France, en Italie, au Japon, en Lituanie, aux Pays-Bas et en Suisse, la réglementation régissant la durée maximale du travail/les heures supplémentaires est susceptible d’être mixte, c’est-à-dire ni uniforme ni hétérogène.
En Allemagne28, en Corée29, en Finlande, aux Pays-Bas et en Suisse, le plafond contraignant peut être contourné relativement facilement, puisque les employeurs peuvent décider unilatéralement de recourir à des mécanismes de modulation du temps de travail. La rémunération minimale des heures supplémentaires est contraignante en Corée et aux Pays-Bas, mais elle peut être abaissée par accord collectif en Allemagne, en Finlande et en Suisse.
En Colombie, en Espagne, aux États-Unis, en France, en Italie, au Japon et en Lituanie, il n’est pas possible de recourir à la modulation du temps de travail, mais le plafond de la durée hebdomadaire maximale du travail (légale ou négociée à l’échelon central) peut être dépassé par le biais de dérogations à des niveaux de négociation inférieurs (y compris par des accords individuels aux États-Unis). Il est obligatoire d’appliquer une rémunération minimale dans ces pays, sauf au Japon.
En Autriche, au Canada, en Estonie, en Norvège et au Portugal, les règles relatives au à la durée maximale du travail/aux heures supplémentaires sont vraisemblablement plutôt hétérogènes : les plafonds (légaux par défaut ou négociés collectivement à l’échelon national ou sectoriel) peuvent être dépassés par le biais de dérogations à des niveaux de négociation inférieurs, et il est possible de recourir (dans une certaine mesure) à la modulation du temps de travail avec le consentement du salarié dans la plupart des pays, ou par accord collectif en Autriche et au Canada30. Tous ces pays appliquent un taux minimal contraignant de rémunération des heures supplémentaires.
En Hongrie, en Slovénie et en Suède, les règles relatives à la durée maximale du travail/aux heures supplémentaires sont susceptibles d’être totalement hétérogènes : les plafonds en vigueur peuvent être dépassés par le biais de dérogations à des niveaux inférieurs de négociation, et les employeurs ont la possibilité unilatérale de recourir à des mécanismes de modulation du temps de travail. Alors que la rémunération minimale est obligatoire en Hongrie et en Slovénie, aucun taux minimum global de rémunération n’est en vigueur en Suède.
Enfin, en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni, la durée maximale du travail n’est pas réglementée : les heures supplémentaires/la durée hebdomadaire maximale du travail sont généralement fixées par contrat individuel, et non plafonnées31 ; aucune rémunération minimale globale des heures supplémentaires n’est en vigueur.
Modèles de gouvernance du temps du travail dans les pays de l’OCDE
Le Tableau 5.1 combine les deux classifications précédentes, afin de rendre compte de la gouvernance globale de la durée hebdomadaire du travail dans les pays de l’OCDE. On distingue six modèles de gouvernance du temps de travail, susceptibles d’engendrer des règles d’encadrement du temps de travail plus ou moins hétérogènes :
Pays disposant de règles uniformes relatives à la durée normale et maximale du travail : dans ce groupe, le plafond de la durée hebdomadaire du travail (normale et maximale) est fixé par la loi ou par des accords intersectoriels/sectoriels. Les plafonds sont contraignants (aucune dérogation n’est autorisée), et leur contournement par des mécanismes de modulation du temps de travail n’est possible qu’avec le consentement des salariés ou par accord collectif. La majorité des travailleurs de ce groupe de pays est soumise à des règles similaires, et les variations sont relativement légères32. La Belgique, le Chili, la Grèce, Israël, la Lettonie, le Mexique et la République slovaque entrent dans cette catégorie.
Pays autorisant une certaine variation des règles relatives à la durée normale et maximale du travail : le plafond de la durée hebdomadaire du travail (normale et maximale) est fixé par la loi ou par des accords intersectoriels/sectoriels. Toutefois, ces plafonds peuvent être soit dépassés par le biais de dérogations à des niveaux inférieurs de négociation, soit contournés au moyen de mécanismes de modulation du temps de travail instaurés de manière unilatérale par les employeurs. On peut s’attendre à une hétérogénéité plus forte dans ce groupe de pays que dans le précédent. La Corée, les États-Unis, la France, l’Italie et la Lituanie font partie de ce groupe.
Pays autorisant une variation plus importante des règles relatives à la durée normale et maximale du travail : soit la durée normale du travail n’est pas plafonnée, soit les plafonds peuvent être dépassés par le biais de dérogations (parfois associées à une modulation du temps de travail), ou être contournés par l’instauration unilatérale d’un mécanisme de modulation ; le plafond de la durée maximale du travail peut être dépassé par le biais de dérogations (parfois associées à une modulation du temps de travail) ou par l’instauration unilatérale d’un mécanisme de modulation. Dans ce groupe, l’Allemagne, la Colombie, l’Espagne, les Pays-Bas et la Suisse autorisent une variation limitée du plafond de la durée maximale du travail à l’échelon local, mais une variation plus importante de la durée normale ; le Canada, la Hongrie et la Slovénie autorisent une variation limitée du plafond de la durée normale du travail, mais une variation plus importante de la durée maximale ; enfin, l’Autriche, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et la Suède autorisent une variation importante de ces deux plafonds. Par conséquent, l’hétérogénéité pourrait être plus importante dans ce groupe que dans les deux précédents.
Pays disposant de règles uniformes relatives à la durée normale du travail, mais autorisant la variation des règles relatives à la durée maximale : dans ce groupe, la durée normale du travail est plafonnée par la loi ou par des accords intersectoriels/sectoriels ; ces plafonds sont contraignants (aucune dérogation n’est autorisée), et leur contournement par des mécanismes de modulation du temps de travail n’est possible qu’avec le consentement des salariés, ou dans le cadre d’une convention collective. En revanche, le plafond de la durée maximale du travail peut être contourné par le biais de mécanismes de modulation du temps de travail instaurés de manière unilatérale par les employeurs, et/ou dépassé au moyen de dérogations. La majorité des travailleurs est donc soumise à des règles similaires concernant la durée normale du travail, mais potentiellement à des règles différentes en ce qui concerne la durée maximale. L’Australie, la Finlande, le Japon et le Portugal entrent dans cette catégorie.
Pays disposant de règles uniformes relatives à la durée maximale du travail, mais autorisant la variation des règles relatives à la durée maximale : dans ce groupe, la durée normale du travail est plafonnée par la loi ou par des accords intersectoriels/sectoriels ; les plafonds sont contraignants (aucune dérogation n’est autorisée), et leur contournement par des mécanismes de modulation du temps de travail n’est possible qu’avec le consentement des salariés ou dans le cadre d’une convention collective. En revanche, le plafond de la durée normale du travail peut être contourné par le biais de mécanismes de modulation du temps de travail instaurés de manière unilatérale par les employeurs, et/ou par des dérogations. La majorité des travailleurs est donc soumise à des règles similaires en ce qui concerne la durée maximale du travail, mais potentiellement à des règles différentes en ce qui concerne la durée normale. Le Danemark, l’Estonie, la Pologne, la République tchèque et la Turquie font partie de ce groupe.
Pays dans lesquels la durée du travail est largement non réglementée : il n’existe pas de plafond contraignant de la durée normale ou maximale du travail ; le Royaume-Uni fait partie de ce groupe.
Cette classification ne rend pas compte de la complexité de la gouvernance du temps de travail. Elle se concentre nécessairement sur certains aspects (dans le cas présent, les règles régissant les plafonds de la durée normale et maximale du travail), au détriment d’autres33. En outre, la méthode de classification met l’accent sur une seule dimension (l’hétérogénéité ou l’uniformité des règles et des résultats attendus), alors que d’autres auraient pu être prises en compte. Plus généralement, en mettant l’accent sur la gouvernance du temps de travail, elle ne tient pas compte du contenu des règles elles-mêmes (bien que des informations à ce sujet figurent à l’Annexe 5.A), qui a évidemment une incidence sur les résultats, indépendamment de leur caractère uniforme ou hétérogène. Néanmoins, cette classification nuance l’estimation de la relation entre la réglementation du temps de travail et les résultats dans la pratique. En effet, elle donne à penser que les règles régissant le temps de travail dans certains pays sont des sources importantes d’hétérogénéité, ce qui devrait être pris en compte lors de l’évaluation de l’impact des réformes de la réglementation du temps de travail sur la situation des travailleurs (autrement dit, la « force » des réformes est susceptible de varier d’un pays à l’autre pays, en fonction du degré d’uniformité de leur réglementation du temps de travail).
Tableau 5.1. Gouvernance du temps de travail dans les pays de l’OCDE en 2020
Copier le lien de Tableau 5.1. Gouvernance du temps de travail dans les pays de l’OCDE en 2020
Réglementation de la durée normale du travail |
|||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Uniforme |
Plutôt uniforme |
Mixte |
Plutôt hétérogène |
Hétérogène |
Non réglementée |
||
Réglementation de la durée maximale du travail/des heures supplémentaires |
Uniforme |
Chili Israël Mexique |
Grèce |
Pologne Turquie |
Estonie |
||
Plutôt uniforme |
Lettonie Rép. slovaque |
Belgique |
Rép. tchèque |
Danemark |
|||
Mixte |
Finlande Japon |
France Italie Corée Lituanie États-Unis |
Colombie Espagne |
Allemagne Pays-Bas Suisse |
|||
Généralement hétérogène |
Portugal |
Canada |
Autriche Norvège |
||||
Hétérogène |
Hongrie Slovénie |
Suède |
|||||
Non réglementée |
Australie |
Nouvelle-Zélande |
Royaume-Uni |
Note : concernant les codes couleurs : les pays sont classés dans six régimes, comme suit :
Réglementation uniforme
Possibilité de variation de la durée normale du travail et réglementation uniforme de la durée maximale du travail/des heures supplémentaires
Réglementation uniforme de la durée normale du travail et possibilité de variation de la durée maximale du travail et des heures supplémentaires
Possibilité de variation limitée
Possibilité de variation importante
Non réglementéeSource : Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail, 2020.
Réglementation du temps de travail et durée du travail
La durée habituelle médiane du travail dans l’emploi principal est un bon indicateur de la durée du travail d’un salarié typique à temps plein au cours d’une semaine donnée. La durée habituelle du travail se rapporte au nombre d’heures effectivement travaillées en moyenne par les salariés à temps plein au cours d’une semaine « normale » (hors événements particuliers comme des congés, des jours fériés, des grèves ou une maladie, qui peuvent avoir une incidence sur la durée du travail au cours d’une semaine donnée – voire l’Encadré 5.3 pour plus de détails)34. En 2019 dans l’OCDE35, un salarié médian à temps plein travaillait habituellement 40.5 heures par semaine en moyenne36. Dans les différents pays, la durée habituelle médiane du travail s’échelonnait en 2019 de 37 heures par semaine au Danemark à 48 heures au Mexique et en Colombie – voir Graphique d’annexe 5.A.1.
Les résultats observés reflètent, dans une certaine mesure du moins, le contenu des règles relatives à la durée hebdomadaire du travail. Les plafonds légaux très élevés de la durée hebdomadaire normale du travail au Chili, en Colombie, en Israël, au Mexique et en Turquie vont de pair avec une valeur médiane élevée de cette durée hebdomadaire normale. Dans les pays où la durée hebdomadaire normale du travail est soumise à des plafonds négociés localement (comme l’Allemagne, le Danemark ou les Pays-Bas), la valeur médiane de la durée hebdomadaire normale du travail n’est pas particulièrement élevée par rapport à la moyenne de l’OCDE – ce qui concorde avec le fait que les plafonds conventionnels37 soient systématiquement inférieurs ou égaux aux plafonds légaux38 dans les pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles (voir Graphique d’annexe 5.A.1).
Il est important de noter que dans la plupart des pays pour lesquels des données sont disponibles, la durée hebdomadaire habituelle médiane du travail reste égale ou inférieure au plafond légal de la durée normale39 (Graphique 5.2) ; en d’autres termes, le plafond légal semblent restreindre la durée du travail dans la pratique. En revanche, dans la plupart des pays, la durée hebdomadaire habituelle du travail observée est supérieure au plafond conventionnel de la durée du travail indiqué dans le graphique, ce qui met en évidence le recours à des dérogations sectorielles – en effet, les données relatives aux plafonds conventionnels présentées dans ce chapitre sont souvent tirées des informations disponibles concernant des secteurs spécifiques.
Encadré 5.3. Définition et mesure du temps de travail
Copier le lien de Encadré 5.3. Définition et mesure du temps de travailL’expression temps de travail se rapporte à plusieurs concepts. Elle peut qualifier une règle : le nombre d’heures de travail pour lequel un travailleur est employé (heures contractuelles), ou le nombre d’heures pour lequel il peut être employé légalement sur la base de la réglementation dont il relève (heures de travail légales, heures de travail conventionnelles). Elle peut également se rapporter au nombre d’heures effectivement travaillées par ce salarié : dans ce cas, une distinction est également faite entre le nombre de d’heures effectivement travaillées et le nombre d’heures habituellement travaillées.
Les heures effectivement travaillées, telles que définies dans la résolution de l’OIT de 1962 concernant les statistiques des heures de travail, se rapportent à l’ensemble des heures réellement passées à travailler. Elles incluent les heures supplémentaires et excluent les absences (Organisation internationale du Travail, 1962[3]). Bien que cela ne soit pas explicitement indiqué dans la résolution, les heures effectivement travaillées incluent généralement les heures de travail rémunérées et non rémunérées. La durée habituelle du travail correspond au nombre d’heures qu’un salarié passe habituellement à travailler au cours d’une période déterminée (par ex. un jour, une semaine ou un mois), en l’absence d’événements extraordinaires (comme des congés, des jours fériés, des grèves ou une maladie), et d’heures supplémentaires exceptionnelles effectuées en sus des heures supplémentaires normales éventuellement prévues dans son contrat.
On recense deux principales sources de collecte des données relatives aux heures effectivement travaillées (heures réelles et heures habituelles) : les enquêtes auprès des ménages, comme les enquêtes sur la population active – qui peuvent être complétées par des enquêtes sur l’emploi du temps, ces dernières étant plus irrégulières et portant sur des échantillons plus restreints – et les enquêtes auprès des établissements, comme l’enquête européenne sur la structure des salaires (ESS).
Le recours aux enquêtes auprès des ménages, et aux enquêtes sur la population active en particulier, présente certaines limites ; tout d’abord, si une collecte continue des données a récemment été mise en œuvre dans le cadre de l’enquête européenne sur les forces de travail (EFT-UE), la plupart des autres pays de l’OCDE collectent ces données de manière discontinue (bien que régulière), comme une semaine par mois ou une semaine par trimestre. Cela peut avoir des répercussions sur l’exactitude des données relatives aux heures effectivement travaillées et aux heures non travaillées, puisque, ipso facto, les variations imprévues des heures travaillées et des heures non travaillées ne sont pas prises en compte – par exemple, les heures non travaillées en raison des jours fériés, du mauvais temps ou de la fermeture des écoles. Ensuite, les données des enquêtes sur la population active sont tributaires de la mémoire des répondants et de réponses par procuration, de sorte qu’il est possible que le nombre d’heures travaillées et non travaillées ne soit pas déclaré correctement en raison d’une mémoire défaillante ou d’un manque d’informations1. Enfin, les données de ces enquêtes ne couvrent que les salariés résidant dans le pays. Dans les pays comptant de nombreux travailleurs transfrontaliers, comme la Belgique, le Luxembourg ou la Suisse, les données sur l’emploi issues de cette enquête risquent de ne pas correspondre aux salariés contribuant à la production nationale, ce qui a un impact sur les mesures du temps de travail.
Les données relatives à la durée du travail issues des enquêtes auprès des établissements sont généralement considérées plus fiables que les données fondées sur les souvenirs personnels, car elles s’appuient sur des informations salariales. Toutefois, les données issues des enquêtes auprès des établissements ne couvrent que les heures rémunérées, et non l’ensemble des heures effectivement travaillées. En outre, la collecte et la communication des données relatives aux heures rémunérées varient largement d’un pays de l’OCDE à l’autre, ce qui complique les comparaisons internationales. Dans certains pays, comme la Norvège, les congés de maladie ou de maternité sont indemnisés par le gouvernement ou les partenaires sociaux, et ne sont pas pris en compte dans les heures rémunérées dans les enquêtes auprès des établissements ; dans d’autres pays, comme les États-Unis, les congés de maladie rémunérés sont à la charge des employeurs, et sont donc comptabilisés comme des heures rémunérées dans ces enquêtes. Enfin, ces données risquent de ne pas être représentatives de l’ensemble des secteurs (historiquement, elles couvraient principalement le secteur manufacturier, bien qu’elles aient été récemment étendues au secteur des services).
Étant donné que les comparaisons internationales occupent une place essentielle dans ce chapitre, nous privilégions les données issues des enquêtes sur la population active pour mesurer les heures de travail habituelles et réelles.
1. Toutefois, les préoccupations relatives aux erreurs de déclaration dans les enquêtes sur l’emploi semblent être moins problématiques que prévu. L’avènement des enquêtes sur l’emploi du temps a donné lieu à des recherches qui comparent les heures travaillées déclarées à court terme, et celles déclarées à plus long terme dans le cadre des enquêtes auprès des ménages. Par exemple, les comparaisons de l’Enquête sur la population active et de l’Enquête sur l’emploi du temps menées au Canada en 1998 ont révélé que, dans l’ensemble, les deux enquêtes mettaient en évidence un nombre moyen d’heures travaillées similaire. Une étude fondée sur les données des États-Unis (Fleck, 2009[4]) a montré que les réponses à l’enquête sur l’emploi du temps reflétaient avec exactitude les heures effectivement travaillées lorsque les données étaient collectées pendant la période de référence ou peu de temps après, mais que les heures déclarées étaient inférieures de 5 % lorsque les données étaient collectées au cours des semaines suivantes. Les préoccupations habituelles demeurent quant aux réponses par personnes procuration.
Afin d’étudier les liens entre la gouvernance de la réglementation du temps de travail et la durée habituelle médiane du travail dans les pays de l’OCDE, le Graphique 5.2 compare les dispositions légales et conventionnelles relatives à la durée hebdomadaire normale du travail avec les données relatives à la durée habituelle médiane, pour chaque modèle de gouvernance figurant dans le Tableau 5.140. Le Graphique 5.2 ne met pas en évidence de relation particulière entre les modèles de gouvernance et le contenu des dispositions légales et conventionnelles, car les pays ne sont pas regroupés par type de gouvernance sur l’axe des ordonnées. Si l’on examine ce graphique, l’impact du degré d’uniformité ou d’hétérogénéité des règles sur les résultats réels n’apparaît pas clairement : les pays sont proches de la bissectrice dans les deux parties, quel que soit leur modèle de gouvernance. Conformément aux attentes, dans les pays où la réglementation de la durée normale du travail est uniforme, la durée habituelle du travail observée pour un salarié médian à temps plein est généralement conforme au plafond légal41 (voir Graphique d’annexe 5.A.1), ce qui est également le cas dans trois des quatre pays autorisant une variation limitée de la réglementation de la durée normale du travail42. L’écart entre la semaine habituelle médiane et les plafonds réglementaires est un peu plus important dans les pays où la durée hebdomadaire normale du travail peut varier davantage. Il est intéressant de noter que ces variations vont dans les deux sens : en Allemagne et aux Pays-Bas, la durée hebdomadaire habituelle médiane du travail est supérieure aux plafonds réglementaires, alors qu’en Norvège, elle est inférieure. Il convient toutefois de souligner qu’aucun d’écart n’est constaté entre le plafond légal et la durée habituelle médiane du travail dans près de 80 % des pays qui, en théorie, autorisent une variation plus importante. En outre, les données ne mettent pas en évidence de dispersion plus importante des travailleurs dans les pays autorisant une plus grande variation des règles relatives au temps de travail43. En fait, les écarts types les plus importants de la durée hebdomadaire habituelle du travail sont observés au Mexique44, où les règles relatives au temps de travail sont, en théorie, uniformes, et en Colombie, qui autorise une grande variation. En revanche, l’écart-type le plus faible est observé en Suisse, qui autorise également une grande variation. Les corrélations entre les modèles de gouvernance et les écarts types de la durée hebdomadaire habituelle du travail ne sont pas statistiquement significatives45.
Dans l’ensemble, le Graphique 5.2 donne à penser que lorsqu’il est possible de s’écarter (in pejus) des plafonds par défaut de la durée normale du travail, cette possibilité n’est pas souvent utilisée, alors que dans d’autres cas dans lesquels la réglementation est théoriquement uniforme, sans aucune possibilité de variation, cette réglementation n'est pas forcément pleinement mise en œuvre. En d’autres termes, la relation entre la réglementation de la durée du travail et les résultats en termes de temps de travail n’est pas simple, même lorsque l’on examine les différentes sources de réglementation et leur articulation. Cette constatation devrait éclairer les futures recherches sur la relation entre le temps de travail réel et la situation des travailleurs (la deuxième relation présentée dans le Graphique 5.1) ; elle confirme également que des facteurs autres que la réglementation (par ex. les taxes et les transferts, ou les effets cycliques) sont susceptibles de jouer un rôle dans la détermination du temps de travail réel.
S’agissant des heures supplémentaires, le Graphique 5.3 présente les plafonds légaux et conventionnels46 des heures supplémentaires hebdomadaires, ainsi que l’incidence et la durée médiane des heures supplémentaires par salarié à temps plein dans les pays de l’OCDE en 2019, pour chaque modèle de gouvernance du temps de travail. Les mesures des heures supplémentaires sont obscurcies par plusieurs problèmes qui doivent être pris en compte dès le départ et gardés à l’esprit lors de l’analyse des données du Graphique 5.3 (et du Graphique d’annexe 5.A.2). Généralement, les heures supplémentaires ne sont pas consignées avec précision (Green, 2017[5]), ce qui signifie que les limites inhérentes aux données de toute enquête (souvenirs erronés, approximations, etc.) sont probablement plus importantes. La mesure des heures supplémentaires non rémunérées risque d’être particulièrement fragmentaire. C’est pourquoi le Graphique 5.3 met l’accent sur les heures supplémentaires rémunérées – qui sont également plus susceptibles d’être directement liées à la réglementation du temps de travail que les heures supplémentaires non rémunérées (voir toutefois le Graphique 5.9, le Graphique d’annexe 5.A.2 et la brève analyse ci-dessous concernant les données relatives aux heures supplémentaires non rémunérées).
Graphique 5.2. Plafonds légaux et conventionnels de la durée hebdomadaire normale du travail et durée hebdomadaire habituelle médiane du travail des salariés à temps plein dans les pays de l’OCDE, 2019
Copier le lien de Graphique 5.2. Plafonds légaux et conventionnels de la durée hebdomadaire normale du travail et durée hebdomadaire habituelle médiane du travail des salariés à temps plein dans les pays de l’OCDE, 2019
Note : définitions de la durée habituelle du travail :
Canada : nombre d’heures normales rémunérées ou contractuelles, sans compter les éventuelles heures supplémentaires.
Chili : nombre d’heures hebdomadaires de travail dans l’emploi principal, que le salarié accepte d’effectuer ou qui sont inscrites dans le contrat de travail.
Colombie : nombre d’heures normalement travaillées dans l’emploi principal. Les heures normalement travaillées ne coïncident pas nécessairement avec les heures indiquées dans le contrat de travail.
Pays européens : valeur modale des heures effectivement travaillées chaque semaine sur une longue période de référence, à l’exclusion des semaines au cours desquelles des absences sont enregistrées (par ex. jours fériés, congés, grèves, etc.). Cette « longue période de référence » correspond au minimum aux quatre dernières semaines et au maximum aux trois derniers mois, sans compter les éventuelles absences. Lorsqu’il n’est pas possible de déterminer une période de référence aussi longue (parce que la durée du travail varie d’une semaine sur l’autre ou que la personne vient de commencer un nouvel emploi), la durée hebdomadaire habituelle du travail peut se rapporter i) au nombre contractuel d’heures de travail au cours de la semaine de référence, pour ceux qui sont titulaires d’un contrat de travail, auquel s’ajoutent les heures supplémentaires régulières si le travailleur est censé en effectuer ou ii) à la moyenne des heures effectivement travaillées au cours des quatre dernières semaines, à laquelle s’ajoutent les heures d’absence au cours des quatre dernières semaines.
Mexique : nombre d’heures réellement travaillées pendant la semaine de référence, que le salarié considère comme des heures habituellement travaillées dans son emploi principal (Question Q5b. Quels jours et combien d’heures avez-vous travaillé la semaine dernière ? et Question Q5c. Cela correspond-il à votre nombre habituel d’heures de travail ?). Ces heures comprennent le temps d’attente, la préparation du travail, l’entretien et le nettoyage des installations de l’unité opérationnelle.
États-Unis : horaires de travail normaux représentant 50 % du temps ou plus, ou horaires les plus fréquents au cours des quatre ou cinq derniers mois.
Pour de plus amples explications sur la classification des pays et la réglementation de la durée normale et maximale du travail, voir le Tableau 5.1 et les Tableau d’annexe 5.A.6 et 5.A.7. Voir le Graphique d’annexe 5.A.1 pour les résultats détaillés par pays. À noter que si l’ensemble des pays sont représentés dans le graphique, ils ne sont pas tous visibles, car nombre d’entre eux partagent les mêmes coordonnées (par ex. (40,40)).
Source : Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail, 2020 ; estimations de l’OCDE fondées sur l’Enquête sur la population active (EPA) pour le Canada, l’Encuesta Nacional de Empleo (ENE) pour Chili, la Gran Encuesta Integrada de hogares (GEIH) pour la Colombie, l’Enquête européenne sur les forces de travail (EFT-UE) pour les pays européens, l’Encuesta Nacional de Ocupación y Empleo (ENOE) pour le Mexique et la Current Population Survey (CPS) pour les États-Unis.
Graphique 5.3. Plafonds légaux et conventionnels des heures supplémentaires hebdomadaires et incidence des heures supplémentaires hebdomadaires rémunérées, salariés à temps plein, 2019
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Note : dans les parties A et B, l’axe des ordonnées se rapporte au nombre hebdomadaire médian d’heures supplémentaires rémunérées effectuées par les salariés à temps plein déclarant des heures supplémentaires rémunérées. En France, en Estonie, en Finlande, en Grèce, au Canada et en Belgique, le plafond hebdomadaire légal des heures supplémentaires correspond à la différence entre le plafond de la durée hebdomadaire normale et le plafond de la durée hebdomadaire maximale du travail. En Hongrie, en Italie, en Pologne et en Turquie, le plafond hebdomadaire légal des heures supplémentaires est calculé à partir du plafond annuel des heures supplémentaires. En Slovénie, au Portugal, en Suède et en Suisse, il est calculé à partir du plafond quotidien des heures supplémentaires. En Norvège et en Lettonie, les données relatives à l’incidence et à la durée médiane des heures supplémentaires datent de 2018. Au Chili, au Mexique et aux États-Unis, les données relatives à l’incidence et à la durée médiane des heures supplémentaires se rapportent aux heures supplémentaires en général (les données disponibles ne précisent pas si elles se rapportent aux heures supplémentaires rémunérées, aux heures supplémentaires non rémunérées ou aux deux). OCDE28 correspond à la moyenne non pondérée des 28 pays de l’OCDE figurant dans ce graphique (à l’exclusion de l’Australie, de la Corée, du Costa Rica, de l’Irlande, de l’Islande, d’Israël, du Japon, du Luxembourg, de la Nouvelle-Zélande et de la Turquie). Pour plus de détails et d’explications sur la classification des pays, voir le Tableau 5.1, les Tableau d’annexe 5.A.6 et 5.A.7 ; voir le Tableau d’annexe 5.A.2 pour plus de détails sur la réglementation de la durée maximale du travail et/ou des heures supplémentaires ; et voir le Graphique d’annexe 5.A.2 pour des résultats détaillés sur l’incidence et la durée médiane des heures supplémentaires rémunérées dans chaque pays.
Source : Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail, 2020 ; estimations de l’OCDE fondées sur l’Enquête sur la population active (EPA) pour le Canada, l’Encuesta Nacional de Empleo (ENE) pour Chili, la Gran Encuesta Integrada de hogares (GEIH) pour la Colombie, l’Enquête européenne sur les forces de travail (EFT-UE) pour les pays européens, l’Encuesta Nacional de Ocupación y Empleo (ENOE) pour le Mexique et la Current Population Survey (CPS) pour les États-Unis.
En moyenne, dans les pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles, 7.7 % des salariés à temps plein ont effectué des heures supplémentaires rémunérées en 2019. L’incidence des heures supplémentaires rémunérées s’échelonnait de 0.4 % des salariés à temps plein en Lettonie à 22 % en Autriche. En moyenne dans les pays de l’OCDE, parmi les salariés ayant déclaré des heures supplémentaires rémunérées, le nombre médian d’heures déclarées se montait 8.3 heures, soit environ un jour de travail supplémentaire par semaine. Toutefois, ce chiffre varie largement d'un pays à l’autre, s’échelonnant de 5.7 heures en Lettonie à 20 heures en Suisse. Parallèlement, 5.1 % en moyenne des salariés à temps plein ont effectué des heures supplémentaires non rémunérées en 2019, cette part s’échelonnant de 0.02 % en Lettonie à 25.4 % aux Pays-Bas. Le nombre médian d’heures supplémentaires non rémunérées déclarées se montait à 7.7 heures en moyenne d’un pays à l’autre, s’échelonnant de 5.9 heures par semaine en Lituanie à 11.3 heures en moyenne en Suisse (voir le Graphique 5.9 pour des données détaillées sur les heures supplémentaires rémunérées et non rémunérées).
Un premier examen succinct du Graphique 5.3 et du Graphique d’annexe 5.A.2 ne semble pas mettre en évidence de lien clair entre l’incidence et la durée médiane des heures supplémentaires rémunérées : certains pays enregistrent une incidence élevée, mais un faible nombre d’heures supplémentaires hebdomadaires rémunérées (par ex. Autriche, Finlande) ; d’autres enregistrent une faible incidence, mais une durée médiane élevée (Estonie, Grèce, République slovaque ou Royaume-Uni), tandis que d’autres encore enregistrent à la fois une incidence et une durée médiane élevées (par ex. République tchèque) (là encore, un même point peut représenter plusieurs pays dans le diagramme de dispersion – voir Graphique d’annexe 5.A.2 pour des données détaillées).
Lorsque des données relatives aux règles légales et aux dispositions conventionnelles sont disponibles, aucune tendance claire ne se dégage quant à la relation entre les dispositions légales et conventionnelles : en Italie et en Suède, les dispositions conventionnelles fixent généralement un plafond d’heures supplémentaires hebdomadaires inférieur à celui autorisé par la loi (bien que dans les deux cas, les partenaires sociaux puissent négocier un plafond plus élevé), tandis que l’inverse est vrai en Norvège (voir Graphique d’annexe 5.A.2).
Là encore, le Graphique 5.3 ne met pas en évidence de relation claire entre le degré autorisé de variation des règles et le degré de variation observé dans la pratique. Le nombre médian d’heures supplémentaires rémunérées effectuées par les salariés à temps plein est généralement inférieur aux limites fixées par la loi ou par les conventions collectives de niveau supérieur dans la plupart des pays47 autorisant une variation importante du plafond d’heures supplémentaires. En revanche, dans certains pays où le plafond hebdomadaire des heures supplémentaires est supposé être uniforme, et ne peut être contourné que dans une mesure très restreinte par le biais de mécanismes de modulation du temps de travail définis dans une convention collective, le nombre médian observé d’heures supplémentaires rémunérées est supérieur au plafond contraignant – ce qui met en évidence un manquement aux règles ou un défaut d’application du plafond contraignant (c’est le cas en République slovaque et en Pologne, voir Graphique d’annexe 5.A.2)48. Plus généralement, les corrélations entre les modèles de gouvernance et les écarts types du nombre médian d’heures supplémentaires rémunérées et non rémunérées ne sont pas statistiquement significatives.
Enfin, le Graphique 5.3 montre que les modalités de fixation des règles relatives aux heures supplémentaires ne sont qu’un des facteurs influençant les résultats dans la pratique. Il n’existe pas de lien étroit entre des modèles de gouvernance particuliers et les niveaux d’incidence ou la durée moyenne des heures supplémentaires rémunérées : on constate que des pays se situent en dessous et au-dessus de la moyenne de l’OCDE en termes d’incidence et de durée moyenne, indépendamment de leur modèle de gouvernance (voir Graphique 5.3 et Graphique d’annexe 5.A.2). Le Graphique 5.3 met également en évidence une variation importante de l’incidence et de la durée médiane des heures supplémentaires effectivement mesurées au sein des groupes de pays constitués plus haut sur la base de leurs similitudes en termes de gouvernance.
Ce dernier point n’est pas forcément surprenant puisque les modèles de gouvernance sont fondés sur des informations relatives aux plafonds d’heures supplémentaires : il est possible que la variation de l’incidence des heures supplémentaires soit plus directement liée à la variation des règles de rémunération minimale des heures supplémentaires détaillées dans le Tableau d’annexe 5.A.2. Comme le montre la partie C, l’incidence des heures supplémentaires rémunérées est supérieure à la moyenne au Royaume Uni et en Suède, où aucune rémunération minimale globale des heures supplémentaires n’est en vigueur ; la France, où une rémunération minimale contraignante est en vigueur, se classe en deuxième position en termes d’incidence, mais elle affiche la plus faible rémunération de l’OCDE (110 % du taux normal, comme en Italie). De même, c’est au Mexique que l'on observe la plus faible incidence des heures supplémentaires rémunérées. Ce pays enregistre la rémunération minimale contraignante la plus élevée de l’OCDE (200 % du salaire normal et 300 % après 9 heures). Toutefois, l’incidence la plus élevée est observée en Autriche, où une rémunération minimale contraignante équivalente à la moyenne de l’OCDE (150 % du salaire normal) est en vigueur ; et en Lettonie, où l’incidence est très proche de celle observée au Mexique, et où la rémunération minimale est supérieure à la moyenne (200 %), mais n’est pas contraignante. En d’autres termes, dans la meilleure des hypothèses, la variation de l’incidence semble être en partie liée à la variation des règles de rémunération minimale.
Au-delà du cadre réglementaire et de l’importance de la prime d’heures supplémentaires, de nombreux autres facteurs influencent le nombre d’heures supplémentaires effectuées. Ce nombre est susceptible d’être corrélé à la fois à la position des travailleurs dans la distribution des salaires et à la forme de cette distribution : d’une part, il peut être nécessaire pour les travailleurs à bas salaire d’effectuer des heures supplémentaires pour joindre les deux bouts ; Anxo et Karlsson (2019[6]) ont par exemple mis en évidence une corrélation positive entre l’incidence des emplois faiblement rémunérés et celle des heures supplémentaires rémunérées. D’autre part, les emplois les moins bien rémunérés ne donnent pas forcément la possibilité d’effectuer des heures supplémentaires rémunérées49, alors que c’est plus fréquemment le cas des emplois mieux rémunérés. Autre facteur possiblement pertinent : le traitement fiscal des heures supplémentaires – voir par ex. Cahuc et Carcillo (2014[7]). Enfin, les normes sociales et culturelles régissant les heures supplémentaires sont également susceptibles de jouer un rôle.
5.1.2. Congé annuel rémunéré et jours fériés
Cadre réglementaire des congés payés et des jours fériés dans les pays de l’OCDE
Dans la majorité des pays de l’OCDE, les salariés ont droit à un congé annuel rémunéré, c’est-à-dire à une période pendant laquelle ils peuvent s’absenter de leur travail tout en continuant à percevoir leur salaire et à bénéficier d’une protection sociale. Les travailleurs peuvent prendre un nombre déterminé de jours ou de semaines de congé. Les congés payés sont distincts des jours fériés, des congés de maladie, du repos hebdomadaire, du congé parental, etc. Les congés payés annuels, ainsi que les jours fériés, sont un facteur important pour le bien-être des travailleurs et la préservation du capital humain50, et ont une incidence déterminante sur la durée totale du temps de travail annuel. Les congés payés peuvent être réglementés à différents niveaux institutionnels, mais sont généralement encadrés par les législations nationales et internationales (comme la directive européenne sur le temps de travail (2003/88/CE)51, la convention 132 de l’OIT sur les congés payés)52 qui définissent des normes minimales légales pouvant être précisées dans les conventions collectives – au niveau national, sectoriel ou de l’entreprise – ou dans les contrats individuels (pour plus de détails sur les congés payés et les jours fériés légaux et conventionnels, voir Tableau d’annexe 5.A.4 et Tableau d’annexe 5.A.5). En règle générale, les règles relatives aux congés payés fixées par accord collectif sont plus généreuses que les droits légaux (les dérogations moins favorables ne sont pas autorisées).
La durée légale minimale des congés payés annuels varie d’un pays de l’OCDE à l’autre : alors qu’aucune obligation légale n’est en vigueur aux États-Unis53, les droits minimaux s’échelonnent de 6 jours au Mexique à 25 jours dans certains pays européens54. Dans de nombreux pays de l’OCDE, la législation fixe un seuil minimal de 20 jours. C’est le cas en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Suisse et dans la majorité des pays membres de l’UE, conformément à la directive européenne sur le temps de travail. En Autriche, au Danemark, en France, au Luxembourg et en Suède, le minimum légal se monte à 25 jours, tandis qu’au Portugal et en Espagne, il se monte à 22 jours (Graphique 5.4). Le nombre total de jours de congés payés peut toutefois dépendre d’un certain nombre de facteurs, comme la région, le type de contrat55, la profession, l’ancienneté, le secteur économique ou l’âge. Dans de nombreux pays de l’OCDE, il augmente avec la durée de service dans l’entreprise. Dans certains pays (par ex. la France, la République tchèque, la Suède), il est possible de prendre des congés payés avant la fin de la première année de service (voir Tableau d’annexe 5.A.4). Très souvent, ces modalités sont fixées par accord collectif à différents niveaux, ou dans les contrats individuels.
Les données relatives aux congés payés conventionnels sont fragmentaires, car les règles fixées par les conventions collectives sont souvent trop complexes pour permettre de procéder à une estimation générale, même approximative. Lorsqu’elles sont disponibles, ces données doivent donc être interprétées avec prudence étant donné la diversité des règles appliquées. Compte tenu de ces réserves, les données recueillies par le biais du questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail, complétées par les informations de Cabrita et Brandsma (2019[8]) sur la clause la plus fréquente relative aux congés payés parmi l’ensemble des salariés couverts par une convention collective, donnent à penser que les conventions collectives peuvent accorder un congé annuel nettement plus long que ce qui est prévu par la loi (généralement entre 2.5 et 10 jours supplémentaires56, voir Graphique 5.5). En Finlande, en Italie, en Lettonie, en République slovaque, en République tchèque, au Royaume-Uni et en Suisse, les conventions collectives accordent généralement jusqu’à 5 jours supplémentaires par an. Les données des Pays-Bas donnent à penser que les travailleurs couverts par une convention collective bénéficient généralement de 5.6 jours supplémentaires de congés payés par an. En Suède, les congés payés annuels conventionnels se montent en moyenne à 27.5 jours (soit 2.5 jours de plus que ce qui est prévu par la loi). C’est au Danemark et en Allemagne que les congés payés conventionnels sont les plus longs : 30 jours, soit bien plus que les 25 jours légaux. En Nouvelle-Zélande, 29 % des salariés couverts par une convention collective ont droit à un congé annuel supérieur au minimum légal (Blumenfeld, Ryall et Kiely, 2015[9])57. Comme nous l’avons vu plus haut, les conventions collectives peuvent accorder encore plus de congés payés dans certains secteurs58 ou régions59, parfois en fonction de l’ancienneté.
Outre l’octroi de congés payés supplémentaires, les conventions collectives accordent souvent aux salariés le droit de choisir le moment auquel ils prennent leurs congés (bien que l’employeur ait généralement le dernier mot) : c’est le cas par exemple en Allemagne, en Hongrie, en République tchèque ou en Suède, où un processus intensif de consultation, voire une négociation avec les salariés ou leurs représentants, est nécessaire sur cette question. En Corée et au Japon, un employeur ne peut refuser à ses salariés de choisir leurs jours de congé que si cela perturbe le fonctionnement normal de l’entreprise60. En règle générale, les congés payés annuels ne peuvent être échangés contre une indemnité financière.
Les jours fériés nationaux viennent s’ajouter aux congés payés. Ces jours fériés peuvent varier d’une année sur l’autre. Si tous les pays de l’OCDE comptent un certain nombre de jours fériés officiels (par ex. jusqu’à 18 jours en Colombie), les pays n’accordent pas tous des jours fériés légaux rémunérés (Graphique 5.4).
Dans la plupart des pays, les jours fériés sont fixés par la loi, et certains pays61, voire tous, les rémunèrent ; dans d’autres, la liste des jours fériés rémunérés est négociée collectivement à différents niveaux, ou établie dans les contrats individuels. Aux Pays-Bas ou en Suède, par exemple, les conventions collectives au niveau national ou sectoriel accordent généralement des jours fériés rémunérés. Aux États-Unis, au Japon et au Royaume-Uni, cette question relève des accords d’entreprise ou des contrats individuels. En outre, dans certains pays, des dérogations légales permettent aux employeurs d’obliger les salariés à travailler un jour férié (par ex. en Belgique, au Canada, en France, en Lituanie et en Nouvelle-Zélande, voir Tableau d’annexe 5.A.4), en contrepartie d’une indemnité financière ou d’un congé. Au Canada et en Nouvelle-Zélande, par exemple, les salariés qui travaillent un jour férié sont rémunérés à hauteur de 1.5 fois leur salaire normal ; en Nouvelle-Zélande, ils bénéficient d’un jour de congé supplémentaire.
Graphique 5.4. Congés payés annuels légaux et jours fériés dans les pays de l’OCDE
Copier le lien de Graphique 5.4. Congés payés annuels légaux et jours fériés dans les pays de l’OCDENombre de jours par an, 2020

