Les ressources financières que consacre un pays à la santé, celle à la fois des individus et de la population dans son ensemble, ainsi que leur évolution au cours du temps, dépendent de nombreux facteurs démographiques, sociaux et économiques, mais aussi des structures de financement et d’organisation du système de santé.
En 2018, on estime que les États-Unis ont dépensé pour la santé l’équivalent de plus de 10 000 USD par résident. Ce niveau de dépenses (après ajustement pour tenir compte des différences de pouvoir d’achat entre les pays) dépasse nettement ceux de tous les autres pays de l’OCDE. La Suisse, en deuxième position dans l’OCDE, dépense moins de 70 % de ce montant, tandis que la moyenne globale de tous les pays de l’OCDE n’atteint pas 40 % du chiffre des États-Unis (3 994 USD) (Graphique 7.1). Bon nombre de pays de l’OCDE à revenu élevé, dont l’Allemagne, le Canada, la France et le Japon, dépensent au moins deux fois moins que les États-Unis en soins de santé par habitant, tandis que le Royaume-Uni et l’Italie se situent autour de la moyenne de l’OCDE. Le Mexique et la Turquie enregistrent les dépenses de santé par habitant les plus faibles, avec des niveaux équivalents à environ un quart de la moyenne de l’OCDE, et similaires aux niveaux de dépenses de grandes économies émergentes comme l’Afrique du Sud, le Brésil et la Fédération de Russie. D’après les derniers chiffres disponibles, les dépenses de santé par habitant de la Chine s’établissent à environ 20 % de la moyenne de l’OCDE par habitant, et à moins de 10 % pour l’Inde et l’Indonésie.
Le Graphique 7.1 présente également la répartition des dépenses de santé selon qu’elles sont financées par des sources publiques, une forme quelconque d’assurance obligatoire ou encore par le biais de l’assurance privée ou des paiements directs des ménages (voir également l’indicateur « Dépenses de santé par dispositif de financement »). Les régimes publics et l’assurance obligatoire financent 76 % de toutes les dépenses de santé dans les pays de l’OCDE (dans une fourchette comprise entre 51 % et 85 % selon les pays). Aux États-Unis, depuis l’introduction de l’« Affordable Care Act » en 2014, cette proportion s’établit à 85 % en raison de l’existence d’une obligation individuelle de s’assurer. Les programmes fédéraux et régionaux (Medicaid et Medicare) continuent de jouer un rôle important dans les dépenses publiques de santé.
En 2017, les dépenses de santé par habitant dans les pays de l’OCDE ont augmenté de 2.0 % en moyenne. Ce chiffre représente un ralentissement prononcé par rapport à la croissance de 3.3 % observée en 2015 et 2016 et demeure largement inférieur aux taux de croissance enregistrés avant le déclenchement de la crise économique et financière mondiale. Les estimations préliminaires pour 2018 indiquent une croissance renforcée. En moyenne, depuis 2013, les dépenses de santé par habitant augmentent de 2.4 % chaque année dans la totalité des pays de l’OCDE, contre 1 % pour les cinq années précédentes, c’est-à-dire celles qui ont suivi la crise (Graphique 7.2).
On observe un retournement de tendance des dépenses de santé dans plusieurs pays européens. En Grèce, les fortes réductions des dépenses de santé cessent après 2013, même si la croissance des dépenses de santé demeure proche de zéro dans l’ensemble depuis 2013 (-9.4 % pour la période 2008‑13, contre 0.2 % pour la période 2013‑18) et si les dépenses réelles par habitant en 2018 restent un tiers inférieures à leur niveau de 2009. La situation est similaire, bien que moins spectaculaire, en Islande (‑3 % contre 4 %). Dans d’autres pays d’Europe, comme l’Allemagne et la Norvège, les dépenses de santé demeurent relativement stables pendant la période de dix ans, pour une croissance annuelle comprise entre 2.0 et 2.5 % En règle générale, les dépenses de santé sont reparties à la hausse dans la majorité des pays d’Europe depuis quelques années.
En dehors de l’Europe, le Chili et la Corée continuent d’afficher une hausse des dépenses de santé supérieure à 5 % par an en valeur réelle depuis 2008. D’après les premières estimations pour 2018, la croissance des dépenses de santé restera soutenue en Corée, à 9 %. Aux États-Unis, on estime que les dépenses de santé ont augmenté de 1.4 % en valeur réelle en 2018, ce qui indique, compte tenu de la croissance comparable enregistrée en 2017, que les dépenses de santé progressent plus lentement aux États-Unis que l’économie en général.