En 2024, des villes comme Le Cap en Afrique du Sud et Barcelone en Espagne ont échappé de peu à une pénurie d’eau. Elles ont dû imposer des restrictions strictes après trois ans de sécheresse. Au Cap, les habitants ont été limités à 50 litres par personne et par jour, tandis que Barcelone s’est efforcée de maintenir la consommation en dessous de 200 litres par jour.
Les habitants des grandes villes sont particulièrement vulnérables au manque d’eau, car l’imperméabilisation des sols réduit la capacité des nappes souterraines à se recharger. De plus, les températures en hausse aggravent les phénomènes comme les îlots de chaleur urbains. D’ici 2050, deux fois plus de citadins qu’aujourd’hui – soit environ deux milliards – devraient être exposés aux sécheresses.
Le changement climatique accentue ces tendances : les températures plus élevées assèchent les sols plus rapidement, et la variabilité des précipitations fait chuter les niveaux des nappes phréatiques à des seuils critiques, surtout lors des périodes où la demande en eau est la plus forte. La durée, la fréquence et la sévérité des sécheresses ont augmenté dans de nombreuses régions du monde. En Europe, par exemple, on a observé une hausse de 29 % du nombre et de la durée des sécheresses depuis 2000, par rapport aux deux décennies précédentes.
La capitale de la France, Paris, n’est pas encore confrontée à des crises telles qu’ont pu connaître Le Cap ou Barcelone, mais les sécheresses deviennent une menace croissante pour les habitants et les autorités publiques. Bien que 2024 ait été parmi les plus pluvieuses de l’histoire, les sécheresses successives de 2022 et 2023 ont laissé des déficits hydriques records. En 2019, des restrictions ont été imposées à l’agriculture pour préserver les usages essentiels, et en 2003, plus de 60 % des cultures ont été détruites par la sécheresse. Ces extrêmes illustrent comment le changement climatique bouleverse les régimes de précipitations, favorisant l’alternance d’épisodes de sécheresses prolongées et de pluies torrentielles.
Si la région parisienne dépend moins de la production agricole pour son bien-être économique que d'autres régions, la diminution des ressources en eau a de nombreuses répercussions : la production d’énergie dépend non seulement de la quantité d’eau disponible, mais aussi de son refroidissement suffisant. L’industrie et le transport fluvial dépendent également d’un approvisionnement constant en eau.
Notre rapport montre qu’une sécheresse sévère pourrait coûter jusqu’à 2,5 milliards d’euros à l’économie francilienne, sans compter les dégâts, parfois irréversibles, sur les écosystèmes et les ressources en eau dont dépend l’approvisionnement en eau.
Ce rapport souligne que la robustesse historique des infrastructures de la région pourrait s’avérer insuffisante pour faire face aux sécheresses futures, générant des impacts sociaux, environnementaux et économiques plus graves. Ce rapport appelle à mieux évaluer l'exposition aux sécheresses et à renforcer les politiques et les investissements pour limiter les risques. Il insiste sur la nécessité d'améliorer la gestion de l'offre et de la demande en eau pour préserver la résilience de la région parisienne face à ces défis.
Jo Tyndall
Directrice de la Direction de l’Environnement
OCDE