Note : les chiffres relatifs aux congés payés se rapportent à un salarié travaillant 5 jours par semaine et ayant au moins un an d’ancienneté. Il n’existe pas de congé annuel minimum légal rémunéré aux États-Unis, car aucune loi fédérale permanente n’oblige les employeurs à accorder un congé annuel rémunéré aux salariés. Aucune donnée pour l’Islande. Voir Tableau d’annexe 5.A.4 et 5.A.5 pour de plus amples explications.
Source : Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail, 2020 et Cabrita et Brandsma, (2019[8]).
Réglementation des congés payés et congés effectivement pris
Le Graphique 5.5 compare les droits aux congés payés (tant légaux que conventionnels) et les congés effectivement pris par les salariés62. Cette comparaison fait apparaître plusieurs éléments. Tout d’abord, dans l’ensemble des pays, à l’exception du Danemark et du Japon, le nombre moyen de congés payés effectivement pris est supérieur au minimum légal, le cas échéant. Cet écart est particulièrement frappant en France, où le nombre moyen annuel de jours de congé rémunérés se montait à 35 en 2019, soit bien plus que le nombre légal de 25 jours, peut-être en raison de l’existence de congés payés conventionnels63 et du dispositif de réduction du temps de travail (RTT).64 En revanche, au Japon, le nombre moyen de congés payés pris est inférieur au nombre légal (et bien inférieur au nombre de congés effectivement pris dans d’autres pays). Aux États-Unis, bien que les congés payés ne fassent l’objet d’aucune obligation légale, 85 % des travailleurs civils bénéficient de congés personnels, de congés de maladie, de congés familiaux rémunérés ou de vacances. Les travailleurs relevant d’un régime consolidé (qui prévoit un nombre de jours prédéfini que les travailleurs peuvent utiliser à des fins multiples, y compris pour partir en vacances) ont droit à 14 jours de congés payés en moyenne au bout d’un an de service, alors que les travailleurs ne relevant pas d’un régime consolidé ont droit à 9 jours de congés payés en moyenne au bout d'un an de service65 (Bureau of Labour Statistics, US Department of Labor, 2019[10]).
Graphique 5.5. Droit aux congés payés annuels (légal et conventionnel), et congés payés effectivement pris
Copier le lien de Graphique 5.5. Droit aux congés payés annuels (légal et conventionnel), et congés payés effectivement prisNombre moyen de jours par an, 2020 ou dernière année disponible

Note : congés payés légaux : les données de la Hongrie se rapportent aux droits des travailleurs jusqu’à l’âge de 25 ans. Au-delà de cet âge, le nombre de congés annuels augmente d’un jour tous les 3 ans pour les travailleurs âgés entre 25 et 30 ans, et tous les 2 ans pour les travailleurs trentenaires et quadragénaires. Les données de la République slovaque se rapportent aux salariés âgés de moins de 33 ans. Au-delà de cet âge, le nombre de jours est porté à 25.
Congés payés conventionnels : en Hongrie, en Lituanie et en Pologne, le nombre de jours de congés payés conventionnels est identique au nombre de jours de congés légaux. On ne dispose d’aucune information sur le Japon en raison de l’extrême variabilité des régimes de congés au niveau des entreprises. Les données de la Suisse se rapportent au nombre de jours accordés aux salariés âgés de 20 à 40 ans dans les secteurs de la métallurgie, de la construction mécanique et de l’électronique (ce nombre passe à 27 et 30 jours pour les salariés âgés de 40 à 49 ans et de 50 ans et plus, respectivement). Aucune donnée disponible pour l’Espagne, la France et l’Irlande.
Congés payés effectivement pris : nombre annuel moyen de jours de repos effectifs rémunérés au titre des congés payés. Il se rapporte à l’ensemble des secteurs (à l’exception de l’agriculture et des activités des ménages privés) en Allemagne, en Espagne, en Estonie, en Hongrie, en Irlande, en Lettonie, en Lituanie, en Norvège, aux Pays-Bas, en Pologne, en République slovaque, en République tchèque, au Royaume-Uni, en Slovénie et en Suisse ; aux entreprises de plus de dix salariés au Danemark, en Finlande, en France et au Luxembourg ; et aux entreprises de dix salariés et plus, à l’exclusion des administrations publiques, en Autriche, en Belgique, en Grèce et au Portugal. Le chiffre du Japon se rapporte aux salariés réguliers des entreprises de 30 salariés ou plus du secteur privé non agricole. Les statistiques se rapportent à 2018 pour les pays européens, et à 2013 pour le Japon.
Pour de plus amples informations sur les congés payés légaux et conventionnels, voir les Tableau d’annexe 5.A.4 et 5.A.5.
Source : Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail, 2020, Eurofound (2019) et Eurostat, Enquête sur la structure des salaires (SES) 2018 pour les pays européens, et Enquête générale sur les conditions de travail 2013 pour le Japon.
Ensuite, dans les pays où l’on dispose d’informations sur les jours supplémentaires accordés dans le cadre des négociations collectives, on distingue deux grandes tendances : dans un premier groupe de pays (Finlande, Italie, Norvège, Pays-Bas, République tchèque, Royaume-Uni et Suède), le nombre moyen de congés effectivement pris est égal aux dispositions conventionnelles ou s’en approche. Dans un deuxième groupe (Allemagne, Belgique, Danemark, Estonie, Lettonie et Suisse), le nombre de congés effectivement pris est inférieur aux dispositions conventionnelles : dans le cas de l’Allemagne et du Danemark, l’écart entre les congés payés conventionnels (qui comptent parmi les plus généreux des pays de l’OCDE) et la moyenne des congés effectivement pris est particulièrement important. Ces tendances ne sont toutefois pas simples à interpréter, car elles ne tiennent pas compte de la part des travailleurs effectivement couverts par des conventions collectives.
5.1.3. Télétravail
Cadre réglementaire du télétravail dans les pays de l’OCDE
Bien que le télétravail (voir Encadré 5.4 pour une analyse des différentes définitions de ce concept) soit passé au premier plan pendant la crise du COVID‑19, certains pays de l’OCDE avaient commencé à le réglementer il y a bien longtemps. Par exemple, dans les pays de l’Union européenne, l’accord-cadre sur le télétravail signé en 2002 par les partenaires sociaux européens a conduit la plupart des pays signataires à réglementer strictement le travail en dehors des locaux de l’employeur par le biais de lois ou de conventions collectives centrales.
Depuis 2010, la question de l’accès au télétravail a fait l’objet de réformes dans plusieurs pays. Par exemple, au Royaume-Uni, la Flexible Working Regulations Act de 2014 a instauré le droit à un assouplissement des conditions de travail (ce qui inclut le recours au télétravail) pour tous les salariés comptant au moins six mois de service (à l’exclusion des travailleurs intérimaires). Seuls des motifs commerciaux peuvent justifier un refus de l’employeur. Une réforme similaire a été mise en œuvre en 2015 en Nouvelle-Zélande, lorsqu’un amendement à l’Employment Relations Act a permis à tous les salariés (et plus seulement, comme c’était le cas auparavant, à ceux ayant des responsabilités familiales) de demander un assouplissement des conditions de travail (ce qui inclut le recours au télétravail).
Depuis 2020, l’accès des travailleurs au télétravail est assorti de garanties légales différentes d’un pays de l’OCDE à l’autre. Dans certains cas, le droit au télétravail est inscrit dans la loi ; il peut être de plus ou moins grande portée (c’est-à-dire couvrir l’ensemble des salariés, comme en Espagne ou en Nouvelle-Zélande, ou seulement les femmes enceintes, les aidants ou les travailleurs souffrant de problèmes de santé particuliers, comme en Lituanie), être assorti d'un nombre plus ou moins élevé de conditions (c’est-à-dire être applicable sans réserve, comme aux Pays-Bas, au Portugal ou au Royaume-Uni, ou être limité à des motifs particuliers, par ex. l’équilibre vie professionnelle-vie privée, comme en Australie ou en Espagne), et surtout, être plus ou moins opposable, les employeurs ayant peu de possibilités de refuser d’accéder aux demandes des salariés dans certains pays, et n’ayant pas besoin de justifier leur refus dans d’autres, voir le Tableau 5.2. Lorsque le télétravail n’est pas inscrit dans la loi, la majorité des travailleurs peuvent être couverts par une convention collective leur accordant ce droit dans la pratique, que ce soit au niveau national, sectoriel ou de l’entreprise. En revanche, dans un troisième groupe de pays, même si la possibilité de télétravailler est inscrite dans la loi, les conditions d’accès au télétravail dépendent entièrement de la négociation des contrats individuels (ou d’accords au niveau de l’entreprise, qui couvrent seulement une minorité de travailleurs).
En plus d’accorder aux travailleurs un droit au télétravail, certains pays ont cherché à encourager son développement en mettant en place des incitations financières spécifiques pour les employeurs. En Pologne, un amendement de 2014 à la loi sur la promotion de l’emploi et les institutions du marché du travail a instauré des subventions à destination des employeurs créant des postes en télétravail pour les parents sans emploi d’un enfant âgé de moins de six ans, ou pour un aidant sans emploi qui a démissionné de son précédent poste pour s’occuper de son enfant ou d’une personne à charge.
Encadré 5.4. Définition et mesure du télétravail
Copier le lien de Encadré 5.4. Définition et mesure du télétravailDifférentes définitions du télétravail – et sources de données internationales connexes – sont disponibles pour les pays de l’OCDE. Selon la définition la plus précise (issue des enquêtes sur les conditions de travail), le télétravail correspond aux situations dans lesquelles les travailleurs ont recours aux technologies de l’information et de la communication (TIC) pour travailler dans un lieu autre que les locaux de l’employeur. Les sources de données fondées sur cette définition précise couvrent toutefois une période limitée. D’autres sources de données fondées sur une définition plus large du télétravail (qui ne permet peut-être pas de rendre compte aussi précisément du phénomène) permettent en revanche d’analyser l’évolution de l’incidence du télétravail dans les pays de l’OCDE. En raison des avantages et des limites des différentes sources de données, ce chapitre en utilise plusieurs, au cas par cas.
Les télétravailleurs en tant que « salariés travaillant habituellement ou occasionnellement à domicile » : Données de l’EFT-UE
Les enquêtes européennes sur les forces de travail, compilées et harmonisées par Eurostat, fournissent depuis 2000 des données annuelles sur le télétravail, défini comme « les salariés travaillant à domicile », pour les pays européens, la Norvège, l’Islande et la Suisse. Elles peuvent être combinées aux données de l’American Time Use Survey (ATUS) pour les années 2003 à 2019. La définition sous-jacente de l’EFT-UE conduit à une mesure quelque peu imprécise, puisqu’elle exclut les salariés travaillant à distance en dehors de leur domicile mais à partir d’un autre lieu qui n’a pas été mis à disposition par l’employeur ; elle pourrait également inclure les salariés travaillant à domicile sans recourir aux TIC. Toutefois, il s’agit de la seule source comparable permettant d’examiner l’évolution du télétravail dans ces pays au fil du temps (sur plus de 20 ans). Ce chapitre s’appuie sur l’EFT-UE pour comparer le recours au télétravail d’un pays à l’autre avant la crise du COVID, pour chaque type de gouvernance du télétravail (Graphique 5.6), et l’essor du télétravail pendant la crise du COVID‑19 (Graphique 5.7).
Les télétravailleurs en tant que « salariés ayant recours aux TIC en permanence ou la plupart du temps, travaillant dans au moins un autre lieu que les locaux de l’employeur plusieurs fois par mois » : Enquêtes sur les conditions de travail
Les enquêtes européenne, américaine et coréenne sur les conditions de travail contiennent toutes des données relatives au télétravail fondées sur une définition comparable et précise, à savoir les salariés ayant régulièrement recours aux TIC et travaillant plusieurs fois par mois dans au moins un autre lieu que les locaux de l’employeur. En outre, ces sources sont mieux adaptées à une analyse du télétravail par groupes sociodémographiques, car elles contiennent de nombreuses autres variables sociodémographiques. L’inconvénient de ces sources est qu’elles ne se rapportent qu’à une seule période (2015 pour les enquêtes européenne et américaine, 2017 pour l’enquête coréenne). Dans ce chapitre, ces sources sont utilisées pour comparer l’incidence du télétravail d’un groupe à l’autre (Graphique 5.15).
Les télétravailleurs en tant que « travailleurs exerçant depuis leur domicile et qui étaient habituellement salariés avant le début de la crise du COVID‑19 » : Données RePeAt
L’enquête Représentations, Perceptions et Attitudes à l’égard de la crise du COVID‑19 (RePeAt) a permis de recueillir des données sur les travailleurs exerçant une activité depuis leur domicile, sur leur lieu de travail habituel ou ayant complètement arrêté de travailler lors de l’entrée en vigueur des premiers confinements en mars et avril 2020. Elle porte sur 11 pays de l’OCDE (Allemagne, Australie, Autriche, Canada, États-Unis, France, Italie, Nouvelle-Zélande, Pologne, Royaume-Uni et Suède) – voir Foucault et Galasso (2020[11]) pour plus de détails. Il s’agit de la seule source comparable permettant de mesurer l’incidence du télétravail (bien qu’il soit vaguement défini) au cours des premiers mois de la pandémie. Elle tient également compte des caractéristiques des travailleurs et peut être utilisée à des fins d’analyse par groupes. Dans le présent chapitre, cette source est utilisée pour examiner l’essor du télétravail pendant la crise du COVID‑19 (Graphique 5.7), ainsi que le profil des travailleurs ayant télétravaillé pendant les premiers mois de la crise (Graphique 5.16).
Outre l’accès, la réglementation relative aux conditions de travail des télétravailleurs a également évolué dans de nombreux pays de l’OCDE au cours de la dernière décennie. Par exemple, la question de la prise en charge financière des équipements de télétravail fait l’objet de réglementations (de décisions de justice souvent) : en 2020 ((dans une affaire datant de 2019, c’est-à-dire antérieure à la crise du COVID), le Tribunal fédéral suisse a donné raison à un salarié qui demandait à son employeur d’indemniser ses dépenses liées au télétravail. Des décisions similaires ont été rendues, en Californie par exemple, où les employeurs ont été tenus de rembourser une part raisonnable des frais de téléphone et d’Internet de leurs salariés. Au Canada, le gouvernement a accordé aux personnes travaillant à leur domicile la possibilité de déduire leurs frais professionnels de leur revenu imposable.
En 2020, la portée de la réglementation des conditions de travail des télétravailleurs était plus ou moins vaste d’un pays à l’autre, depuis les règles relatives à la mise en place d’un dispositif de télétravail (qui doit par exemple être volontaire, réversible, etc.) aux dispositions antidiscriminatoires, en passant par les règles relatives aux responsabilités des employeurs en matière de sécurité et de santé au travail, aux horaires de travail et aux heures supplémentaires, à la confidentialité des données et à la cybersécurité, ainsi qu’au coût des équipements et de la maintenance. Ces cadres juridiques sont parfois mis en place par le biais de lois spécifiques, ou inclus dans la législation générale du travail (comme en Australie, au Chili, en Espagne, en Grèce, en Lituanie, au Portugal et en Turquie, ainsi qu’en Belgique et en Italie en ce qui concerne le télétravail occasionnel) ou dans des conventions collectives nationales ou sectorielles (comme en Autriche, au Danemark, en Estonie, en France, en Grèce, et en Belgique et en Italie en ce qui concerne le télétravail régulier). Certains pays ne sont dotés d’aucune loi ou disposition spécifique, ni de conventions collectives, mais les dispositions habituelles de protection du travail s’appliquent aux télétravailleurs, sans distinction (c’est le cas par ex. en Allemagne, aux États-Unis, en Finlande, en Lettonie, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Slovénie et en Suède).
Si l’on examine la réglementation en tenant compte de ces deux aspects majeurs, à savoir l’accès au télétravail et les conditions de travail des télétravailleurs, on peut recenser quatre modèles de gouvernance du télétravail dans les pays de l’OCDE en 202066, qui sont résumés dans le Tableau 5.2 ci-dessous :
En Australie, en Autriche, en Italie (dans le cas du télétravail occasionnel, ou « lavoro agile»)67, en Lituanie, aux Pays-Bas, au Portugal, en Espagne68, en Suède et au Royaume-Uni, il existe un droit opposable au télétravail – accordé par la loi ou par les conventions collectives, qui couvrent une grande partie de la population active en Autriche et en Suède – pour au moins certaines catégories de travailleurs. Les conditions de travail des télétravailleurs sont définies par un cadre juridique général69.
Au Canada70, au Danemark, en Norvège et en Nouvelle-Zélande, il existe un droit opposable au télétravail (négocié au niveau central en Norvège, et légal au Canada et en Nouvelle-Zélande). Toutefois, les règles relatives aux conditions de travail relèvent de négociations de niveau inférieur, et il n’existe pas de législation contraignante ou d’accord de niveau supérieur sur la question (bien que l’on puisse éventuellement trouver des lignes directrices non contraignantes).
En Italie (dans le cas du télétravail régulier), en Belgique71, ainsi qu’en Allemagne, au Chili, en Estonie, aux États-Unis, en Finlande, en France, en Grèce, au Japon, en Lettonie, en Pologne, en Slovénie et en Turquie, il n’existe aucun droit au télétravail, ou alors des droits non opposables (les motifs de refus des employeurs ne faisant l’objet d’aucune restriction). Pourtant, les conditions de travail des télétravailleurs sont définies dans des cadres juridiques globaux.
Enfin, en Corée, en Hongrie, en Israël, au Mexique, en République slovaque, en République tchèque et en Suisse, la question de l’accès au télétravail relève entièrement des contrats individuels ou des accords au niveau de l’entreprise, et les cadres juridiques régissant les conditions de travail des télétravailleurs sont soit très minimalistes, soit inexistants.
Tableau 5.2. Quatre types de gouvernance du télétravail dans les pays de l’OCDE
Copier le lien de Tableau 5.2. Quatre types de gouvernance du télétravail dans les pays de l’OCDE
Droit opposable et cadre juridique général |
Droit opposable et cadre juridique non général |
Droit inexistant ou non opposable, cadre juridique général |
Droit inexistant, cadre juridique partiel ou inexistant |
|||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Accès par NC |
Accès légal |
Accès par NC |
Accès légal |
|||||
Pour tous, sous conditions |
Pour certains |
Sans conditions |
||||||
Sous conditions |
Sans conditions |
Pour tous |
Pour certains |
|||||
Autriche Suède |
Espagne |
Australie |
Italie (TO) Lituanie Pays-Bas Portugal Royaume-Uni |
Danemark Norvège |
Nouvelle-Zélande |
Canada |
Belgique (TO)1 Belgique (TR) Chili1 Estonie Finlande France1 Allemagne Grèce Italie (TR) Japon Lettonie Pologne1 Slovénie Turquie États-Unis |
Rép. tchèque Hongrie Israël Corée Mexique2 Rép. slovaque2 Suisse2 |
Note : NC : négociation collective ; TO : télétravail occasionnel ; TR : télétravail régulier.
1. Il existe un droit légal formel et inconditionnel au télétravail, valable pour tous, au Chili, en France, en Pologne et en Belgique (pour le télétravail occasionnel). Toutefois, les motifs de refus des employeurs ne faisant l’objet d'aucune restriction, ce droit n’est pas opposable.
2. La pratique du télétravail n’est régie par aucun cadre au Mexique, en République slovaque et en Suisse (les autres pays de cette colonne sont dotés d’un cadre partiel). À noter que depuis le recueil de ces informations, le Mexique a adopté une nouvelle loi sur le télétravail qui instaure un cadre juridique, voir la section 5.1.4 ci-dessous.
Source : Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail, 2020.
Réglementation du télétravail et recours au télétravail avant la crise du COVID‑19
Malgré l’évolution de la réglementation évoquée plus haut, le recours au télétravail était plutôt limité dans les pays de l’OCDE avant la crise du COVID‑19. D’après les données de l’enquête européenne sur les conditions de travail, seuls 3 % des salariés de l’UE travaillaient régulièrement à leur domicile en 2015, 5 % de salariés « très mobiles » travaillaient régulièrement depuis plusieurs endroits (y compris leur domicile), et 10 % travaillent occasionnellement à leur domicile. Ces chiffres n’ont augmenté que modestement au fil des ans, passant de 7.4 % des salariés en moyenne dans les pays de l’Union européenne pour lesquels des données sont disponibles (voir Graphique 5.6) en 2000, à 13.5 % en 2019 (selon les données de l’EFT-UE).
Graphique 5.6. Recours au télétravail par type de gouvernance du télétravail avant la crise du COVID
Copier le lien de Graphique 5.6. Recours au télétravail par type de gouvernance du télétravail avant la crise du COVIDPourcentage de salariés (15‑64 ans) travaillant habituellement ou occasionnellement à domicile

