Les recettes fiscales ont progressé dans les pays africains en moyenne en 2022 sous l’effet de la hausse des prix des matières premières, selon de nouvelles données publiées aujourd’hui.
Les Statistiques des recettes publiques en Afrique 2024 montrent que le ratio moyen impôts/PIB des 36 pays couverts par le rapport – comprenant pour la première fois le Mozambique, la Somalie et la Zambie – s’établissait à 16.0 % en 2022, porté par une hausse de 0.5 point de pourcentage par rapport à l’année précédente, et dépassait le niveau de 15.5 % enregistré avant la pandémie de COVID-19 (15.5 % en 2019). Toutefois, le ratio moyen impôts/PIB de l’Afrique en 2022 était toujours inférieur aux moyennes de la région Asie-Pacifique (19.3 %), de la région Amérique latine et Caraïbes (ALC, 21.5 %) et des pays de l’OCDE (34.0 %).
Ce rapport, qui a été lancé par la Commission de l’Union africaine (CUA), l’OCDE et le Forum africain sur l’administration fiscale (ATAF) au cours d’une réunion informelle du Groupe de travail du G20 sur le développement, coprésidée par l’Afrique du Sud et le Brésil, révèle que les ratios impôts/PIB affichaient de grandes différences d’un pays africain à l’autre en 2022, allant de 2.6 % en Somalie à 33.5 % en Tunisie.
Dans un contexte macroéconomique caractérisé par un ralentissement de la croissance en Afrique, le niveau élevé des prix des matières premières au niveau mondial, l’augmentation des coûts de la vie et des difficultés de financement persistantes pour les États africains, les recettes fiscales exprimées en pourcentage du PIB ont augmenté dans 23 pays, ont diminué dans 11 pays et sont restées inchangées dans 2 pays entre 2021 et 2022.
La République démocratique du Congo et le Tchad ont enregistré les plus fortes hausses de leur ratio impôts/PIB en 2022 (respectivement 3.6 et 3.3 points), grâce à la progression des recettes tirées de l’impôt sur les sociétés (IS) dans le secteur extractif. À l’inverse, les baisses les plus marquées ont été observées au Mali et en Sierra Leone (1.9 point dans les deux cas), en raison du recul des recettes provenant des impôts sur les biens et services.
Ce nouveau rapport révèle que les recettes tirées de l’IS ont progressé de 0.4 % du PIB en moyenne dans les pays d’Afrique en 2022, principalement sous l’effet des augmentations survenues dans les pays producteurs d’hydrocarbures et de minerais. Les recettes des impôts sur les biens et services se sont accrues de 0.1 % du PIB en moyenne en 2022, tandis que celles issues de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) et des cotisations de sécurité sociale sont restées inchangées par rapport à l’année précédente. Face à la volatilité des recettes publiques générées par les matières premières, les pays africains pourraient devoir diversifier leurs sources de recettes afin de sécuriser leur avenir.
Le niveau élevé des prix des matières premières a aussi dopé les recettes non fiscales, qui s’établissaient à 6.2 % du PIB en moyenne dans les 35 pays pour lesquels des données sont disponibles, soit une hausse de 0.4 point par rapport à l’année précédente. Les recettes tirées des loyers et redevances ont augmenté de 0.4 % du PIB en moyenne en 2022, tout comme celles provenant des intérêts et dividendes. Les recettes non fiscales s’échelonnaient entre 0.7 % du PIB en Afrique du Sud et 23.7 % en République du Congo.
Sur plus longue période, le ratio moyen impôts/PIB de l’Afrique a progressé de 1.1 point entre 2013 et 2022 grâce aux augmentations comprises entre 0.2 et 0.3 point des recettes de l’IRPP, de l’IS, des cotisations de sécurité sociale, de la TVA et d’autres impôts sur la consommation. Par comparaison, les moyennes de la région ALC et des pays de l’OCDE ont augmenté de respectivement 0.8 et 1.4 point entre 2013 et 2022. Sur la même période, les recettes non fiscales dans les 35 pays africains ont fléchi de 1.1 % du PIB en moyenne, compensant l’augmentation des recettes fiscales.
La publication Statistiques des recettes publiques en Afrique est une initiative conjointe de la CUA, du Centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE, du Centre de développement de l’OCDE et de l’ATAF, avec le soutien technique de la Banque africaine de développement et du Cercle de réflexion et d’échange des dirigeants des administrations fiscales (CREDAF). Ce nouveau rapport comprend une étude spéciale qui, à partir d’une étude de l’ATAF, analyse la facilitation et la confiance comme moteurs de la conformité fiscale volontaire.
L’édition 2024 des Statistiques des recettes publiques en Afrique bénéficie du soutien de l’Union européenne et des gouvernements de l’Espagne, de l’Irlande, du Japon, du Luxembourg, de la Norvège, les Pays-Bas, du Royaume-Uni, de la Suède et de la Suisse. Elle fait partie de la seconde phase du Programme statistique panafricain, une initiative conjointe de l’Union africaine et de l’Union européenne.
Pour consulter le rapport, les données, la brochure et les notes par pays, rendez-vous sur https://www.oecd.org/fr/publications/statistiques-des-recettes-publiques-en-afrique-2024_cd87af6f-fr.html.
Contacts presse
Les journalistes souhaitant obtenir de plus amples informations ou un exemplaire de ce rapport sont invités à contacter :
- CUA : Janet Faith Adhiambo Ochieng (ochiengj@africa-union.org)
- ATAF : Ezera Madzivanyika (tél. : +27 63 689 3894)
- Centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE : Alexander Pick, tél. : +33 1 45 24 87 27)
- Centre de développement de l’OCDE : Bochra Kriout (tél. : +33 1 45 24 82 96)