Le changement climatique est l’un des plus grands défis auxquels sont confrontées les générations actuelles et futures. Il est lié à divers problèmes environnementaux, dont la pollution atmosphérique et les températures extrêmes. La pollution atmosphérique est déjà une cause importante de mortalité et d’invalidité, et ses conséquences seront sans doute encore plus graves à l’avenir si des mesures appropriées ne sont pas mises en œuvre. Selon les projections, la pollution de l’air extérieur pourrait provoquer de 6 à 9 millions de décès prématurés par an, dans le monde, à l’horizon 2060 ; par ailleurs, les arrêts-maladie, les dépenses de santé et la baisse de la production agricole en résultant pourraient se traduire par une perte de PIB mondial de 1 % (OCDE, 2015[1]).
Dans les pays de l’OCDE, la pollution de l’air ambiant (extérieur) et à l’intérieur des habitations (air intérieur), a été responsable d’environ 40 décès pour 100 000 habitants en 2016 (Graphique 4.16). Les taux de mortalité sont compris entre plus de 80 décès pour 100 000 habitants en Lettonie, en Hongrie et en Lituanie et moins de 15 en Nouvelle-Zélande et au Canada. Parmi les pays partenaires, ils sont particulièrement élevés en Inde et en Chine (140 environ), et également supérieurs à ceux de la plupart des pays de l’OCDE en Fédération de Russie et en Indonésie.
Les températures extrêmes sont une autre conséquence du changement climatique. Les fortes chaleurs aussi bien que les froids intenses peuvent provoquer des problèmes de santé, comme cela s’est produit dans certains pays de l’OCDE ces dernières décennies. Les grands froids ont généralement des conséquences plus importantes sur la mortalité que les vagues de chaleur, surtout en Europe de l’Est et dans les pays nordiques. Les canicules sont cependant à l’origine d’un nombre substantiel de décès certaines années. Les températures record enregistrées au cours de l’été 2003, par exemple, ont entraîné la mort d’environ 80 000 personnes en Europe, et les canicules de l’été 2015 ont causé plus de 3 000 décès rien qu’en France.
Les taux de mortalité due aux températures extrêmement froides sont nettement plus élevés en Lituanie, en Lettonie et en Estonie que dans les autres pays de l’OCDE avec plus de 1 400 décès par million d’habitants depuis 2000 (Graphique 4.17). Quoique manifestement liés aux rigueurs naturelles du climat de ces pays, ils ne doivent pas être considérés comme inévitables – le Canada, l’Islande et la Norvège, par exemple, ont recensé moins de 80 décès par million d’habitants au cours de la même période. Il y a lieu de penser que ces décès ont parfois à voir aussi avec une consommation excessive d’alcool. En Finlande, par exemple, 46 % des hommes et 24 % des femmes qui sont morts de froid entre 2015 et 2017 étaient alcoolisés.
La chaleur extrême a été responsable de 82 décès par million d’habitants au Japon, pays qui précède au classement la France (39), la Belgique (28) et les États-Unis (21). Alors que le nombre total de décès dus au froid est resté relativement stable depuis 2000, celui des décès dus aux fortes chaleurs accuse une tendance à la hausse, et a enregistré des niveaux record en 2003 et 2010 (Graphique 4.18).
Des politiques intersectorielles s’imposent pour atténuer les conséquences du changement climatique. Les pays peuvent d’ores et déjà prendre des dispositions pour lutter contre la pollution et ses effets sur la santé, par exemple en créant des partenariats avec différents intervenants internationaux, nationaux et locaux, notamment les autorités municipales et les ministères de l’industrie, de l’environnement, des transports et de l’agriculture. Le gaz en bouteille, par exemple, peut remplacer les combustibles solides pour la cuisine, ce qui diminuerait le nombre de décès dus à la pollution intérieure. La réduction de la culture sur brûlis et celle des émissions des véhicules motorisés et des industries abaisseraient la pollution de l’air extérieur. Les systèmes de santé peuvent également jouer un rôle en se préparant à traiter les nouvelles maladies susceptibles d’apparaître avec l’évolution des conditions climatiques, en promouvant la consommation d’aliments produits durablement et en réduisant l’empreinte carbone des établissements de santé. Les prestataires de services de santé peuvent en outre diminuer l’empreinte environnementale des hôpitaux et des établissements d’accueil médicalisé en encourageant une alimentation plus saine, la réduction des déchets et l’efficacité énergétique (Landrigan et al., 2018[2] ; OCDE, 2017[3]).