Les villes sont particulièrement exposées
Les villes sont particulièrement vulnérables à ces enjeux. D’une part, l’urbanisation rapide et la croissance démographique exercent une pression accrue sur des ressources en eau déjà en tension. D’autre part, l’imperméabilisation des sols augmente les écoulements d’eau, entravant ainsi la recharge des nappes phréatiques. De Cape Town à Barcelone, en passant par São Paulo, Los Angeles et Londres, les villes du monde entier font face à une raréfaction des ressources en eau. À Barcelone, les autorités ont même envisagé d’importer de l’eau potable par bateau pour éviter une catastrophe. En 2022, la source de la Tamise s’était tarie. D’ici 2050, près de deux milliards de citadins pourraient être confrontés à des pénuries d’eau, un chiffre qui illustre l’urgence d’une adaptation rapide et efficace au changement climatique et aux variations du cycle hydrologique. Cette situation met en lumière la nécessité d'agir dès maintenant pour garantir un accès durable à l'eau pour tous.
Longtemps épargnée par la raréfaction de l’eau, la région parisienne n’est plus à l’abri. Depuis 1990, la température y a augmenté de plus de 2°C, accélérant l’évaporation et réduisant de 5% l’humidité des sols. En conséquence, la durée des sécheresses a augmenté de 20%.
Jusqu’ à 2025, la région a su faire face grâce à ses infrastructures et à une baisse de 14% des prélèvements d’eau depuis 2012. Cette baisse est due à une meilleure gestion de la consommation d’eau potable résidentielle et au déclin des grandes industries sidérurgiques et chimiques de la région. En 2022, quatre grands lacs réservoirs ont contribué jusqu’à 50% du débit de la Seine, permettant d’éviter des perturbations majeures. A la même période, la navigation était interrompue sur le Rhin.
À l’avenir, il est possible que ces efforts ne suffisent plus.
D’ici 2050, et puis encore d’avantage d’ici 2100, les étés deviendront de plus en plus secs. L’évapotranspiration, c’est-à-dire l’évaporation de l’eau depuis les sols et les surfaces d’eau, ainsi que la transpiration des plantes, pourrait augmenter de 16% d’ici 2050 et de 23% d’ici 2100. Ce phénomène accélérera l’assèchement des sols. Les conséquences directes de cette situation incluent des cours d’eau plus bas, des nappes phréatiques fragilisées et une menace grandissante sur l’approvisionnement en eau.
Parallèlement, les besoins en eau de la région devraient augmenter, en raison de la réindustrialisation du pays, de la croissance démographique et des besoins croissants de l’agriculture, jusqu’ici relativement peu consommatrice en comparaison d’autres régions françaises.
Face à ces défis, la question de la résilience hydrique, c’est-à-dire la capacité d’un système à s’adapter aux variations de la disponibilité en eau, devient plus pressante.
Ces sécheresses auront un coût économique et environnemental considérable
Le rapport de l'OCDE “ Adapter l’Ile-de-France à la raréfaction de l’eau ” estime qu’un épisode de sécheresse pourrait coûter jusqu'à 2,5 milliards d'euros à l'économie francilienne. Ce montant est équivalent aux dommages causés par la tempête Xynthia en France en 2010, l’une des pires catastrophes naturelles que le pays ait connues. Les pertes agricoles et industrielles représenteraient 70% de ces coûts, en grande partie en raison de la baisse de production liées aux restrictions d’usages de l’eau et à leur impact sur les chaînes de valeur (transports, industries indirectement affectées…). La production d'énergie, les infrastructures et les bâtiments seraient aussi impactées.
Figure 1 : Coûts directs et indirects (propagation à d’autres secteurs) en Mds EUR

Source : OCDE (2025) “ Adapter l’Île-de-France à la raréfaction de l’eau ”.
De plus, la raréfaction de l'eau pourrait aggraver les tensions entre les différents acteurs économiques et les usagers. Cela sera particulièrement visible lorsque des villes puiseront de l’eau dans des zones rurales pour leurs besoins domestiques, alors que les prélèvements agricoles seront limités.
Par ailleurs, cette estimation ne prend pas en compte les coûts environnementaux. Des sols asséchés capturent moins de carbone, ce qui contribue à l’aggravation du changement climatique. Les zones humides et les forêts, essentielles à la régulation du cycle hydrologique, seront également fragilisées. De plus, la diminution des débits des cours d’eau réduit leur capacité à diluer les polluants.
Des leviers existent pour renforcer la résilience du territoire aux risques de sécheresses
Face à ce constat, l'OCDE recommande une approche combinant gestion de la demande en eau, diversification des sources d'approvisionnement et meilleure prise en compte des sols, de leurs usages et de leurs rôles dans la régulation du cycle hydrologique. La mise en œuvre ces mesures nécessite une compréhension précise des risques, fondée sur l’anticipation des besoins futurs et l’évaluation de la disponibilité des ressources en eau.
Or, ces mesures impliquent des coûts qui devront être supportés par l’ensemble des parties prenantes. Les instruments financiers existants visant à renforcer la résilience de la région sont eux-mêmes vulnérables aux effets du changement climatique. C’est le cas du régime national d’assurance pour les catastrophes naturelles, dont les dépenses excèdent déjà ses réserves disponibles. De même, une réduction des prélèvements s’accompagnera d’une baisse de revenus pour les opérateurs d’eau, alors même qu’ils jouent un rôle clé dans la gestion et l’adaptation aux risques liés à la raréfaction de l’eau.
Face à ces défis, un nouveau rapport de l’OCDE propose une méthode innovante pour évaluer le coût des sécheresses ainsi qu’une feuille de route pour assurer la résilience de la métropole parisienne, en s’appuyant sur des exemples internationaux. Les conclusions seront présentées et discutées lors d’un webinaire Green Talks LIVE le 17 mars à 15h00 CET. Découvrez-en plus, inscrivez-vous pour rejoindre le webinaire ou regardez l'enregistrement une fois qu'il est disponible.