Les prescriptions peuvent servir d’indicateur de la qualité des soins, en complément aux informations relatives à la consommation et aux dépenses (chapitre 10). La surconsommation, la sous-consommation ou le mauvais usage des médicaments prescrits peuvent être à l’origine d’importants risques sanitaires et entraîner un gaspillage de dépenses. C’est le cas des opioïdes et des antibiotiques, par exemple.
Les opioïdes sont souvent utilisés pour le traitement de la douleur aiguë et de la douleur associée au cancer ; depuis dix ans, ils sont de plus en plus utilisés pour traiter la douleur chronique, malgré le risque de dépendance, d’augmentation de la dose, de difficulté respiratoire et de décès. L’usage d’opioïdes est aujourd’hui à l’origine d’une épidémie alarmante et croissante de décès par overdose dans certains pays de l’OCDE comme les États-Unis et le Canada (OCDE, 2019[1]) (voir l’indicateur de la « Consommation d’opioïdes » au chapitre 4).
Le Graphique 6.1 montre que, dans l’ensemble des pays de l’OCDE, le volume moyen d’opioïdes prescrits dans le cadre des soins primaires en 2017 était supérieur à 16 doses quotidiennes définies pour 1 000 habitants par jour. L’Islande et le Luxembourg déclarent des volumes environ deux fois supérieurs à la moyenne de l’OCDE, tandis que la Turquie et la Corée affichent les volumes les plus faibles. Ces chiffres mesurent les prescriptions dans le cadre des soins primaires, mais peuvent aussi refléter la situation du côté de l’offre, car le taux moyen de disponibilité des opioïdes est également faible en Turquie (voir l’indicateur de la « Consommation d’opioïdes » au chapitre 4). En moyenne, plus de 2 % de la population adulte des pays de l’OCDE consommait de manière chronique des opioïdes en 2017 (Graphique 6.2). La Corée et l’Italie affichent les pourcentages les plus faibles, et l’Islande le plus élevé, et de loin. Ces grandes disparités peuvent s’expliquer en partie par les différences de pratiques cliniques en ce qui concerne la prise en charge de la douleur, ainsi que par les différences en matière de réglementation, de cadres juridiques applicables aux opioïdes, de politiques en matière de prescription et de directives thérapeutiques.
Les antibiotiques, par exemple, ne doivent être prescrits qu’en cas de besoin clairement étayé par des données probantes, l’objectif étant de diminuer le risque d’apparition de souches résistantes de bactéries (OCDE, 2018[2]). Par exemple, les quinolones et les céphalosporines sont considérées comme des antibiotiques de deuxième intention dans la plupart des directives en matière de prescription, qui ne doivent être utilisées, en règle générale, que si les antibiotiques de première intention sont inefficaces. Le volume total d’antibiotiques prescrits et les antibiotiques de deuxième intention en pourcentage du volume total ont été validés comme indicateurs de la qualité des structures de soins primaires (OCDE, 2017[3]), alors que la consommation globale d’antibiotiques et que la résistance aux antimicrobiens dans les pays de l’OCDE ont augmenté (OCDE, 2018[2]).
Le Graphique 6.3 illustre le volume total d’antibiotiques prescrits dans le cadre des soins primaires en 2017, y compris les antibiotiques de deuxième intention. Les volumes totaux varient du simple à plus du triple selon les pays ; le Royaume-Uni, l’Estonie et la Suède déclarent les volumes les plus faibles, tandis que l’Italie et la Grèce affichent les volumes les plus élevés. Les volumes d’antibiotiques de deuxième intention varient pratiquement de 1 à 24 selon les pays. Ainsi, les pays nordiques et le Royaume-Uni déclarent les volumes les plus faibles, tandis que la Grèce et la Corée affichent les volumes les plus élevés. Ces disparités peuvent s’expliquer, du côté de l’offre, par des différences en ce qui concerne les recommandations et les incitations appliquées aux prescripteurs de soins primaires et, sur le plan de la demande, par les différences d’attitudes et d’attentes vis-à-vis du traitement optimal des maladies infectieuses.