Note : la moyenne (« Moy ») correspond à la moyenne non pondérée des 24 pays de l’OCDE représentés dans ce graphique. 2000 se rapporte à 2001 pour la Pologne, la République slovaque et la Suisse, à 2003 pour la Lettonie et à 2006 pour la Turquie. TR : télétravail régulier.
Source : calculs de l’OCDE fondés sur les résultats annuels de l’enquête européenne sur les forces de travail (EFT-UE) publiée par Eurostat (salariés travaillant à domicile, lfsa_ehomp).
Ces différences de recours au télétravail d’un pays de l’OCDE à l’autre pourraient être en partie imputables aux modèles de réglementation recensés ci-dessus – bien qu’il convienne de faire preuve de prudence avant de tirer des conclusions définitives. Comme le montre la partie A du Graphique 5.6, l’incidence du télétravail a augmenté depuis 2000 dans les pays où il existe un droit opposable au télétravail (sauf en Lituanie). Dans la plupart des pays ne disposant pas d’un droit opposable au télétravail ni d’un cadre juridique général, l’incidence du télétravail stagne sous la barre des 10 % depuis 2000. Enfin, en moyenne, l’incidence la plus élevée du télétravail – en hausse constante depuis 2000 – était enregistrée dans les pays où l’accès au télétravail est accordé par voie conventionnelle, alors qu’elle était inférieure à la moyenne (mais en hausse) dans les pays où l’accès est réglementé par la loi – à l’exception du Royaume-Uni et aux Pays-Bas ces dernières années. Cela n’est pas vraiment surprenant si l’on considère que dans la quasi-totalité les pays où le droit au télétravail est régi par la loi, ce droit ne s’applique pas à tous les travailleurs, mais seulement à des catégories spécifiques de travailleurs72. En revanche, le droit au télétravail, lorsqu’il est négocié collectivement, a souvent une plus grande portée.
Il convient toutefois de noter que ces moyennes masquent d’importantes variations au sein des groupes : dans le groupe de pays disposant d’un droit conventionnel au télétravail, la part de télétravailleurs ne s’élevait qu’à 7.4 % en Norvège, contre 33.6 % en Suède en 2019 ; et si 18.3 % des travailleurs français pratiquaient le télétravail en l’absence de tout droit opposable légal ou négocié, ce n’était le cas que de 2.5 % des travailleurs lettons dans la même situation. Ces variations au sein des groupes donnent à penser que la réglementation n’est qu’un des aspects influençant le recours au télétravail dans la pratique. Les limites techniques du télétravail (c’est-à-dire le fait que les emplois ne puissent pas tous être exercés à distance, certains impliquant un nombre important de tâches physiques, que toutes les entreprises ne soient pas dotées des infrastructures adéquates, et que certaines régions n’aient pas encore bénéficié du déploiement de connexions haut débit – voir par ex. OCDE (2020[12])) contribuent également à expliquer les variations d’un pays à l’autre et au sein d’un même pays, car la proportion d’emplois « télétravaillables » n’est pas la même partout73 – voir par ex. OCDE (2020[13] ; 2021[14] ; 2020[15]). Le développement du télétravail est également susceptible d’être motivé par la volonté d’éviter les déplacements domicile-travail, et peut donc varier selon les régions. Autre facteur susceptible d’avoir du poids, les différences de culture en matière de gestion d’un pays à l’autre. La crise du COVID‑19 a fait particulièrement ressortir l’importance de ce dernier point. En effet, le déploiement important et rapide du télétravail dans de nombreux pays en réponse à la crise sanitaire (voir section 5.1.4 et Encadré 5.5) montre qu’il est possible que des obstacles non techniques majeurs, comme des obstacles culturels et la crainte d’une stigmatisation, aient entravé ce développement avant la crise.
5.1.4. Ajustements récents dans le sillage de la crise du COVID‑19
Évolution de la réglementation du temps de travail
Si la baisse sans précédent du nombre d’heures travaillées en 2020 dans l’ensemble des pays de l’OCDE est largement imputable à un recours massif aux dispositifs de maintien dans l’emploi dans de nombreux pays, notamment sous la forme de réductions du temps de travail subventionnées par l’État (voir chapitres 1 et 2), les informations recueillies dans le questionnaire de l’OCDE montrent que la réglementation des plafonds de la durée du travail, de l’utilisation et de la durée des heures supplémentaires, ou des dispositifs de modulation du temps de travail a été quelque peu adaptée afin d’aider les entreprises à faire face à la crise du COVID‑19.
En France, par exemple, les ordonnances de mars 2020 ont temporairement autorisé les entreprises des secteurs stratégiques à porter la durée quotidienne maximale du travail de 10 à 12 heures74, la durée hebdomadaire maximale totale de 48 à 60 heures, et ont modifié les règles de modulation de la durée normale du travail de manière à la porter de 44 à 46 heures en moyenne sur 12 semaines consécutives. En Allemagne, l’ordonnance d’avril 2020 relative à la durée du travail a autorisé à porter la durée quotidienne du travail à 12 heures, tandis que la durée hebdomadaire peut être portée à plus de 60 heures dans certains cas exceptionnels. En Grèce, entre mars et août 2020, les employeurs dont les salariés avaient atteint les plafonds légaux d’heures supplémentaires pouvaient recourir aux heures supplémentaires sans l’aval du ministère du Travail et des Affaires sociales, dans la limite des plafonds quotidiens. En Israël, en mars 2020, le ministère du Travail a autorisé temporairement les salariés à travailler plus longtemps, jusqu’à 67 heures par semaine, sans dépasser 90 heures additionnelles par mois. Cette autorisation permettait également de travailler jusqu’à 14 heures par jour, heures supplémentaires comprises, jusqu’à 8 fois par mois. Au Portugal, les plafonds annuels d’heures supplémentaires ont été suspendus en mars 2020 pour les travailleurs des services publics essentiels, et les travailleurs des institutions caritatives privées, des associations à but non lucratif, des coopératives et d’autres entités de l’économie sociale exerçant des activités essentielles dans le domaine social et de la santé. En Norvège et en Suède75, les conventions collectives au niveau national ont accordé une plus grande marge de manœuvre aux acteurs locaux concernant le recours accru aux heures supplémentaires.
Évolution de la réglementation relative aux congés payés
Pour faire face aux enjeux de la crise du COVID‑19, les pays de l’OCDE ont mis en œuvre différentes mesures visant à ajuster la réglementation des congés payés, que ce soit par le biais d’ordonnances, de décrets, de réformes législatives ou de négociations collectives. Certaines visaient à lisser les congés payés éventuellement accumulés et à offrir davantage de souplesse aux employeurs, en leur permettant d’obliger leurs salariés à prendre des congés, ou de modifier les modalités de demande de congé (en fragmentant, par exemple, les congés payés des salariés en plusieurs blocs, en réduisant les délais de préavis, etc.) En Autriche, les employeurs ont été autorisés à imposer unilatéralement l’utilisation des jours de congé pendant la crise du COVID‑1976. Certains pays ont également autorisé les employeurs à suspendre ou à reporter les congés des salariés s’ils le jugent nécessaire dans des secteurs ou des professions spécifiques, comme les personnels de santé et les travailleurs sociaux, ou les éducateurs (c’était le cas en Finlande par ex.)77
Parallèlement, certains pays de l’OCDE ont également adapté leur réglementation afin de permettre aux salariés de reporter leurs congés payés à l’année suivante, d’échanger des jours de congé contre une indemnité financière, ou de prendre des congés supplémentaires à un taux de salaire inférieur au taux normal, voire sans solde, sous réserve de l’approbation de l’employeur (comme en Australie)78. En Espagne, un décret‑loi royal adopté en mars 2020 réglemente les congés payés récupérables des salariés qui ne fournissent pas de services essentiels, afin de réduire la mobilité de la population. Au Royaume-Uni, une loi temporaire a été instaurée en mai 2020 pour permettre aux salariés de reporter jusqu’à quatre semaines de congés payés sur les deux prochaines années, s’ils n’ont pas pu les prendre en raison de la pandémie.
Évolution de la réglementation du télétravail
Comme nous l’avons souligné plus haut, les enquêtes menées à la mi-avril 2020 ont mis en évidence une hausse massive de la part des salariés travaillant à domicile, qui est passée de 16 % avant la crise à 37 %79 en mars 2020 (Graphique 5.7). Cette hausse importante et rapide de l’incidence du télétravail a été observée dans la plupart des pays de l’OCDE, que les travailleurs y aient eu accès ou non avant la crise, et quelle que soit la manière dont cet accès leur a été accordé. Cet essor généralisé n’est pas surprenant puisque le recours massif au télétravail était obligatoire, dans la mesure du possible, dans de nombreux pays afin de tenter de contenir la propagation du COVID‑19 pendant la première vague de la pandémie.
De nombreux pays ont cherché à encourager le recours au télétravail en modifiant temporairement leur réglementation préexistante en la matière. La Pologne et la Colombie80 ont mis en place un nouveau régime de « télétravail exceptionnel », avec des règles simplifiées. Certains pays ont autorisé les employeurs à imposer unilatéralement le télétravail à leurs salariés (c’était le cas par ex. en Grèce, en Italie, en Hongrie, en Lituanie et en République slovaque). Dans d’autres cas (par ex. en Italie et en Grèce), les pays ont accordé un droit temporaire inconditionnel au télétravail à l’ensemble les salariés occupant des « emplois télétravaillables » (c’est-à-dire des emplois pouvant techniquement être exercés à domicile). L’Espagne a accordé un droit inconditionnel au télétravail aux étudiants et aux victimes de violences sexistes. D’autres pays, comme le Portugal et la Belgique, ont rendu obligatoire le recours au télétravail dans tous les emplois le permettant. Plusieurs pays ont simplifié les procédures de demande et de notification du télétravail (par ex. l’Italie, l’Australie et la Turquie).
Certains pays ont accordé un soutien financier aux entreprises instaurant le télétravail : le Japon et l’Allemagne ont remboursé une partie des coûts à la charge des entreprises, et la Belgique a autorisé les employeurs à accorder une indemnité exonérée d’impôt et de cotisations sociales à leurs salariés afin de couvrir les coûts liés au télétravail. L’Allemagne, la Belgique, la France, le Luxembourg et les Pays-Bas ont conclu des conventions fiscales afin de permettre aux travailleurs transfrontaliers travaillant à domicile de continuer à être imposés dans le pays où ils travaillent plutôt que dans leur pays de résidence. En Autriche, face à la hausse du nombre de télétravailleurs au cours de la pandémie, les accidents survenus dans le cadre du travail à domicile jusqu’à fin 2020 ont été considérés comme des accidents du travail et pris en charge par l’assurance accidents du travail.
Outre les mesures temporaires prises pendant la pandémie, l’expérimentation collective forcée du télétravail dans le cadre de la crise sanitaire a poussé certains pays à mettre en œuvre des changements plus permanents, soit en encourageant les partenaires sociaux à entamer des négociations sur la question, comme au Japon, soit en incitant les gouvernements à mettre en avant des propositions de réforme qui étaient à l’étude depuis un certain temps, comme au Chili ou en Allemagne, où des débats sont en cours autour d’une proposition de « loi sur le travail mobile », qui instaurerait, entre autres, un droit opposable au télétravail (les employeurs devraient motiver leur refus), et une assurance accidents du travail mobile. En janvier 2021, le Mexique a adopté une nouvelle réglementation sur le télétravail qui impose aux employeurs de préciser les conditions de télétravail dans les contrats écrits, établit leurs responsabilités en matière d’équipements et de coûts du télétravail (de l’électricité et d’Internet notamment), et protège la vie privée des salariés ainsi que leur droit à la déconnexion. En avril 2021, l’Autriche a également mis en œuvre un nouveau train de mesures relatives au travail à domicile (« homeoffice »)81, qui précise notamment les conditions d’accès au télétravail (par le biais d’accords individuels et collectifs), ainsi que les responsabilités des employeurs et des salariés en matière d’équipements et de santé et sécurité au travail. La réglementation des accidents du travail dans le contexte du COVID (qui établit la responsabilité de l’employeur en cas d’accident du travail survenant dans le cadre du télétravail) a été rendue permanente, mais est limitée au domicile du salarié (à l’exclusion des autres lieux de télétravail). Après consultation des partenaires sociaux, la Turquie a également instauré en mars 2021 une nouvelle réglementation sur le télétravail, qui clarifie le cadre juridique entourant sa pratique.
L’expérience collective du télétravail de masse a a attiré l’attention des législateurs et du grand public sur une question en particulier, à savoir la dégradation de l’équilibre vie professionnelle-vie privée et le brouillage des frontières entre le temps et les espaces de travail et de non-travail, du fait de l’immixtion du travail dans la sphère privée des travailleurs (OCDE, 2020[16] ; Mann et Holdsworth, 2003[17]). Même si des lois sur le « droit à la déconnexion » existaient déjà avant la pandémie (par ex. en France et au Chili)82, elles sont désormais débattues dans un nombre croissant de contextes. Par exemple, en janvier 2021, le Parlement européen a adopté un texte invitant la Commission européenne à élaborer une loi donnant le droit aux salariés de se déconnecter en dehors des heures de travail sans subir de répercussions négatives. En juin 2020, les partenaires sociaux européens ont adopté un accord-cadre sur le numérique précisant les « modalités de connexion et de déconnexion », et prévoyant une série de mesures préventives visant à garantir le droit des travailleurs à la déconnexion. La nouvelle législation mexicaine sur le télétravail évoque également le droit des salariés à la déconnexion.
Graphique 5.7. Essor du télétravail pendant la crise du COVID‑19 par type d’accès réglementaire
Copier le lien de Graphique 5.7. Essor du télétravail pendant la crise du COVID‑19 par type d’accès réglementairePourcentage de salariés âgés de 15 à 64 ans

Note les statistiques se rapportent à la part de salariés (âgés de 15 à 64 ans) qui travaillaient habituellement ou occasionnellement à domicile en 2019, et à la part des travailleurs qui exerçaient à domicile en mars/avril 2020 et étaient habituellement salariés avant le début de la crise du COVID‑19. La « moyenne » correspond à la moyenne non pondérée des huit pays de l’OCDE (cinq en 2020) figurant dans ce graphique. TR : télétravail régulier.
Source : calculs de l’OCDE fondés sur les résultats annuels de l’enquête européenne sur les forces de travail (EFT-UE) publiée par Eurostat (salariés travaillant à domicile, lfsa_ehomp) pour les pays européens en 2019 et 2020, les résultats de l’American Time Use Survey (ATUS) 2019 publiée par le Bureau of Labor Statistics (BLS) pour les États-Unis, et Foucault et Galasso (2020[11]), qui s’appuie sur l’enquête REPEAT (REpresentations, PErceptions and ATtitudes on the COVID‑19) pour tous les pays en mars/avril 2020.
Globalement, la pandémie a entraîné de nombreux changements réglementaires en matière de télétravail dans les pays de l’OCDE, ce qui pourrait contribuer à pérenniser la hausse de l’incidence de ce nouveau mode de travail, malgré le fléchissement de la crise. Cela est d’autant plus probable que la crise a certainement contribué à surmonter les obstacles liés à la réticence culturelle à l’égard du télétravail : selon une étude menée aux États-Unis, le télétravail est susceptible de se maintenir à l’avenir du fait qu’il est moins réprouvé qu’auparavant, et que l’expérience du travail à domicile a été plus positive que prévu, tant pour les employeurs que pour les travailleurs (entre autres facteurs). Ainsi, environ 22 % des jours ouvrés aux États-Unis pourraient être télétravaillés à l’avenir, contre 5 % avant la crise (Barrero, Bloom et Davis, 2020[18]).
5.2. Évolution du temps de travail et des loisirs dans les pays de l’OCDE
Copier le lien de 5.2. Évolution du temps de travail et des loisirs dans les pays de l’OCDEComme le montre la section 5.1, le temps de travail et l’organisation du travail, bien que partiellement influencés par les différences de contenu et de gouvernance de la réglementation, sont susceptibles d’évoluer en fonction d’autres facteurs, comme le taux d’activité83, les réformes de la fiscalité et de la protection sociale, les phases du cycle économique, ainsi que les tendances culturelles. Les évolutions comportementales, les compétences numériques ou les infrastructures informatiques sont susceptibles d’accroître l’incidence du télétravail, par exemple. L’évolution du temps du travail peut rendre compte d’un certain nombre d’effets cycliques et structurels : réorientations sectorielles et professionnelles, évolution technologique modifiant le temps alloué au travail non rémunéré, évolution de la productivité, du niveau des salaires, etc. mais aussi évolution des normes sociétales.
5.2.1. Les salariés travaillent-ils moins que leurs parents ?
L’idée que la hausse de la productivité, sous l’effet notamment du progrès technologique, irait de pair avec une diminution du temps de travail, est très ancienne et s’est vérifiée, en ce qui concerne le temps de travail effectif, pendant la majeure partie du 20e siècle : générations après générations, les actifs travaillaient généralement moins que leurs parents (Maddison, 1995[19]). Toutefois, un examen de la durée habituelle médiane du travail des salariés à temps plein au cours des 25 dernières années ne permet pas de confirmer cette tendance. Bien qu’une multitude de petites variations aient été observées d’un pays à l’autre – la durée habituelle moyenne du travail des salariés à temps plein ayant légèrement augmenté dans les années 2010 en Belgique, en Finlande, en Grèce, en Italie, et au Portugal, stagné aux États-Unis, et légèrement diminué dans d’autres pays (voir Graphique d’annexe 5.A.3), la durée hebdomadaire habituelle moyenne du travail des salariés à temps plein est restée en réalité globalement stable (40.3 heures en 2019 contre 40.6 heures en 199584) en moyenne dans l’OCDE, voir Graphique 5.8.
Graphique 5.8. Durée hebdomadaire habituelle moyenne du travail d’un salarié à temps plein dans les pays de l’OCDE, 1995‑2019
Copier le lien de Graphique 5.8. Durée hebdomadaire habituelle moyenne du travail d’un salarié à temps plein dans les pays de l’OCDE, 1995‑2019
Note : les données OCDE18 de 1995 et de 2005 se confondent dans le graphique. Aucune donnée relative à l’Autriche en 1995 en raison d’un nouveau classement des emplois à temps plein fondé sur l’auto-évaluation depuis 2004 (avant 2004, il était fondé sur le critère de la durée habituelle du travail, un seuil de 35 heures dans l’emploi principal étant appliqué) ; 2005 se rapporte à 2007 pour le Danemark en raison de la mise en place d’un nouveau système de pondération. Les résultats d’Israël ne sont pas entièrement comparables avant 2012 du fait que l’enquête trimestrielle sur la population active est devenue mensuelle, et que les définitions ont été modifiées, la « population active civile » ayant été remplacée par la « population active totale » (ce qui inclut les personnes effectuant un service militaire obligatoire ou permanent). OCDE18 correspond à la moyenne non pondérée des 18 pays de l’OCDE figurant dans ce graphique. Voir les séries chronologiques dans le Graphique d’annexe 5.A.3.
Source : estimations de l’OCDE fondées sur l’Enquête sur la population active (EPA) pour le Canada, l’Enquête européenne sur les forces de travail (EFT-UE) pour les pays européens, et la Current Population Survey (CPS) pour les États-Unis ; et la base de données de l’OCDE sur l’emploi, https://www.oecd.org/fr/emploi/emp/basededonneesdelocdesurlemploi.htm, pour Israël et la Nouvelle-Zélande.
Étant donné que les données sur la durée habituelle du travail n’incluent pas les heures supplémentaires85, le Graphique 5.9 présente l’évolution des heures supplémentaires rémunérées et non rémunérées effectuées par les salariés à temps plein au cours de la dernière décennie dans les pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles. L’incidence moyenne des heures supplémentaires rémunérées par salarié est restée relativement stable entre 2006 et 2019. En revanche, le nombre hebdomadaire d’heures supplémentaires rémunérées par travailleur les déclarant a diminué d’environ une heure entre 2006 et 2019. Quant à l’incidence des heures supplémentaires non rémunérées, elle a légèrement diminué en moyenne, passant de 6.2 % des salariés en 2006 à 5.1 % en 2019. Les personnes qui effectuaient des heures supplémentaires non rémunérées en 2019 ont également travaillé en moyenne près d’une heure de moins qu’en 2006 chaque semaine.
Graphique 5.9. Évolution des heures supplémentaires rémunérées et non rémunérées dans les pays de l’OCDE
Copier le lien de Graphique 5.9. Évolution des heures supplémentaires rémunérées et non rémunérées dans les pays de l’OCDEPourcentage de salariés à temps plein âgés de 15 à 64 ans et nombre d’heures supplémentaires effectuées par les salariés concernés, 2006 et 2019

Note : 2006 se rapporte à 2010 pour la Suisse, et 2019 se rapporte à 2018 pour la Norvège. OCDE24 correspond à la moyenne non pondérée des 24 pays de l’OCDE figurant dans ce graphique (à l’exclusion de l’Australie, du Chili, de la Colombie, de la Corée, du Costa Rica, des États-Unis, de l’Irlande, de l’Islande, d’Israël, du Japon, du Mexique, du Luxembourg, de la Nouvelle-Zélande et de la Turquie).
Source : calculs de l’OCDE fondés sur l’Enquête canadienne sur la population active (EPA) et l’Enquête européenne sur les forces de travail (EFT-UE).
Au-delà de l’évolution moyenne de l’incidence des heures supplémentaires rémunérées et non rémunérées, on observe certaines variations d'un pays à l’autre. Au Portugal, l’incidence des heures supplémentaires rémunérées et non rémunérées a sensiblement augmenté, s’établissant à 7.7 % en 2019, contre 3.9 % (4.9 % pour les heures supplémentaires non rémunérées) en 2006, alors qu’elle a diminué en Grèce au cours de la même période. En Slovénie, l’incidence des heures supplémentaires rémunérées a augmenté, passant de 8.9 % à 11.9 % – tandis que celle des heures supplémentaires non rémunérées a diminué, passant de 6.2 % à 3.3 %. L’incidence des heures supplémentaires rémunérées a sensiblement augmenté en Finlande, passant de 9.6 % à 16.4 %, et de manière encore plus frappante en France, passant de 4.3 % en 2006 à 19.1 % en 201986. C’est en Autriche que l’incidence des heures supplémentaires non rémunérées a le plus fortement diminué (s’établissant à 3.5 % des salariés à temps plein en 2019, contre 9.8 % en 2006), alors qu’elle a sensiblement augmenté au Danemark, de 2 à 6 % des salariés.
L’analyse des tendances en matière de durée hebdomadaire habituelle du travail et d’heures supplémentaires hebdomadaires met en évidence l’évolution de la semaine de travail habituelle d’un salarié moyen à temps plein dans l’OCDE au cours des dernières décennies. Cette mesure est instructive et simple à interpréter. Toutefois, elle ne peut pas être utilisée pour évaluer l’évolution de la durée globale du travail par salarié à temps plein au fil du temps, puisque cette dernière est également fonction du nombre de semaines travaillées (et du nombre de jours de congé pris), et pas seulement de la durée hebdomadaire habituelle du travail. Par ailleurs, aucune source ne permet de procéder à une comparaison fiable des jours de congé pris d'un pays à l’autre. En revanche, le Graphique 5.10 complète les graphiques précédents et aide à estimer l’évolution de la durée globale du travail d’un salarié à temps plein en présentant l’évolution du nombre moyen d’heures annuelles effectivement travaillées par salarié entre 1970 (lorsque cela est possible, voir partie A) et 2019, et en indiquant dans quelle mesure elle est imputable à l’évolution de la part des emplois à temps partiel et à temps plein, et à l’évolution de la durée du travail des salariés à temps plein et à temps partiel, respectivement.
Entre 1985 et 1995 (partie B), la diminution de la durée effective moyenne du travail dans les pays de l’OCDE était principalement imputable à la baisse de la part des salariés à temps plein dans l’emploi total (sauf au Danemark, où elle était due à la réduction de la durée du travail des salariés à temps plein). Entre 1995 et 2019 (partie A), et entre 2000 et 2019 (partie C), la diminution est principalement due à la réduction de la durée du travail des salariés à temps plein, et dans une moindre mesure, à la réduction de la part des salariés à temps plein dans l’emploi total. En d’autres termes, dans l’ensemble des pays pour lesquels des données sont disponibles, les heures effectivement travaillées par les salariés à temps plein ont davantage diminué depuis 1995 qu’entre 1985 et 1995.
Dans les pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles sur l’ensemble de la période 1970‑2019, le nombre annuel d’heures effectivement travaillées par salarié a diminué de 17.9 % (soit 0.4 % par an). Toutefois, cette diminution n’a pas été constante, mais a ralenti au fil du temps : les heures effectivement travaillées ont diminué de 0.8 % par an entre 1970 et 1985, de 0.2 % par an entre 1985 et 2000, et de 0.3 % par an entre 2000 et 2019. Dans les pays dont les données ne remontent pas plus loin qu’à 1995, la durée annuelle effective du travail a diminué en moyenne de 6 % (soit 0.3 % par an). Enfin, dans les pays dont les données ne remontent pas plus loin qu’aux années 2000, elle a diminué en moyenne d’un peu moins de 4 % (soit 0.2 % par an). Ces données mettent également en évidence une décélération de la réduction du temps de travail réel. Cela confirme les résultats précédents selon lesquels la réduction du temps de travail constatée de très longue date, depuis le 19e siècle dans la plupart des pays de l’OCDE, a considérablement ralenti – voire s’est quasiment interrompue, voir par ex. Evans, Lippoldt et Marianna (2001[20]), Bangham (2020[21]).
La diminution de 6 % des heures effectivement travaillées pendant la période 1995‑2019 (qui, comme on l’a vu plus haut, est principalement imputable à une diminution de la durée du travail des salariés à temps plein) n’est pas incompatible avec la stagnation de la durée hebdomadaire habituelle du travail observée pendant cette même période (Graphique 5.8.) et la baisse limitée des heures supplémentaires87 (Graphique 5.9) : ensemble, ces tendances donnent à penser que les variations de la durée effective du travail sont probablement dues à une réduction du nombre de semaines effectivement travaillées (plutôt que du nombre d’heures travaillées chaque semaine).
Graphique 5.10. Comprendre l’évolution de la durée effective du travail : les emplois à temps partiel sont-ils plus nombreux, ou le temps de travail à temps plein a-t-il diminué ?
Copier le lien de Graphique 5.10. Comprendre l’évolution de la durée effective du travail : les emplois à temps partiel sont-ils plus nombreux, ou le temps de travail à temps plein a-t-il diminué ?Évolution annuelle moyenne en pourcentage du nombre annuel moyen d’heures travaillées par salarié

Note : 1995‑2018 pour la Belgique, 1996‑2019 pour le Chili, la Norvège, la Slovénie et la Suisse dans la partie A. 1986‑95 pour la Nouvelle-Zélande et le Portugal et 1987‑95 pour l’Espagne dans la partie B. 2001‑18 pour l’Australie et 2001‑19 pour la Pologne et la République tchèque dans la partie C. Aucune donnée disponible pour la Colombie, la Corée et la Turquie.
Source : calculs fondés sur la base de données de l’OCDE sur l’emploi, https://www.oecd.org/fr/emploi/emp/basededonneesdelocdesurlemploi.htm.
5.2.2. Du temps pour quoi ? Emploi du temps dans les pays de l’OCDE
Pour mieux saisir le contexte de l’évolution du temps de travail, cette section passe en revue les évolutions de l’emploi du temps, en faisant la distinction entre le temps consacré au travail rémunéré, au travail non rémunéré, y compris aux activités de garde d’enfants, le temps consacré aux actes de la vie quotidienne et celui consacré aux loisirs, d’après les enquêtes sur l’emploi du temps88. Ces enquêtes consignent des informations sur la manière dont les individus répartissent leur temps entre les différentes activités quotidiennes, au moyen de journaux d’emploi du temps. Ces informations relatives aux activités quotidiennes sont ensuite réparties dans un ensemble de catégories descriptives, de sorte qu’une période de 24 heures (soit 1 440 minutes) peut être divisée en une séquence de plages de temps consacrées aux activités principales89.
Le Graphique 5.11 montre que le temps consacré aux loisirs a légèrement diminué en moyenne dans les pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles. Dans les années 2010, le temps de loisirs quotidien d’un travailleur à temps plein âgé de 15 à 64 ans a reculé de 15 minutes en moyenne (soit 1.5 heure par semaine) par rapport aux années 1970. Si le temps moyen consacré aux loisirs a augmenté entre les années 1970 et 1980, il a diminué au cours des décennies suivantes, à un rythme plus soutenu. Dans les années 2010, le temps moyen consacré aux loisirs a diminué dans 8 des 13 pays pour lesquels des données sont disponibles : par exemple, il a baissé de 14 % en Corée, de 11 % en Espagne, de 6 % aux Pays-Bas, de 5 % en Hongrie et de 1 % aux États-Unis. D’autres études ont mis en évidence des évolutions similaires en matière de temps de loisirs aux États-Unis, à savoir une hausse modeste du temps moyen consacré aux loisirs entre les années 1960 et les années 2000, suivie d’une baisse – voir par ex. Ramey et Francis (2009[22]).
Le Graphique 5.11 examine également la part de temps allouée à chacune des cinq catégories d’activités susmentionnées, sur une période de 24 heures, et l’évolution de ces différentes parts au cours des 50 dernières années. Sans surprise, dans tous les pays examinés, la majeure partie du temps est consacrée aux actes de la vie quotidienne (sommeil inclus) ; cette part a augmenté en moyenne au cours des deux dernières décennies (de 1.4 % dans les années 2000, et de 2.1 % dans les années 2010). La part de temps allouée aux actes de la vie quotidienne varie relativement peu d'un pays à l’autre, de 38 % au Mexique à 46 % en Corée dans les années 2010.
Après les actes de la vie quotidienne, le travail rémunéré est la deuxième activité à laquelle les individus consacrent le plus de temps, même si sa part a diminué en moyenne depuis les années 197090. Contrairement au temps alloué aux actes de la vie quotidienne, la part du temps total consacrée au travail rémunéré variait beaucoup plus entre les pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles, s’échelonnant de 20 % en Finlande à 32 % au Mexique dans les années 2010.
Les loisirs sont la troisième activité à laquelle les individus consacrent le plus de temps – environ 16.5 % du temps total étaient, en moyenne, consacrés aux loisirs dans les années 2000 et 2010. En gardant à l’esprit les réserves liées aux comparaisons entre pays, le temps moyen consacré aux loisirs dans les années 2010 s’échelonnait de 2 heures et demie par jour environ (soit environ 10 % du temps total) au Mexique, à 4 heures et 44 minutes (soit 20 % du temps total) en Finlande, parmi les 13 pays de l’OCDE pour lesquels des données relatives aux années 2010 sont disponibles (Graphique 5.11).
Enfin, la part de temps allouée au travail non rémunéré se montait à 11 % en moyenne dans les années 2010, et est restée plutôt stable au cours des dernières décennies ; toutefois, cette part varie beaucoup d’un pays à l’autre, s’échelonnant de 5.4 % en Corée à 15 % au Mexique dans les années 2010. Ces différences entre les pays sont probablement partiellement imputables aux caractéristiques démographiques et culturelles, d’autant que les activités de garde d’enfants sont incluses dans cette catégorie.
Si les grandes catégories se classent dans le même ordre dans tous les pays (les actes de la vie quotidienne prenant le plus de temps, et le travail non rémunéré le moins de temps), l’équilibre travail-loisirs entre les catégories varie quelque peu d’un pays à l’autre. Par exemple, dans les années 2010, les travailleurs mexicains consacraient plus de trois fois plus de temps au travail rémunéré qu’aux loisirs, alors que les travailleurs coréens en consacraient deux fois plus ; au Canada, en Italie, en Espagne, en Hongrie, en Turquie et aux États-Unis, les travailleurs consacraient entre 1.5 et 1.8 fois plus de temps au travail rémunéré qu’aux loisirs, tandis que ceux des Pays-Bas et du Royaume-Uni y consacraient 1.3 fois plus de temps, et ceux d’Allemagne, de Finlande et de Norvège consacraient à peu près le même temps aux deux activités.
Graphique 5.11. Évolution de l’emploi du temps dans les pays de l’OCDE
Copier le lien de Graphique 5.11. Évolution de l’emploi du temps dans les pays de l’OCDERépartition en pourcentage de l’emploi du temps quotidien, en moyenne

