Tous les pays de l’OCDE voient dans le marché des génériques et des biosimilaires l’occasion de renforcer l’efficience des dépenses pharmaceutiques, mais beaucoup ne tirent pas pleinement parti des possibilités offertes par ce marché. Les génériques ont représenté en 2017 plus des trois quarts du volume des produits pharmaceutiques vendus au Royaume-Uni, au Chili, en Allemagne et en Nouvelle-Zélande, mais moins d’un quart au Luxembourg et en Suisse (Graphique 10.10). Les différences de structure des marchés (notamment le nombre de médicaments tombés dans le domaine public) et de pratique de prescription expliquent certaines divergences entre pays, mais la consommation de génériques est aussi liée aux politiques en vigueur (OCDE, 2018[1] ; Socha‑Dietrich, James et Couffinhal, 2017[2]). En Autriche, par exemple, les pharmaciens ne sont toujours pas autorisés à remplacer un médicament par son générique. Au Luxembourg, le remplacement par un générique par les pharmaciens est régi par la loi mais limité à certains médicaments.
De nombreux pays ont adopté des incitations financières à l’intention des médecins, des pharmaciens et des patients pour stimuler le marché des génériques. Ces dix dernières années, la France et la Hongrie, par exemple, ont adopté des mesures destinées, grâce à un système de rémunération basée sur la performance, à inciter les généralistes à prescrire des génériques. En Suisse, les pharmaciens reçoivent une rémunération lorsqu’ils remplacent un médicament par son générique ; en France, les pharmacies reçoivent un bonus si elles affichent un taux de substitution élevé. Dans de nombreux pays, les tiers payeurs remboursent un montant fixe pour un médicament donné, ce qui permet au patient de choisir entre le princeps et son générique, la différence étant à sa charge. C’est le cas en Grèce, où les patients qui choisissent le princeps plutôt que le générique sont également tenus de régler directement la différence de prix.
Les médicaments biologiques contiennent des substances actives de source biologique, telles que des cellules ou des organismes vivants. Lorsque ces médicaments ne bénéficient plus d’une protection monopolistique, des ‘copies’ («biosimilaires») de ces produits peuvent être approuvées. Les biosimilaires ont accru la concurrence par les prix et amélioré l'accessibilité économique.
En 2017, les biosimilaires représentaient plus de 70 % du volume du « marché accessible » pour l’érythropoïétine (utilisée pour traiter l’anémie) en Finlande, en Allemagne, en République slovaque et en Grèce (Graphique 10.11). Dans la plupart des pays européens, les prix de l’érythropoïétine ont chuté de 30 à 80 % après l’entrée des biosimilaires sur le marché. En Norvège et au Danemark, connus pour leurs politiques efficaces en matière d’approvisionnement, les données pour 2017 montrent une consommation nulle ou faible des biosimilaires et aucune baisse des prix. Au Danemark, le processus d’appel d’offres a enclenché une concurrence entre les princeps, qui s’est soldée par des baisses de prix que les biosimilaires ne pouvaient pas suivre. En Norvège, le princeps a remporté le marché national en 2017, avec des remises confidentielles qui ont influé sur les prix de référence. Ces exemples mettent en exergue les problèmes inhérents au manque de transparence des prix.
Pour les inhibiteurs du facteur de nécrose tumorale (TNF, utilisés dans le traitement des maladies auto-immunes et à médiation immunitaire), les biosimilaires occupent plus de 90 % du marché accessible au Danemark et en Norvège, mais moins de 10 % en Suisse, en Irlande et en Grèce (Graphique 10.11). La baisse des prix depuis l’entrée des biosimilaires sur le marché est plus modeste que pour l’érythropoïétine : elle va de 4 % en Suisse à 45 % en Pologne. Pour ces deux biosimilaires, la baisse réelle des prix peut être supérieure à ce que montrent les chiffres, qui ne portent que sur les prix de référence.