Dans tous les pays de l’OCDE, les dépenses de santé augmentent plus rapidement que la croissance économique depuis plusieurs décennies. Ces dépenses supplémentaires ont contribué à améliorer les résultats sur le plan de la santé et constituent une source importance de croissance économique et d’emplois. Cependant, la viabilité financière est de plus en plus préoccupante, étant donné que ces dépenses sont financées par des fonds publics dans la majorité des pays (OCDE, 2015[1]). Les projections de croissance des dépenses de santé peuvent donner aux pays une indication de la rapidité et de l’ampleur possibles de l’augmentation de ces dépenses par rapport à la croissance économique générale, ou par rapport à la population du pays (Lorenzoni et al., 2019[2]).
Pendant longtemps, les dépenses de santé ont enregistré une progression beaucoup plus rapide que celle du PIB dans tous les pays de l’OCDE, même si l’on tient compte de la période d’instabilité qui a suivi la crise financière de 2007/08 (Graphique 7.21). Pendant la période 2000‑15, la croissance annuelle des dépenses de santé dans tous les pays de l’OCDE s’établissait à 3 %, contre 2.3 % pour le PIB. En revanche, pour la période 2015‑30, la croissance des dépenses de santé par habitant devrait se situer à un taux annuel moyen de 2.7 % dans tous les pays de l’OCDE selon un scénario de base (avec une croissance du PIB s’établissant en moyenne à 2.1 %). La croissance moyenne devrait descendre jusqu’à 2.2 % selon une projection de maîtrise des coûts, mais atteindre 3.1 % selon un scénario de pression des coûts. Ces scénarios traduisent des hypothèses divergentes sur la croissance économique des pays, leur productivité et le vieillissement en bonne santé. Dans tous les pays de l’OCDE, l’augmentation des dépenses de santé devrait surpasser la croissance du PIB dans les 15 prochaines années, quel que soit le scénario.
Si l’on s’intéresse aux projections par pays, les dépenses de santé par habitant en 2015‑30 en Corée, en République slovaque et en Turquie devraient augmenter de plus de 4 % par an, tandis que la croissance annuelle ne devrait pas atteindre 2 % en Allemagne, en Belgique, en Italie, au Japon, en Lituanie, et au Portugal (Graphique 7.22). Dans 20 des 36 Pays de l’OCDE, la croissance devrait se situer à plus ou moins 1 point de pourcentage des chiffres pour 2000‑15. La majorité des six pays (Hongrie, Islande, Israël, Mexique, Portugal et Turquie) pour lesquels les projections indiquent une croissance par habitant de plus d’un point de pourcentage par rapport aux taux enregistrés en 2000‑15, ont accusé un ralentissement des dépenses de santé au lendemain de la crise économique et financière mondiale. En revanche, en Corée, au Chili, en Estonie, en Lettonie et en Lituanie, les taux de croissance devraient être inférieurs de plus de deux points de pourcentage aux taux historiques. Ces pays enregistrent également les plus forts taux de croissance des dépenses de santé par habitant entre 2000 et 2015.
Dans l’ensemble de l’OCDE, selon le scénario de base, les dépenses de santé en proportion du PIB devraient augmenter et atteindre 10.2 % en 2030, par rapport à 8.8 % en 2015 (Graphique 7.23). Les seuls pays pour lesquels une légère augmentation de ce ratio est prévue sont la Lettonie, la Hongrie et la Lituanie, en raison principalement de la diminution prévue de la taille de la population dans les décennies à venir. La plupart des pays devraient enregistrer une hausse modérée des dépenses de santé en pourcentage du PIB, les États-Unis étant le seul à anticiper une croissance de plus de trois points de pourcentage.