Une bonne santé mentale est la condition essentielle qui permet aux individus de mener une vie saine et productive. Or, on estime qu’une personne sur deux connaîtra des troubles psychiques au cours de sa vie (OCDE, 2015[1]). Les troubles mentaux ont d’importantes conséquences sur la vie des personnes qui en sont atteintes, et contribuent à des résultats éducatifs médiocres, des taux de chômage plus élevés, et un moins bon état de santé physique. Le Graphique 3.22 illustre l’influence de la santé sur les activités quotidiennes des individus et sur leur aptitude au travail ; les personnes faisant état de troubles mentaux sont significativement plus susceptibles de déclarer que leur état de santé a des retombées négatives sur leur vie quotidienne. En Norvège et en France, plus de 50 % des répondants auxquels le médecin a diagnostiqué un trouble mental estiment que leur aptitude au travail ou leurs activités quotidiennes sont restreintes. Plus de mesures sont envisageables pour aider les individus à prendre part à des activités importantes pour eux, même s’ils sont atteints de troubles mentaux, notamment favoriser leur prise en charge rapide et intégrer les services de santé mentale et les services de l’emploi.
En l’absence d’assistance ou de traitement efficaces, les problèmes de santé mentale peuvent avoir des répercussions catastrophiques sur la vie des personnes qui en sont atteintes, et peuvent même les conduire au suicide. Des raisons sociales et culturelles complexes sont à l’origine des comportements suicidaires, mais les troubles mentaux augmentent aussi le risque de décès par suicide (OCDE/UE, 2018[2]). Le taux de suicide plus élevé des personnes atteintes de troubles mentaux graves explique aussi leur taux de mortalité global sensiblement supérieur, comme analysé au chapitre 6. En 2017, on a recensé 11.2 décès par suicide pour 100 000 habitants dans les pays de l’OCDE. Le Graphique 3.20 montre que les taux les plus faibles ont été observés en Turquie et en Grèce en 2017 (moins de cinq suicides pour 100 000 habitants), et les plus élevés en Corée et en Lituanie (24.6 et 24.4 décès pour 100 000 habitants respectivement). Le taux de suicide chez les hommes est supérieur à celui chez les femmes dans tous les pays ; en Lituanie, il est cinq fois plus élevé.
Le taux de suicide a diminué dans quasiment tous les pays de l’OCDE, de plus de 30 % entre 1990 et 2017. Dans certains pays, sa baisse a été substantielle, notamment en Finlande, en Suisse et en Slovénie, où il a chuté de plus de 40 %, tandis que d’autres pays comme le Chili et la Corée ont enregistré des pics de suicides au cours des dix dernières années, suivis par une réduction plus récemment (Graphique 3.21). En Suisse, où ce taux a reculé de 48 % depuis 1990, les taux de « suicide assisté » augmentent, principalement chez les personnes âgées, mais depuis 2009 ces suicides ont été exclus des données globales sur le suicide, ce qui explique le fort recul constaté cette année-là. La Suisse a pris des mesures pour réduire le nombre de décès par suicide, notamment en instaurant en 2016 un Plan d'action pour la prévention du suicide qui comportait diverses mesures : l’accès rapide à une assistance psychique, la lutte contre le stigmate dont le suicide fait l’objet, et la sensibilisation aux risques de suicide. La Finlande, où une baisse particulièrement sensible du taux de suicide a été observée au début des années 90, a récemment renoncé aux plans de prévention isolés et intégré la lutte contre le suicide à des stratégies plus générales de santé mentale, en axant son action sur l’amélioration de la prise en charge des maladies mentales et la mise en œuvre d’un réseau de coordination des mesures de prévention (OCDE/UE, 2018[2]).