Le financement de la R-D (recherche-développement) pharmaceutique résulte d’une combinaison complexe de sources publiques et privées. Les pouvoirs publics soutiennent principalement la recherche fondamentale et les travaux de recherche préliminaires moyennant des dotations budgétaires directes, des subventions de recherche et le financement d’établissements de recherche publics et d’établissements d’enseignement supérieur. L’industrie pharmaceutique participe activement à toutes les phases de R-D mais sa plus grande contribution consiste à traduire et appliquer les connaissances pour développer des produits. Les essais cliniques nécessaires à l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché sont en grande partie financés par le secteur privé. Toutefois, celui-ci reçoit également des subventions directes de R-D ou bénéficie de crédits d’impôt dans de nombreux pays.
En 2016, les gouvernements de 31 pays de l’OCDE pour lesquels il existe des données ont alloué ensemble environ 53 milliards USD à la R-D dans le domaine de la santé (un domaine plus large que les produits pharmaceutiques). Ce chiffre est une sous-estimation du soutien total des pouvoirs publics car il exclut la plupart des incitations fiscales de même que les fonds alloués à l’enseignement supérieur et aux entreprises publiques. En parallèle, l’industrie pharmaceutique a consacré quelque 101 milliards USD à la R-D dans les différents pays de l’OCDE.
La majeure partie des dépenses de R-D de l’industrie pharmaceutique vient des pays de l’OCDE mais la part des pays non membres augmente (EFPIA, 2018[1]). La croissance a été particulièrement rapide en Chine, où le secteur privé a consacré à la R-D 14 milliards USD en 2016 (0.07 % du PIB), soit 2.5 fois plus qu’en 2010 (en termes réels) (OCDE, 2019[2]). Près des deux tiers des dépenses effectuées dans les pays de l’OCDE (Graphique 10.12) interviennent aux États-Unis, où l’industrie pharmaceutique a dépensé environ 65 milliards USD (0.35 % du PIB), et où les budgets publics de R-D dans le domaine de la santé étaient de 36 milliards USD (0.19 % du PIB). En Europe, l’industrie a dépensé 20 milliards USD (0.1 % du PIB) et les gouvernements ont alloué 11 milliards USD (0.06 % du PIB) à la R-D ; au Japon, les chiffres s’élevaient respectivement à 13 milliards USD (0.25 % du PIB) et à 1.4 milliard USD (0.03 % du PIB). En proportion du PIB, les dépenses de l’industrie sont les plus élevées en Suisse (0.85 %), au Danemark (0.46 %) et en Slovénie (0.45 %), qui sont des pays plus petits dotés de secteurs pharmaceutiques relativement importants.
L’industrie pharmaceutique affiche une forte intensité de R-D. En moyenne dans les pays de l’OCDE, elle a dépensé près de 12 % de sa valeur ajoutée brute en R-D, une part presque aussi élevée que dans le secteur des produits électroniques et optiques et dans l’industrie aéronautique et spatiale, et considérablement supérieure à la moyenne de l’ensemble du secteur manufacturier (Graphique 10.13).
Les dépenses de R-D dans l’industrie pharmaceutique ont progressé de plus de 14 % en termes réels dans les pays de l’OCDE entre 2010 et 2016. En outre, le nombre d’autorisations de mise sur le marché a augmenté depuis 2010 alors qu’il avait reculé après les années 1980. Aux États-Unis, par exemple, le nombre annuel d’autorisations est revenu à un niveau similaire à celui observé dans les années 1980 (Graphique 10.14). Toutefois, vu l’augmentation des dépenses de R-D, le nombre d’autorisations par milliard USD de R-D corrigé de l’inflation n’a pas cessé de baisser.
Ce schéma de diminution de la productivité malgré les avancées technologiques est dû à une combinaison complexe de facteurs, parmi lesquels la multiplication des conditions à observer pour obtenir une autorisation de mise sur le marché, ce qui a entraîné une hausse du coût des essais cliniques, et un catalogue de médicaments efficaces toujours plus fourni, de sorte que les efforts de recherche se réorientent vers des médicaments pour traiter des pathologies plus complexes. La hausse des coûts de R-D peut être à la fois une cause et un résultat de la hausse des prix des médicaments, car l’acceptation de prix plus élevés par les assureurs peut rendre financièrement viable une R-D de plus en plus coûteuse et l’acquisition de projets de R-D. L’augmentation des coûts de R-D et d’acquisition de projets peut alors également entraîner une hausse des prix.