Les indicateurs relatifs à la mortalité évitable peuvent constituer un « point de départ » général pour évaluer l’efficacité des politiques de santé publique et des systèmes de soins de santé en termes de réduction des décès prématurés provoqués par divers maladies et accidents. Cependant, une analyse plus poussée est nécessaire pour déterminer plus précisément les différentes causes des décès potentiellement évitables et définir les interventions propres à les réduire.
En 2017, des meilleures interventions de prévention et du système de soins de santé auraient pu éviter près de 3 millions de décès prématurés dans les pays de l’OCDE, soit un quart du nombre total de décès. On estime à 1.85 million le nombre de décès qui auraient pu être évités grâce à une prévention primaire efficace et d’autres mesures de santé publique, et à plus de 1 million ceux liés à des maladies qui auraient pu être traitées grâce à des interventions médicales plus efficaces et prodiguées à temps.
Certains cancers qu’il est possible de prévenir au moyen des mesures de santé publique constituent la première cause de mortalité évitable grâce à la prévention (32 % des décès évitables grâce à la prévention), celui du poumon notamment (Graphique 3.8). Parmi les autres causes importantes figurent des causes externes, comme les accidents de la route et le suicide (25 %) ; les crises cardiaques, AVC et autres maladies du système circulatoire (19 %) ; l’alcoolisme et la toxicomanie (9 %) ; et certaines maladies respiratoires comme la grippe et les maladies pulmonaires obstructives chroniques (8 %).
Les maladies du système circulatoire (crises cardiaques et AVC essentiellement) sont la principale cause de mortalité évitable grâce à des traitements ; elles sont à l’origine de 36 % des décès prématurés qu’un traitement aurait permis d’éviter. Une prise en charge efficace et prodiguée à temps des cancers, comme le cancer colorectal ou le cancer du sein, aurait permis d’éviter 26 % des décès liés à des maladies traitables. Le diabète et d’autres maladies du système endocrinien (9 %) et les maladies respiratoires comme la pneumonie et l’asthme (9 %) sont d’autres maladies qui représentent des causes importantes de décès prématurés traitables.
S’agissant du taux de mortalité évitable par prévention standardisé par âge, il s’élevait en moyenne à 133 pour 100 000 habitants dans les pays de l'OCDE. Les décès prématurés sont compris entre moins de 96 pour 100 000 habitants en Israël, en Suisse, au Japon, en Italie, en Espagne et en Suède et plus de 200 en Lettonie, en Hongrie, en Lituanie et au Mexique (Graphique 3.9). Les taux les plus élevés de décès prématurés dans ces pays tient essentiellement à des taux nettement plus élevés de décès dus à des cardiopathies ischémiques, à des accidents et à la consommation d'alcool, et, en Hongrie, au cancer du poumon.
Dans les pays de l'OCDE, le taux de mortalité due à des maladies évitables grâce aux traitements était bien inférieur, à 75 pour 100 000 habitants. Il s'inscrit dans une fourchette comprise entre moins de 50 en Suisse, en Islande, en Norvège, en Corée, en France et en Australie, et plus de 130 pour 100 000 habitants en Lettonie, au Mexique, en Lituanie et en Hongrie. Les cardiopathies ischémiques, les AVC et certains types de cancers traitables (comme le cancer colorectal et le cancer du sein) en sont les principaux responsables en Lettonie, en Lituanie et en Hongrie, pays qui affichent certains des taux de mortalité évitable par traitement les plus importants.
Le taux de mortalité évitable grâce à la prévention était 2.6 fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes dans les pays de l'OCDE (197 pour 100 000 pour les hommes, contre 75 pour les femmes). De la même manière, le taux de mortalité due à des causes traitables était supérieur de 40 % environ chez les hommes que chez les femmes (87 pour 100 000 hommes, contre 62 pour 100 000 femmes). Cet écart tient au taux de mortalité plus élevé des hommes, imputable en partie à une différence d’exposition aux facteurs de risques comme le tabagisme (voir l’indicateur « Principales causes de mortalité »).