Les soins pharmaceutiques sont en constante évolution, avec l’arrivée sur le marché de nombreux médicaments nouveaux. Ces derniers offrent des solutions de remplacement aux traitements existants et, dans certains cas, la possibilité de soigner des pathologies qui étaient auparavant considérées comme incurables. Toutefois, les coûts des nouveaux médicaments peuvent être très élevés, ce qui a d’importantes répercussions sur les budgets de santé. En 2017, les produits pharmaceutiques au détail représentaient près d’un cinquième de l’ensemble des dépenses de santé, et ils constituaient le troisième poste de dépenses dans les pays de l’OCDE après les soins hospitaliers et les soins ambulatoires.
Dans les pays de l’OCDE, le financement public et les régimes d’assurance obligatoires ont joué le rôle principal en matière d’achat de produits pharmaceutiques (Graphique 10.1). Ces régimes couvrent en moyenne 58 % des dépenses afférentes aux produits pharmaceutiques vendus au détail, le reste étant en majeure partie financé par les patients, et 3 % seulement par les assurances souscrites à titre volontaire. En Allemagne et en France, l’État et les régimes d’assurance obligatoires prennent en charge 80 % ou plus des dépenses pharmaceutiques. En revanche, en Lettonie, en Pologne et en Lituanie, près des deux tiers des dépenses pharmaceutiques sont à la charge des patients.
Les dépenses de produits pharmaceutiques au détail s’établissaient en moyenne à 564 USD par personne, ajustés des différences de pouvoir d’achat, dans les pays de l’OCDE en 2017 (Graphique 10.2). Les différences entre pays sont marquées : les dépenses sont plus de deux fois plus élevées que la moyenne aux États-Unis, qui devancent à cet égard la Suisse et le Japon. Les dépenses par habitant étaient les plus faibles au Mexique et au Danemark, étant égales à environ la moitié ou moins de la moyenne de l’OCDE. Les différences entre pays en termes de dépenses par habitant traduisent les différences de tendances en matière de répartition et de délivrance des produits et de consommation des médicaments à la fois génériques et nouveaux, ainsi qu’en matière de politiques de prix et d’approvisionnement.
La majeure partie des dépenses relatives aux produits pharmaceutiques au détail concerne les médicaments sur ordonnance (75 %), le reste les médicaments en vente libre (19 %) et les produits médicaux non durables (5 %). Le coût des médicaments en vente libre est habituellement à la charge des patients, mais il arrive que des organismes payeurs publics ou des régimes d’assurance obligatoires prennent en charge une partie. En fonction de la législation nationale, il se peut que certains médicaments en vente libre ne soient pas exclusivement vendus en pharmacie mais par exemple aussi en supermarché, en magasin ou sur internet. Les dépenses consacrées aux médicaments en vente libre sont en Pologne pratiquement équivalentes à celles qui sont consacrées aux médicaments sur ordonnance et elles représentent près d’un tiers du total en Espagne, en Lettonie et en Australie.
La croissance des dépenses relatives aux produits pharmaceutiques au détail a fluctué ces dix dernières années dans la zone OCDE : elle a reculé pendant la crise financière et les années suivantes mais elle a de nouveau augmenté récemment (voir l’indicateur « Dépenses de santé par type de service » au chapitre 7). C’est la conséquence des initiatives de nombreux gouvernements visant à mettre en place des mesures de maîtrise des coûts, comme le déremboursement de certains produits, la réduction des prix des fabricants et de la marge des pharmaciens et grossistes, et l’introduction ou l’augmentation de la participation financière demandée aux patients pour les médicaments sur ordonnance vendus en pharmacie (Belloni et al., 2016[1]).
Le Graphique 10.3 compare les taux de croissance des dépenses relatives aux produits pharmaceutiques au détail et dans les hôpitaux pour une sélection de pays de l’OCDE. En Grèce, où des mesures de lutte contre le gaspillage de médicaments ont été adoptées, les dépenses liées aux produits pharmaceutiques vendus au détail ont considérablement diminué. Au cours des dix dernières années, la croissance a été positive dans certains pays, par exemple en Allemagne et au Canada, en partie à cause de l’introduction de nouveaux traitements très coûteux, notamment les traitements oncologiques et les médicaments contre l’hépatite C. L’analyse des produits pharmaceutiques au détail ne donne cependant qu’une image partielle des dépenses : le coût des produits pharmaceutiques consommés lors de soins hospitaliers peut aussi être élevé, représentant en moyenne 20 % de dépenses en plus. La croissance des dépenses en produits pharmaceutiques hospitaliers a dans l’ensemble été supérieure à celle des dépenses en médicaments vendus au détail, les taux les plus élevés ayant été observés en Corée et en Islande. Plusieurs pays, comme le Danemark, la Finlande et le Portugal, ont enregistré une croissance des dépenses en produits pharmaceutiques hospitaliers parallèlement à une réduction des dépenses en médicaments vendus au détail.