Par comparaison avec d'autres domaines du secteur de la santé, les dépenses consacrées aux soins de longue durée ont connu la plus forte hausse au cours des dernières années (voir l'indicateur « Dépenses de santé par fonction »). Le vieillissement démographique s’accompagne d’une augmentation du nombre de personnes nécessitant une prise en charge médico-sociale permanente ; la hausse des revenus suscite de fortes attentes en termes de qualité de vie pendant la vieillesse ; l’offre de soins informels risque de diminuer et les gains de productivité sont difficiles à réaliser dans ce secteur à forte intensité de main-d’œuvre. Tous ces facteurs exercent une pression à la hausse sur les coûts, et devraient donner lieu à d'autres augmentations importantes des dépenses consacrées aux soins de longue durée dans les pays de l'OCDE au cours des prochaines années.
Une part significative des dépenses allouées aux soins de longue durée est couverte par les régimes d’assurance publics et obligatoires. En 2017, le total des dépenses publiques/obligatoires au titre des soins de longue durée (englobant à la fois le volet santé et le volet aide sociale) s’élevait à 1.7 % du PIB en moyenne dans les pays de l’OCDE (Graphique 11.28). Les Pays-Bas sont le pays qui a consacré le plus de moyens à ce secteur (3.7 % du PIB), devant la Norvège (3.3 %) et la Suède (3.2 %). Dans ces pays, les dépenses publiques au titre des soins de longue durée sont environ deux fois supérieures à la moyenne de l'OCDE. À l’autre extrémité, la Hongrie, l’Estonie, la Pologne et la Lettonie ont consacré moins de 0.5 % de leur PIB à la fourniture de services de soins de longue durée. Cet écart s’explique en partie par des différences de structure démographique, mais surtout par l'état de développement des systèmes formels de prise en charge de la dépendance par opposition à des dispositifs plus informels reposant essentiellement sur la prise en charge assurée par des membres de la famille non rémunérés. De manière générale, le volet sanitaire des soins de longue durée représente la majeure partie des dépenses, mais il reste compliqué de bien faire la distinction entre le volet sanitaire et le volet social dans certains pays.
L’organisation des soins de longue durée dans les pays influence la composition des dépenses dans ce domaine, mais peut également avoir un impact sur le montant global de ces dépenses. Dans l’OCDE en 2017, environ deux tiers des dépenses des régimes publics et obligatoires au titre des soins de longue durée (volet santé) concernaient les soins hospitaliers, lesquels sont principalement prodigués dans des structures d’hébergement et de soins de longue durée (Graphique 11.29). Mais en Pologne, en Finlande, au Danemark, en Lituanie, en Autriche et en Allemagne, les dépenses de soins de longue durée à domicile représentent plus de 50 % de l’ensemble des dépenses de soins de longue durée. Les dépenses au titre des soins de longue durée dispensés à domicile sont imputables aux services assurés soit par des professionnels du secteur des soins de longue durée, soit par des aidants informels lorsqu’il existe une allocation-dépendance qui rémunère les aidants pour les services fournis.
Le rôle majeur que jouent les régimes publics dans le financement des soins de longue durée s'explique par les coûts importants auxquels doivent faire face les personnes âgées ayant besoin de soins de longue durée. Ces coûts varient fortement d'un pays à l'autre mais sont toujours élevés par rapport au revenu médian des personnes âgées. Pour les soins en établissement, par exemple, les coûts de prise en charge des personnes fortement dépendantes sont compris entre un peu moins d'une fois et quatre fois le revenu disponible médian des individus ayant atteint l'âge de la retraite (Graphique 11.30), en fonction du pays ou de la région. Par comparaison avec le revenu moyen, les coûts sont plus élevés en Finlande, en Irlande et aux Pays-Bas, et plus faibles en Hongrie, en Slovénie et en Croatie. Il n’y a qu’en Slovénie et en Croatie qu'une personne âgée au revenu médian serait capable de prendre en charge, sur ses seuls revenus, les coûts des soins en établissement. Tous les pays de l'OCDE ont mis en place un système de protection sociale contre ces risques financiers élevés, et les frais restant à la charge des personnes âgées ont tendance à être moins élevés dans les pays où les dépenses publiques au titre des soins de longue durée sont plus élevées, comme les Pays-Bas et la Finlande (Muir, 2017[1]).