Chacun devrait pouvoir accéder aux services de santé quand il en a besoin, quelle que soit sa situation socioéconomique. Il s’agit d’un principe fondamental qui sous-tend les systèmes de santé de tous les pays de l’OCDE. Pourtant, dans 23 pays de l’OCDE, un quart en moyenne des personnes âgées de 18 ans ou plus déclarent que leurs besoins ne sont pas satisfaits (définis comme soins repoussés ou abandonnés) pour des raisons de disponibilité ou de coût des services qui compromettent leur accès à ceux-ci. Les individus peuvent également renoncer aux soins par peur ou par méfiance à l’égard des prestataires de services de santé. Les stratégies visant à réduire les besoins non satisfaits, en particulier chez les plus démunis, doivent s’attaquer aux obstacles à l’accès, qu’ils soient financiers ou non (OCDE, 2019[1]).
Si l’on examine plus particulièrement la disponibilité des services, un peu plus de 20 % des répondants ont déclaré que leurs besoins n’étaient pas satisfaits en raison des délais d’attente et/ou de difficultés de transport (Graphique 5.8). La part de la population qui diffère les soins ou y renonce est relativement élevée au Luxembourg, en Italie, en Irlande et en Islande (plus de 30 %), mais beaucoup plus faible en Norvège (5 %) et en République slovaque (7 %). Face à ces problèmes d’accessibilité, les dispositifs de télémédecine gagnent en popularité dans de nombreux pays de l’OCDE (Hashiguchi Cravo Oliveira, à paraître[2]). Les disparités socioéconomiques sont importantes : en moyenne, 23 % des personnes du quintile de revenu le plus faible déclarent avoir des besoins non satisfaits pour des raisons de disponibilité, contre 18 % pour les personnes les plus aisées. C’est en Finlande, en Italie et au Portugal que ces différences liées au revenu sont les plus marquées. En Slovénie, en Pologne et en Estonie, les personnes les plus riches déclarent un peu plus de besoins non satisfaits que les personnes défavorisées, ces résultats venant du fait que les plus riches sont davantage susceptibles de reporter des temps d’attentes comme cause de leurs besoins non satisfaits.
Concernant l’accessibilité financière, 17 % des répondants ont différé des soins nécessaires ou y ont renoncé car le coût était au-dessus de leurs moyens (Graphique 5.9). Selon les pays, le pourcentage de la population ayant des besoins non satisfaits pour ce type de raison allait de moins de 7 % aux Pays‑Bas, en République tchèque, au Royaume-Uni et en Norvège, à plus de 30 % en Estonie, en Irlande et en Lettonie. Les inégalités liées à l’accessibilité financière sont plus marquées que celles ayant trait à la disponibilité des services. En moyenne, 28 % des personnes du quintile de revenu le plus faible renoncent à des soins pour des raisons financières, contre 9 % des personnes les plus riches. Autrement dit, les plus démunis sont trois fois plus susceptibles que les plus aisés d’avoir des besoins non satisfaits pour ce genre de motif.
Chez les personnes âgées de 65 ans et plus, les obstacles liés à l’accessibilité financière sont légèrement moindres que dans l’ensemble de la population. La proportion des besoins non satisfaits pour des raisons de coût y est plus faible, en moyenne (14 % contre 17 % dans l’OCDE) et dans la plupart des pays (17 sur 23). Les inégalités liées au revenu sont également moins marquées. En effet, si les personnes âgées ayant un revenu élevé déclarent avoir renoncé à des soins dans des proportions analogues à l’ensemble des membres du quintile de revenu supérieur (respectivement 8 % et 9 %), les plus modestes le font au contraire beaucoup moins fréquemment, en moyenne, que le reste de leur catégorie de revenu (20 % contre 27 %).