Note : les statistiques se rapportent à l’activité principale, définie comme l’activité que la personne interrogée a déclarée comme première activité principale, à l’exclusion de toute activité secondaire exercée simultanément. Afin de faciliter la comparaison dans le temps, le temps de transport (ainsi que le temps de trajet entre le domicile et le lieu de travail ou d’études) est traité à part. Par conséquent, les cinq grandes catégories d’activité présentées dans ce graphique diffèrent de celles actuellement utilisées dans la base de données de l’OCDE sur l’emploi du temps (voir : https://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=TIME_USE). Les données relatives à l’emploi du temps sont classées dans cinq grandes catégories : 1) le travail rémunéré, qui englobe les activités d’ordre professionnel, par ex. le temps consacré à un emploi rémunéré (à temps plein ou à temps partiel), aux études, et à la recherche d’emploi ; 2) le travail non rémunéré, qui englobe les activités domestiques (ménage, courses, etc.) et le temps consacré à s’occuper à des membres du foyer ou extérieurs au foyer ; 3) les activité personnelles et récupération, qui concernent toutes les activités de récupération, comme dormir, manger, se laver, se soigner, etc. 4) les loisirs, qui englobent un large éventail d’activités d’intérieur et d’extérieur, comme le sport, les divertissements, les rencontres avec des amis et la famille ; 5) le temps consacré à d’autres activités (transports compris), ce qui englobe toutes les activités n’entrant pas dans les autres catégories (y compris par ex. les activités religieuses, mais aussi le temps consacré à se déplacer et à effectuer les trajets domicile-travail). Toutefois, le temps de trajet dans le cadre d’activités d'ordre professionnelles rémunérées et les déplacements au titre des loisirs sont classés dans les catégories 1 (travail rémunéré ou études) et 4 (loisirs), respectivement. Pour corriger d’éventuels déséquilibres dans la répartition des week-ends et des jours de la semaine, une moyenne est d’abord établie pour chaque journée d’entretien, puis pour chaque semaine.
Les estimations du Mexique ne sont pas entièrement comparables, en raison de différences méthodologiques dans la conception des enquêtes, qui ne sont pas conformes aux directives standardisées. L’Allemagne des années 1990 se rapporte uniquement à l’Allemagne de l’Ouest. Les pays sont classés par ordre croissant du temps consacré aux loisirs par les travailleurs à temps plein (partie A) dans les années 2010 (années 2000 pour la France).
OCDE14 correspond à la moyenne non pondérée fondée sur un indice en chaîne des 14 pays de l’OCDE présentés dans la partie A, calculée sur la base des décennies pour lesquelles des données sont disponibles. On constate une évolution similaire lorsque l’on calcule des moyennes simples (non fondées sur un indice en chaîne), en restreignant l’échantillon aux sept pays dont les données couvrent chaque année de la période. Les statistiques des années 2000 sont fondées sur les 14 pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles ; les statistiques des années 2010 sont fondées sur l’évolution de la moyenne non pondérée entre les années 2000 et les années 2010 dans 13 pays de l’OCDE (à l’exception de la France, qui ne dispose d’aucune donnée relative aux années 2010) ; les statistiques des années 1990 sont fondées sur l’évolution de la moyenne non pondérée entre les années 1990 et les années 2000 dans 10 pays (à l’exception de l’Espagne, de la Hongrie, du Mexique et de la Turquie, qui ne disposent d’aucune donnée relative aux années 1990) ; et les statistiques des années 1980 et 1970 sont fondées sur l’évolution de la moyenne non pondérée entre les années 1980 et 1990 et entre les années 1970 et 1980 dans les huit pays de l’OCDE disposant de données relatives à ces périodes (à l’exception de l’Allemagne, de la Corée, de l’Espagne, de la Hongrie, du Mexique et de la Turquie). OCDE11 correspond à la moyenne non pondérée fondée sur un indice en chaîne des 11 pays de l’OCDE présentés dans la partie B, calculée sur la base des décennies disponibles, selon la même méthodologie que celle décrite ci-dessus pour OCDE14.
Source : estimations de l’OCDE fondées sur la Multinational Time Use Study (MTUS) et les enquêtes nationales sur l’emploi du temps.
Historiquement, les sociétés où la productivité horaire a augmenté ont souvent choisi de convertir les gains de production par travailleur (et les éventuelles hausses de salaire) en temps supplémentaire pour d’autres activités, d’où une évolution parallèle de la productivité horaire et du temps moyen consacré aux activités non professionnelles (Huberman et Minns, 2007[23]). Le Graphique 5.12 compare l’évolution du temps moyen consacré aux loisirs, de la productivité horaire, ainsi que du nombre moyen d’heures travaillées par salarié et du salaire horaire réel moyen, dans les pays de l’OCDE où cette comparaison est possible. Cela permet de faire la lumière sur le recul des loisirs mis en évidence dans le Graphique 5.11.
Le Graphique 5.12 met en évidence une tendance à la baisse des heures réelles par travailleur dans les 14 pays examinés (partie B). Toutefois, dans la plupart des pays (à l’exception de la Corée, des États-Unis et de l’Italie), cette diminution s’est essentiellement produite entre les années 1970 et 1980 ; à partir des années 1990, les heures ont diminué à un rythme beaucoup plus lent. En moyenne, dans les 11 pays pour lesquels des données couvrant les cinq dernières décennies sont disponibles, les heures effectivement travaillées ont diminué, mais à un rythme plus lent, de 0.9 % par an dans les années 1970 à 0.2 % dans les années 2010, ce qui concorde avec le ralentissement de la baisse de la durée effective du travail observé dans le Graphique 5.10.
Le Graphique 5.12 confirme que le temps moyen consacré aux loisirs a diminué au cours des cinq dernières décennies. En revanche, depuis les années 1970, la productivité horaire a augmenté – bien qu’à un rythme de plus en plus lent. Le taux de croissance annuel de la productivité horaire a ralenti, passant de 3.7 % dans les années 1970 à 2.4 % dans les années 1980, 2.1 % dans les années 1990, 1.2 % dans les années 2000 et 0.7 % dans les années 2010. Les taux de croissance annuels du salaire horaire moyen concordent globalement avec ceux de la productivité horaire – 4.1 % en moyenne dans les années 1970, 1.7 % dans les années 1980, 1.4 % dans les années 1990, 1.8 % dans les années 2000 et 0.8 % dans les années 2010. Cette évolution parallèle donne à penser qu’en moyenne, alors que l’évolution de la productivité s’est traduite par une évolution du salaire horaire, les améliorations de la productivité n’ont pas abouti à du temps de loisirs supplémentaire pour les salariés à temps plein91. Ce constat concorde avec les résultats d’études menées précédemment dans certains pays, qui ont mis en évidence un décalage entre l’évolution du temps consacré aux loisirs et au travail, d’une part, et l’évolution de la productivité horaire, d’autre part – voir par exemple Ramey et Francis (2009[22]) sur les États-Unis.
Graphique 5.12. Évolution du nombre moyen d’heures travaillées par salarié, des loisirs par salarié, du salaire horaire moyen et de la productivité horaire
Copier le lien de Graphique 5.12. Évolution du nombre moyen d’heures travaillées par salarié, des loisirs par salarié, du salaire horaire moyen et de la productivité horaire
Note : les statistiques relatives au temps consacré aux loisirs se rapportent à l’activité principale, définie comme l’activité que la personne interrogée a déclarée comme activité principale, à l’exclusion de toute activité secondaire exercée simultanément. Les loisirs englobent un large éventail d’activités d’intérieur et d’extérieur, comme le sport, les divertissements, les rencontres entre amis et en famille, à l’exclusion du temps de transport lié aux loisirs, sauf trajets de plaisance. Pour corriger d’éventuels déséquilibres dans la répartition des week-ends et des jours de la semaine, une moyenne est d’abord établie pour chaque journée d’enquête, puis pour chaque semaine.
Le nombre annuel d’heures travaillées par travalleur est défini comme le nombre total d’heures travaillées dans le pays, divisé par le nombre de travailleurs. Les gains horaires réels sont définis comme le montant total des salaires et traitements déflaté par l’indice des prix de la consommation finale et divisé par le nombre total d’heures travaillées. La productivité horaire est définie comme le PIB réel divisé par le nombre total d’heures travaillées.
OCDE14 correspond à la moyenne non pondérée fondée sur un indice en chaîne des 14 pays de l’OCDE présentés dans ce graphique, et calculée sur la base des décennies pour lesquelles des données relatives au temps consacré aux loisirs sont disponibles (partie A). On constate une évolution similaire lorsque l’on calcule des moyennes simples (non fondées sur un indice en chaîne), en restreignant l’échantillon aux sept pays dont les données couvrent l’ensemble de la période. Les statistiques des années 2000 sont fondées sur les 14 pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles ; les statistiques des années 2010 sont fondées sur l’évolution de la moyenne non pondérée entre les années 2000 et les années 2010 dans 13 pays de l’OCDE (à l’exception de la France, qui ne dispose d’aucune donnée relative aux années 2010) ; les statistiques des années 1990 sont fondées sur l’évolution de la moyenne non pondérée entre les années 1990 et les années 2000 dans 10 pays (à l’exception de l’Espagne, de la Hongrie, du Mexique et de la Turquie, qui ne disposent d’aucune donnée relative aux années 1990) ; et les statistiques des années 1980 et 1970 sont fondées sur l’évolution de la moyenne non pondérée entre les années 1980 et 1990 et entre les années 1970 et 1980 dans les huit pays de l’OCDE disposant de données relatives à ces périodes (à l’exception de l’Allemagne, de la Corée, de l’Espagne, de la Hongrie, du Mexique et de la Turquie). Les pays sont classés par ordre croissant du temps consacré aux loisirs par les travailleurs à temps plein (partie A) dans les années 2010 (années 2000 pour la France).
Source : calculs de l’OCDE fondés sur les enquêtes nationales sur l’emploi du temps, OCDE (2021), « GDP per capita and productivity growth », Statistiques de l'OCDE sur la productivité (base de données), https://doi.org/10.1787/pdtvy-data-fr et OCDE (2021), « Aggregate National Accounts, SNA 2008 (ou SNA 1993): Gross domestic product », Statistiques de l'OCDE sur les comptes nationaux (base de données), https://doi.org/10.1787/na-data-fr.
Ce constat est parfois confronté avec la prédiction formulée par Keynes en 1930, selon laquelle la productivité serait multipliée par quatre à huit entre 1930 et 2030, et que cette hausse de la productivité se traduirait par une forte augmentation des loisirs et une baisse drastique du temps de travail moyen, à 15 heures par semaine (Keynes, 1930[24]). S’agissant des États-Unis, Ramey et Francis (2009[22]) font remarquer que si la hausse prévue de la productivité s’est avérée plutôt exacte, l’accroissement spectaculaire des loisirs censé en découler ne s’est pas produit. Le Graphique 5.12 confirme que la hausse moyenne de la productivité horaire au cours des 50 dernières années ne s’est pas traduite par un accroissement des loisirs, mais s’est au contraire accompagnée d’une baisse du temps libre. Cela peut s’expliquer par le fait que les travailleurs ont opté pour une augmentation des salaires horaires plutôt que pour une réduction du temps de travail.
En effet, au-delà de la prophétie de Keynes, la baisse de la croissance des salaires observée depuis la fin des années 1990 pourrait également expliquer le ralentissement de l’accroissement du temps libre au cours des dernières décennies. La distribution des gains de productivité sous la forme de hausses de salaires étant moindre, la demande de loisirs supplémentaires (ou d’une réduction du nombre d’heures de travail sans modification du salaire horaire) pourrait avoir reculé, en particulier chez les travailleurs qui ont du mal à joindre les deux bouts. En outre, le ralentissement de la croissance des salaires est souvent interprété comme le signe d’une baisse du pouvoir de négociation des travailleurs ; comme le montre la description faite par Huberman et Minns (2007[23]) de l’évolution à long terme du travail et des loisirs dans les pays de l’OCDE, les syndicats et les représentants des travailleurs ont joué un rôle déterminant dans la mise en œuvre des réformes législatives qui ont conduit à une hausse du temps de loisirs sous la forme de congés payés, au cours des périodes précédant et suivant immédiatement la Seconde Guerre mondiale. On pourrait donc considérer que le recul des loisirs est lié à la diminution du pouvoir de négociation des travailleurs et à la baisse du taux de syndicalisation observées au cours des dernières décennies (OCDE, 2019[1]) – concernant le lien entre la baisse du pouvoir de négociation des travailleurs et la réduction de la part du travail dans le revenu des facteurs, voir également (Autor et al., 2017[25] ; Barkai, 2020[26] ; Bell, Bukowski et Machin, 2060[27] ; Bental et Demougin, 2010[28] ; Ciminelli, Duval et Furceri, 2018[29] ; De Loecker et Eeckhout, 2017[30])
Cette baisse du pouvoir de négociation n’a probablement pas eu le même impact sur les différents groupes de travailleurs. De même, le temps de travail et le temps consacré aux activités non professionnelles sont susceptibles d’avoir évolué différemment selon les groupes. En ce sens, l’examen des tendances globales est nécessaire mais insuffisant pour brosser un tableau complet de l’évolution du temps de travail au cours des dernières décennies. La section suivante analyse donc cette question, en examinant les évolutions en termes d’heures travaillées, d’organisations du temps de travail et d’équilibre entre travail et loisirs en fonction du sexe, du niveau d’instruction et du niveau de revenu.
5.3. Le temps de travail dans les différents groupes : Attention aux écarts ?
Copier le lien de 5.3. Le temps de travail dans les différents groupes : Attention aux écarts ?L’évolution générale du temps de travail peut masquer une modification de la répartition des heures de travail et des organisations flexibles du temps de travail entre les groupes socio‑économiques. Il est particulièrement important d’expliquer ces différences, car elles peuvent engendrer des écarts de plus en plus importants entre les groupes au fil du temps en termes d’équilibre vie professionnelle-vie privée, de conditions de travail et de manque de temps libre (défini comme l’insuffisance de temps discrétionnaire à l’issue d’un travail rémunéré et non rémunéré et d’activités de récupération), ce qui a des conséquences directes sur la qualité de l’emploi et le bien-être des travailleurs (Cazes, Hijzen et Saint-Martin, 2015[31]). En effet, un nombre insuffisant d’heures de travail peut entraîner une faiblesse des revenus, alors qu'un temps de travail excessivement long peut avoir des répercussions négatives sur la santé et le bien-être des individus (Pega et al., 2021[2]) et accroître la tension au travail ; enfin, des horaires incertains peuvent engendrer une insécurité des revenus et perturber l’équilibre vie professionnelle-vie privée.
La présente section exploite les données issues des enquêtes sur la population active et l’emploi du temps pour évaluer l’ampleur des disparités de temps de travail entre les hommes et les femmes, les niveaux d’instruction, et enfin les catégories de revenus des travailleurs. Elle examine également l’inadéquation entre le temps que les travailleurs des différents groupes souhaiteraient idéalement consacrer au travail, et le temps qu’ils y consacrent réellement. Elle passe en revue les initiatives récentes en matière de négociation collective et les expériences récentes à l’échelon des entreprises, qui visent à mieux prendre en considération les préférences des travailleurs en matière de temps de travail.
5.3.1. Évolution de la répartition des heures de travail hebdomadaires d’un groupe à l’autre
Au-delà des tendances globales décrites à la section 5.2, le Graphique 5.13 examine la répartition moyenne de la durée hebdomadaire habituelle du travail dans les pays de l’OCDE et son évolution entre 1999 et 201992 dans les différents groupes93. Il indique la part des salariés dont le temps de travail est très réduit94 (moins de 10 heures par semaine) ou très long (plus de 48 heures par semaine). Cela permet d’évaluer si la répartition de la durée du travail a continué de se polariser, et quels groupes de travailleurs ont été les plus touchés.
Les données du Graphique 5.13 montrent qu’en moyenne, les femmes ont systématiquement travaillé moins d’heures que les hommes tout au long de la période 1999‑2019 (partie A). Par conséquent, l’incidence du temps de travail très réduit était également plus élevée chez les femmes au cours de cette période (partie C), tandis que l’incidence du temps de travail élevé était plus faible (partie B). Toutefois, ces écarts entre les femmes et les hommes se sont réduits au fil du temps : les écarts en termes de durée moyenne du travail et d’incidence du temps de travail élevé ont légèrement diminué (la durée moyenne du travail et l’incidence du temps de travail élevé ayant davantage diminué chez les hommes que chez les femmes), tandis que l’écart en termes d’incidence du temps de travail très réduit a diminué très sensiblement, la part des femmes travaillant moins de 10 heures par semaine ayant diminué à mesure que celle des hommes a augmenté.
Graphique 5.13. Évolution de la durée hebdomadaire du travail par sexe, niveau d’instruction et catégorie professionnelle
Copier le lien de Graphique 5.13. Évolution de la durée hebdomadaire du travail par sexe, niveau d’instruction et catégorie professionnelleMoyennes non pondérées de l’OCDE

Note : les statistiques se rapportent aux moyennes non pondérées de 28 pays de l’OCDE (à l’exclusion de l’Australie, du Chili, de la Colombie, de la Corée, du Costa Rica, d’Israël, du Japon, du Mexique, de la Nouvelle-Zélande et de la Turquie). Le « temps de travail très élevé » se rapporte à l’incidence des salariés travaillant plus de 48 heures pendant la semaine de référence, alors que le « temps de travail très réduit » se rapporte à l’incidence des salariés travaillant moins de 10 heures pendant la semaine de référence (à l’exclusion des salariés âgés de 15 à 24 ans). Les catégories professionnelles sont définies comme suit : les hauts salaires se rapportent aux groupes 1 à 3 de la CITP‑08 au niveau à un chiffre ; les salaires moyens aux groupes 4, 7 et 8 de la CITP‑08 au niveau à un chiffre, et les bas salaires aux groupes 5 et 9 de la CITP‑88 au niveau à un chiffre. VoirGraphique d’annexe 5.A.4, Graphique d’annexe 5.A.5 et Graphique d’annexe 5.A.6 pour les résultats détaillés par pays.
Source : calculs de l’OCDE fondés sur l’Enquête européenne sur les forces de travail (EFT-UE), l’Enquête sur la population active (EPA) pour le Canada, la Encuesta Nacional de Empleo (ECE) pour le Chili, la Gran Encuesta Integrada de Hogares (GEIH) pour la Colombie, la Encuesta Nacional de Ocupación y Empleo (ENOE) pour le Mexique et la Current Population Survey (CPS) pour les États-Unis.
Ces écarts moyens entre les hommes et les femmes masquent des différences importantes d’un pays à l’autre, tant en termes de niveaux que d’évolution (voir Graphique d’annexe 5.A.4, 5.A.5 et 5.A.6 pour plus de détails). En 2019, c’est en Suisse que l’écart entre les femmes et les hommes en termes de durée du travail était le plus élevé (les hommes travaillant en moyenne 9.3 heures de plus par semaine que les femmes), et c’est en Lituanie qu’il était le plus faible (0.9 heure). Entre 1999 et 2019, cet écart s’est creusé en Autriche et en Italie (de 2.3 et 1.3 heures respectivement), alors qu’il s’est réduit de 7.5 heures en Islande. Ces différences sont imputables à un certain nombre de facteurs, notamment institutionnels, culturels – par exemple, les attitudes à l’égard de l’emploi des femmes et de l’égalité entre les sexes – ou structurels – par exemple, le taux d’activité des femmes, la structure de l’emploi, la taille et la composition de l’emploi à temps partiel, etc. – pour une analyse de ces questions, voir par ex. (Eurofound, 2018[32] ; OCDE, 2010[33] ; OCDE, 2016[34] ; Rubery, Fagan et Smith, 1995[35]).
On relève également des différences moyennes significatives entre les travailleurs en fonction de leur niveau d’instruction. Les travailleurs non diplômés de l’enseignement supérieur ont travaillé moins d’heures que les travailleurs très qualifiés tout au long de la période 1999‑2019 (partie A). L’incidence du temps de travail élevé était plus faible parmi les travailleurs non diplômés de l’enseignement supérieur que parmi les travailleurs très qualifiés (partie B). Le temps de travail très réduit était plus fréquent parmi les personnes non diplômées du supérieur que parmi les travailleurs très qualifiés (partie C), tant en 1999 qu’en 2019. Contrairement aux écarts entre les hommes et les femmes, les écarts entre les travailleurs en fonction du niveau d'instruction se sont creusés dans une majorité de pays au cours de cette période, en termes de durée hebdomadaire moyenne du travail et d’incidence du temps de travail très réduit. En revanche, l’écart en termes d’incidence du temps de travail élevé s’est resserré, l’incidence de la surcharge de travail ayant reculé bien plus nettement parmi les travailleurs très qualifiés que parmi les travailleurs non diplômés du supérieur. Là aussi, la moyenne de l’OCDE masque des différences entre les pays (voir Graphique d’annexe 5.A.4, Graphique d’annexe 5.A.5 et Graphique d’annexe 5.A.6 pour plus de détails).
Enfin, les différences de durée du travail les plus criantes sont relevées entre les travailleurs à haut, moyen et bas salaire. En moyenne dans les pays de l’OCDE, les travailleurs à bas salaire ont travaillé beaucoup moins d’heures que les moyens et les haut salaires, et ce de manière constante tout au long de la période 2009‑19 (partie A). En conséquence, l’incidence du temps de travail très réduit était également beaucoup plus élevée parmi les travailleurs à bas salaire que parmi les autres (partie C). L’incidence la plus faible du temps de travail très élevé a été enregistrée parmi les travailleurs à bas salaire, et la plus élevée parmi les travailleurs à haut salaire (partie B). En outre, les écarts entre les hauts et les bas salaires en termes de durée moyenne du travail et d’incidence du temps de travail très réduit se sont creusés en moyenne entre 2009 et 2019 dans les pays de l’OCDE. En revanche, l’écart en termes d’incidence du temps de travail très élevé s’est réduit.
Là aussi, ces résultats moyens masquent des différences entre les pays, voire des tendances opposées au Mexique et en Grèce, où les travailleurs à bas salaire ont travaillé plus longtemps que ceux à haut salaire en 2019 (voir Graphique d’annexe 5.A.4, Graphique d’annexe 5.A.5 et Graphique d’annexe 5.A.6). Au Mexique et au Chili, la part des travailleurs à bas salaire travaillant plus de 48 heures par semaine est également plus élevée que celle des travailleurs à haut salaire ; l’incidence du temps de travail très réduit (moins de 10 heures par semaine) est également plus élevée parmi les travailleurs à bas salaire dans ces deux pays.
5.3.2. Qui est flexible ? Évolution de la répartition des modes d’organisation du temps de travail
L’organisation flexible du temps de travail permettent aux employeurs de bénéficier d’une marge d’ajustement du processus de production, mais dans certains cas, ils peuvent également améliorer l’équilibre vie professionnelle-vie privée des salariés (OCDE, 2016[34] ; Eurofound, 2016[36]). La flexibilité du temps de travail peut aider les parents qui occupent un emploi à concilier leurs horaires de travail avec les horaires de garde d’enfants et/ou d’école, et peut grandement contribuer à la satisfaction des salariés en termes d’équilibre vie professionnelle-vie privée (Cazes, Hijzen et Saint-Martin, 2015[31]). Toutefois, selon la façon dont ils sont conçus, ces modes d’organisation flexibles peuvent également être mis en place au détriment des bas salaires et avoir des effets néfastes sur la santé à long terme, même lorsqu’ils résultent d’un choix des salariés. Cette section documente, lorsque c’est possible,95 la répartition de trois modes d’organisation flexibles du temps de travail, à savoir le travail à horaires variables (dans le cadre duquel les salariés ont peu ou pas de contrôle sur leurs horaires), les horaires flexibles (qui permettent aux travailleurs de choisir leurs horaires d’embauche et de débauche) et le télétravail.
Comme le montre le Graphique 5.14, la part des travailleurs ayant accès à des horaires flexibles a légèrement augmenté, passant de 25.5 % en 2005 à 27.2 % en 2015 en moyenne dans les pays de l’OCDE. Si la majorité des pays pour lesquels des données sont disponibles ont enregistré une évolution similaire, les parts étaient très variables d’un pays à l’autre, s’échelonnant de 7.2 % en Corée à près de 50 % aux États-Unis, et légèrement plus dans les pays nordiques en 2015 (voir Graphique d’annexe 5.A.8). Si l’on examine la répartition des horaires de travail flexibles en fonction du sexe, du niveau d’instruction et des revenus mensuels, on constate que ce sont les salariés à haut revenu diplômés de l’enseignement supérieur qui y ont le plus souvent recours, quel que soit leur sexe. En 2015, l’incidence moyenne des horaires flexibles était à peu près égale chez les hommes et les femmes, alors qu’elle était plus élevée chez les travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur par rapport aux non-diplômés du supérieur (36.2 % contre 22 %), et chez les travailleurs à haut salaire (36.3 %) par rapport aux travailleurs à bas salaire (21.9 %) (partie A du Graphique 5.14). Ces différences ont persisté dans le temps : le ratio éducation/revenu est resté inférieur à 1 en 2005, 2010 et 2015 (partie B). Ces résultats confirment des études antérieures qui démontrent que les niveaux d'instruction et de rémunération sont des déterminants essentiels de l’accès à des modes d’organisation flexibles du temps de travail (OCDE, 2016[34]).
Alors que les modes d’organisation flexibles du temps de travail peuvent être définis comme des modalités de travail favorables aux salariés – voire nécessairement saines – puisqu’elles donnent aux travailleurs la possibilité de choisir et de contrôler leur emploi du temps, les horaires variables, comme le travail à la demande et les horaires de postes variables, ne relèvent pas du choix des travailleurs, sont par nature imprévisibles et perturbent l’équilibre vie professionnelle-vie privée96. L’incidence des horaires variables a légèrement diminué en moyenne dans les pays de l’OCDE, passant de 19.2 % en 2005 à 18.3 % en 2015 (Graphique 5.14). Des différences significatives ont été observées d’un pays à l’autre, et sont partiellement imputables à des différences structurelles en termes de composition sectorielle et professionnelle : en 2015, 9.8 % des salariés en moyenne occupaient à un emploi à horaires variables aux Pays-Bas, contre 31.9 % en République slovaque (voir Graphique d’annexe 5.A.9). Considérées ensemble, les parties A et B du Graphique 5.14 donnent à penser que les horaires variables concernent surtout les salariés à bas revenu et ceux qui n’ont pas fait d’études supérieures. En 2015, 21.9 % des salariés à bas revenu et 20.5 % des salariés non diplômés de l’enseignement supérieur occupaient un emploi à horaires variables, contre 15.8 % des salariés à haut revenu et 14.8 % des diplômés du supérieur. Ces parts sont restées stables entre 2005 et 2015. L’incidence des horaires variables était également plus élevée chez les hommes (19.7 %) que chez les femmes (16.9 %) en moyenne en 2015, et cette tendance s’est maintenue entre 2005 et 2015.
Graphique 5.14. Évolution de la répartition des modes d’organisation du temps de travail d’un groupe à l’autre
Copier le lien de Graphique 5.14. Évolution de la répartition des modes d’organisation du temps de travail d’un groupe à l’autreSalariés âgés de 15 à 64 ans, moyennes non pondérées de l’OCDE, 2005, 2010 et 2015

Note : les horaires de travail flexibles se rapportent à la situation des salariés qui peuvent soit fixer eux-mêmes l’intégralité de leurs horaires de travail, soit au moins les adapter dans une certaine limite (par ex. horaires à la carte).
Les horaires variables se rapportent à la situation des salariés dont le temps de travail est aménagé par l’employeur ou qui doivent choisir entre plusieurs horaires fixes déterminés par l’employeur (par ex. travail posté) et qui sont informés des modifications de leurs horaires de travail à relativement court terme.
Les statistiques se rapportent aux moyennes non pondérées de 28 pays de l’OCDE : Allemagne, Autriche, Belgique, Corée, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République slovaque, République tchèque, Royaume-Uni, Slovénie, Suède, Suisse et Turquie. Les moyennes de 2005 et 2010 sont estimées en appliquant un indice en chaîne aux moyennes non pondérées fondées sur 26 pays (à l’exclusion des États-Unis et de la Suisse) en 2010‑15, et à la moyenne non pondérée fondée sur 25 pays (à l’exclusion de la Corée, des États-Unis et de la Suisse) en 2005‑10. Les catégories de revenus se rapportent aux premier et dernier terciles de la distribution des revenus mensuels nets de l’emploi principal. L’écart en fonction du sexe correspond au ratio de l’incidence chez les femmes et les hommes, alors que les écarts en fonction du niveau d’instruction et de revenu correspondent respectivement au ratio de l’incidence chez les non-diplômés et les diplômés de l’enseignement supérieur, et au ratio de l’incidence chez les bas salaires et les hauts salaires. Voir Graphique d’annexe 5.A.8 et 5.A.9 pour les résultats détaillés par pays. 2010 et 2015 se rapportent, respectivement, à 2011 et 2017 pour la Corée.
Source : calculs de l’OCDE fondés sur les 4e, 5e et 6e enquêtes européennes sur les conditions de travail (EWCS), les 1re, 3e et 5e enquêtes coréennes sur les conditions de travail, et l’enquête des États-Unis sur les conditions de travail (American Working Conditions Survey) de 2015.
Graphique 5.15. Incidence du télétravail dans les différents groupes
Copier le lien de Graphique 5.15. Incidence du télétravail dans les différents groupesIncidence du télétravail régulier (à domicile ou mobile), pourcentage de salariés âgés de 15 à 64 ans, 2015

