Les problèmes de santé mentale représentent une charge substantielle : une personne sur cinq en souffrirait à tout moment dans les pays de l’OCDE, et une personne sur deux au cours de sa vie (voir l’indicateur « Santé mentale » au chapitre 3). Selon les estimations, le coût total des problèmes de santé mentale représenterait entre 3.5 % et 4 % du PIB dans les pays de l’OCDE (OCDE, 2018[1]). Des soins de qualité prodigués à temps peuvent améliorer les résultats et faire diminuer le nombre de suicides et la surmortalité chez les personnes atteintes de troubles mentaux.
La qualité des soins revêt une importance cruciale pour les patients hospitalisés en raison de troubles psychiatriques ; les suicides de patients hospitalisés constituent des événements « rarissimes » dont il convient de tenir un compte rigoureux en ce qu’ils révèlent dans quelle mesure les établissements sont à même de protéger ces patients contre eux-mêmes. La plupart des pays déclarent des taux de suicide de patients hospitalisés inférieurs à 10 pour 10 000, mais le Danemark est une exception, avec des taux supérieurs à 10 pour 10 000 (Graphique 6.24). La prévention des suicides chez ces personnes passe par l’identification et la suppression des occasions de passer à l’acte, par l’évaluation du risque suicidaire et par un suivi et un traitement adaptés. Si le suicide de patients hospitalisés doit être considéré comme un événement rarissime, certaines pratiques qui réduisent le risque de suicide chez ces personnes, comme le recours à des mesures de contention, peuvent faire obstacle à la fourniture de soins de qualité.
Les taux de suicide après sortie de l’hôpital peuvent servir d’indicateurs de la qualité des soins dans le secteur extrahospitalier, mais aussi de la coordination entre le milieu hospitalier et non hospitalier. Dans les pays de l’OCDE, les taux de suicide des patients hospitalisés au cours de l’année précédente étaient de seulement 10 pour 10 000 en Islande et au Royaume-Uni, mais supérieurs à 50 pour 10 000 aux Pays-Bas, en Slovénie et en Lituanie (Graphique 6.25). Les patients atteints d’une maladie psychiatrique sont particulièrement à risque juste après leur sortie de l’hôpital, mais l’on sait qu’il est possible d’atténuer le risque, élevé, de suicide dans les jours qui suivent une sortie d’hôpital par une préparation et un accompagnement appropriés, et par un renforcement des soins au cours de la période qui la suit immédiatement.
Les personnes atteintes d’une maladie psychiatrique affichent un taux de mortalité plus élevé que la population globale. Un taux de surmortalité supérieur à 1 signifie que les personnes souffrant de troubles mentaux présentent un risque de décès supérieur au reste de la population. Le Graphique 6.26 illustre le taux de surmortalité due à la schizophrénie et aux troubles bipolaires, qui est supérieur à 2 dans la plupart des pays. Pour réduire le taux élevé de mortalité des personnes atteintes de troubles mentaux, une approche multidimensionnelle s’impose, qui conjugue des programmes de prévention primaire des problèmes de santé physique, une meilleure intégration des soins de santé physique et mentale, des interventions comportementales et un changement d’attitude du personnel spécialisé (OCDE, 2014[3]).
Les expériences vécues par les patients peuvent aussi faire la lumière sur la qualité des soins prodigués aux personnes chez qui un problème de santé mentale a été diagnostiqué. En moyenne dans les pays de l’OCDE, les patients chez qui un problème de santé mentale a été diagnostiqué ont moins tendance à déclarer avoir été traités avec courtoisie et respect par les médecins et le personnel infirmier pendant leur hospitalisation que les patients hospitalisés chez qui aucun problème de santé mentale n’a été diagnostiqué (Graphique 6.27). De plus, dans plusieurs pays, dont l’Australie, la Suède et la France, les personnes chez qui un problème de santé mentale a été diagnostiqué risquent davantage d’avoir reçu des informations contradictoires de la part des différents professionnels de santé (chapitre 2). Cela tend à montrer qu’il existe une marge d’amélioration de la qualité des soins prodigués aux personnes atteintes de troubles mentaux.