Dans les pays de l’OCDE, les systèmes de santé et les services sociaux emploient aujourd’hui plus de personnel que jamais auparavant. En 2017, ils représentaient 10 % des emplois environ (Graphique 8.1), chiffre qui marque une hausse de près de deux points de pourcentage par rapport à 2000. Dans les pays nordiques et aux Pays-Bas, ils représentent plus de 15 % des emplois. Entre 2000 et 2017, la proportion de personnel médico-social est restée stable ou a augmenté dans tous les pays à l’exception de la République slovaque (où elle a diminué dans les années 2000 et reste stable depuis 2010). Dans certains pays, notamment le Japon, l’Irlande et le Luxembourg, elle a considérablement augmenté.
Le secteur médico-social est un rouage essentiel au bon fonctionnement des sociétés et des économies de l’OCDE ; de ce fait, l’évolution de ses effectifs n’est pas directement liée aux tendances générales de l’emploi. Dans les pays de l’OCDE, l’emploi a progressé de 42 % en moyenne entre 2000 et 2017 (avec une hausse médiane de 38 %) dans le secteur médico-social, soit un taux plus élevé que celui du secteur des services et de l’emploi total, alors qu’il enregistrait un recul prononcé dans les secteurs agricole et industriel au cours de la même période (Graphique 8.2). Par ailleurs, le secteur de la santé et des services sociaux résiste généralement mieux aux fluctuations cycliques de l’emploi. Ainsi, alors que l’emploi total a reculé aux États-Unis et dans d’autres pays de l’OCDE durant les récessions économiques du début des années 90 et, surtout, en 2008‑09, les effectifs du secteur médico-social n’ont cessé de croître régulièrement.
Cette hausse va vraisemblablement se poursuivre. L’investissement dans les systèmes de santé, notamment dans le perfectionnement du personnel, peut favoriser la croissance économique en assurant le bon état de santé des populations, mais aussi par d’autres biais, comme l’innovation et la sécurité sanitaire (Commission de haut niveau des Nations Unies sur l’emploi en santé et la croissance économique, 2016[1]). La répartition des compétences et des fonctions du personnel médico-social devrait toutefois évoluer, en grande partie sous l’effet du vieillissement démographique. L’augmentation du nombre de personnes plus âgées va restructurer la demande de services médico-sociaux en faveur des soins de longue durée et des services sociaux connexes, qui mobilisent des effectifs particulièrement nombreux (OCDE, à paraître [2]). Afin de faire face à cette évolution démographique, ou de s’y préparer, de nombreux pays ont commencé à mettre en place de nouveaux modèles de prestation de soins qui intègrent les services de santé et les services sociaux. Des mesures consistant par exemple à élargir les fonctions des prestataires autres que les médecins (infirmiers praticiens, pharmaciens et agents de santé communautaires) ou à créer davantage d’équipes multidisciplinaires et de structures de prise en charge peuvent accroître la productivité du personnel de santé, mais aussi améliorer la continuité et la qualité des soins prodigués aux patients.
Les nouvelles technologies sont un autre facteur qui accélère le changement dans le secteur médico-social ; leur développement et leurs retombées sont parfois difficiles à prévoir. Des basculements technologiques sont attendus dans les domaines de l’informatique et du Big Data, de l’automatisation et de l’intelligence artificielle ; ces évolutions pourraient induire une demande pour de nouvelles spécialités ou compétences chez le personnel médico-social, et réduire dans le même temps l’importance d’autres fonctions professionnelles (OCDE, 2019[3]).