Événements violents et décès selon la distnace aux routes, 2000-24

En Afrique du Nord et de l’Ouest, les infrastructures de transport jouent un double rôle : elles facilitent la gouvernance et les activités économiques, pour autant, elles constituent également des cibles stratégiques lors des conflits. Les groupes insurgés s’attaquent aux routes , gares, aéroports et ports dans le but de perturber les forces étatiques, d’entraver la mobilité des civils et d’affaiblir la gouvernance. À l’inverse, les gouvernements s’appuient sur les réseaux de transport pour projeter leur puissance, contrôler les territoires et maintenir leur souveraineté.
Ainsi, environ 70 % des événements violents et 65 % des victimes répertoriés en Afrique du Nord et de l’Ouest se situent dans un rayon d’un kilomètre d’une route. Cette tendance, qui se vérifie pour toutes les catégories de routes, est particulièrement marquée à proximité des autoroutes et des routes principales. Les insurrections jihadistes au Sahel intensifient les violences le long des axes de transport en recourant à des stratégies telles que les embuscades et les attaques sur les routes.
En Afrique de l’Ouest, une évolution des violences s’observe avec un déplacement progressif vers des zones rurales isolées. La proportion d’événements violents survenant à moins d’un kilomètre d’une route est passée de 86 % en 2011 à 61 % en 2023. Ce changement reflète les stratégies des insurgés, qui visent à échapper au contrôle étatique, à déstabiliser les régions reculées et à étendre leur influence dans le Sahel central. Dans le Sahara, où les infrastructures sont rares, les incidents violents ont lieu plus loin des routes. En revanche, en Afrique du Nord, plus de 80 % des événements violents se produisent dans un rayon d’un kilomètre d’une route, ce qui reflète le caractère majoritairement urbain des conflits dans cette région.
Malgré le déplacement rural des violences en Afrique de l’Ouest, la proximité des routes reste un facteur clé pour comprendre les dynamiques conflictuelles. De nombreux foyers de violence se situent à une distance comprise entre un et quatre kilomètres des axes de transport, soulignant l’importance stratégique persistante des réseaux routiers dans la géographie des violences en Afrique du Nord et de l’Ouest.