La proportion de dépenses d’un pays en biens et services de santé par rapport aux dépenses totales dans l’économie peut varier dans le temps, en fonction des différences de croissance des dépenses de santé par rapport à la croissance économique globale. Tout au long des années 90 et au début des années 2000, les dépenses de santé dans les pays de l’OCDE ont généralement augmenté plus rapidement que le reste de l’économie, ce qui a abouti à une hausse presque continue des dépenses de santé rapportées au PIB. Après une période d’instabilité pendant la crise économique, la proportion moyenne est demeurée relativement stable ces quelques dernières années, avec l’alignement de la croissance de ces dépenses sur celle de l’économie dans tous les pays de l’OCDE.
On estime que les pays de l’OCDE ont dépensé, en moyenne, 8.8 % du PIB en soins de santé en 2018, chiffre plus ou moins stable depuis 2013 (Graphique 7.3). Les États-Unis enregistrent de loin les dépenses les plus élevées en soins de santé, qui correspondent à 16.9 % du PIB, et devancent largement la Suisse, qui occupe la deuxième place avec 12.2 % (Graphique 7.3). Vient ensuite un groupe de pays à revenu élevé, comprenant l’Allemagne, la France, le Japon et la Suède, qui ont consacré environ 11 % de leur PIB aux soins de santé. Un autre grand groupe de pays de l’OCDE, composé de nations européennes, ainsi que de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, du Chili et de la Corée, s’inscrit dans une fourchette de dépenses de santé comprise entre 8 et 10 % du PIB. Bon nombre de pays d’Europe centrale et orientale membres de l’OCDE, comme la Lituanie et la Pologne, ainsi que d’importants pays partenaires, ont consacré entre 6 et 8 % de leur PIB aux soins de santé. Enfin, quelques pays de l’OCDE dépensent moins de 6 % de leur PIB en soins de santé, dont le Mexique, la Lettonie, le Luxembourg et notamment la Turquie, dont les dépenses de santé ne dépassent pas 4.2 %. Les dépenses de santé de la Turquie en proportion du PIB sont comprises entre celles de la Chine et celles de l’Inde.
Si l’on s’intéresse à son évolution dans le temps, le ratio moyen des dépenses de santé rapportées au PIB a fortement augmenté en 2009, du fait de la dégradation rapide de la situation économique générale dans de nombreux pays, alors que les dépenses de santé se sont généralement maintenues (Graphique 7.4). Par conséquent, la croissance des dépenses de santé a elle aussi considérablement ralenti – approchant zéro en moyenne en 2009 et 2011 – sous l’effet des différentes mesures prises pour freiner les dépenses publiques de santé. Depuis 2011, le taux moyen de croissance des dépenses de santé suit généralement de près la croissance économique globale, stabilisant le ratio des dépenses de santé rapportées au PIB autour de 8.8 %.
Différentes tendances se sont toutefois dessinées d’un pays à l’autre en quelques années. Aux États-Unis, après une période (2009‑2014) de stabilisation autour de 16.4 %, le ratio des dépenses de santé rapportées au PIB est vite reparti à la hausse pour s’établir à 17.1 % sous l’effet de changements de couverture. Il est ensuite retombé à 16.9 % en 2018, la croissance économique globale aux États-Unis ayant alors devancé la croissance des dépenses de santé (Graphique 7.5). C’est en Corée que la part des ressources économiques allouées à la santé enregistre la hausse la plus notable, dans un contexte d’accroissement des richesses et d’amélioration de la couverture santé de la population. En 2003, les dépenses de santé de la Corée ne représentent que 4.6 % de son PIB, contre 8.1 % en 2018 selon les estimations. Le Chili affiche lui aussi une hausse des dépenses de santé rapportées au PIB, de 7.3 % à 9 % pendant la même période, qui s’explique par l’élargissement de la couverture santé de la population.
En Europe, la France voit fluctuer le ratio des dépenses de santé rapportées au PIB, qui augmente pendant la crise financière, plafonne à 11.6 % en 2014, puis diminue progressivement jusqu’à 11.2 % en 2018. Les dépenses de santé en France continuent de devancer la croissance économique jusqu’en 2016, puis stagnent sous l’effet de mesures de contention des coûts, dont, par exemple, les négociations sur le prix des produits pharmaceutiques. Les Pays-Bas enregistrent une baisse des dépenses de santé rapportées au PIB, de 10.6 % en 2014 à 9.9 % en 2018, selon les estimations, qui s’explique par des réformes de l’assurance santé et soins de longue durée visant à contenir la croissance des dépenses.