Note : les statistiques présentées dans ce graphique se rapportent à l’ensemble des salariés utilisant les TIC systématiquement ou la plupart du temps et travaillant plusieurs fois par mois dans au moins un autre lieu que les locaux de leur employeur (soit à domicile au moins plusieurs fois par mois et dans tout autre lieu (à l’exception des locaux de l’employeur) moins souvent que plusieurs fois par mois, soit au moins plusieurs fois par semaine dans au moins deux autres lieux que les locaux de l’employeur, soit travaillant quotidiennement dans au moins un autre lieu). 2015 se rapporte à 2017 pour la Corée. Les pays sont classés par ordre décroissant de l’incidence globale (partie A). Les catégories de rémunération mensuelle (partie C) se rapportent aux terciles de rémunération mensuelle nette dans l’emploi principal. Les résultats sont comparables lorsqu’on utilise les données de l’EFT-UE pour 2019 (voir Encadré 5.4 pour une analyse des différences entre les sources de données sur le télétravail).
Source : calculs de l’OCDE fondés sur l’enquête des États-Unis sur les conditions de travail (American Working Conditions Survey) de 2015, l’enquête européenne sur les conditions de travail de 2015, et l’enquête coréenne sur les conditions de travail de 2017.
Le Graphique 5.15 présente l’incidence du télétravail dans les différents groupes pour les 28 pays de l’OCDE disposant de données relatives à 2015. Il met en évidence un net clivage entre ceux qui ont la possibilité de télétravailler et ceux qui ne le peuvent pas. Premièrement, dans la majorité des pays, la part d’hommes pratiquant le télétravail était plus élevée que celle des femmes – et dans certains cas, beaucoup plus élevée (par ex. en Autriche, au Luxembourg et en Norvège, voir partie A). Ensuite, l’incidence du télétravail augmente à la fois avec le niveau d’instruction et les revenus (parties B et C) : en moyenne, seuls 3.1 % des salariés non diplômés de l’enseignement supérieur pratiquaient le télétravail en 2015, contre 15.6 % des travailleurs très instruits, tandis que seuls 4.5 % des travailleurs à bas revenu pratiquaient le télétravail, contre 16.3 % des hauts revenus.
Outre les caractéristiques sociodémographiques, l’accès au télétravail dépend d’autres facteurs, comme la région de résidence (les personnes vivant en milieu urbain sont plus susceptibles d’exercer des professions « télétravaillables » que celles vivant en milieu rural), la taille de l’entreprise (les moyennes et grandes entreprises concentrent davantage de professions télétravaillables que les petites entreprises), la profession exercée et l’organisation du travail (Fana, 2020[37]).
Encadré 5.5. Qui a télétravaillé pendant la crise du COVID‑19 ?
Copier le lien de Encadré 5.5. Qui a télétravaillé pendant la crise du COVID‑19 ?Au vu de l’essor généralisé du télétravail pendant la crise du COVID‑19, comment ont évolué les inégalités entre les groupes recensées plus haut en termes d’accès au télétravail ? À partir de données d’enquête recueillies en avril 2020 en Allemagne, en Australie, en Autriche, aux États-Unis, en France, en Italie, en Pologne, au Royaume-Uni et en Suède (Galasso et Foucault, 2020[11]), le Graphique 5.16 ci-dessous montre que, si des proportions comparables d’hommes et de femmes ont pu travailler à domicile1, le recours au télétravail pendant les premiers confinements a été caractérisé par des gradients d’éducation et de revenu très marqués. En moyenne, dans ces pays, 55 % des travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur ont pu travailler à domicile en avril 2020, contre 19 % des non-diplômés de l’enseignement secondaire. En revanche, 38 % de ces derniers ont dû cesser complètement de travailler, contre 16 % des travailleurs diplômés du supérieur. On observe une tendance similaire avec les groupes de revenus : environ 29 % des travailleurs du premier quartile ont pu travailler à domicile, 41 % se sont rendus au travail comme d’habitude et 30 % ont dû cesser de travailler, contre respectivement 50 %, 36 % et 14 % des travailleurs du dernier quartile.
L’essor du télétravail observé pendant la crise, alors que les pays étaient confinés, ne serait que partiellement transposable en temps normal. En effet, même si l’ensemble des tâches professionnelles ont dû être effectuées à distance pendant les périodes de confinement, ce télétravail en mode « intégral » a probablement donné lieu à une baisse de la qualité de service dans les emplois à composante sociale (par ex. la vente, l’enseignement, les soins à autrui, le travail auprès du public). Par conséquent, ce niveau de télétravail, même s’il est atteignable, ne sera pas forcément considéré comme souhaitable en temps normal. D’après une étude de 2020 (Fana, 2020[37]), si 37 % des emplois de l’Union européenne peuvent être exercés à distance, seuls 13 % d’entre eux ne comportent aucune composante sociale, ou seulement de manière limitée, et pourraient être exécutés entièrement à distance, sans perte de qualité – voir également OCDE (2020[13]) et Galasso et Foucault (2020[11]). En outre, le télétravail intégral pourrait avoir des répercussions négatives sur l’innovation, car les activités visant à stimuler la créativité de l’équipe (par ex. les séances de brainstorming) sont vraisemblablement plus efficaces en présentiel. Enfin, les travailleurs souffrant d’isolement social, ainsi que ceux dont les conditions de travail à domicile sont moins favorables qu’au bureau (en raison, par exemple, d’un manque d’espace ou de la présence d’autres membres de la famille) pourraient préférer équilibrer différemment télétravail et travail au bureau en temps normal par rapport à ce qu’ils ont connu pendant la crise du COVID‑19.
Graphique 5.16. Qui a télétravaillé pendant la crise du COVID‑19 ?
Copier le lien de Graphique 5.16. Qui a télétravaillé pendant la crise du COVID‑19 ?Recours au télétravail pendant le premier confinement, par groupe, en pourcentage du nombre total de travailleurs habituellement salariés avant le début de la crise, sélection de pays de l’OCDE

Note : « moyenne » correspond à la moyenne non pondérée des pays de l’OCDE figurant dans ce graphique.
Source : Foucault et Galasso (2020[11]), Working during COVID‑19: Cross-country evidence from real-time survey data, (disponible à l’adresse suivante : https://dx.doi.org/10.1787/34a2c306-en), fondé sur l’enquête REPEAT (REpresentations, PErcepions and ATtitudes on the COVID‑19).
Pour toutes ces raisons, il est probable qu’un modèle hybride de « travail mixte » comprenant une part nettement plus importante de télétravail – même si ce n’est pas dans les proportions observées pendant la pandémie – va émerger. Aux États-Unis, on estime que 17 % en moyenne des journées de travail complètes sont susceptibles d'être transformées en journées de télétravail supplémentaires après la pandémie, ce qui signifie que 22 % de l’ensemble des journées de travail complètes pourraient être télétravaillées à l’avenir (Barrero, Bloom et Davis, 2020[18]).
Néanmoins, même si le télétravail ne devient pas la norme, l’expérience des premiers confinements a montré qu’en l’absence de mesures ciblées visant à combler le retard des emplois faiblement rémunérés et peu qualifiés en termes de capacité de télétravail, l’essor du télétravail dans un monde post-COVID‑19 pourrait creuser les disparités de conditions de travail entre les groupes à long terme. Des investissements ciblés dans les technologies et la formation pourraient être nécessaires, même si certains emplois ne pourront tout simplement pas être télétravaillés. En outre, des modifications de la réglementation visant à surmonter les obstacles culturels au télétravail dans les professions peu qualifiées pourraient également être nécessaires. Fana et al. (2020[37]) ont montré que l’écart le plus important entre le télétravail potentiel (c’est-à-dire techniquement possible) et le télétravail réel était observé dans les emplois administratifs de niveau inférieur (et, en particulier, chez les fonctionnaires de l’administration publique). Ils avancent que l’organisation du travail, la position dans la hiérarchie professionnelle et les niveaux d’autonomie associés contribuent à expliquer les différences d’accès au télétravail.
1. Les femmes ont été plus nombreuses que les hommes à devoir cesser de travailler, et les hommes ont été plus nombreux que les femmes à continuer à se rendre sur leur lieu de travail habituel.
5.3.3. Équilibre travail-loisirs et pauvreté en temps disponible dans les différents groupes
Autre aspect essentiel de l’analyse des disparités de temps de travail entre les groupes : l’équilibre entre le travail et les loisirs. Le Graphique 5.17. dépasse le cadre de l’évolution générale de l’emploi du temps présentée dans la section 5.2.2 pour présenter l’évolution du temps consacré aux principales catégories d’activités énumérées plus haut (par ex. travail rémunéré, travail non rémunéré, actes de la vie quotidienne et loisirs) par sexe, niveau d’instruction et tercile de revenu des ménages, depuis les années 2000. Les données mettent en évidence d’importants contrastes d’un groupe à l’autre en termes de répartition du temps.
Au cours des vingt dernières années, dans les dix pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles, les hommes ont toujours consacré plus de temps que les femmes aux activités d’ordre professionnel (travail rémunéré, études, recherche d’emploi, etc.). De fait, cet écart a légèrement augmenté, de 49 minutes par jour en moyenne dans les années 2000 à 50 minutes dans les années 2010. Bien que l’écart entre le taux d’activité des hommes et celui des femmes se soit réduit, passant de 21.6 % en moyenne dans les pays de l’OCDE en 2000 à 15.6 % en 201997, les femmes ont systématiquement consacré plus de temps au travail non rémunéré que les hommes au cours de cette période, l’écart augmentant légèrement, de 84 minutes par jour en moyenne dans les années 2000 à 85 minutes dans les années 2010. En outre, dans les pays examinés, les femmes ont systématiquement consacré moins de temps aux loisirs que les hommes au cours des deux dernières décennies (36 minutes de moins en moyenne). Globalement, l’équilibre travail rémunéré-loisirs (à savoir le rapport entre la part du temps consacré au travail rémunéré et la part du temps consacré aux loisirs) des femmes et des hommes est comparable. Toutefois, l’équilibre travail total-loisirs des femmes (défini comme le rapport entre la part du travail rémunéré et non rémunéré et la part des loisirs) est moins favorable que celui que les hommes ; dans les années 2010, les femmes consacraient encore 2.4 fois plus de temps au travail (rémunéré et non rémunéré) qu’aux loisirs, contre 1.9 fois plus de temps pour les hommes.
En ce qui concerne l’évolution moyenne en fonction du niveau d’instruction, ce sont les travailleurs diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire qui ont consacré le plus de temps au travail rémunéré au cours des deux dernières décennies, et les diplômés de l’enseignement supérieur qui y ont consacré le moins de temps. Dans les années 2010, l’ensemble des travailleurs, quel que soit leur niveau d’instruction, consacraient environ 1.5 fois plus de temps au travail rémunéré qu’aux loisirs. L’équilibre travail total-loisirs était le même pour tous, avec environ 2.1 fois plus de temps consacré au travail (rémunéré et non rémunéré) qu’aux loisirs.
Enfin, en examinant les profils d’emploi du temps des différents groupes de revenu des ménages98, le Graphique 5.17 montre qu’en moyenne, le temps consacré au travail rémunéré diminue généralement à mesure que la catégorie de revenu augmente, tandis que le temps consacré aux loisirs augmente généralement.
S’il est important d’examiner la part relative du temps consacré à chaque activité pour rendre compte des éventuels déséquilibres entre le travail (rémunéré et non rémunéré) et les autres activités personnelles, l’équilibre vie professionnelle-vie privée doit également être mesuré en termes absolus. En effet, en dessous d’un certain seuil, la part du temps disponible pour les loisirs et les activités personnelles et de récupération – en particulier les activités régénératives comme le sommeil et l’alimentation – devient fondamentalement néfaste. Cette idée met en relief le concept de « pauvreté en temps disponible ». D’après les travaux publiés – voir par ex. (Bardasi et Wodon, 2010[38]), les individus sont pauvres en temps disponible dès lors que le temps qu’ils peuvent consacrer aux loisirs et aux activités personnelles et de récupération est inférieur à 60 % de la part médiane du temps consacré à ces activités. Le Graphique 5.18 examine l’évolution de la pauvreté en temps disponible.
L’incidence de la pauvreté en temps disponible a augmenté en moyenne au fil du temps dans les dix pays pour lesquels des données sont disponibles. passant de 1.4 % dans les années 2000 à 1.8 % dans les années 2010 chez les hommes, et de 1.3 à 1.8 % au cours de cette même période chez les femmes. Alors que l’incidence la plus élevée de la pauvreté en temps disponible était relevée chez les personnes très instruites dans les années 2000, c’est chez les travailleurs les moins instruits qu’elle a augmenté le plus fortement au cours de la dernière décennie. Enfin, le Graphique 5.18 examine l’incidence de la pauvreté en temps disponible dans différents groupes de revenus dans les années 2000 et 2010, dans les 10 pays où cette comparaison est possible ; dans les années 2010, l’incidence la plus élevée de la pauvreté en temps disponible (1.8 %, contre 1.5 % dans les années 2000) était relevée chez les travailleurs du groupe à revenu moyen, suivis de ceux du groupe le plus pauvre (1.76 %, contre 1.45 % dans les années 2000). Enfin, c’est parmi le tiers de travailleurs le mieux rémunéré que l’incidence de la pauvreté en temps disponible était la plus faible (1.7 %, contre 1.4 % dans les années 2000).
La partie C des Graphique 5.17 et Graphique 5.18 met en lumière les disparités entre les individus à l’autre en termes de valeur d’une heure de travail. Si ces disparités sont souvent conçues comme des disparités de salaire horaire, elles peuvent également être envisagées en termes de quantité de travail que différents individus doivent fournir pour atteindre un niveau de revenu donné (par ex. ampleur de l’« effort » de travail). Il est essentiel de comprendre ces disparités d’effort de travail à un niveau de revenu donné pour évaluer les répercussions des changements de répartition de l’emploi du temps d'un groupe à l’autre. Le Graphique 5.19 examine le nombre d’heures de travail que doivent fournir des individus rémunérés respectivement au salaire minimum et au salaire moyen pour échapper à la pauvreté – le seuil de pauvreté étant fixé à 50 % du revenu disponible équivalent médian – en 2001 et 2019. En moyenne, en 2019, un travailleur célibataire sans enfant devait travailler 33 heures au salaire minimum pour échapper à la pauvreté, contre 13 heures au salaire moyen. Alors que le nombre d’heures de travail nécessaires au salaire moyen est resté relativement stable entre 2001 et 2019, un travailleur célibataire sans enfant rémunéré au salaire minimum devait travailler 6 heures de moins en 2019 qu’en 2001. Toutefois, aux États-Unis, en Lettonie, au Luxembourg et en République tchèque, un travailleur célibataire sans enfant rémunéré au salaire minimum devait encore travailler plus de 40 heures par semaine (soit plus que le plafond de la durée hebdomadaire normale du travail dans la plupart des pays de l’OCDE) pour échapper à la pauvreté en 2019. Aux États-Unis, en 2019, une personne seule occupant un emploi rémunéré au salaire minimum fédéral aurait dû travailler 60 heures par semaine pour échapper à la pauvreté (contre 54 heures en 2001, et contre 16 heures au salaire moyen)99.
Graphique 5.17. Évolution de l’emploi du temps par sexe, niveau d’instruction et niveau de revenu des ménages
Copier le lien de Graphique 5.17. Évolution de l’emploi du temps par sexe, niveau d’instruction et niveau de revenu des ménagesRépartition en pourcentage de l’emploi du temps des salariés à temps plein âgés de 15 à 64 ans, moyennes non pondérées de l’OCDE

Note : pour plus de détails sur la définition des activités et les limites des données, voir la note du Graphique 5.11. Les statistiques présentées dans les parties A et B correspondent aux moyennes non pondérées des dix pays de l’OCDE suivants : Allemagne, Canada, Espagne, États-Unis, Hongrie, Italie, Mexique, Pays-Bas, Royaume-Uni et Turquie. Les statistiques présentées dans la partie C correspondent aux moyennes non pondérées des dix pays de l’OCDE suivants : Allemagne, Canada, Espagne, États-Unis, Mexique, Pays-Bas, Royaume-Uni et Turquie. Les catégories de revenu des ménages se rapportent aux terciles de revenu des ménages par unité de consommation (T1 pour le premier tercile à T3 pour le dernier tercile).
Source : estimations de l’OCDE fondées sur la Multinational Time Use Study (MTUS) et les enquêtes nationales sur l’emploi du temps.
Graphique 5.18. Évolution de l’incidence de la pauvreté en temps disponible par sexe, niveau d’instruction et niveau de revenu des ménages
Copier le lien de Graphique 5.18. Évolution de l’incidence de la pauvreté en temps disponible par sexe, niveau d’instruction et niveau de revenu des ménagesPourcentage de salariés à temps plein âgés de 15 à 64 ans

Note : la pauvreté en temps disponible est définie comme la part des salariés à temps plein âgés de 15 à 64 ans dont la part du temps consacrée aux actes de la vie quotidienne et aux loisirs est inférieur à 60 % du temps consacré à ces activités par un salarié médian à temps plein âgé de 25 à 64 ans. OCDE10 (parties A et B) et OCDE8 (partie C) se rapportent aux moyennes non pondérées des pays de l’OCDE présentés dans le graphique. Les catégories de revenu des ménages se rapportent aux terciles de revenu des ménages par unité de consommation (T1 pour le premier tercile à T3 pour le dernier tercile). Les résultats des Pays-Bas figurant dans la partie C se rapportent à la seule année pour laquelle des données par revenu des ménages sont disponibles pour les années 2010 (2016) ; au cours de cette année, la pauvreté en temps disponible est toujours égale à 0. Par conséquent, en ce qui concerne les années 2010, les statistiques présentées dans la partie C ne concordent pas avec celles des parties A et B (qui se rapportent aux années 2011 et 2016). Les statistiques relatives aux femmes, aux travailleurs ayant un niveau d’instruction inférieur au deuxième cycle de l’enseignement secondaire et les personnes appartenant aux premier et deuxième terciles de revenus ne sont pas visibles sur le graphique car elles sont égales à 0.
Source : estimations de l’OCDE fondées sur la Multinational Time Use Study (MTUS) et les enquêtes nationales sur l’emploi du temps.
Graphique 5.19. Évolution du nombre d’heures de travail nécessaires pour échapper à la pauvreté au salaire minimum et au salaire moyen, 2001 et 2019
Copier le lien de Graphique 5.19. Évolution du nombre d’heures de travail nécessaires pour échapper à la pauvreté au salaire minimum et au salaire moyen, 2001 et 2019
Note : les chiffres sont fondés sur des simulations de prélèvements et prestations, pour une personne seule sans enfant gagnant soit le salaire minimum, soit le salaire moyen. L’effet des systèmes fiscaux est pris en compte. Les prestations temporaires liées à l’exercice d’un emploi et les allocations de logement ne sont pas incluses (puisque les premières sont temporaires et que les ménages à bas revenu ont peu recours aux allocations de logement). Les pays sont classés par ordre croissant du nombre d’heures de travail nécessaires au salaire minimum en 2019 (partie A). « .. » : sans objet.
Source : Base de données de l’OCDE sur l’emploi, https://www.oecd.org/fr/emploi/emp/basededonneesdelocdesurlemploi.htm, fondée sur le modèle TAXBEN.
5.3.4. Inadéquation entre la réalité et les préférences des différents groupes
Enfin, un autre aspect important du temps de travail dont il convient de tenir compte est l’ampleur de l’inadéquation entre les préférences individuelles en matière de temps de travail et le temps effectivement passé à travailler. Comme le montre le Graphique 5.20, en 2015, 27 % en moyenne des salariés âgés de 15 à 64 ans souhaitaient travailler moins qu’ils ne le faisaient déjà, tandis que 16 % souhaitaient travailler davantage. L’ampleur de l’inadéquation, c’est-à-dire la part des salariés insatisfaits de leurs horaires de travail d’une manière ou d’une autre, était relativement stable par rapport à 2010, s’établissant à 43 %. En moyenne, la part de travailleurs souhaitant travailler moins était supérieure à la part de travailleurs souhaitant travailler plus, dans l’ensemble des sous-groupes représentés dans le Graphique 5.20, à l’exception des travailleurs à bas revenu et de ceux n’ayant pas fait d’études secondaires, pour lesquels c’était l’inverse. En 2015, 36 % des travailleurs à haut revenu, 31 % des travailleurs à revenu moyen et 32 % des travailleurs très instruits déclaraient qu’ils souhaiteraient travailler moins. En revanche, 28 % des travailleurs à bas revenu et 24 % des travailleurs peu instruits déclaraient qu’ils souhaiteraient travailler davantage. Les travailleurs à bas revenu affichaient l’inadéquation totale la plus importante ; 47 % étaient insatisfaits de leurs horaires, 28 % souhaitant travailler davantage et 18 % travailler moins. Enfin, 26 % des femmes souhaitaient travailler moins (contre 28 % des hommes), et 17 % souhaitaient travailler davantage (contre 14 % des hommes).
Plusieurs enseignements importants peuvent être tirés de ces données. Le premier concerne l’ampleur impressionnante de l’inadéquation : plus de deux cinquièmes des travailleurs des pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles, soit 43 %, ne sont pas satisfaits de leur temps de travail. Ensuite, le fait de travailler trop semble être la principale cause d’insatisfaction : plus d’un quart des travailleurs (28 %) estiment qu’ils travaillent plus qu’ils ne le souhaiteraient.
Le troisième enseignement du Graphique 5.20 conforte le constat établi à la section 0 concernant les heures supplémentaires : de la même manière que le nombre d’heures supplémentaires effectuées est en partie déterminé par la distribution des salaires, les préférences en matière de temps de travail sont clairement liées à la position de chacun dans la distribution des salaires et sont indissociables de la question du niveau des salaires. En effet, les travailleurs peu rémunérés et peu instruits, qui sont plus susceptibles d’avoir des difficultés à joindre les deux bouts, sont les deux seuls groupes dont la proportion de travailleurs souhaitant travailler davantage pour accroître leur revenu est supérieure à la proportion de travailleurs souhaitant travailler moins.
La proportion de femmes souhaitant travailler davantage est également supérieure à celle des hommes exprimant ce souhait. En effet, les femmes sont largement surreprésentées dans le groupe des travailleurs à temps partiel involontaire (qui comptait 65 % de femmes en 2019), dont la part dans l’emploi total a augmenté, passant de 12 % en 2000 à 15 % en 2019100. Encore une fois, il convient d’analyser ces statistiques en tenant compte des inégalités de salaire auxquelles sont confrontées les femmes, dont le salaire horaire est inférieur à celui des hommes en moyenne101 (et qui sont également confrontées à des inégalités de temps de travail, c’est-à-dire à une moindre disponibilité au travail puisqu’elles assument une part plus importante des tâches ménagères) (OCDE, 2020[39]).
Graphique 5.20. Inadéquation entre le temps de travail souhaité et le temps de travail réel, par groupe
Copier le lien de Graphique 5.20. Inadéquation entre le temps de travail souhaité et le temps de travail réel, par groupePourcentage de salariés âgés de 15 à 64 ans, moyenne non pondérée de l’OCDE, 2010‑15

