Les soins de premier recours, qui sont censés servir de premier point de contact avec les systèmes de santé, ont notamment pour mission de promouvoir la santé et de prévenir les maladies, de gérer les nouveaux problèmes de santé, de traiter la majorité des cas sans complications, de gérer les affections de longue durée et d’aiguiller les patients vers des services hospitaliers lorsque cela est nécessaire. L’un des principaux objectifs des soins primaires est de maintenir les personnes en bonne santé en leur fournissant un lieu de soins stable sur le long terme, en prenant en charge la plupart des affections courantes, en adaptant et en coordonnant les soins des personnes dont les besoins sont multiples et en favorisant l’auto-éducation et l’autogestion des patients. Des soins primaires de qualité permettent donc d’améliorer la santé, de réduire les inégalités socioéconomiques sur le plan de la santé et de faire en sorte que les systèmes de soins de santé soient centrés sur la personne, tout en faisant un meilleur usage des ressources de santé (OCDE, à paraître[1]).
L’asthme, la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) et l’insuffisance cardiaque congestive (ICC) sont trois affections de longue durée très répandues. L’asthme et la MPOC limitent la capacité respiratoire : les symptômes de l’asthme sont le plus souvent intermittents, et les traitements permettent de les éliminer, alors que la MPOC est une maladie évolutive qui touche principalement les fumeurs (actuels ou anciens). L’ICC est une pathologie grave qui survient lorsque le cœur ne parvient pas à pomper un volume de sang suffisant pour répondre aux besoins de l’organisme. Elle est souvent due à l’hypertension, au diabète ou à une maladie coronarienne.
Pour ces trois pathologies, les données factuelles établissent clairement que les traitements sont efficaces et qu’ils peuvent être en grande partie administrés dans le cadre des soins primaires. Un système de soins primaires très performant, où les patients ont accès à des services de haute qualité, permet d’atténuer la dégradation aiguë de l’état de santé des personnes souffrant d’asthme, de MPOC ou d’ICC. Cela peut éviter des hospitalisations pour la prise en charge de ces pathologies, ce qui est un marqueur de qualité et d’accès aux soins de premier recours.
Le Graphique 6.9 illustre les taux cumulés d’admission à l’hôpital pour asthme et MPOC, compte tenu de la relation physiologique qui existe entre ces deux pathologies. Les taux d’admission spécifiquement pour l’asthme varient dans un rapport de 1 à 12 selon les pays de l’OCDE ; le Mexique, l’Italie et la Colombie enregistrent les taux les plus bas, et la Lettonie, la Turquie et la Pologne des taux deux fois supérieurs à la moyenne de l’OCDE. En ce qui concerne la MPOC en particulier, les taux d’admission internationaux varient dans un rapport de 1 à 15 selon les pays de l’OCDE : le Japon, l’Italie et le Mexique enregistrent les taux les plus bas ; la Hongrie, la Turquie et l’Australie les plus élevés. On observe une variation moindre pour ces deux pathologies respiratoires conjuguées, de 1 à 7 selon les pays.
Les taux d’admission à l’hôpital pour ICC varient dans un rapport de 1 à 13 (Graphique 6.10). Le Costa Rica, le Mexique et la Colombie enregistrent les taux les plus faibles, alors que la Pologne, la Lituanie et la République slovaque affichent des taux plus de deux fois supérieurs à la moyenne de l’OCDE.
Le Graphique 6.11 montre qu’en Corée, en Lituanie, au Mexique et en Suède, les taux d’admission pour asthme et MPOC conjugués et pour ICC n’ont cessé de diminuer ces dernières années, tandis qu’en République slovaque, les taux d’admission pour asthme et MPOC ont diminué, mais les taux d’admission pour ICC ont augmenté. Il se peut que les progrès observés dans certains pays tiennent à l’amélioration de la qualité des soins primaires, mais des examens réalisés récemment par l’OCDE montrent que l’investissement dans ce domaine n’est peut-être pas assez rapide (OCDE, 2017[2]), entraînant potentiellement des dépenses inutiles en soins hospitaliers (OCDE, 2017[3]).