Le nombre de lits d’hôpital donne une indication des ressources disponibles pour fournir des services aux patients hospitalisés. L’influence qu’a l’offre de lits sur les taux d’hospitalisation a été amplement documentée, et il est confirmé que plus il y a de lits, plus le nombre d’hospitalisations est élevé (loi de Rohmer, selon laquelle « un lit créé est un lit occupé »). Les responsables publics sont donc conscients que la seule augmentation du nombre de lits ne résoudra pas les problèmes de surcharge ou de temps d’attente dans les hôpitaux.
En 2017, on recensait en moyenne 4.7 lits d’hôpital pour 1 000 personnes dans les pays de l’OCDE. Au Japon et en Corée, ce chiffre était nettement supérieur (13.1 et 12.3 respectivement). Deux tiers des pays de l’OCDE déclaraient entre trois et huit lits pour 1 000 personnes, les taux les plus bas étant observés au Mexique, au Chili et en Suède.
Depuis 2000, le nombre de lits par habitant a diminué dans quasiment tous les pays de l’OCDE. La baisse la plus importante est intervenue en Finlande, où leur nombre a été réduit de plus de 50 % (de 7.5 lits pour 1000 habitants en 2000 à 3.3 en 2017), concernant pour l’essentiel les lits de soins de longue durée et les lits de soins psychiatriques. Plusieurs pays ont réduit leur capacité de deux lits ou plus pour 1000 habitants (Estonie, France, Lettonie, Lituanie et République slovaque). Cette diminution est en partie imputable aux progrès des technologies médicales, qui ont permis d’accroître le nombre de chirurgies ambulatoires, mais elle s’inscrit aussi dans une stratégie plus vaste de réduction du nombre d’hospitalisations. En revanche, le nombre de lits a fortement augmenté en Corée (+164 %), où ils sont pour une part substantielle affectés aux soins de longue durée.
Les sorties mesurent le nombre de patients qui quittent l’hôpital après y être restés au minimum une nuit. Améliorer la sortie des patients en temps voulu fluidifie leur parcours à l’hôpital, et permet ainsi aux hôpitaux de réduire progressivement le nombre de lits. Les sorties prématurées et retardées aggravent l’état des patients, mais augmentent aussi les coûts : les premières peuvent donner lieu à des ré-hospitalisations coûteuses ; les secondes consomment des ressources limitées.
En 2017, le taux de sortie d’hôpital s’est établi en moyenne à 154 pour 1 000 habitants dans les pays de l’OCDE. Les taux les plus élevés ont été enregistrés en Allemagne, en Autriche et en Lituanie (plus de 200 pour 1 000 habitants), les plus faibles au Mexique, au Canada, au Chili et aux Pays-Bas (moins de 100). Le nombre de sorties a reculé dans la majorité des pays de l’OCDE, certaines des baisses les plus prononcées ayant été observées dans ceux où le nombre de lits d’hôpitaux a aussi fortement diminué (Italie, Finlande, Estonie, Suède, et Lettonie par exemple). Il a en revanche doublé en Corée, en Turquie, et en Chine.
Les taux d’occupation élevés des lits de soins curatifs (intensifs) peuvent être symptomatiques d’un système de santé sous pression, et se traduire par une pénurie de lits et une hausse des taux d’infection. S’ils sont excessivement faibles, ils peuvent être le signe d’une sous-utilisation des ressources. Au Royaume‑Uni, le National Institute of Health and Care Excellence (NICE) a recommandé aux prestataires de soins de planifier les capacités d’accueil de manière à limiter les risques associés à un taux d’occupation supérieur à 90 % (NICE, 2018[1]). Celui-ci était supérieur à 90 % en Irlande, en Israël et au Canada en 2017. En Irlande, ce chiffre marque une progression de dix points de pourcentage par rapport à 2000 (de 85 % à 95 %). Le taux d’occupation était comparativement bas en Grèce, aux États-Unis, aux Pays-Bas et en Hongrie (65 % ou moins). Il s’élève à 70‑80 % dans la moitié des pays de l’OCDE environ, et la moyenne de l’OCDE est de 75 %.