Note : moyenne non pondérée de 28 pays de l’OCDE : Allemagne, Autriche, Belgique, Corée, Danemark, Espagne, Estonie, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République slovaque, République tchèque, Royaume-Uni, Slovénie, Suède, Suisse et Turquie. Les catégories de rémunération mensuelle se rapportent aux terciles de rémunération mensuelle nette dans l’emploi principal. 2010 et 2015 se rapportent, respectivement, à 2011 et 2017 pour la Corée.
Source : calculs de l’OCDE fondés sur les 4e, 5e et 6e enquêtes européennes sur les conditions de travail (EWCS), les 1re, 3e et 5e enquêtes coréennes sur les conditions de travail et l’enquête des États-Unis sur les conditions de travail (American Working Conditions Survey) de 2015.
Encadré 5.6. Préférence pour plus de temps libre : Vers un nouvel équilibre ?
Copier le lien de Encadré 5.6. Préférence pour plus de temps libre : Vers un nouvel équilibre ?Le niveau important d’inadéquation mis en évidence par les données et, en particulier, le mécontentement lié à un temps de travail trop important exprimé par une part non négligeable des travailleurs commencent à être pris en compte depuis quelques années. En effet, certaines évolutions intéressantes des pratiques de négociation collective, ainsi que la multiplication des expériences de réduction du temps de travail au niveau des entreprises, témoignent d’un regain d’intérêt pour cette question.
Les négociations collectives menées dans plusieurs pays ces dernières années tiennent de plus en plus compte du souhait des travailleurs de réduire leur temps de travail. En Autriche, les salariés peuvent opter depuis quelques années pour la « Freizeitoption », littéralement « l’option loisirs », de bénéficier de congés supplémentaires plutôt que d’une augmentation de salaire. Cette option est utilisée principalement dans les conventions collectives des secteurs de la métallurgie, du commerce des métaux, de l’électricité et de l’électronique, des huiles minérales et de l’électricité. Des évolutions similaires ont été observées en Allemagne, où les conventions collectives signées en 2018 dans plusieurs secteurs (la métallurgie, mais aussi les transports publics, et le service postal public) offrent une plus grande latitude dans le choix entre une réduction du temps de travail (par ex. de 35 heures à 28 heures par semaine dans le secteur de la métallurgie) et une hausse de salaire. Dans ces conventions, la priorité a été clairement accordée aux préférences des individus en matière de temps de travail. L’évolution des pratiques de négociation dans l’industrie métallurgique allemande est intervenue à la suite d’une enquête à grande échelle menée auprès de quelque 700 000 salariés, qui a mis en évidence le mécontentement de nombre d’entre eux vis-à-vis de leurs horaires de travail (OCDE, 2019[1]).
Les préférences des salariés pour plus de temps libre, ainsi que la volonté d’améliorer l’équilibre vie professionnelle-vie privée et la productivité de l’entreprise sont également les principaux moteurs de plusieurs expériences de réduction du temps de travail menées ces dernières années dans des entreprises du secteur privé. En août 2019, Microsoft Japon a testé la semaine de quatre jours pendant un mois – et a rapporté une hausse de la productivité par rapport à août 2018. En décembre 2020, Unilever Nouvelle-Zélande a annoncé le lancement de la semaine de quatre jours à titre d’essai durant un an. Les salariés seront payés à 100 % de leur salaire, tout en travaillant un jour de moins par semaine (sans augmentation du nombre quotidien d’heures de travail : en d’autres termes, il s’agit d’une véritable réduction du temps de travail, plutôt que d’un système de « semaine comprimée » – voir Encadré 5.1). Cette expérience est inspirée de celle d’une autre entreprise néo-zélandaise, qui a fait passer définitivement ses 250 salariés à la semaine de quatre jours en 2018, après qu’un essai de deux mois a mis en évidence des gains de productivité et un accroissement du bien-être et du maintien dans l’emploi (Ainge Roy, 2018[40])1. Ces derniers mois, les exemples se sont accumulés dans divers secteurs, depuis des chaînes de restauration rapide (Zetlin, 2019[41]) à une agence de marketing numérique (Ribeiro, 2019[42]). Les données de juillet 2020 relatives aux vacances d’emplois, fournies par le cabinet américain ZipRecruiter, montrent qu’aux États-Unis, le pourcentage d’entreprises proposant la semaine de 4 jours à leurs salariés a augmenté de plus de 70 % depuis 2018 (Cheng, 2020[43]).
Outre la réduction du nombre de jours travaillés, d’autres expériences portent sur la réduction du nombre d’heures de travail quotidiennes. Un cabinet de conseil allemand a fait les gros titres en 2017 en testant – puis en adoptant – un système de journée de travail de 5 heures, payée 8 heures (Morath, 2019[44]). Plusieurs villes suédoises, suivant l’exemple de la ville de Göteborg, ont également testé des journées de travail à horaire réduit pour les employés municipaux particulièrement exposés au risque d’épuisement professionnel, comme les travailleurs sociaux et les agents de santé (Alderman, 2016[45]).
Si ce regain d’intérêt pour la réduction du temps de travail, conformément aux préférences exprimées par les travailleurs dans les enquêtes, s’est jusqu’à présent limité à des conventions collectives ad hoc et à des essais dans le secteur privé, cette idée est de plus en plus débattue dans les médias et les milieux politiques de plusieurs pays de l’OCDE, dont l’Espagne, la Finlande et la Nouvelle-Zélande, dans le contexte de la crise du COVID‑19.
1. Il convient de noter que l’impact sur la productivité est susceptible d’être brouillé par des effets de sélection : les entreprises qui proposent ces conditions de travail sont susceptibles de compter parmi les plus productives dès le départ.
5.4. Conclusions
Copier le lien de 5.4. ConclusionsCe chapitre fait état de la diversité et de la complexité des cadres réglementaires nationaux régissant le temps de travail, les congés payés et le télétravail dans les pays de l’OCDE, en examinant à la fois la gouvernance et le contenu des dispositions légales et conventionnelles. L’analyse confirme la nécessité de mener un exercice aussi approfondi afin d’évaluer correctement la relation entre la réglementation du temps de travail et les résultats dans la pratique. Elle met en lumière les différences majeures entre les pays, tant en termes de nature que de contenu de leur cadre réglementaire, mais aussi en termes d’impact réel de la réglementation sur la durée effective du travail. Ces résultats sont importants pour renseigner correctement les décideurs sur le lien entre les réformes de la réglementation du temps de travail et la situation des travailleurs, et donnent à penser que la gouvernance et le contenu des réglementations doivent être pris en compte lors de l’évaluation de l’impact des réformes du temps de travail.
Ce chapitre fait également le point sur l’évolution du temps de travail dans les pays de l’OCDE. Il montre que la durée hebdomadaire habituelle du travail et l’incidence des heures supplémentaires rémunérées sont restées relativement stables au cours des dernières décennies. La durée effective du travail a diminué, mais à un rythme de plus en plus lent. Parallèlement, le temps consacré aux loisirs a diminué en pratique. Globalement (pour les pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles), l’évolution parallèle de la durée annuelle moyenne du travail, du temps moyen consacré aux loisirs et de la productivité horaire donne à penser que les hausses de la productivité n’ont pas donné lieu à du temps de loisirs supplémentaire. Cela peut s’expliquer par le fait que les travailleurs confrontés à une diminution de la part du travail dans le revenu des facteurs ont opté pour une augmentation des salaires horaires plutôt que pour une réduction du temps de travail. Il conviendrait d’entreprendre d’autres recherches à l’échelon national afin d’étudier les facteurs à l’origine de ces évolutions et d’envisager des mesures susceptibles d’améliorer l’équilibre entre le travail et les loisirs et de remédier à l’inadéquation entre les préférences des individus en matière de temps de travail et leur temps de travail réel.
En outre, ce chapitre met en lumière des différences significatives entre les groupes sociodémographiques en termes de répartition du temps de travail, d’organisation du temps de travail et d’équilibre entre travail et loisirs. D’autres analyses seront nécessaires pour comprendre les facteurs à l’origine de ces différences à l’échelon des pays, et étudier plus précisément leur évolution dans le temps, afin d’éviter un creusement des écarts en termes d’équilibre vie professionnelle-vie privée, de conditions de travail et de pauvreté en temps disponible. En outre, étant donné que de nombreuses réformes réglementaires ont été mises en œuvre pendant la crise du COVID‑19, il conviendra également d’étudier l’impact sur le temps de travail des diverses possibilités d’accroissement de la durée du travail, d’ajustement des congés payés et de développement du télétravail d’un pays et d’un groupe à l’autre.
Autre objet d’étude important à l’avenir : le lien entre le temps de travail, les résultats sur le marché du travail et le bien-être des travailleurs, ce qui devrait aider les décideurs à trouver un équilibre entre les objectifs de productivité, d’emploi et de bien-être lorsqu’ils conçoivent les réformes du temps de travail. En outre, étant donné les interactions possibles entre les différentes composantes des cadres réglementaires du temps de travail, une réforme spécifique de la réglementation du temps de travail est susceptible d’avoir une incidence sur plusieurs résultats (par ex. une réforme de la durée du travail peut entraîner une modification de l’organisation du temps de travail). Les futurs travaux de recherche devront donc examiner en détail les complémentarités ou les arbitrages possibles entre les différentes composantes des cadres réglementaires du temps de travail.
Enfin, bien que le temps de travail et l’organisation du travail soient influencés par les différences de contenu et de gouvernance de la réglementation, ils sont également susceptibles d’évoluer en fonction d’autres facteurs, comme le taux d’activité, les réformes de la fiscalité et de la protection sociale, les phases du cycle économique, ainsi que les tendances culturelles. Le recours au télétravail, en dehors de toute considération liée à l’impact de la crise sanitaire, sera le plus souvent tributaire d’une évolution des comportements et du développement des infrastructures informatiques. Il est donc nécessaire de mener des recherches plus approfondies sur les interactions entre la réglementation du temps de travail et d’autres institutions clés du marché du travail, comme les systèmes fiscaux et de sécurité sociale.
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Annexe 5.A. Graphiques et tableaux complémentaires
Copier le lien de Annexe 5.A. Graphiques et tableaux complémentairesTableau d’annexe 5.A.1. Détail des plafonds légaux et conventionnels de la durée normale du travail
Copier le lien de Tableau d’annexe 5.A.1. Détail des plafonds légaux et conventionnels de la durée normale du travail
Pays |
Durée hebdomadaire normale légale du travail (à l’exclusion des heures supplémentaires) |
Durée hebdomadaire normale conventionnelle du travail |
---|---|---|
Australie |
38 |
38 |
Autriche |
40 |
38.8 |
Belgique |
38 |
37.8 |
Canada |
40 |
s.o. |
Chili |
45 |
s.o. |
Colombie |
48 |
s.o. |
République tchèque |
40 |
38 |
Danemark |
Pas de plafond légal |
37 |
Estonie |
40 |
s.o. |
Finlande |
40 |
38 |
France |
35 |
35.6 |
Allemagne |
Pas de plafond légal |
38.2 |
Grèce |
40 |
40 |
Hongrie |
40 |
s.o. |
Israël |
42 |
42 |
Italie |
40 |
38 |
Japon |
40 |
38 |
Corée |
40 |
40 |
Lettonie |
40 |
s.o. |
Lituanie |
40 |
s.o. |
Mexique |
48 |
s.o. |
Pays-Bas |
Pas de plafond légal |
37.4 |
Nouvelle-Zélande |
40 |
40 |
Norvège |
40 |
37.5 |
Pologne |
40 |
s.o. |
Portugal |
40 |
39.4 |
République slovaque |
40 |
39 |
Slovénie |
40 |
s.o. |
Espagne |
40 |
38.2 |
Suède |
40 |
37.1‑40 |
Suisse |
Pas de plafond légal |
42 |
Turquie |
45 |
s.o. |
Royaume-Uni |
Pas de plafond légal |
s.o. |
États-Unis |
40 |
s.o. |
Note : s.o. : sans objet
Source : Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail, 2020.
Tableau d’annexe 5.A.2. Détail de la durée maximale légale et conventionnelle du travail et/ou des plafonds d’heures supplémentaires.
Copier le lien de Tableau d’annexe 5.A.2. Détail de la durée maximale légale et conventionnelle du travail et/ou des plafonds d’heures supplémentaires.
Pays |
Plafonds légaux de la durée hebdomadaire maximale du travail (heures supplémentaires comprises) |
Plafonds conventionnels de la durée hebdomadaire maximale du travail (heures supplémentaires comprises) |
Plafonds légaux d’heures supplémentaires |
Plafonds conventionnels d’heures supplémentaires |
Rémunération minimale légale |
Rémunération minimale conventionnelle |
Repos compensateur minimum légal |
Repos compensateur minimum conventionnel |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Australie |
Pas de plafond légal |
Pas de plafond conventionnel |
Pas de plafond légal |
s.o. |
Pas de minimum légal |
Généralement entre 150 % et 250 % dans les modern awards (conventions récentes) |
Pas de minimum légal |
Pas de minimum conventionnel |
Autriche |
60 heures |
60 heures |
20 heures par semaine |
s.o. |
150 % |
s.o. |
150 % |
s.o. |
Belgique |
50 heures |
50 heures |
Pas de plafond légal spécifique, la durée hebdomadaire maximale s’applique, donc plafond hebdomadaire de facto : 50‑38 = 12 heures. |
s.o. |
150 % |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
Canada |
48 heures |
s.o. |
Pas de plafond légal spécifique, la durée hebdomadaire maximale s’applique, donc plafond hebdomadaire de facto : 48‑40 = 8 heures. |
m |
150 % |
s.o. |
Les salariés peuvent passer un accord avec leur employeur et opter pour un congé payé + 50 % de leur salaire habituel en remplacement de leurs heures supplémentaires rémunérées à 150 %. |
s.o. |
Chili |
57 heures |
s.o. |
12 heures par semaine |
s.o. |
150 % |
s.o. |
Pas de RC |
s.o. |
Colombie |
60 heures |
s.o. |
12 heures par semaine |
s.o. |
125 % |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
République tchèque |
48 heures |
s.o. |
8 heures par semaine, 150 heures par an. |
s.o. |
125 % |
s.o. |
100 % |
s.o. |
Danemark |
48 heures |
s.o. |
Pas de plafond légal spécifique, le plafond de la durée hebdomadaire maximale du travail s’applique. |
s.o. |
Pas de minimum légal |
Généralement 150 % la première heure et 200 % par la suite. |
Pas de minimum légal |
|
Estonie |
48 heures |
s.o. |
Pas de plafond légal spécifique, la durée hebdomadaire maximale s’applique, donc plafond hebdomadaire de facto : 48‑40 = 8 heures. |
s.o. |
150 % |
150 % |
100 % |
s.o. |
Finlande |
48 heures |
60 heures |
Pas de plafond légal spécifique, la durée hebdomadaire maximale s’applique, donc plafond hebdomadaire de facto : 48‑40 = 8 heures. |
Industrie alimentaire : pas de plafond dédié, les règles relatives à la durée hebdomadaire maximale du travail s’appliquent. |
Deux premières heures : 150 % ; heures supplémentaires : 200 %. |
En général, les conventions respectent les plafonds légaux |
Pas de minimum légal |
s.o. |
France |
48 heures |
s.o. |
Pas de plafond légal spécifique, la durée hebdomadaire maximale s’applique, donc plafond hebdomadaire de facto : 48‑35 = 13 heures. |
s.o. |
110 % |
s.o. |
110 % |
s.o. |
Allemagne |
48 heures |
s.o. |
Pas de plafond légal spécifique, le plafond de la durée hebdomadaire maximale du travail s’applique. |
|
Pas de minimum légal |
Généralement 125 % |
Pas de minimum légal |
|
Grèce2 |
48 heures |
s.o. |
Les plafonds d’heures supplémentaires (fixés par la loi) dépendent du secteur d’emploi (industrie, commerces de détail, bureaux). Pas de plafond légal spécifique, la durée hebdomadaire maximale du travail s’applique, donc plafond hebdomadaire de facto : 48‑40 = 8 heures. |
s.o. |
120 % pour les « heures complémentaires », 140 % pour les heures supplémentaires, 160 % après 120 heures annuelles, 180 % pour les heures supplémentaires non déclarées (illégales). |
s.o. |
Pas de RC |
s.o. |
Hongrie |
48 heures |
s.o. |
250 heures par année civile + jusqu’à 150 heures par année civile en vertu d'un accord écrit entre le salarié et l’employeur ou jusqu’à 300 heures par an et 100 heures supplémentaires volontaires (convenues individuellement) via une CC. |
s.o. |
150 % |
s.o. |
100 % |
s.o. |
Israël |
58 heures |
58 heures |
16 heures par semaine |
En général, les conventions respectent les plafonds légaux |
125 % les 2 premières heures quotidiennes, puis 150 %. |
En général, les conventions respectent les plafonds légaux |
s.o. |
s.o. |
Italie |
48 heures |
48 heures |
250 heures par an |
Secteur de la métallurgie : 200 heures par an |
110 % |
s.o. |
Pas de minimum légal |
m |
Japon |
51.25 heures |
Secteur de la construction : 63 heures |
45 heures par mois, et 360 heures par an. |
Secteur de la construction : 23 heures par semaine |
125 %, 150 % après 60 heures |
Clause moyenne : 128.4 % pour les heures supplémentaires normales, 149.5 % pour les heures supplémentaires au-delà de 60 heures par mois. |
Pas de RC |
Pas de RC |
Corée |
52 heures |
52 heures |
12 heures par semaine |
12 heures par semaine |
150 % |
s.o. |
Pas de minimum légal |
s.o. |
Lettonie |
48 heures |
s.o. |
8 heures par semaine en moyenne, sur 4 mois. |
s.o. |
200 % |
Secteur de la construction : 150 % |
200 % |
s.o. |
Lituanie |
48 heures |
s.o. |
8 heures par semaine, 180 heures par an |
s.o. |
150 % |
s.o. |
150 % |
s.o. |
Mexique |
Pas de plafond spécifique mais le plafond d’heures supplémentaires s’applique |
s.o. |
9 heures par semaine |
En général, les conventions respectent les plafonds légaux |
200 %, 300 % au-delà de 9 heures |
s.o. |
Pas de minimum légal |
s.o. |
Pays-Bas |
60 heures |
44 heures |
Pas de plafond légal spécifique, le plafond de la durée hebdomadaire maximale du travail s’applique. |
6 heures par semaine, 30 heures par trimestre |
Pas de minimum légal |
De 125 à 300 % |
Pas de minimum légal |
s.o. |
Nouvelle-Zélande |
Pas de plafond légal. |
Pas de plafond conventionnel |
Pas de plafond légal. |
Pas de plafond conventionnel |
Pas de minimum légal |
Généralement : 150 % |
Pas de minimum légal |
Les RC (à un taux de 100%) sont courants dans les CC au niveau de l’entreprise et dans les politiques d’entreprise |
Norvège |
48 heures |
s.o. |
10 heures par semaine, 25 heures toutes les 4 semaines, 200 heures par an. |
300 heures par an, 25 heures par semaine |
140 % |
Généralement : 150 % |
100 % + 40 % de complément de salaire |
En général, les conventions respectent les plafonds légaux |
Pologne |
48 heures |
s.o. |
150 heures par an |
s.o. |
150‑200 % |
s.o. |
150 % |
s.o. |
Portugal |
48 heures |
Secteur de la construction : 40 heures |
2 heures par jour, 175 heures par an (150 pour les moyennes ou grandes entreprises), jusqu’à 200 heures par an par accord collectif. |
s.o. |
125 % pour la première heure ou partie d’heure et 137.5 % au-delà. |
s.o. |
100 % des heures de repos quotidiennes manquantes. |
s.o. |
République slovaque |
48 heures |
s.o. |
8 heures/semaine, 150 heures/an, jusqu’à ou 400 heures par an en accord avec le salarié, à l’exclusion des heures supplémentaires pour lesquelles le salarié bénéficie d’un congé compensatoire. |
s.o. |
125 % |
s.o. |
100 % |
s.o. |
Slovénie |
48 heures |
s.o. |
2 heures par jour, 8 heures par semaine, 20 heures par mois, 170 heures par an |
s.o. |
Pas de minimum légal |
130% dans la CC des travailleurs du secteur public |
Pas de minimum légal |
s.o. |
Espagne |
Pas de plafond spécifique mais le plafond d’heures supplémentaires s’applique |
s.o. |
4 heures par jour, 80 heures par an, à l’exclusion des heures supplémentaires compensées par un repos dans un délai de quatre mois. |
s.o. |
Pas de minimum légal |
s.o. |
Pas de minimum légal |
s.o. |
Suède |
48 heures |
s.o. |
5 heures par jour, 48 heures sur 4 semaines, 50 heures par mois et 200 heures par an + heures additionnelles en sus des heures supplémentaires normales jusqu’à 150 heures par an s’il existe des raisons particulières d’y recourir, et en l’absence d’autre solution raisonnable. |
|
Pas de minimum légal |
Secteur privé : en semaine, heures supplémentaires rémunérées au salaire mensuel/94 ; le week-end et la nuit, heures supplémentaires rémunérées au salaire mensuel/72. |
Pas de minimum légal |
|
Suisse |
50 heures |
Secteur de la construction : 48 heures |
2 heures par jour, 170 heures par an (le plafond hebdomadaire étant fixé à 45 heures) ou 140 heures par an (le plafond hebdomadaire étant fixé à 50 heures). |
s.o. |
125 % |
Métallurgie, machines et électronique : 125 %. |
100 % |
Métallurgie, machines et électroniques : RC à hauteur de 1.25 heure par heure supplémentaire |
Turquie |
66 heures |
s.o. |
270 heures par an. |
s.o. |
150 % |
s.o. |
150 % |
s.o. |
Royaume-Uni |
Pas de plafond légal3. |
s.o. |
Pas de plafond légal. |
Pas de plafond conventionnel |
Pas de minimum légal |
s.o. |
Pas de RC |
s.o. |
États-Unis |
Pas de plafond légal. |
s.o. |
Pas de plafond légal |
Pas de plafond conventionnel |
150 %4 |
s.o. |
m |
m |
Note : CC : convention collective ; RC : repos compensateur ; m : information manquante ; s.o. : sans objet.
Il existe dans la plupart des pays des dispositions supplémentaires relatives aux heures supplémentaires pour travaux urgents, qui ne sont pas incluses dans les plafonds indiqués ci-dessus. Dans la plupart des pays, l’indemnisation minimale est plus élevée lorsque les heures supplémentaires sont effectuées pendant les week-ends et les jours fériés. Dans la plupart des pays, les cadres sont exonérés des plafonds d’heures supplémentaires.
1. Les plafonds indiqués pour la République tchèque se rapportent aux heures supplémentaires « obligatoires », qui peuvent être imposées par les employeurs ; par ailleurs, les plafonds applicables aux heures supplémentaires « convenues » sont les suivants : maximum 8 heures en moyenne au cours d’une période de référence de 26 semaines, jusqu’à 52 semaines en vertu d’une convention collective.
2. En Grèce, les heures comprises entre 40 et 45 heures sont dénommées « heures complémentaires », alors que les heures comprises entre 45 et 48 heures sont des « heures supplémentaires ». Les informations figurant ici se rapportent aux deux.
3. Dans la pratique, la loi fixe un plafond de 48 heures, mais une dérogation est possible et, dans la pratique, la plupart des contrats en incluent une de facto.
4. Pour les salariés non exemptés couverts par le Fair Labor Standards Act (FLSA).
Source : Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail, 2020.
Tableau d’annexe 5.A.3. Détail des modalités légales et conventionnelles de modulation
Copier le lien de Tableau d’annexe 5.A.3. Détail des modalités légales et conventionnelles de modulation
Pays |
Qu’est-ce qui est modulé ? |
Période par défaut légale |
Prolongation de la période maximale par négociation collective |
Période maximale légale |
La négociation collective peut-elle dépasser les plafonds dans certains cas ? |
---|---|---|---|---|---|
Australie |
Durée hebdomadaire normale du travail |
s.o. |
s.o. |
26 semaines |
Non |
Autriche |
Durée hebdomadaire normale et durée hebdomadaire maximale du travail |
Oui |
52 semaines pour des raisons d’organisation, 26 semaines dans les autres cas. |
Oui |
|
Belgique |
Durée hebdomadaire normale et durée hebdomadaire maximale du travail |
13 semaines |
Oui |
52 semaines |
Non |
Canada |
Durée hebdomadaire normale et durée hebdomadaire maximale du travail |
s.o. |
s.o. |
156 semaines (en l’absence de convention collective) |
Oui |
Chili |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
Colombie |
Durée hebdomadaire normale du travail |
s.o. |
s.o. |
3 semaines |
Non |
République tchèque |
Durée hebdomadaire normale du travail et nombre d'heures supplémentaires |
26 semaines |
Oui |
52 semaines |
Non |
Danemark |
Durée hebdomadaire maximale du travail |
s.o. |
s.o. |
16 semaines |
Oui |
Estonie |
Durée hebdomadaire maximale du travail |
16 semaines |
Oui |
52 semaines |
Non |
Finlande |
Durée hebdomadaire normale et durée hebdomadaire maximale du travail |
16 semaines |
Oui |
52 semaines |
Non |
France |
Durée hebdomadaire normale du travail |
s.o. |
s.o. |
12 semaines |
Non |
Allemagne |
Durée hebdomadaire maximale du travail1 |
24 semaines |
Oui |
52 semaines |
Non4 |
Grèce |
Durée hebdomadaire normale du travail |
16 semaines |
Oui |
26 semaines |
Non |
Hongrie |
Durée totale |
16 semaines |
Oui |
52 semaines |
Non |
Israël |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
Italie |
Durée hebdomadaire normale du travail |
16 semaines |
Oui |
52 semaines |
Non |
Japon |
Durée hebdomadaire normale du travail |
4 semaines |
Oui |
52 semaines |
Non |
Corée |
Durée hebdomadaire normale et durée hebdomadaire maximale du travail |
2 semaines |
Oui |
12 à 36 semaines |
Non |
Lettonie |
Durée hebdomadaire maximale du travail |
4 semaines |
Oui |
52 semaines par CC / 12 par AI5 |
Non |
Lituanie |
Durée hebdomadaire normale du travail |
s.o. |
s.o. |
12 semaines |
Non |
Mexique |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
Pays-Bas |
Durée hebdomadaire maximale du travail |
4 semaines |
Oui |
52 semaines |
Non |
Nouvelle-Zélande |
Durée hebdomadaire normale du travail |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
Norvège |
Durée hebdomadaire normale et durée hebdomadaire maximale du travail2 |
s.o. |
s.o. |
8 semaines (durée maximale) ; 52 semaines (durée normale) |
Non |
Pologne |
Durée hebdomadaire normale du travail |
16 semaines |
Oui |
52 semaines |
Non |
Portugal |
Durée hebdomadaire normale et durée hebdomadaire maximale du travail |
16 à 26 semaines |
Oui |
52 semaines |
Non |
République slovaque |
Nombre d’heures supplémentaires |
16 semaines |
Oui |
52 semaines |
Non |
Slovénie |
Durée hebdomadaire maximale du travail |
24 semaines |
Oui |
52 semaines |
Non |
Espagne |
Durée hebdomadaire normale du travail |
s.o. |
s.o. |
52 semaines |
Non |
Suède |
Durée hebdomadaire normale et durée hebdomadaire maximale du travail |
16 semaines |
Oui |
52 semaines |
Non |
Suisse |
Nombre d’heures supplémentaires3 |
s.o. |
s.o. |
4 à 8 semaines |
Non |
Turquie |
Durée hebdomadaire normale du travail |
8 semaines |
Oui |
16 semaines |
Non |
Royaume-Uni |
Durée hebdomadaire normale du travail |
17 semaines |
Oui |
56 semaines |
Non |
États-Unis |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
s.o. |
Note : s.o. : sans objet
1. Durée quotidienne maximale, mais par extension, durée hebdomadaire maximale.
2. Modulation sur 8 semaines pour la durée hebdomadaire maximale et sur un an pour la durée hebdomadaire normale, variable en fonction du type de convention.
3. Il s’agit du nombre d’heures supplémentaires pouvant faire l’objet d’une modulation (heures au-delà de la durée normale, mais en deçà du « travail supplémentaire », c’est-à-dire du temps de travail dépassant la durée maximale de la semaine de travail fixée dans la législation).
4. En Allemagne, la période maximale de modulation de 52 semaines, liée au plafond de modulation de 8 heures par jour (48 heures par semaine), ne peut pas être prolongée, même dans le cadre de négociations collectives. Toutefois, les conventions collectives peuvent fixer des périodes de modulation plus longues lorsque les plafonds de modulation sont inférieurs à 48 heures.
5. CC : « convention collective » ; AI: « accord individuel ».
Source : Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail, 2020.
Tableau d’annexe 5.A.4. Détail des congés payés légaux et conventionnels
Copier le lien de Tableau d’annexe 5.A.4. Détail des congés payés légaux et conventionnels
Pays |
Durée minimale des congés payés annuels légaux |
Congés payés annuels conventionnels Nombre de jours de congés payés par an |
|
---|---|---|---|
Nombre de jours de congés payés (en jours ouvrés, sauf indication contraire) pour un travailleur standard |
Règles spécifiques |
||
Australie |
20 jours |
Les travailleurs postés peuvent avoir droit jusqu’à 25 jours (5 semaines). |
4 semaines de congés payés annuels, plus une semaine pour les travailleurs postés (négocié au niveau de l’entreprise, mais presque toujours conforme à la convention collective). |
Autriche |
25 jours |
30 jours si le samedi est un jour ouvré. Au-delà de 25 ans, 5 jours supplémentaires (6 samedis compris). |
m |
Belgique |
20 jours |
Ce chiffre se rapporte au secteur privé et varie selon qu’il s’agit d’employés ou de travailleurs manuels, de jeunes travailleurs ou d’artistes ; le minimum légal dans le secteur public est fixé à 24 jours. |
Jusqu’à 5 jours supplémentaires Tant au niveau du secteur que de l’entreprise, les congés payés conventionnels supplémentaires peuvent varier en fonction de l’âge, de l’ancienneté, etc. |
Canada |
10 jours |
2 semaines (10 jours ouvrés) au bout d’un an de service auprès du même employeur, 15 jours au bout de 5 ans et 20 jours au bout de 10 ans. Les dispositions du Code canadien du travail relatives à l’indemnité de congé annuel ne s’appliquent pas aux salariés parties à une CC accordant des droits et des avantages au moins aussi favorables que ceux accordés par le Code et prévoyant une procédure de règlement des différends devant un organe indépendant. Le règlement des litiges relatifs à l’indemnité de congé annuel est régi exclusivement par la CC dans ces instances-> Gouvernance. |
Varie d’une province à l’autre. Voir Colombie-Britannique : https://bcbargaining.ca ; les dispositions des CC de l’Ontario varient considérablement en fonction de la branche, du secteur, de la taille de l’entreprise : https://www.sdc.gov.on.ca/sites/mol/drs/ca/Pages/default_en.aspx) ; au Québec : 2 semaines (10 jours) après un an de service, 3 semaines (15 jours) après 3 ans, 4 semaines après 10 ans, 5 semaines après 20 ans, 6 semaines (30 jours) après 20 ans : environ 16 % des salariés syndiqués bénéficient des 6 semaines (30 jours). |
Chili |
15 jours |
Les travailleurs y ont droit après un an de service. Les parties ont la possibilité de porter le nombre de jours de congé à plus de 15 jours ou de verser des primes de vacances en dehors du cadre légal. En outre, selon la loi, les salariés comptant 10 années de service ou plus, consécutives ou non, bénéficient d’un jour de congé supplémentaire pour chaque nouvelle tranche de 3 années de service chez le même employeur. Dans ce cas, seule une période maximale de 10 ans de travail chez un ancien employeur sera prise en compte. Jusqu’à 20 jours dans certaines régions. |
s.o. |
Colombie |
15 jours |
m |
m |
République tchèque |
20 jours |
Dans le secteur public – 25 jours (5 semaines) ; enseignants et universitaires – 40 jours (8 semaines) ; Pour certaines catégories de travailleurs (postes physiquement ou psychiquement exigeants ou dangereux) – une semaine supplémentaire de congés annuels rémunérés. |
5 jours supplémentaires (1 semaine) |
Danemark |
25 jours |
m |
30 jours (durée minimale des congés payés annuels conventionnels) |
Estonie |
20 jours |
25 jours (par ex. 35 jours calendaires pour les mineurs et les salariés souffrant d'une incapacité partielle ou totale, et pour les marins), jusqu’à 40 jours (56 jours calendaires) pour le personnel éducatif (loi sur les contrats de travail, articles 56, 57 et 58). |
25 jours (par ex. 35 jours calendaires) est la durée la plus fréquemment négociée (accords au niveau des entreprises). |
Finlande |
20 jours |
En règle générale, les salariés ont droit à 4 semaines de congé d’été et à 1 semaine de congé d’hiver. La plupart des dispositions relatives aux congés annuels sont fixées par les CC sectorielles. |
m |
France |
25 jours |
m |
Ce nombre peut être augmenté dans le cadre des négociations au niveau de l’entreprise ou du secteur. |
Allemagne |
20 jours |
24 jours pour une semaine de 6 jours ouvrés |
30 jours (en moyenne, durée minimale conventionnelle des congés payés annuels) Dans les secteurs où les salariés travaillent 6 jours par semaine, le congé conventionnel peut atteindre 36 jours, par ex. dans le commerce de détail ou le service public. |
Grèce |
20 jours |
Les droits augmentent après un an de service. 24 jours pour une semaine de 6 jours ouvrés. Varie selon l’employeur/l’entreprise |
23 jours (selon la CC des banques – Ο.Τ.Ο.Ε. après 5 années de service). |
Hongrie |
20 jours |
Les droits augmentent avec l’âge et le nombre d’enfants à charge. Les jeunes travailleurs (moins de 18 ans), les salariés travaillant sous terre ou exposés aux rayonnements ionisants ont droit à 5 jours ouvrés de congés supplémentaires par an. Des règles spécifiques s’appliquent aux enseignants et aux travailleurs des services de santé. |
m |
Islande |
s.o. |
s.o. |
m |
Irlande |
20 jours |
m |
m |
Israël |
16 jours calendaires |
16 jours calendaires pendant les 5 premières années de service, et jusqu’à 28 jours calendaires par an en fonction de l’ancienneté dans l’entreprise. |
Jours supplémentaires dans certains secteurs en fonction de l’ancienneté (et pour des raisons familiales dans le secteur du nettoyage et de la sécurité). |
Italie |
20 jours |
m |
25 jours Les conventions sectorielles nationales et les accords d’entreprise peuvent accorder davantage de jours supplémentaires. |
Japon |
10 jours |
Les salariés y ont droit après 6 mois consécutifs de service et pour une quotité de temps de travail de 80 % minimum). Les salariés ont ensuite droit à des jours supplémentaires chaque année, mais la durée maximale des congés payés est fixée à 20 jours par an. |
Outre les congés payés annuels, il existe toute une série de régimes de congés, comme le congé de ressourcement, le congé pour bénévolat, le congé d’anniversaire, le congé de soutien familial, etc. Les négociations se font principalement pour les régimes de congé. |
Corée |
15 jours |
16 jours de congés payés, dont 15 jours de congés annuels et un jour correspondant à un jour férié fixé à l’échelon national. Les salariés y ont droit après une année consécutive de service et pour une quotité de temps de travail de 80 % minimum. Tout salarié ayant travaillé de façon continue pendant moins d’un an ou ayant travaillé moins de 80 % d’une année a droit à un jour par mois travaillé. |
s.o. |
Lettonie |
20 jours |
Les salariés âgés de moins de 18 ans ont droit à un mois de congés payés par an. |
s.o. |
Lituanie |
20 jours |
24 jours pour une semaine de 6 jours ouvrés. 25 jours pour les salariés de moins de 18 ans ou les parents isolés ayant des enfants à charge ; les salariés dont le travail induit une tension nerveuse, émotionnelle ou mentale plus importante et un risque professionnel, ainsi que ceux dont les conditions de travail sont particulières, ont droit à 41 jours maximum (pour une semaine de 5 jours ouvrés) et à 50 jours maximum (pour une semaine de 6 jours ouvrés). |
s.o. |
Luxembourg |
25 jours |
m |
m |
Mexique |
6 jours |
Les salariés y ont droit après un an de service. Ensuite le nombre de jours augmente avec l’ancienneté. Les salariés de moins de 18 ans ont droit à 18 jours minimum. |
12 jours le plus souvent |
Pays-Bas |
20 jours |
m |
5 jours supplémentaires (en moyenne en vertu d’une convention collective). |
Nouvelle-Zélande |
20 jours |
Les salariés y ont droit après 12 mois de service, bien que l’employeur puisse autoriser un salarié à prendre à l’avance un pourcentage convenu de congés payés. |
Il est de plus en plus fréquent d’accorder plus de 20 jours. |
Norvège |
21 jours |
Les salariés âgés de 60 ans et plus ont droit à une semaine supplémentaire. |
25 jours (moyenne des accords de branche) |
Pologne |
20 jours |
Le droit passe de 20 à 26 jours au bout de 10 années d’emploi |
m |
Portugal |
22 jours |
Au cours de la première année, le salarié a droit à 2 jours ouvrés par mois de contrat, dans la limite de 20 jours, après 6 mois de travail. |
22 jours |
République slovaque |
20 jours |
25 jours (salariés âgés de 33 ans et plus, ou ayant des enfants à charge ou exerçant des emplois particulièrement difficiles ou pénibles). 40 jours (activités de recherche/pédagogiques ou activités scientifiques). |
25 jours (clause type visant les travailleurs couverts par les accords d’entreprise) |
Slovénie |
20 jours |
m |
s.o. |
Espagne |
22 jours |
m |
30 jours, le moment auquel les congés doivent être pris étant précisé lors des négociations dans le cadre de la CC de l’entreprise. |
Suède |
25 jours |
m |
27.3 jours (moyenne des accords de branche) |
Suisse |
20 jours |
25 jours pour les salariés de moins de 20 ans |
25 jours (20 ans et plus), 27 jours (40 ans et plus), 30 jours (50 ans et plus) (métallurgie, machines et électronique) |
Turquie |
14 jours |
Les salariés y ont droit après un an de service ; après 5 ans, le congé payé passe à 20 jours ; après 15 ans, à 26 jours. |
s.o. |
Royaume-Uni |
20 jours |
À l’exception des employés de maison, des travailleurs des secteurs des transports aérien, ferroviaire, routier, maritime, fluvial et lacustre, des autres activités en mer ; ou des médecins en formation, ou de services spécifiques comme les forces armées ou la police, ou de certaines activités spécifiques des services de protection civile |
m |
États-Unis |
Aucune loi fédérale permanente n’oblige les employeurs à accorder des congés payés aux salariés. |
m |
m |
Note : CC : convention collective ; m : information manquante ; s.o. : sans objet.
Source : Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail, 2020.
Tableau d’annexe 5.A.5. Détail des dispositions relatives aux jours fériés
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Pays |
Jours fériés annuels |
Jours fériés conventionnels Nombre de jours fériés par an |
|
---|---|---|---|
Nationaux |
Règles spécifiques |
||
Australie |
7 jours |
Les jours supplémentaires peuvent être fixés au niveau central ou régional |
s.o. - Les jours fériés ne relèvent pas du champ d’application des accords d’entreprise. Le nombre de jours fériés ne figure donc pas dans la Workplace Agreements Database. |
Autriche |
13 jours |
m |
m |
Belgique |
10 jours |
Les jours fériés tombant un dimanche sont généralement remplacés. Le nombre de jours peut être augmenté par arrêté royal. Les dates et les secteurs peuvent être fixés par arrêté royal. |
m |
Canada |
9 jours |
Le Code canadien du travail en prévoit neuf : le jour de l’An, le Vendredi saint, la fête de Victoria, la fête du Canada, la fête du Travail, le jour de l’Action de grâce, le jour du Souvenir, le jour de Noël et le Lendemain de Noël. Si l’ensemble des provinces et des territoires ont de nombreux jours fériés en commun (le jour de l’An, la fête du Canada, la fête du Travail et Noël), d’autres sont propres à certains territoires (par ex. Fête nationale du Québec). |
Exemples dans la British Columbia Bargaining Database : https://bcbargaining.ca ; les dispositions des CC de l’Ontario varient considérablement en fonction de la branche, du secteur, de la taille de l’entreprise, etc. (CC de l’Ontario https://www.sdc.gov.on.ca/sites/mol/drs/ca/Pages/default_en.aspx). Au Québec, plus de 63 % des salariés syndiqués ont droit à 11 à 15 jours par an. |
Chili |
5 jours |
Environ 4 jours supplémentaires fixés à l’échelon régional. L’interdiction de travailler les jours fériés ne s’applique pas à certains secteurs ou activités spécifiques expressément énoncés dans l’article 38 du Code du travail (par ex. les activités nécessitant de travailler en continu pour des raisons techniques, les salariés exerçant des activités marchandes dans des établissements commerciaux, les salariés servant sur des navires, dans des sites portuaires, les athlètes professionnels, entre autres). Les entreprises exonérées de l’interdiction susmentionnée doivent accorder à leurs salariés un jour de congé payé en échange des jours fériés travaillés. |
s.o. |
Colombie |
18 jours |
m |
s.o. |
République tchèque |
12 jours |
m |
s.o. |
Danemark |
9 jours |
m |
Jusqu’à 4 à 5 jours supplémentaires en plus des 9 jours fériés légaux (au niveau du secteur ou de l’entreprise). |
Estonie |
11 jours |
s.o. |
s.o. |
Finlande |
11 jours |
m |
2 jours supplémentaires |
France |
11 jours |
Les jours fériés ne sont pas systématiquement des jours non travaillés par l’ensemble des salariés (à l’exception du 1er mai). Les jours fériés qui coïncident avec un jour de repos ne sont généralement pas compensés. |
Possibilité de négocier une compensation dans le cas où un jour férié coïnciderait avec un jour de repos. |
Allemagne |
9 jours |
Le nombre de jours fériés n’est pas le même dans les 16 Länder, et s’échelonne de 10 à 14 jours. |
2019 : 12.2 jours, http://doku.iab.de/arbeitsmarktdaten/AZ-Komponenten_en.xlsx |
Grèce |
6 jours (plus un jour facultatif à la discrétion de l’employeur) |
m |
Jusqu’à 4 jours supplémentaires (pour des professions spécifiques, comme les pompiers, les artisans, les travailleurs de la construction navale) ou concernant les jours fériés locaux, accord avec l’inspection du travail. |
Hongrie |
11 jours |
m |
s.o. |
Islande |
s.o. |
m |
m |
Irlande |
9 jours |
m |
m |
Israël |
9 jours |
m |
À l’échelon local, les municipalités peuvent accorder des jours supplémentaires. |
Italie |
12 jours |
m |
m |
Japon |
0 |
m |
Jusqu’à 16 jours |
Corée |
15 jours |
Avec l’accord du représentant du personnel, les entreprises peuvent prendre des dispositions pour que les salariés prennent des jours de congé en remplacement des jours fériés : les jours fériés rémunérés sont progressivement mis en œuvre en fonction de la taille des entreprises, à commencer par les entreprises de 300 salariés ou plus en 2020 et en incluant toutes les entreprises de 5 salariés ou plus à partir de 2022. |
s.o. |
Lettonie |
15 jours |
Une fois tous les 4 ans (jour de la clôture du Festival général de chant et de danse de Lettonie). Loi sur les jours fériés, les jours de commémoration et les jours de célébration |
s.o. |
Lituanie |
15 jours |
Un jour férié ne peut être travaillé qu’avec l’accord du salarié, sauf en cas de temps de travail annualisé ou dans les cas prévus par la CC. |
s.o. |
Luxembourg |
10 jours |
m |
m |
Mexique |
8 jours |
m |
m |
Pays-Bas |
9 jours |
Les jours fériés sont fixés par la loi, mais ce sont les conventions collectives qui déterminent si les salariés ne travaillent pas les jours fériés (voire le le dimanche). Normalement, le jour de l’An, Pâques (+ lundi), l’anniversaire du Roi, l’Ascension, la Pentecôte (+ lundi) et Noël (2 jours) sont fériés. Dans la plupart des secteurs, le Jour de la Libération est férié une fois tous les 5 ans. Le Vendredi saint n’est férié que dans certains secteurs spécifiques. |
9 jours (Vendredi saint et Jour de la Libération selon la CC) : la loi ne dit rien sur la rémunération des jours fériés. |
Nouvelle-Zélande |
11 jours |
Tout salarié travaillant un jour férié a droit à un salaire majoré de moitié pour toutes les heures travaillées ce jour-là. En outre, les salariés postés qui travaillent pendant les jours fériés ont droit à un congé compensatoire pour chaque jour férié ou partie de jour férié travaillé, uniquement si le jour de la semaine concerné est habituellement travaillé. Les salariés qui sont d’astreinte et sont appelés sur le terrain, ou qui ne sont pas appelés mais sont contraints de rester à leur domicile, ont droit à une journée complète de congé compensatoire rémunéré, uniquement si le jour de la semaine concerné est habituellement travaillé. Si un travailleur est d’astreinte, mais n’est pas obligé de restreindre ses activités, par exemple si le travailleur peut choisir de ne pas répondre à l’appel, il ne bénéficie d’un congé compensatoire que s’il accepte de répondre à l’astreinte et qu’il aurait habituellement travaillé ce jour-là. |
La plupart des employeurs, sinon tous, n’accordent pas plus de jours que les 11 jours fériés légaux. |
Norvège |
10 jours |
Les salariés d’une autre confession (n’observant pas les fêtes religieuses légales) peuvent travailler lors de ces fêtes religieuses en contrepartie d’un congé pendant les fêtes de leur religion. |
Conforme à la réglementation légale. |
Pologne |
13 jours |
m |
s.o. |
Portugal |
13 jours |
m |
Les conventions collectives et les contrats de travail peuvent prévoir 2 jours supplémentaires maximum (jours fériés facultatifs), qui doivent être observés comme les jours fériés obligatoires (articles 235 et 236 du Code du travail). |
République slovaque |
15 jours |
Dans le commerce de détail, et sous certaines conditions, l’employeur peut imposer au salarié de travailler certains jours (annexe no 1 du Code du travail). |
s.o. |
Slovénie |
13 jours |
m |
m |
Espagne |
14 jours |
m |
m |
Suède |
10 jours |
m |
Il existe un large éventail de CC, tant dans les secteurs public et privé qu’aux niveaux national et local, réglementant les jours de congé associés aux jours fériés, par exemple la veille de Noël dans le secteur public national, Villkorsvtalet 7 kap. 7 § |
Suisse |
9 jours dans la plupart des cantons |
Varie entre 9 et 13 jours d’un canton à l’autre |
m |
Turquie |
15 jours |
m |
s.o. |
Royaume-Uni |
8 jours |
Les contrats ou conventions peuvent accorder un congé rémunéré pendant les jours fériés ; les congés pour jours fériés peuvent être décomptés des jours légaux de congés payés. |
m |
États-Unis |
10 jours |
m |
m |
Note : CC : convention collective ; m : information manquante ; s.o. : sans objet.
Source : Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail, 2020.
Tableau d’annexe 5.A.6. Gouvernance de la durée hebdomadaire normale du travail dans les pays de l’OCDE en 2020
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Réglementation la plus uniforme |
Réglementation de la durée hebdomadaire normale du travail |
Plus de marge pour les variations locales |
|||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Plafond contraignant de la durée hebdomadaire normale du travail (légal ou convenu collectivement au niveau central) |
Possibilité de dépasser le plafond de la durée hebdomadaire normale du travail (par accord collectif/dans un contrat individuel) |
Aucun plafonnement de la durée hebdomadaire normale du travail |
|||||||
Plafond contraignant de la durée hebdomadaire maximale du travail |
Possibilité de dépasser le plafond de la durée hebdomadaire maximale du travail |
Aucun plafonnement de la durée maximale du travail |
Plafond contraignant de la durée hebdomadaire maximale du travail |
Possibilité de dépasser le plafond de la durée hebdomadaire maximale du travail |
Plafond contraignant de la durée hebdomadaire maximale du travail |
Possibilité de dépasser le plafond de la durée hebdomadaire maximale du travail |
Aucun plafonnement de la durée maximale du travail |
||
Réglementation de la modulation de la durée normale du travail |
La modulation du plafond de la durée normale du travail n’est pas possible |
Chili Israël Lettonie Mexique République slovaque |
Estonie |
Slovénie États-Unis |
|||||
La modulation du plafond de la durée normale du travail nécessite une convention collective |
Belgique Grèce Japon |
Portugal |
Suède |
||||||
La modulation du plafond de la durée normale du travail nécessite le consentement du salarié |
Finlande |
Australie |
Autriche Colombie Nouvelle-Zélande Norvège Espagne |
||||||
La modulation du plafond de la durée normale du travail peut être décidée par les employeurs |
Corée Pologne Turquie |
Canada République tchèque France Hongrie Italie Lituanie |
|||||||
Plus de marge pour les variations locales |
Pas de plafonnement de la durée normale du travail |
Pays-Bas Suisse |
Danemark Allemagne |
Royaume-Uni |
Note : en vert foncé : pays où le plafond de la durée hebdomadaire normale du travail (hors heures supplémentaires) correspond le plus souvent à la durée normale par défaut ; en vert clair : pays où le plafond de la durée hebdomadaire normale du travail est le plus souvent déterminé au niveau national ou sectoriel ; en rouge foncé : pays où le plafond de la durée hebdomadaire normale du travail est le plus souvent déterminé au niveau de l’entreprise ; en rouge clair : pays où le plafond de la durée hebdomadaire normale du travail est le plus souvent fixé par contrat individuel.
Ce tableau permet de constituer les groupes de pays suivants (utilisés pour élaborer le Tableau 5.1)
Pays à réglementation uniforme : la durée hebdomadaire normale du travail est soumise à un plafond contraignant (légal par défaut ou négocié collectivement au niveau national ou sectoriel), sans possibilité d’y déroger ni de recourir à des mécanismes de modulation : Chili, Estonie, Israël, Lettonie, Mexique et République slovaque.
Pays à réglementation plutôt uniforme : la durée hebdomadaire normale du travail est soumise à un plafond contraignant (légal par défaut ou négocié collectivement au niveau national ou sectoriel), auquel il n’est pas possible de déroger, mais permettant de recourir à la modulation du temps de travail dans une certaine mesure par accord collectif (Belgique, Grèce, Japon et Portugal), ou avec le consentement du salarié (Australie et Finlande).
Pays à réglementation mixte, où la durée hebdomadaire normale du travail est soumise soit :
1) à un plafond contraignant (légal par défaut ou négocié collectivement au niveau national ou sectoriel), auquel il n’est pas possible de déroger, mais permettant aux employeurs de recourir unilatéralement à la modulation du temps de travail Canada, Corée, France, Hongrie, Italie, Lituanie, Pologne, République tchèque et Turquie (où le plafond est le plus souvent conventionnel que légal) ;
soit 2) à un plafond (légal par défaut ou négocié collectivement au niveau national ou sectoriel) qui peut être dépassé par le biais de dérogations aux niveaux de négociation inférieurs (sans possibilité de recourir à la modulation du temps de travail) : États-Unis et Slovénie.
Pays à réglementation plutôt hétérogène : la durée hebdomadaire normale du travail (légale par défaut ou négociée collectivement au niveau national ou sectoriel) est soumise à un plafond qui peut être dépassé par le biais de dérogations à des niveaux de négociation inférieurs, et les possibilités de modulation du temps de travail sont limitées, et nécessitent le consentement du salarié ou une convention collective : Autriche, Colombie, Espagne, Norvège, Nouvelle-Zélande et Suède.
Pays à réglementation hétérogène : les règles relatives à la durée hebdomadaire normale du travail relèvent le plus souvent d’accords de branche (Danemark, Pays-Bas) ou d’accords au niveau de l’entreprise (Allemagne, Suisse), et il n’existe pas de plafond légal ou négocié au niveau central.
Pays non réglementés : la durée hebdomadaire normale du travail est généralement fixée par contrat individuel et n’est pas plafonnée : Royaume-Uni.
Source : Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail.
Tableau d’annexe 5.A.7. La gouvernance des heures supplémentaires/de la durée hebdomadaire maximale du travail dans les pays de l’OCDE en 2020
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Réglementation la plus uniforme |
Réglementation des heures supplémentaires/de la durée maximale du travail |
Plus de marge pour les variations locales |
||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Plafond contraignant de la durée maximale du travail (légal ou négocié collectivement au niveau central) |
Possibilité de dépasser le plafond par le biais de conventions collectives ou de contrats individuels |
Pas de plafond ni de rémunération minimale |
||||||
Rémunération minimale contraignante |
Possibilité d’abaisser la rémunération minimale |
Pas de rémunération minimale |
Rémunération minimale contraignante |
Possibilité d’abaisser la rémunération minimale |
Pas de rémunération minimale |
|||
Réglementation de la modulation des heures supplémentaires/de la durée maximale du travail |
La modulation du plafond d’heures supplémentaires n’est pas possible |
Chili Grèce Israël Mexique Pologne Turquie |
Colombie France Italie Lituanie Espagne États-Unis |
Japon |
||||
La modulation du plafond d’heures supplémentaires nécessite une convention collective |
Belgique |
Danemark |
Autriche Canada |
|||||
La modulation du plafond d’heures supplémentaires nécessite le consentement du salarié |
République tchèque République slovaque |
Lettonie |
Estonie Norvège Portugal |
|||||
La modulation du plafond d’heures supplémentaires peut être décidée par les employeurs |
Corée Pays-Bas |
Finlande Allemagne Suisse |
Hongrie Slovénie |
Suède |
||||
Plus de marge pour les variations locales |
S/O (pas de plafond d’heures supplémentaires) |
Australie Nouvelle-Zélande Royaume-Uni |
Note : en vert foncé : pays dans lesquels le plafond des heures supplémentaires/de la durée hebdomadaire maximale du travail (heures supplémentaires incluses) correspond le plus souvent au plafond légal par défaut ; en vert clair : pays dans lesquels le plafond des heures supplémentaires/de la durée hebdomadaire maximale du travail est le plus souvent déterminé au niveau national ou sectoriel ; en rouge foncé : pays dans lesquels le plafond des heures supplémentaires/de la durée hebdomadaire maximale du travail est le plus souvent déterminé au niveau de l’entreprise ; en rouge clair : pays dans lesquels le plafond des heures supplémentaires/de la durée hebdomadaire maximale du travail est le plus souvent fixé dans les contrats individuels.
Réglementation uniforme : au Chili, en Grèce, en Israël, au Mexique, en Pologne et en Turquie, la réglementation du plafond de la durée hebdomadaire maximale du travail/des heures supplémentaires est centralisée ; le plafond (légal par défaut) est contraignant et il n’est pas possible d’y déroger ni de le contourner par le biais de mécanismes de modulation.
Réglementation plutôt uniforme : en Belgique, au Danemark, en Lettonie, en République slovaque et en République tchèque, la durée maximale du travail et les heures supplémentaires sont généralement réglementées de manière centralisée, étant donné qu’un plafond contraignant (légal par défaut) est en vigueur, mais il est possible de recourir à des mécanismes de modulation dans une certaine mesure, avec le consentement du salarié ou par le biais de négociations collectives.
Réglementation mixte :
En Allemagne, en Corée, en Finlande, aux Pays-Bas et en Suisse, la réglementation de la durée maximale du travail/des heures supplémentaires est mixte, et fixe un plafond contraignant (légal par défaut) qui peut être contourné relativement facilement, puisque les employeurs peuvent décider unilatéralement de recourir à des mécanismes de modulation du temps de travail.
En Colombie, en Espagne, aux États-Unis, en France, au Japon, en Italie et en Lituanie, la réglementation est également mixte, et fixe un plafond qui ne peut être contourné par des mécanismes de modulation, mais peut être dépassé par le biais de dérogations à des niveaux de négociation inférieurs.
Réglementation principalement hétérogène : en Autriche, au Canada, en Estonie, en Norvège et au Portugal, la durée maximale du travail/les heures supplémentaires sont principalement réglementées au niveau local, car les plafonds (légaux par défaut ou négociés collectivement au niveau national ou sectoriel) peuvent être dépassés par le biais de dérogations aux niveaux de négociation inférieurs, et il est possible de recourir dans une certaine mesure à des mécanismes de modulation avec le consentement du salarié ou par accord collectif (Autriche et Canada).
Réglementation hétérogène : en Hongrie, en Slovénie et en Suède, la durée maximale du travail/les heures supplémentaires sont entièrement réglementées au niveau local : les plafonds existants peuvent être dépassés par le biais de dérogations aux niveaux inférieurs de négociation, et les employeurs ont la possibilité unilatérale de recourir à des mécanismes de modulation du temps de travail.
Pays non réglementés : en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni, la durée maximale du travail/les heures supplémentaires ne sont pas réglementées : les heures supplémentaires/la durée hebdomadaire maximale du travail sont généralement fixées par contrat individuel, et non plafonnées.
Source : Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail.
Graphique d’annexe 5.A.1. Durée hebdomadaire habituelle légale, conventionnelle et médiane du travail des salariés à temps plein dans les pays de l’OCDE, 2019
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Note : la durée hebdomadaire normale conventionnelle est comprise entre 36 et 40 heures en Australie et entre 37.1 et 40 heures en Suède. Les statistiques présentées correspondent à la durée habituelle médiane du travail des salariés à temps plein âgés de 15 à 64 ans, sauf en Australie, en Israël, en Nouvelle-Zélande et en Turquie où les données présentées se rapportent à la durée habituelle moyenne du travail des salariés à temps plein âgés de 15 ans ou plus. La durée habituelle du travail en Norvège et en Australie se rapporte à 2018. Les pays marqués d’une « * » sont ceux où la durée hebdomadaire habituelle du travail n’est pas plafonnée. OCDE28 correspond à la moyenne non pondérée des 28 pays de l’OCDE figurant dans ce graphique (à l’exclusion de l’Australie, de la Corée, du Costa Rica, de l’Irlande, de l’Islande, d’Israël, du Japon, du Luxembourg, de la Nouvelle-Zélande et de la Turquie). Les pays sont classés par ordre croissant de la durée habituelle médiane du travail des salariés à temps plein. Pour plus de détails et de plus amples explications sur les groupes de pays et la réglementation de la durée normale du travail, voir Tableau 5.1, et Tableau d’annexe 5.A.1 et 5.A.6.
Source : Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail, 2020 ; estimations de l’OCDE fondées sur l’Enquête sur la population active (EPA) pour le Canada, l’Encuesta Nacional de Empleo (ENE) pour Chili, la Gran Encuesta Integrada de hogares (GEIH) pour la Colombie, l’Enquête européenne sur les forces de travail (EFT-UE) pour les pays européens, l’Encuesta Nacional de Ocupación y Empleo (ENOE) pour le Mexique et la Current Population Survey (CPS) pour les États-Unis ; et base de données de l’OCDE sur l’emploi, https://www.oecd.org/fr/emploi/emp/basededonneesdelocdesurlemploi.htm, pour l’Australie, Israël, la Nouvelle-Zélande et la Turquie.
Graphique d’annexe 5.A.2. Plafonds légaux et conventionnels des heures supplémentaires hebdomadaires et nombre médian d’heures supplémentaires hebdomadaires, salariés à temps plein déclarant des heures supplémentaires, par type de réglementation du temps de travail, 2019
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Note : en France, en Estonie, en Finlande, en Grèce, au Canada et en Belgique, le plafond hebdomadaire légal des heures supplémentaires correspond à la différence entre le plafond de la durée hebdomadaire normale et le plafond de la durée hebdomadaire maximale du travail. En Hongrie, en Italie, en Pologne et en Turquie, le plafond hebdomadaire légal des heures supplémentaires est calculé à partir du plafond annuel des heures supplémentaires. En Slovénie, au Portugal, en Suède et en Suisse, il est calculé à partir du plafond quotidien des heures supplémentaires. Les données relatives à l’incidence et le nombre médian d’heures supplémentaires en Norvège se rapportent à 2018. OCDE24 correspond à la moyenne non pondérée des 24 pays de l’OCDE figurant dans ce graphique pour lesquels des informations sur les heures supplémentaires rémunérées et non rémunérées sont disponibles (à l’exclusion de l’Australie, du Chili, de la Colombie, de la Corée, du Costa Rica, des États-Unis, de l’Irlande, de l’Islande, d’Israël, du Japon, du Mexique, du Luxembourg, de la Nouvelle-Zélande et de la Turquie). Les pays sont classés par ordre croissant du nombre médian total d’heures supplémentaires effectuées par les salariés à temps plein. Pour plus de détails et de plus amples explications sur les groupes de pays et la réglementation de la durée maximale du travail, voir Tableau 5.1, et Tableau d’annexe 5.A.2 et 5.A.7.
Source : Questionnaire de l’OCDE sur la réglementation du temps de travail, 2020 ; estimations de l’OCDE fondées sur l’Enquête sur la population active (EPA) pour le Canada, l’Encuesta Nacional de Empleo (ENE) pour Chili, la Gran Encuesta Integrada de hogares (GEIH) pour la Colombie, l’Enquête européenne sur les forces de travail (EFT-UE) pour les pays européens, l’Encuesta Nacional de Ocupación y Empleo (ENOE) pour le Mexique et la Current Population Survey (CPS) pour les États-Unis.
Graphique d’annexe 5.A.3. Évolution de la durée hebdomadaire habituelle du travail d’un salarié à temps plein dans les pays de l’OCDE, 1995‑2019
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Note : les ruptures de série en Autriche en 2004 sont dues à une nouvelle classification des emplois à temps plein, fondée sur l’auto-évaluation (alors qu’elle était précédemment fondée sur un seuil de 35 heures) ; les ruptures au Danemark en 2007 sont dues à l’instauration d’un nouveau système de pondération ; et les ruptures en Israël sont dues à la réalisation d’une enquête mensuelle et non plus trimestrielle sur les forces de travail et à une modification des définitions, la « population active civile » étant remplacée par la « population active totale » (ce qui inclut les personnes effectuant un service militaire obligatoire ou permanent). Les lignes pointillées se rapportent à la série précédant la rupture de série (Autriche, Danemark et Israël). Les Pays-Bas sont inclus dans la partie C par souci de simplification, bien que la durée habituelle du travail ait diminué dans les années 2010, après avoir stagné dans les années 2000. OCDE18 correspond à la moyenne non pondérée des 18 pays de l’OCDE figurant dans ce graphique.
Source : estimations de l’OCDE fondées sur l’Enquête sur la population active (EPA) pour le Canada, l’Enquête européenne sur les forces de travail (EFT-UE) pour les pays européens, et la Current Population Survey (CPS) pour les États-Unis ; et la base de données de l’OCDE sur l’emploi, https://www.oecd.org/fr/emploi/emp/basededonneesdelocdesurlemploi.htm, pour Israël et la Nouvelle-Zélande..
Graphique d’annexe 5.A.4. Évolution des écarts de durée hebdomadaire habituelle du travail par sexe, niveau d’instruction et catégorie professionnelle
Copier le lien de Graphique d’annexe 5.A.4. Évolution des écarts de durée hebdomadaire habituelle du travail par sexe, niveau d’instruction et catégorie professionnelleÉcart de durée habituelle du travail dans l’emploi principal, salariés âgés de 15 à 64 ans

