La sécurité de la femme lors de l’accouchement peut être évaluée par l’observation des cas potentiellement évitables de déchirures du périnée survenant lors d’un accouchement par voie basse. Les déchirures qui s’étendent aux muscles du périnée et à la paroi intestinale nécessitent une intervention chirurgicale. Parmi les complications possibles figurent les douleurs périnéales persistantes et l’incontinence. Il est impossible de prévenir totalement ces déchirures, mais on peut les atténuer moyennant une gestion appropriée du travail et des soins obstétricaux de qualité.
La proportion d’accouchements s’accompagnant de déchirures sérieuses est considérée comme étant un indicateur de la qualité de ces soins.
Les services d’obstétrique ne déclarent cependant pas toujours ces événements de la même manière, ce qui peut rendre difficiles les comparaisons internationales.
D’autres facteurs, dont le taux national général de naissances par césarienne, les accouchements assistés par voie basse (c'est-à-dire à l’aide de forceps ou d’une ventouse) et l’épisiotomie (une incision chirurgicale du périnée destinée à élargir l’orifice vaginal pour l’accouchement), peuvent influer sur les taux de traumatisme obstétrical ; ces facteurs continuent d’être étudiés. Par exemple, l’Organisation mondiale de la santé (OMS, 2018[1]) ne recommande pas la pratique systématique ou courante de l’épisiotomie en cas d’accouchement spontané par voie basse, mais le recours sélectif à l’épisiotomie pour réduire les déchirures graves du périnée pendant l’accouchement fait toujours débat.
Le Graphique 6.7 illustre les taux de traumatisme obstétrical consécutif à un accouchement par voie basse avec extraction instrumentale (c'est-à-dire un accouchement avec extraction par forceps ou ventouse), et le Graphique 6.8 les taux de traumatisme obstétrical consécutif à un accouchement par voie basse sans extraction instrumentale. Comme le risque de déchirure du périnée augmente sensiblement avec l’utilisation d’instruments obstétricaux, les taux relatifs à cette population de patientes sont présentés séparément.
On observe une forte variation des taux de traumatisme obstétrical d’un pays à l’autre. Ainsi, les taux déclarés de traumatisme obstétrical consécutif à un accouchement par voie basse avec extraction instrumentale varient de moins de 2 % en Pologne, en Israël, en Italie, en Slovénie et en Lituanie à plus de 10 % au Danemark, en Suède, aux États-Unis et au Canada. Les taux de traumatisme obstétrical consécutif à un accouchement par voie basse sans extraction instrumentale varient de moins de 0.5 % des accouchements en Pologne, en Lituanie, au Portugal, en Lettonie et en Israël à plus de 2.5 % au Danemark, au Royaume-Uni et au Canada.
Bien que le taux moyen de traumatisme obstétrical consécutif à un accouchement par voie basse avec extraction instrumentale (5.5 % des accouchements par voie basse avec assistance instrumentale) dans les pays de l’OCDE en 2017 représente près de quatre fois le taux de traumatisme obstétrical consécutif à un accouchement par voie basse sans extraction instrumentale (1.4 % des accouchements par voie basse sans assistance instrumentale), il semble y avoir une relation entre les deux indicateurs, Israël, la Lituanie, le Portugal et la Pologne faisant état des taux les plus faibles, et le Canada, le Danemark et la Nouvelle-Zélande des taux les plus élevés pour l’un comme pour l’autre.
Les taux des deux indicateurs font apparaître des améliorations perceptibles au Danemark et en Norvège entre 2012 et 2017, mais les taux généraux de traumatisme obstétrical ne marquent aucune évolution manifeste au cours de ces cinq années. La moyenne de l’OCDE est demeurée relativement stable pour les accouchements par voie basse à la fois avec et sans extraction instrumentale. Les taux dans certains pays, dont l’Estonie, l’Italie et la Slovénie, semblent s’être détériorés.
Au Canada, peu de mesures ont été prises pour remédier au taux élevé de traumatisme obstétrical déclaré. Une initiative a été lancée par l’Institut canadien pour la sécurité des patients, la Ressource d’amélioration pour les préjudices à l’hôpital : Traumatisme obstétrical, afin de compléter l’indicateur des traumatismes obstétricaux mis au point par l’Institut canadien d’information sur la santé. Elle fait le lien entre l’évaluation et l’amélioration des pratiques en fournissant des informations fondées sur des données probantes qui viennent soutenir les actions menées en vue d’améliorer la sécurité des patients au sein du système de santé.