La démence représente l'un des plus grands défis liés au vieillissement de la population. Elle désigne une catégorie de troubles du cerveau, dont la maladie d'Alzheimer, qui entraînent des lésions cérébrales provoquant une détérioration progressive des capacités fonctionnelles et des relations sociales de l’individu. Malgré les milliards de dollars investis dans la recherche sur les troubles liés à la démence, il n'existe à ce jour aucun remède ni même de traitement modifiant sensiblement l'évolution de la maladie.
On estime que près de 20 millions de personnes souffrent de démence dans les pays de l'OCDE en 2019. Si les tendances actuelles persistent, sa prévalence devrait plus que doubler d'ici 2050, pour atteindre près de 41 millions d'individus dans l'OCDE. L'âge reste le premier facteur de risque de la démence : dans les 36 pays de l'OCDE, la prévalence de la démence est de 2.3 % chez les individus âgés de 65 à 69 ans, et atteint 42 % chez les plus de 90 ans. Cela signifie qu'avec le vieillissement des pays, le nombre de personnes souffrant de démence augmentera aussi – en particulier avec l'augmentation de la part des plus de 80 ans. Les pays dont les populations sont les plus âgées dans l'OCDE (notamment le Japon, l'Italie et l'Allemagne) affichent déjà les plus forts de taux de prévalence de la démence. En moyenne dans l'OCDE, on estime que 15 personnes sur 1 000 souffrent de démence (Graphique 11.9). Dans sept pays, plus de 20 personnes sur 1 000 sont atteintes de démence. En 2050, dans tous les pays de l'OCDE sauf trois (République slovaque, Israël et Hongrie) la prévalence de la démence dépassera 20 personnes sur 1 000, et dans quatre pays (Japon, Italie, Portugal et Espagne), plus d'une personne sur 25 souffrira de démence.
Malgré l'absence de traitement, les systèmes de santé et de protection sociale peuvent contribuer à améliorer la prise en charge et la qualité de vie des personnes atteintes de démence et de leur famille. Au moins 25 pays de l'OCDE ont récemment mis en place ou annoncé des stratégies ou des plans nationaux pour la prise en charge de la démence ; par ailleurs la lutte contre la stigmatisation liée à la maladie, et l'adaptation des structures de proximité et des établissements de soins aux besoins des personnes atteintes de démence font l'objet d'une attention croissante (OCDE, 2018[1]).
Les neuroleptiques peuvent réduire les symptômes comportementaux et psychologiques dont souffrent de nombreuses personnes atteintes de démence, mais compte tenu de la disponibilité d’une gamme d’interventions non pharmacologiques efficaces, ainsi que des risques associés et des questions éthiques que pose leur prescription, ils ne sont recommandés qu’en dernier ressort. Toutefois, l’utilisation inappropriée de ces médicaments reste répandue et la réduction de leur surconsommation est une priorité des pouvoirs publics dans de nombreux pays de l’OCDE. En 2017 dans 16 pays de l'OCDE, plus de 5 % des plus de 65 ans se sont vus prescrire des neuroleptiques. Ce chiffre masque de grandes disparités entre les pays : hors Lettonie, les prescriptions de neuroleptiques peuvent varier de 1 à 3.5, de 29 prescriptions pour 1 000 personnes de 65 ans et plus aux Pays-Bas, à plus de 99 en Irlande. En outre, les taux standardisés suivant l’âge de prescription de neuroleptiques étaient plus élevés pour les femmes que pour les hommes dans tous les pays de l'OCDE. En moyenne dans 16 pays de l'OCDE, les femmes étaient 23 % plus susceptibles de se voir prescrire des neuroleptiques que les hommes (Graphique 11.10).