Note : OCDE28 correspond à la moyenne non pondérée de 28 pays de l’OCDE (à l’exclusion de l’Australie, du Chili, de la Corée, de la Colombie, du Costa Rica, d’Israël, du Japon, du Mexique, de la Nouvelle-Zélande et de la Turquie). 1999 se rapporte à 2001 pour la Pologne (parties A et B) ; et 2009 se rapporte à 2010 pour le Chili. Pas de données en 1999 pour le Chili, la Colombie et le Mexique. Voir la note du Graphique 5.13 pour la définition des catégories professionnelles.
Source : calculs de l’OCDE fondés sur l’Enquête européenne sur les forces de travail (EFT-UE), l’Enquête canadienne sur la population active (EPA), la Encuesta Nacional de Empleo (ECE) pour le Chili, la Gran Encuesta Integrada de Hogares (GEIH) pour la Colombie, la Encuesta Nacional de Ocupación y Empleo (ENOE) pour le Mexique et la Current Population Survey (CPS) pour les États-Unis.
Graphique d’annexe 5.A.5. Évolution des écarts d’incidence du temps de travail très élevé par sexe, niveau d’instruction et catégorie professionnelle
Copier le lien de Graphique d’annexe 5.A.5. Évolution des écarts d’incidence du temps de travail très élevé par sexe, niveau d’instruction et catégorie professionnelleÉcart d’incidence du temps de travail très élevé (plus de 48 heures habituellement travaillées par semaine) dans l’emploi principal, en points de pourcentage, salariés âgés de 15 à 64 ans

Note : OCDE28 correspond à la moyenne non pondérée de 28 pays de l’OCDE (à l’exclusion de l’Australie, du Chili, de la Corée, de la Colombie, du Costa Rica, d’Israël, du Japon, du Mexique, de la Nouvelle-Zélande et de la Turquie). 1999 se rapporte à 2001 pour la Pologne (parties A et B) ; et 2009 se rapporte à 2010 pour le Chili. Pas de données en 1999 pour le Chili, la Colombie et le Mexique. Voir la note du Graphique 5.13 pour la définition des groupes de professions.
Source : calculs de l’OCDE fondés sur l’Enquête européenne sur les forces de travail (EFT-UE), l’Enquête canadienne sur la population active (EPA), la Encuesta Nacional de Empleo (ECE) pour le Chili, la Gran Encuesta Integrada de Hogares (GEIH) pour la Colombie, la Encuesta Nacional de Ocupación y Empleo (ENOE) pour le Mexique et la Current Population Survey (CPS) pour les États-Unis.
Graphique d’annexe 5.A.6. Évolution des écarts d’incidence du temps de travail très réduit par sexe, niveau d’instruction et catégorie professionnelle
Copier le lien de Graphique d’annexe 5.A.6. Évolution des écarts d’incidence du temps de travail très réduit par sexe, niveau d’instruction et catégorie professionnelleÉcart d’incidence du temps de travail très réduit (moins de 10 heures habituellement travaillées par semaine) dans l’emploi principal, en points de pourcentage, salariés âgés de 25 à 64 ans

Note : OCDE28 correspond à la moyenne non pondérée de 28 pays de l’OCDE (à l’exclusion de l’Australie, du Chili, de la Corée, de la Colombie, du Costa Rica, d’Israël, du Japon, du Mexique, de la Nouvelle-Zélande et de la Turquie). 1999 se rapporte à 2001 pour la Pologne (parties A et B) ; et 2009 se rapporte à 2010 pour le Chili. Pas de données en 1999 pour le Chili, la Colombie et le Mexique. Voir la note du Graphique 5.13 pour la définition des groupes de professions.
Source : calculs de l’OCDE fondés sur l’Enquête européenne sur les forces de travail (EFT-UE), l’Enquête canadienne sur la population active (EPA), la Encuesta Nacional de Empleo (ECE) pour le Chili, la Gran Encuesta Integrada de Hogares (GEIH) pour la Colombie, la Encuesta Nacional de Ocupación y Empleo (ENOE) pour le Mexique et la Current Population Survey (CPS) pour les États-Unis.
Graphique d’annexe 5.A.7. Incidence du télétravail dans les différents groupes
Copier le lien de Graphique d’annexe 5.A.7. Incidence du télétravail dans les différents groupesSalariés âgés de 15 à 64 ans, moyennes non pondérées de l’OCDE, 2015

Note : les statistiques présentées dans ce graphique se rapportent à l’ensemble des salariés utilisant les TIC systématiquement ou la plupart du temps et travaillant plusieurs fois par mois dans au moins un autre lieu que les locaux de leur employeur (soit à domicile au moins plusieurs fois par mois et dans tout autre lieu (à l’exception des locaux de l’employeur) moins souvent que plusieurs fois par mois, soit au moins plusieurs fois par semaine dans au moins deux autres lieux que les locaux de l’employeur, soit travaillant quotidiennement dans au moins un autre lieu). Moyennes non pondérées de 28 pays de l’OCDE : Allemagne, Autriche, Belgique, Corée, Danemark, Espagne, Estonie, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République slovaque, République tchèque, Royaume-Uni, Slovénie, Suède, Suisse et Turquie. Les catégories de rémunération mensuelle se rapportent aux terciles de rémunération mensuelle nette dans l’emploi principal. L’écart en fonction du sexe correspond au ratio de l’incidence chez les femmes et les hommes, alors que les écarts en fonction du niveau d’instruction et de revenu correspondent respectivement au ratio de l’incidence chez les salariés peu instruits et les salariés très instruits, et au ratio de l’incidence chez les bas revenus et les hauts revenus. 2015 se rapporte à 2017 pour la Corée.
Source : calculs de l’OCDE fondés sur la 6e enquête européenne sur les conditions de travail (EWCS), la 5e enquête coréenne sur les conditions de travail (KWCS), et l’enquête des États-Unis sur les conditions de travail (AWCS) de 2015.
Graphique d’annexe 5.A.8. Évolution et répartition des modes d’organisation flexibles du temps de travail entre les groupes
Copier le lien de Graphique d’annexe 5.A.8. Évolution et répartition des modes d’organisation flexibles du temps de travail entre les groupesIncidence des salariés âgés de 15 à 64 ans

Note : les horaires de travail flexibles se rapportent à la situation des salariés qui peuvent soit fixer eux-mêmes l’intégralité de leurs horaires de travail, soit au moins les adapter dans une certaine limite (par ex. horaires à la carte). Les catégories de revenus mensuels (partie D) se rapportent aux premier et dernier terciles de la distribution des revenus mensuels nets dans l’emploi principal. OCDE28 correspond à la moyenne non pondérée des 28 pays de l’OCDE figurant dans ce graphique. Cette moyenne est estimée pour les années 2005 et 2010 en appliquant un indice en chaîne aux moyennes non pondérées fondées sur 26 pays (à l’exclusion des États-Unis et de la Suisse) en 2010‑15, et aux moyennes non pondérées fondées sur 25 pays (à l’exclusion de la Corée, des États-Unis et de la Suisse) en 2005‑10. 2010 et 2015 se rapportent, respectivement, à 2011 et 2017 pour la Corée. Aucune donnée relative à la Suisse en 2010.
Source : calculs de l’OCDE fondés sur les 4e, 5e et 6e enquêtes européennes sur les conditions de travail (EWCS), les 1re, 3e et 5e enquêtes coréennes sur les conditions de travail, et l’enquête des États-Unis sur les conditions de travail (American Working Conditions Survey) de 2015.
Graphique d’annexe 5.A.9. Évolution et répartition des horaires variables d’un groupe à l’autre
Copier le lien de Graphique d’annexe 5.A.9. Évolution et répartition des horaires variables d’un groupe à l’autreIncidence, salariés âgés de 15 à 64 ans

