La consommation d’alcool est une cause majeure de mortalité et d’invalidité dans le monde, en particulier chez la population d’âge actif. Elle aurait été à l’origine de 7 % des décès masculins et de 2 % des décès féminins en 2016 dans le monde (Griswold et al., 2018[1]). Une consommation élevée d’alcool est un facteur de risque considérable pour les maladies cardiaques et les AVC, les cirrhoses du foie et certains cancers mais, même modérée ou faible, elle en accentue le risque à long terme. L’alcool augmente en outre les taux d’accidents et de traumatisme, de violence, d’homicide, de suicide et de troubles mentaux, plus que n’importe quelle autre substance psychoactive, et particulièrement chez les jeunes.
La consommation globale d’alcool, mesurée par le volume des ventes, a été en moyenne de 8.9 litres par personne dans les pays de l’OCDE en 2017, chiffre qui marque un recul par rapport à 2007 (10.2 litres) (Graphique 4.4). C’est la Lituanie qui a enregistré la plus forte consommation (12.3 litres), suivie de l’Autriche, la France, la République tchèque, le Luxembourg, l’Irlande, la Lettonie et la Hongrie (plus de 11 litres par personne). La Turquie, Israël et le Mexique affichent en comparaison de faibles niveaux de consommation (moins de 5 litres). Parmi les pays partenaires clés de l’OCDE, la consommation est relativement élevée en Fédération de Russie (11.1 litres), et faible en Indonésie, en Inde, au Costa Rica et en Colombie (moins de 5 litres). La consommation moyenne a reculé dans 27 pays de l’OCDE entre 2007 et 2017, les baisses les plus fortes étant observées en Israël, en Estonie, en Grèce et au Danemark (de 3 litres ou plus). Elle a aussi notablement diminué en Fédération de Russie (de 7 litres). Elle a en revanche augmenté de plus d’un litre par personne en Chine et en Inde, et de plus de 0.5 litre au Chili.
Si la consommation globale d’alcool par habitant est un indicateur utile des évolutions à long terme, elle ne permet pas d’identifier les sous-groupes de la population exposés à des risques liés à des modes de consommation nocifs pour la santé. La consommation excessive et la dépendance à l’alcool comptent pour une proportion importante de la charge de morbidité. Globalement, dans l’OCDE, 3.7 % des adultes étaient dépendants à l’alcool en 2016 (Graphique 4.5). Dans tous les pays, les hommes sont plus susceptibles de présenter une telle dépendance : c’est le cas de 6 % d’entre eux et de 1.6 % des femmes en moyenne. C’est en Lettonie, en Hongrie et en Fédération de Russie que les taux de dépendance sont les plus élevés (plus de 9 % des adultes). Dans ces trois pays, les écarts entre les sexes sont également importants, le taux de dépendance des hommes représentant environ le quintuple de celui des femmes.
La part des consommateurs dépendants ne coïncide pas toujours avec le niveau de consommation global d’alcool, ce qui traduit des différences dans les modes de consommation et dans le diagnostic de la dépendance. La France, par exemple, figurait au troisième rang pour la consommation d’alcool en 2017, mais affichait un taux de dépendance inférieur à la moyenne de l’OCDE. Les États-Unis, en revanche, enregistraient un taux élevé de dépendance en 2016 (7.7 %), mais une consommation correspondant à la moyenne de l’OCDE.
La lutte contre la consommation nocive d’alcool fait appel à la fois à des mesures générales et à des mesures visant les consommateurs excessifs. Tous les pays de l’OCDE appliquent des taxes sur les boissons alcoolisées, mais le niveau de ces taxes varie sensiblement d’un pays à l’autre. Par ailleurs, certains pays ont mis en œuvre des politiques de prix nouvelles, comme le prix minimum de vente par unité d’alcool en Écosse. La publicité a été réglementée dans quasiment tous les pays de l’OCDE, mais l’application de la loi et les médias concernés (presse, panneaux d’affichage, internet et télévision) diffèrent. En Norvège, en Lituanie et en Suède, par exemple, les publicités télévisuelles sont totalement proscrites, y compris sur les réseaux sociaux, alors que d’autres pays appliquent des interdictions partielles. D’autres mesures couramment appliquées consistent à limiter l’offre de boissons alcoolisées et les horaires de vente, à imposer un âge minimum légal, et à lutter contre l’alcool au volant (OCDE, 2015[1]).