Note : les horaires variables se rapportent à la situation des salariés dont le temps de travail est aménagé par l’employeur ou qui doivent choisir entre plusieurs horaires fixes déterminés par l’employeur (par ex. travail posté) et qui sont informés des modifications de leurs horaires de travail à relativement court terme. Les catégories de revenus mensuels (partie D) se rapportent aux premier et dernier terciles de la distribution des revenus mensuels nets dans l’emploi principal. OCDE28 correspond à la moyenne non pondérée des 28 pays de l’OCDE figurant dans ce graphique. Cette moyenne est estimée pour les années 2005 et 2010 en appliquant un indice en chaîne aux moyennes non pondérées fondées sur 26 pays (à l’exclusion des États-Unis et de la Suisse) en 2010‑15, et aux moyennes non pondérées fondées sur 25 pays (à l’exclusion de la Corée, des États-Unis et de la Suisse) en 2005‑10. 2010 et 2015 se rapportent, respectivement, à 2011 et 2017 pour la Corée. Aucune donnée relative à la Suisse en 2010.
Source : calculs de l’OCDE fondés sur les 4e, 5e et 6e enquêtes européennes sur les conditions de travail (EWCS), les 1re, 3e et 5e enquêtes coréennes sur les conditions de travail, et l’enquête des États-Unis sur les conditions de travail (American Working Conditions Survey) de 2015.
Notes
Copier le lien de Notes← 1. La seconde relation, à savoir celle entre le temps de travail dans la pratique et les indicateurs de la situation des travailleurs, comme la productivité, l’emploi et le bien-être, fera l’objet de futurs travaux de l’OCDE.
← 2. En général, sauf dans certains cas particuliers, ce chapitre met l’accent sur les règles applicables aux salariés à temps plein, et leurs résultats sur le plan professionnel. Il convient de noter qu'il risque d’être moins représentatif de la situation de l’ensemble de la population active occupée dans les pays où le travail indépendant est très fréquent, comme l’Italie, la Grèce ou la Pologne, ou ceux où l’emploi à temps partiel est très fréquent, comme les Pays-Bas.
← 3. Les données présentées se rapportent à la situation antérieure à la crise du COVID‑19, et ne tiennent pas compte des changements temporaires mis en œuvre en réponse à la pandémie, auxquels une section est consacrée plus loin.
← 4. Dans le cas des régimes réglementés à l’échelon local, dans lesquels les accords au niveau des entreprises, voire les contrats individuels, sont prépondérants, il n’est pas toujours possible de rendre compte du contenu des règles négociées à ces niveaux.
← 5. Les dérogations s’entendent au sens de dérogations in pejus (par ex. instauration de dispositions moins favorables aux travailleurs) à des règles de niveau supérieur. Par défaut, il est presque toujours possible de s’écarter in melius des règles de niveau supérieur, c’est-à-dire de s’entendre sur une règle plus favorable aux travailleurs.
← 6. La durée quotidienne du travail est également plafonnée dans certains contextes. Lorsque la durée quotidienne du travail est plafonnée mais pas la durée hebdomadaire, les plafonds hebdomadaires ont été définis en multipliant la limite quotidienne par le nombre de jours ouvrables.
← 7. La France enregistre la durée légale de travail la plus faible des pays de l’OCDE depuis la loi Aubry qui a instauré la semaine de 35 heures en 2002.
← 8. En Australie, en dehors de ce plafond légal, la durée normale du travail peut également être plafonnée aux niveaux des branches et des professions par les modern awards (conventions récentes) et certains accords d’entreprise.
← 9. La loi peut également accorder directement des dérogations à certains groupes spécifiques, mais la présente section ne considère pas ces dérogations légales comme une source de variation par rapport à la norme étant donné qu’elles ne font que fixer des plafonds différents pour les différents groupes. Toutefois, ces plafonds sont contraignants, et les acteurs locaux ne peuvent pas s’écarter des règles dans la pratique.
← 10. Uniquement au niveau sectoriel/central en Suède.
← 11. De nombreux pays permettent de recourir à la modulation du temps de travail selon différentes modalités plus ou moins contraignantes pour l’employeur : de manière unilatérale (modalité la moins contraignante), dans le cadre d’un accord entre le salarié et l’employeur (un peu plus contraignant), ou d’une convention collective (modalité la plus contraignante). Les pays sont classés sur la base de la modalité la moins contraignante en vigueur (cela signifie que si un pays autorise les employeurs à recourir unilatéralement à la modulation du temps de travail, même si elle est parfois instaurée par le biais de la négociation collective, ce pays sera classé dans le même groupe que les autres pays autorisant une instauration unilatérale).
← 12. En Finlande, la modulation du temps de travail peut être instaurée par un simple accord entre le salarié et l’employeur, mais elle fait le plus souvent l’objet d’un accord collectif.
← 13. En Hongrie, les employeurs peuvent décider unilatéralement de définir la durée normale du travail non pas sur une base hebdomadaire, mais sur une période plus longue (Munkaidőkeret, soit un cycle de temps de travail) : 4 mois par défaut, 6 mois dans certains cas (par ex. travail en équipes continues, travail saisonnier, emplois avec astreinte, etc. ; il est possible d’aller jusqu’à 36 mois, mais une convention collective est alors nécessaire). Dans ce contexte, la durée moyenne du travail doit respecter le plafond général de 48 heures hebdomadaires (heures supplémentaires comprises) sur une période de 4 ou 6 mois (et d’un an maximum en cas de recours à une période de 36 mois convenue par voie de négociation collective). Techniquement, les employeurs peuvent donc décider unilatéralement de définir la durée normale du travail sur une base de 4 ou 6 mois, pendant lesquels le nombre total d’heures travaillées doit respecter en moyenne le plafond de 48 heures. Comme ce double mécanisme peut être utilisé pour retarder le déclenchement des heures supplémentaires, on le considère ici équivalent à la modulation de la durée normale du travail.
← 14. En Australie, les dispositifs de modulation du temps de travail peuvent également être définis par les modern awards. Toutefois, les pays sont classés sur la base de la modalité la moins contraignante d’instauration d’une modulation du temps de travail, voir la note 11.
← 15. En Corée, les employeurs peuvent décider unilatéralement de moduler le temps de travail sur une période maximale de deux semaines. Une convention collective est nécessaire pour recourir à des périodes de référence plus longues (3 ou 6 mois). Toutefois, comme les pays sont classés ici sur la base de la modalité la moins contraignante en vigueur (voir la note 11), la Corée est classée dans ce groupe.
← 16. La durée normale du travail aux États-Unis est plafonnée par une disposition de la loi sur les normes de travail équitables (Fair Labor Standards Act, FLSA), selon laquelle les salariés doivent toucher des indemnités d’heures supplémentaires dès lors qu’ils travaillent plus de 40 heures par semaine – ce qui, dans la pratique, revient à plafonner la durée normale du travail telle que définie dans la plupart des pays de l’OCDE, et dans le présent chapitre. Cette limite ne s’applique pas aux « travailleurs exemptés » en vertu de la FLSA (principalement les travailleurs employés de bonne foi en tant que cadres, personnel administratif, professionnel, vendeurs itinérants et travailleurs agricoles). Les exemptions sont fixées à l’échelon fédéral et les États ne peuvent pas déroger aux dispositions de la FLSA. Pour plus de détails, voir https://www.dol.gov/sites/dolgov/files/WHD/legacy/files/fs17a_overview.pdf; https://www.dol.gov/sites/dolgov/files/WHD/legacy/files/whdfs12.pdf).
← 17. Uniquement au niveau sectoriel en Suède.
← 18. Certains pays peuvent également fixer une durée minimale de repos quotidien, par voie légale ou conventionnelle, ce qui peut revenir à plafonner la durée maximale du travail.
← 19. Dans les États membres de l’UE et en Norvège, les négociations collectives relatives à la durée du travail sont menées dans le cadre de la directive européenne sur le temps de travail (directive 2003/88/CE), qui limite la durée du travail, heures supplémentaires comprises, à 48 heures par semaine en moyenne sur quatre mois, et impose une durée minimale de repos quotidien de 11 heures, et une durée minimale de repos hebdomadaire de 35 heures consécutives.
← 20. Il est possible de dépasser ce plafond d’heures supplémentaires, mais elles doivent être compensées par des congés.
← 21. Lorsque la durée hebdomadaire normale du travail est plafonnée à 45 heures ; dans les cas où la durée hebdomadaire normale est plafonnée à 50 heures, le nombre maximal d’heures supplémentaires est fixé à 140 heures par an.
← 22. Bien qu’en Australie, certaines conventions (awards) soient susceptibles de contenir des dispositions relatives à la durée minimale de repos quotidien. En outre, en Australie et en Nouvelle-Zélande, les salariés peuvent refuser d’effectuer des heures supplémentaires si la demande de l’employeur est « déraisonnable » ; toutefois, ce concept de nombre déraisonnable d’heures n’est pas défini précisément, mais déterminé au cas par cas (si le salarié conteste la demande d’heures supplémentaires), sur la base de facteurs comme les risques pour la santé et la sécurité, ou les responsabilités familiales.
← 23. Bien qu’un minimum légal de 11 heures de repos journalier soit en vigueur. Le Royaume-Uni a officiellement adopté la limite de 48 heures fixée par l’Union européenne, tout en mettant en place un système individuel de dérogation (opt-out) auquel les employeurs ont largement recours, ce qui réduit largement l’effet de la mesure dans la pratique. Les salariés doivent consentir individuellement à cette dérogation, mais celle-ci est parfois liée aux contrats de travail, et les employeurs peuvent légalement refuser d’embaucher un salarié qui n’y consent pas (Barnard, Deakin et Hobbs, 2003[50]). Il convient de noter que cette classification est conforme à celle d’Eurofound, qui classe le Royaume-Uni dans le groupe « Régime unilatéral de temps de travail », dans lequel la législation ne joue pratiquement aucun rôle et la réglementation institutionnelle du temps de travail s’effectue principalement à l’échelon individuel (Eurofound, 2016[36]).
← 24. Les dérogations à la limitation des heures supplémentaires/de la durée maximale du travail examinées dans ce chapitre n’incluent pas les dérogations accordées en cas de force majeure et de travail urgent – celles-ci existent dans la majorité des pays de l’OCDE et ne constituent pas une bonne mesure du caractère contraignant ni du degré d’uniformité ou de variabilité de la réglementation de la durée maximale du travail. Comme pour le plafonnement de la durée normale du travail, la loi peut également accorder directement des dérogations à certains groupes spécifiques (en Belgique par exemple, le plafond légal de la durée maximale du travail est plus élevé en cas de travail à la chaîne, et certaines branches peuvent bénéficier d’un plafond plus élevé fixé par arrêté royal). Toutefois, ces dérogations légales ne sont pas considérées ici comme une source de variation par rapport à la norme, étant donné qu’elles ne font que fixer des plafonds différents pour les différents groupes. Toutefois, ces plafonds sont contraignants, et les acteurs locaux ne peuvent pas s’écarter des règles dans la pratique.
← 25. Voir la note 13. Le double mécanisme qui consiste à recourir de manière unilatérale à un cycle de temps de travail pour définir les heures normales (et le déclenchement des heures supplémentaires) et à calculer le nombre total d’heures travaillées en moyenne au cours de ce cycle permet aux employeurs de dépasser unilatéralement le plafond de 48 heures au cours d’une semaine quelconque du cycle, à condition que ce plafond soit respecté en moyenne. Ce mécanisme équivaut à une modulation de la durée maximale du travail.
← 26. Bien qu’en cas de circonstances imprévues ou d’augmentation exceptionnelle de la charge de travail, les travailleurs belges puissent renoncer à la compensation en temps des heures supplémentaires.
← 27. À l’exception des travailleurs exemptés en vertu de la FLSA, voir la note 16.
← 28. En Allemagne, les employeurs peuvent porter unilatéralement le plafond de 48 à 60 heures par le biais de mécanismes de modulation du temps de travail. Des dérogations sont également possibles dans le cadre de négociations collectives, mais uniquement dans le cas particulier des emplois caractérisés par une part importante de travail sous astreinte. Comme il est peu probable que ces cas soient majoritaires, le plafond de la durée maximale du travail est considéré comme « contraignant » aux fins du présent exercice.
← 29. Voir la note 15. Les mêmes conditions s’appliquent à la modulation de la durée maximale et normale du travail.
← 30. Au Canada, la durée maximale du travail peut également être dépassée au moyen d’une autorisation d’heures supplémentaires.
← 31. Voir toutefois les notes 22 et 23 : en Australie et au Royaume-Uni, les dispositions relatives au repos journalier minimum limitent de facto la durée maximale du travail.
← 32. À l’exception des dérogations légales accordées, par exemple, à des professions spécifiques inscrites dans la loi, voir la note 9.
← 33. Par exemple, l’existence d’une rémunération minimale des heures supplémentaires, et sa nature contraignante – toutefois, les informations à ce sujet sont examinées plus haut et dans le Tableau d’annexe 5.A.7).
← 34. La durée habituelle prise en compte ici n’inclut pas les heures supplémentaires, à l’exception des heures supplémentaires régulières relevant d’un accord entre le salarié et l’employeur.
← 35. Cette moyenne non pondérée couvre 28 pays de l’OCDE, à l’exclusion de ceux pour lesquels on ne dispose d’aucune donnée relative à la durée habituelle médiane du travail (Australie, Corée, Israël, Japon, Nouvelle-Zélande et Turquie), et de ceux pour lesquels aucune information sur la gouvernance du temps de travail n’a pu être recueillie (Costa Rica, Irlande, Islande et Luxembourg).
← 36. Cette moyenne tombe à 39.7 heures par semaine si l’on exclut les pays dont la durée habituelle médiane du travail est supérieure ou égale à 45 heures par semaine (à savoir le Chili, la Colombie et le Mexique).
← 37. Les données relatives aux règles conventionnelles ont été recueillies à l’aide des questionnaires de l’OCDE et se rapportent généralement à la clause moyenne ou la plus fréquente s’appliquant à l’ensemble des travailleurs couverts par la négociation collective au niveau sectoriel (sauf au Japon et en Estonie où elles se rapportent aux règles moyennes au niveau de l’entreprise). Il convient de garder à l’esprit que ces données sont fragmentaires et souvent difficiles à comparer.
← 38. Sauf en France, où le plafond conventionnel est supérieur au plafond légal, mais où le plafond légal de la durée normale du travail est également le plus bas de l’OCDE. En outre, les règles conventionnelles en France, bien que supérieures aux règles légales, restent faibles par rapport aux autres pays de l’UE pour lesquels des données relatives aux règles conventionnelles sont disponibles, avec une moyenne hebdomadaire de 35.6 heures selon Cabrita et Brandsma (2019[8])). En revanche, la France est l’un des seuls pays où la durée habituelle du travail observée dépasse le plafond légal de la durée du travail.
← 39. Sauf en France, où le temps de travail d’un salarié typique à temps plein est supérieur au plafond hebdomadaire légal. Cela pourrait être dû à la prévalence du dispositif de « forfait jours », qui permet de définir contractuellement un nombre d’heures travaillées au-delà du plafond légal des 35 heures, qui ne sont pas comptabilisées comme des heures supplémentaires, mais sont compensées par des journées de réduction de temps de travail, ou RTT, un crédit de temps que les travailleurs accumulent et peuvent utiliser plus tard. Ce dispositif concerne 1 salarié sur 8 dans le secteur privé. Voir également la note 64.
← 40. Bien que l’ensemble des pays soient représentés dans le graphique, ils ne sont pas forcément tous visibles, car nombre d’entre eux partagent les mêmes coordonnées, par ex. (40,40) – voir Graphique d’annexe 5.A.1 pour des données plus détaillées.
← 41. Il convient toutefois de noter qu’en Australie et en Israël, où la réglementation de la durée normale du travail est uniforme, la durée habituelle moyenne du travail est supérieure au plafond légal. L’Australie et Israël ne sont toutefois pas représentés dans le Graphique 5.2 car on ne dispose pas de données relatives à la durée habituelle médiane. En Finlande, la durée habituelle médiane du travail est inférieure au plafond légal, soit 39 heures.
← 42. Le quatrième étant la France, voir la note 39.
← 43. Non inclus dans le graphique.
← 44. Les écarts types importants de la durée normale du travail au Mexique pourraient être en partie imputables au fait que le droit du travail mexicain distingue trois types d’équipes, dont la durée du travail varie : l’équipe de jour (8 heures), l’équipe de nuit (7 heures), l’équipe mixte (7 heures 30). Il convient également de noter que les données du Mexique présentées dans le Graphique 5.2 peuvent souffrir d’un biais de sélection, en raison de la méthode de détermination de la durée habituelle du travail : les travailleurs qui répondent « non » à la question Q5c. de l’Encuesta Nacional de Empleo e Ocupacion (ENOE) « Cela correspond-il à votre nombre habituel d’heures de travail ? » sont exclus de l’échantillon.
← 45. Le fait d’appartenir au groupe des pays autorisant une variation importante est corrélé négativement avec l’écart type de la durée hebdomadaire habituelle du travail, tandis que le fait d’appartenir aux groupes de pays possédant une réglementation uniforme ou n’autorisant qu’une variation limitée est corrélé positivement avec cet écart type – toutefois, aucune de ces corrélations n’est statistiquement significative.
← 46. Pays pour lesquels ces données ont pu être recueillies. En règle générale, les données relatives aux dispositions conventionnelles se rapportent soit aux dispositions les plus fréquentes, soit aux dispositions négociées dans un secteur représentatif particulier.
← 47. À l’exception de la Suisse, qui est clairement une aberration dans la partie A du Graphique 5.3.
← 48. Autres éléments indiquant que les règles ont été contournées ou que les règles relatives aux heures supplémentaires ne sont pas respectées : l’incidence non négligeable des heures supplémentaires non rémunérées, et le nombre moyen élevé d’heures déclarées. Un rapport de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail daté de 2020 donne à penser que la sensibilisation aux risques psychosociaux liés à un temps de travail excessif a pris du retard dans les entreprises européennes. En effet, seules 29 % d’entre elles déclarent qu’elles interviendraient pour empêcher les salariés de rester trop longtemps au travail. La réticence à débattre ouvertement de ces questions est citée comme le principal obstacle aux progrès dans ce domaine (EU-OSHA, 2029[51]).
← 49. En revanche, les travailleurs à base salaire sont susceptibles d’effectuer davantage d’heures supplémentaires non rémunérées : par exemple, Green (2017[5]) a mis en évidence qu’aux États-Unis, les heures supplémentaires non déclarées et non rémunérées (« off-the-clock work ») étaient principalement le fait des travailleurs peu qualifiés, occupant des postes subalternes payés à l’heure. Les travailleurs à bas salaire sont également plus susceptibles d’exercer un second emploi que d’effectuer des heures supplémentaires rémunérées. Ces seconds emplois ne seraient pas comptabilisés comme des heures supplémentaires. Par conséquent, il existe une corrélation positive et significative (bien que faible, c’est-à-dire inférieure ou égale à 0.2) entre les revenus et les heures supplémentaires rémunérées pour les salariés à temps plein déclarant des heures supplémentaires rémunérées dans 12 des 18 pays de l’OCDE où des données sont disponibles.
← 50. Dans le cas des entreprises, ils contribuent à préserver le capital humain en accordant une période de repos et de récupération aux travailleurs, ce qui leur permet de rester productifs. Ils peuvent contribuer à réduire l’absentéisme et à renforcer la motivation des travailleurs. Pour les travailleurs, les congés payés sont non seulement un moyen de se ressourcer, mais également un facteur de bien-être.
← 51. En vertu de la directive européenne sur l’aménagement du temps de travail (1993), « les États membres prennent les mesures nécessaires pour que tout travailleur bénéficie d’un congé annuel payé d’au moins quatre semaines [...] qui ne peut être remplacé par une indemnité financière ».
← 52. La convention de l’OIT sur les congés payés de 1970 (no 132) donne aux travailleurs le droit de prendre trois semaines de congés payés par an. Les personnes employées pendant moins d’un an mais plus de six mois ont droit à un congé payé proportionnel. La convention précise également qu’un salarié doit avoir la possibilité de prendre deux semaines de congé annuel non fractionnées et interrompues. L'époque à laquelle le congé sera pris est en principe déterminée par l'employeur, après consultation de la personne employée intéressée ou de ses représentants.
← 53. Bien que de nombreux employeurs aux États-Unis accordent des congés payés à certains de leurs salariés, aucun minimum légal n’est fixé par la loi.
← 54. La convention de l’OIT prescrit trois semaines de congés payés – soit 15 jours ouvrés sur la base d’une semaine de travail de cinq jours.
← 55. Par exemple, en Australie, les travailleurs postés peuvent obtenir jusqu’à 25 jours.
← 56. Voire plus dans certaines conventions collectives.
← 57. Il s’agit majoritairement de salariés couverts par les conventions de l’administration centrale, moins de 7 % des salariés du secteur privé couverts par des conventions collectives ayant droit à un congé supérieur au minimum légal (Blumenfeld, Ryall et Kiely, 2015[9]).
← 58. Par exemple, des jours supplémentaires sont accordés dans le secteur du nettoyage et de la sécurité en Israël, dans le secteur bancaire en Grèce et, après cinq années de service, dans les secteurs de la métallurgie, de la construction mécanique et de l’électronique en Suisse.
← 59. C’est le cas dans la province canadienne du Québec : jusqu’à 30 jours pour les salariés couverts par une convention collective et travaillant depuis au moins 20 ans au Québec.
← 60. En Corée, c’est le cas si le fonctionnement normal est fortement perturbé. Au Japon, un autre jour de congé doit être accordé en remplacement.
← 61. En France par exemple, les jours fériés ne sont pas systématiquement des jours non travaillés par l’ensemble des salariés, à l’exception du 1er mai.
← 62. Les jours fériés ne sont pas pris en compte ici car ils ne sont pas inclus dans les données disponibles relatives aux congés effectivement pris (par ex. l’enquête sur la structure des salaires pour les pays européens, et l’enquête générale sur les conditions de travail pour le Japon).
← 63. Malheureusement, aucune donnée relative aux congés payés conventionnels en France n’a pu être recueillie.
← 64. Ce dispositif est une particularité du système français, en vertu duquel les conventions collectives ne soumettent pas les travailleurs très qualifiés et les cadres aux plafonds habituels de la durée hebdomadaire normale du travail et des heures supplémentaires, mais leur permettent de cumuler en contrepartie des jours de réduction du temps de travail (RTT) sous la forme d’un forfait jour. Le nombre de jours de RTT varie d’une année sur l’autre mais s’établit autour de 10 jours par an. Voir également la note 39.
← 65. Les données des États-Unis se rapportent à l’accès aux congés payés et non aux congés effectivement pris, et ne peuvent donc pas être comparées aux données figurant dans le Graphique 5.4.
← 66. Cette analyse est fondée sur des informations antérieures à la crise du COVID‑19, et ne tient pas compte des changements potentiellement apportés à la législation par la suite – pour un résumé des évolutions liées au COVID‑19 jusqu’à présent, voir plus bas la section 5.1.4.
← 67. Il existe deux types de télétravail en Italie. Le télétravail occasionnel, « lavoro agile », relève de la première catégorie. Le télétravail régulier relève de la troisième catégorie, voir plus bas.
← 68. En Espagne, les salariés ont le droit de demander à télétravailler afin de mieux concilier vie professionnelle et vie privée ; le cas échéant, les employeurs doivent motiver leur refus et démontrer que la demande est déraisonnable. En revanche, lorsque le télétravail est demandé pour tout autre motif que l’amélioration de l’équilibre vie professionnelle-vie privée, les employeurs peuvent refuser sans justification.
← 69. Les cadres juridiques sont qualifiés de « généraux » s’ils réglementent la majorité des conditions de travail des télétravailleurs. Par exemple, si la plupart des pays n’obligent toujours pas à consigner le temps de travail des télétravailleurs (Vargas Llave et Weber, 2020[46]), les cadres juridiques régissant la plupart des autres aspects (par ex. la sécurité et la santé au travail, le coût des équipements, les heures de travail, etc.) n’en demeurent pas moins « généraux ». En revanche, les réglementations encadrant uniquement les modalités de demande du télétravail (par ex. demande écrite) et les modalités de réponse des employeurs (par ex. notification écrite dans un délai de x mois) ne sont pas considérées comme générales.
← 70. À noter que le Canada dispose de lignes directrices contraignantes quant aux modalités de demande d’assouplissement des conditions de travail (télétravail inclus) par les salariés, et aux réponses que les employeurs doivent apporter à ces demandes. Toutefois, elles ne constituent pas des cadres juridiques « généraux » tels que définis dans la présente section – voir la note 69.
← 71. Il existe deux types de télétravail en Belgique, qui relèvent tous deux de la troisième catégorie, mais le télétravail occasionnel est réglementé par la loi, tandis que le télétravail régulier est réglementé par une convention collective centrale.
← 72. Par exemple, les personnes ayant un minimum d’ancienneté dans la même entreprise en Australie, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, les victimes de violences domestiques au Portugal, les travailleurs handicapés ou atteints de maladies chroniques en Italie, ou les salariés ayant des responsabilités familiales particulières en Lituanie. L’Espagne et la Nouvelle-Zélande sont les seuls pays où ce droit est ouvert à tous les salariés (qui doivent toutefois justifier de la nécessité d’améliorer l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée en Espagne).
← 73. Selon une étude réalisée en 2020, elle s’échelonne d’un peu moins de 30 % en République slovaque à 54 % au Luxembourg (Fana, 2020[37]).
← 74. L’ordonnance du 25 mars 2020 permet également de déroger à la durée minimale de 11 heures de repos quotidien, en la réduisant à 9 heures, et de modifier le temps de repos dominical.
← 75. Le syndicat suédois des travailleurs municipaux a signé un accord de crise qui donne à leurs employeurs la possibilité de dépasser le plafond de 48 heures de travail par semaine si des heures supplémentaires sont nécessaires pour répondre à un besoin particulier. Les salariés ont la garantie de bénéficier de 24 heures de congés rémunérés après l’expiration de l’accord de crise, et d’être payés à hauteur de 120 à 150 % du salaire horaire normal.
← 76. Voir paragraphe 1155(4) du code civil général (Allgemeines Burgerliches Gesetzbuch, ABGB). Ce règlement a cessé de s’appliquer le 31 décembre 2020.
← 77. Aucune modification n’a été apportée à la loi sur les congés payés, mais un décret pris en vertu de la loi sur l’état d’urgence, en vigueur jusqu’au 30 juin 2020, permet aux employeurs du secteur des soins de santé et des services sociaux de suspendre ou de reporter les congés payés des salariés s’ils le jugent nécessaire.
← 78. La Fair Work Commission a modifié temporairement la majeure partie des conventions afin d’accorder deux semaines de congés non rémunérés en cas de pandémie, et de donner aux travailleurs la possibilité de prendre deux fois plus de congés annuels rémunérés à hauteur de 50 % du salaire normal si leur employeur est d’accord.
← 79. Les statistiques se rapportent à la part des salariés (âgés de 15 à 64 ans) qui travaillaient habituellement ou occasionnellement à leur domicile en 2019, et à la part des travailleurs qui exerçaient à leur domicile en mars/avril 2020 et étaient habituellement salariés avant le début de la crise du COVID‑19.
← 80. En Colombie, le travail à domicile (« trabajo en casa ») est différent du télétravail dans la mesure où il n’est accessible que dans des circonstances exceptionnelles qui empêchant l’exécution des tâches dans les locaux de l’employeur. En parallèle, la loi 1221 de 2008 réglemente le télétravail régulier.
← 81. BGBl. I no 61/2021. À cette occasion, le Parlement autrichien a également établi que la loi sur le temps de travail (Arbeitszeitgesetz AZG) et la loi sur le repos hebdomadaire (Arbeitsruhegesetz ARG) s’appliquent sans restriction au télétravail.
← 82. Au Chili, cette loi a été adoptée en mars 2020, mais les négociations avaient commencé avant la pandémie de COVID‑19.
← 83. Par conséquent, toutes les tendances descriptives présentées dans les sections 5.2 et 5.3 ci-dessous sont susceptibles d’être au moins partiellement imputables à des effets de composition.
← 84. Et 40.1 heures en 2020 – à noter toutefois que cette légère baisse est probablement imputable en grande partie au contexte de la pandémie. Les données de 2020 n’étant pas disponibles en Allemagne, la moyenne de ce pays est calculée à l’aide des données de 2019.
← 85. À l’exception des heures supplémentaires régulières, comme les heures supplémentaires prévues et explicitement convenues dans les contrats individuels.
← 86. L’évolution de la réglementation légale des heures supplémentaires pourrait expliquer cette envolée des heures supplémentaires rémunérées en France : le recours aux heures supplémentaires rémunérées est en effet devenu plus attractif depuis août 2016, date à laquelle une loi a assoupli les modalités de rémunération des heures supplémentaires. En outre, depuis le 1er janvier 2019, la rémunération des heures supplémentaires est exonérée de cotisations sociales salariales et d’impôt sur le revenu (Brunetto et al., 2019[49]).
← 87. Outre la baisse relativement faible du nombre médian d’heures supplémentaires observée, il est important de garder à l’esprit que la baisse des heures supplémentaires ne concerne qu’une part relativement faible des salariés qui en effectuent : en termes absolus, la baisse du nombre d’heures supplémentaires rémunérées est donc restreinte.
← 88. Les données relatives à l’emploi du temps sont classées dans cinq grandes catégories : 1) le travail rémunéré, qui englobe les activités d’ordre professionnel, par ex. le temps consacré à un emploi rémunéré (à temps plein ou à temps partiel), aux études, à la recherche d’emploi ; 2) le travail non rémunéré, qui englobe les activités domestiques (ménage, courses, etc.) et le temps consacré à s’occuper d’un enfant ou d’une autre personne ; 3) les actes de la vie quotidienne, qui concernent toutes les activités de récupération, comme dormir, manger, se laver, se soigner, etc. 4) les loisirs, qui englobent un large éventail d’activités d’intérieur et d’extérieur, comme le sport, les divertissements, les rencontres avec des amis et la famille ; 5) le temps non spécifié, qui englobe toutes les activités n’entrant pas dans les autres catégories (y compris par ex. les activités religieuses, mais aussi le temps consacré à se déplacer et à effectuer les trajets domicile-travail). Des pondérations sont appliquées afin de corriger les éventuels déséquilibres dans la répartition des week-ends et des jours de la semaine.
← 89. Il convient toutefois de procéder avec prudence lorsque l’on tente de dégager des tendances à l’aide de ces données, en raison de la fréquence élevée des ruptures dans la classification des activités. La confusion peut également fréquemment venir de la difficulté à établir une distinction entre les activités principales et les activités parallèles lorsqu’elles sont effectuées simultanément. D’autres problèmes peuvent compliquer la comparaison des pays, comme les différences de composition des échantillons, l’échantillonnage des journaux, etc. – voir OCDE (2016[52]) pour plus de détails.
← 90. Le temps moyen consacré au travail rémunéré dans les pays de l’OCDE, tel que présenté dans cette section, diffère des données relatives à la durée du travail présentées dans la section 5.2.1 en termes de sources de données, de définition (le travail rémunéré couvre ici l’ensemble des activités d'ordre professionnel, y compris le temps consacré aux études et à la recherche d’emploi), mais aussi de couverture géographique. Ces deux statistiques ne sont donc pas comparables.
← 91. Bien que, comme expliqué plus haut, le temps consacré aux actes de la vie quotidienne ait augmenté tout au long de cette période.
← 92. Bien que ces deux années aient été choisies sur la base de la disponibilité des données, elles sont également comparables puisqu’il s’agit d’années d’expansion, et non d’années « de pointe » – ce qui signifie qu’elles occupent des positions similaires dans le cycle économique. On peut considérer que 2019 n’est pas une année de pointe car, sans le COVID‑19, les économies auraient poursuivi leur croissance. En outre, un test de sensibilité des résultats a été effectué en lissant les données sur deux années consécutives (c’est-à-dire 1999‑2000, 2009‑10 et 2018‑19), mais cela ne remet pas en question les conclusions basées sur les années telles qu’elles figurent dans le Graphique 5.13.
← 93. L’Australie, la Corée, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la Turquie ne sont pas pris en compte dans cette moyenne de l’OCDE pour des raisons de disponibilité des données.
← 94. Les données relatives au temps de travail très réduit n’incluent pas les salariés âgés de 15 à 24 ans.
← 95. Les données sont fondées sur les 4e, 5e et 6e enquêtes européennes sur les conditions de travail (EWCS) pour 2005, 2010 et 2015 en ce qui concerne les pays européens, sur les 1re, 3e et 5e enquêtes coréennes sur les conditions de travail pour la Corée, et sur l’enquête sur les conditions de travail (American Working Conditions Survey) pour les États-Unis (2015 uniquement).
← 96. Les horaires variables désignent les modes d’organisation du temps de travail dans le cadre desquels les horaires des salariés sont fixés par l’employeur et modifiés à relativement court terme.
← 97. Base de données de l’OCDE sur l’emploi, https://www.oecd.org/fr/emploi/emp/basededonneesdelocdesurlemploi.htm.
← 98. Bien qu’il convienne de faire preuve de prudence lors des comparaisons entre les pays, en raison de la taille relativement restreinte des échantillons.
← 99. Il convient toutefois de noter qu’un certain nombre d’États américains appliquent des salaires minimums supérieurs au salaire fédéral.
← 100. Base de données de l’OCDE sur l’emploi, https://www.oecd.org/fr/emploi/emp/basededonneesdelocdesurlemploi.htm, et Golden (2016[47]).
← 101. De même, des observations ponctuelles des préférences des travailleurs indépendants, et en particulier des livreurs (qui ne sont pas inclus dans le Graphique 5.20) en matière de temps de travail montrent qu’une majorité d’entre eux souhaitent également travailler davantage (Drahokoupil et Piasna, 2019[48]). Du fait de la nature fragmentée (et du faible taux de rémunération) du travail à la demande, une majorité de livreurs Deliveroo déclaraient en 2017 souhaiter travailler en moyenne 9 heures de plus par semaine pour la plateforme (seuls 12.5 % déclarant vouloir travailler moins).